Nous avons lu pour vous

Les livres reçus par la rédaction.

Le guide des compléments alimentaires
Rachel Frely
Chariot d’Or/Piktos

Il peut nous arriver de manquer de vitamines, de minéraux, d´oligoéléments et d´autres éléments indispensables à notre organisme. C´est le cas pendant une grossesse, à la ménopause, après une opération ou une maladie, lorsque nos défenses naturelles ne sont plus optimales. D´où l´intérêt des compléments alimentaires !
Ce guide pratique vous aidera à bien choisir ceux qui sont adaptés à vos besoins, et à savoir les utiliser à bon escient. Journaliste spécialisée dans les domaines de la santé, nutrition, homéopathie et plantes médicinales, Rachel Frély dirige la rédaction du magazine ´Plantes et Nature´.

> Voir aussi : Le Guide Vidal des compléments alimentaires – Leur usage à l´épreuve de la science.

Votre cerveau n´a pas fini de vous étonner
Ouvrage collectif
Albin Michel

Non seulement notre cerveau est totalement élastique – même âgé, handicapé, voire amputé, il peut se reconstruire, apprendre, inventer –, mais aussi totalement social – un cerveau n’existe qu’en résonance avec d’autres : nous sommes neuronalement constitués pour entrer en empathie. La combinaison de ces deux facultés permet de supposer que l’homo sapiens peut évoluer en changeant lui-même sa structure. Encore faut-il savoir comment son cerveau fonctionne.
Patrice Van Eersel, rédacteur en chef du magazine Clés, aborde ces questions avec cinq spécialistes, tous médecins et chercheurs.

 

Abécédaire du bien commun
Pierre-Olivier Monteil
Des îlots de résistance

Le vivre-ensemble semble menacé par l’ignorance, la bêtise ou la cupidité. Le trouble que fait naître le spectacle d’une société en prise à l’injustice, au désordre, au désarroi nous émeut. En outre, il n’y a plus une vérité, mais de multiples visions. Le monde est complexe et cette complexité effraie et rebute.
La philosophie peut nous aider à affronter ces défis.
Dans cette perspective, Pierre-Olivier Monteil a choisi la formule de l’abécédaire qui, sous des apparences fragmentaires, relie par une discrète architecture les tenants essentiels du bien commun.
A travers 42 concepts fondamentaux qui peuvent constituer les contours de cet espace informel (d’Amitié à Violence, en passant par Planète, Tolérance ou Liberté…), ce petit traité de philosophie entreprend une visite rafraîchissante des lieux-dits essentiels de notre vie partagée.

L´eau, la vie
Cathy Franco
Fleurus
La grande imagerie

L´origine de l´eau sur Terre, les utilisations de l´eau, le circuit de l´eau potable et de l’assainissement, les problèmes économiques et politiques liés à l´eau et les solutions pour l´avenir. Un tour d´horizon synthétique, illustré avec des photos, sur un sujet d´une éternelle actualité. Bonne initiation pour public adolescent.

 


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Et aussi :

La philosophie en quatre questions : que puis-je connaître? Que dois-je faire ? Que puis-je espérer ? Qu´est-ce que l´homme ? Hors série Sciences humaines, mai-juin 2012.

Les civilisations à l´épreuve du climat – Comment le climat agit sur le développement des sociétés humaines, Vincent Boqueho, Dunod.

Gullivert, le guide pratique du savoir vert, enrichi d´un supplément “Spécial Elections 2012”, pour connaître le programme des différents partis en matière d´environnement.

Comment lutter contre le stress et la souffrance au travail

Entreprises et collectivités territoriales développent de nouvelles stratégies pour prévenir les risques psychosociaux et favoriser le bien-être au travail. Le temps de la douceur a-t-il sonné ?

Suicides chez France Télécom, Renault, Thales, à l’ONF, dans la police… Les médias se font de plus en plus l’écho de ces drames qui émaillent aujourd’hui la vie de nombreuses organisations. Face à eux, une prise de conscience émerge enfin qu’au-delà des obligations réglementaires, des stratégies peuvent être élaborées pour accompagner les salariés et les cadres. En effet, on se rend compte que « l´absentéisme, le turn-over, le manque de motivation ou d´implication, le stress des salariés sont très fortement liés à la politique de ressources humaines ou aux pratiques de management ».

Dans un numéro spécial Bien-être au travail, la lettre d’infos du Comité 21, n° 127, présente les initiatives de quelques uns de ses adhérents. Le défi est ambitieux : donner du sens au travail de chacun, repenser l´organisation, valoriser la qualité du management, cultiver le “vivre ensemble”.


Cliquer sur l´image pour télécharger la Lettre Spécial Bien-être au travail.
Ne pas créer de mal-être et de souffrance au travail est la première responsabilité d´un employeur : le code du travail définit les obligations des employeurs relatives à la protection de la santé et aux « droits à la dignité » de la personne au travail. Par ailleurs, l´ISO 26000 définit les lignes directrices de la responsabilité sociétale des organisations en matière de santé/sécurité au travail et de développement du capital humain.

Sophrologue et yogathérapeute pour accompagner les salariés

Dans son programme Diversity « Egalité des chances, progrès social, engagement », Suez Environnement s´est engagé, avec des objectifs chiffrés, à assurer la qualité de vie au travail en préservant l´intégrité des personnes et des biens. Outre le confort de services de conciergerie et de crèche, un poste inédit de responsable santé et bien être au travail a été mis en place en 2011.

