Arafat Excellence (Dakar) : « Nous avons pu éviter le piège de la récupération politique »

Assane Awe, coordinateur du Centre Arafat Excellence de Dakar (Sénégal) et agent de développement local, raconte les réalités et les perspectives de cette initiative originale qui fut lauréate du prix Harubuntu en 2009.


Assane Awe.
Photo : Frédéric
Remouchamps-Keops.

Depuis près d’une dizaine d’années, le Centre Arafat excellence, situé dans la commune du Grand Yoff de Dakar (Sénégal), dispense des cours aux élèves de la maternelle, du cours primaire et à ceux du 1er degré de l’enseignement secondaire, l’équivalent du collège en France. Dans cette commune où vit une population majoritairement pauvre, une synergie collective permet au dit centre d’intégrer certaines attentes des habitants du Grand Yoff dans ses initiatives, ce qui en fait un centre communautaire.

Ainsi lorsque ces élèves rentrent chez eux le soir, ce sont des adultes n’ayant pas eu la chance d’aller à l’école et occupés par diverses activités dans la journée qui prennent leur relais sur les bancs des classes pour des cours d’alphabétisation. Malgré l’âge, ceux-ci sont toujours mus par le désir de savoir lire et écrire. Assane Awe coordonne une équipe d’une trentaine de personnes. Il déclare notamment que le centre vit et fonctionne grâce aux habitants du Grand Yoff qui ont cru au projet : « Nous ne recevons aucune aide de la municipalité, ni de l’Etat sénégalais ».

Malgré que les politiques sénégalais répondent toujours aux abonnés absents, certains d’entre eux, ajoute Assane Awe, « ont tenté de faire une récupération politique de notre idée.  Nous avons su éviter cet piège en montrant à chaque camp que nous sommes apolitiques ». Mis à part les cours dispensés aux élèves et aux adultes, le centre, qui est ouvert tous les jours, forme des femmes de la commune dans le cadre d’activités de teinture et de savonnerie.

Lauréat Harubuntu

En décembre 2009 à Marrakech (Maroc), Assane Awe a reçu le trophée Harubuntu, en récompense du travail abattu par le centre durant toutes ces années. Près d’un an et demi après cette distinction, Assane Awe affirme que le centre a acquis une forte notoriété locale. Il a surtout développé un vaste réseau de partenariats, notamment dans le domaine de la santé avec les centres hospitaliers de la zone. Il a pu ainsi faire un don de plus de 1000 moustiquaires imprégnées, tout en participant à toutes les campagnes de vaccination et à la sensibilisation contre la tuberculose, le sida et le paludisme.

Sur le plan de l’enseignement, le centre est désormais lié avec le Collège Lucie Aubrac de Tourcoing (France), avec lequel des échanges pédagogiques se font par binômes. Ainsi les professeurs qui enseignent la même matière sont mis en relation et sont supervisés par les coordonnateurs de chacune des deux structures. Une correspondance scolaire a été mise en place entre les élèves, de même que l’édition d’un journal scolaire. Le 1er numéro vient d’être coédité par le centre sénégalais et le collège français.

Le Sénégal est un pays laïc, mais largement dominé par la religion musulmane. Assane Awe affirme que le climat est paisible entre ces personnes de différentes religions qui fréquentent le centre. Il espère grâce à cette bonne entente élargir le champ des activités communautaires du centre, en ouvrant des formations en couture (grâce à l’acquisition de machine) et en coiffure. Assane Awe envisage fortement que le centre puisse acquérir une propriété, car ses locaux actuels sont loués.

Et il conclut : « Notre réussite est celle de tout un groupe, mais aussi la réussite de chacun de nous. C’est ce qui fait notre force et notre fierté. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons l’habitude de dire qu’Arafat Excellence est une famille ».

 

>> Envoyer un droit de réponse

2 commentaires pour cet article

  1. Personne ne trouve-t-il étonnant que le rallye “Dakar” se déroule depuis trois ans en Amérique du Sud sans avoir changé de nom?

  2.  

    Comprendre la nature du piège, dans son ensemble, c´est s´en libérer. Aucun être, aucun système ne peut vous libérer. La vérité contenue en cela est le seul facteur de libération – mais vous devez le découvrir vous-même, vous ne pouvez pas simplement en être persuadé. Il vous appartient d´entreprendre ce voyage sur une mer inconnue.

    Le livre de la meditation et de la vie

    22 juillet, La nature du piège