A côté du service médical classique (médecin du travail et infirmière), le Groupe a recruté une praticienne au profil atypique en entreprise : sophrologue et yogathérapeute. La démarche personnalisée qu´elle engage avec ses patients collaborateurs leur permet « de découvrir leurs potentialités, de s´appuyer sur leurs propres ressources pour s´épanouir dans leur environnement quotidien. Le but est également d´accompagner le changement, prévenir les risques psychosociaux, travailler avec les managers pour identifier les situations à risque le plus tôt possible, mettre en place une écoute active, proposer une aide et des actions de prévention ».

Développer un management “biocompatible”

Jacques Fradin, comportementaliste et cognitiviste, directeur de l´Institut de médecine environnementale (IME, Paris), institut de recherche interdisciplinaire dans les domaines des risques psychosociaux et de la performance socio-organisationnelle, explique :

« Les organisations ne peuvent garantir le bien-être au travail. Mais elles peuvent œuvrer à la mise en place et au respect des conditions nécessaires au bien-être et à la santé durables de leurs salariés. Cela suppose notamment le développement d´une organisation et d´un management “biocompatibles”…

« Nous entendons par “biocompatibilité” les caractéristiques universelles qu´un poste, une organisation et un management doivent posséder pour être compatibles avec le fonctionnement du cerveau humain, indépendamment des compétences ou qualités personnelles de chacun. Le maître mot en ce domaine est “cohérence” : au même titre que le stress individuel résulte largement d´attitudes décalées (manque d´acceptation ou de recul, de réflexion ou d´opinion personnelle…), le stress organisationnel ou managérial est induit par des “missions impossibles”, comme d´assumer des responsabilités sans le niveau d´autonomie nécessaire pour y parvenir ! »

« La plupart de ces dysfonctionnements sont structurels et anonymes, ils ne sont ni voulus ni contrôlés par personne. Apprendre à les identifier et à les résoudre devrait faire partie des nouvelles fonctions des managers. Or le potentiel à libérer est considérable ! C´est un véritable Eldorado à découvrir… »


Musique, potager et poulailler contre le stress

La petite agence de communication [id-pop] a misé, dès sa création, sur le télétravail et des horaires souples ont été instaurés. Les collaborateurs peuvent, au minimum un jour par semaine, être en télétravail. Cela permet de limiter les transports tout en profitant un peu plus de chez soi ou de sa famille. Tous les outils nécessaires (outils en ligne, serveur, etc.) pour collaborer à distance ont été mis à disposition des salariés. La taille réduite de l´agence, la configuration du local et le jardin ont permis d´organiser un « bien-être au travail » avec la mise à disposition de matériel de musique pour en jouer librement, la possibilité d´écouter de la musique, de faire la cuisine et de profiter de pauses collectives dans le jardin.

Par ailleurs, l´agence a créé un potager et un poulailler gérés par les salariés pour leur plus grand bonheur. Chaque fin d´année, une pause détente (massage, hammam, etc.) est offerte aux salariés.

Développer le « savoir être au travail »

Pour faciliter les changements durables au sein de leurs organisations, Altamire et son partenaire proposent Potencial, une plateforme de formations intégrant les derniers apports scientifiques et méthodologiques issus des sciences humaines, neurosciences et technologies de l´information. Construits pour développer le « savoir être au travail » comme un réel savoir-faire, les parcours Potencial permettent de s´entrainer à mieux gérer son stress individuel et relationnel, optimiser son temps, comprendre les motivations profondes d´action, préserver un équilibre vie professionnelle/vie privée, développer ses compétences de manager-coach…

Une expérimentation originale sur la qualité de vie au travail

Le Groupe Afnor lance avec ses partenaires une expérimentation unique et originale en France sur la « Santé et la qualité de vie au travail » en coopération avec le Québec, qui a une longueur d´avance sur ces sujets. Objectif : concevoir et mettre en oeuvre une démarche de construction de la santé et du mieux-être au travail. Elle sera déployée en 2012-2013 sur la région Aquitaine.

De même, en interne, le Comité d´entreprise a financé la sensibilisation de l´ensemble des représentants du personnel à la responsabilité sociétale et en particulier à son volet social : le sens et les valeurs, le dialogue et la cohésion sociale, le bien-être au travail…

« No stress » en web-série

Planète Bureau, « la web-série qui met le DD en boîte », produite par l´agence ICOM, propose une approche originale du développement durable au travail. Elle s´attaque aux risques psychosociaux et lance le 13 mars prochain un épisode sur le stress au travail : « No stress ». L’épisode aborde ces sujets sérieux et polémiques avec humour et légèreté, permettant de faire passer les messages clés en douceur : besoin de formation, de valorisation, gestion du temps, pistes de prévention… Une fiche ressource, élaborée par la Carsat Midi-Pyrénées (Assurance maladie section risques professionnels), accompagne cet épisode afin d´aller plus loin et de donner les liens pour agir.

Surveiller les situations personnelles et collectives préoccupantes

Dans le cadre de son nouvel Agenda 21, le conseil général du Finistère veut « favoriser le bien-être au travail » de ses 3 800 agents grâce à une démarche qualité de vie au travail. Durant 18 mois, sous l´égide d´un comité de pilotage comprenant le comité hygiène et sécurité (CHS), un chef de projet anime une démarche interne, participative et paritaire. Un état des lieux de la qualité de vie au travail et un plan d´actions ont été mis en place. Objectifs : préserver des facteurs existants favorisant le bien-être au travail ; améliorer tout ce qui peut l´être, dans le cadre des moyens dont dispose la collectivité ; développer la prévention des risques concernant tous les domaines liés au travail. Par exemple, un atelier participatif animé par trois agents volontaires, dont un représentant du personnel, fait des propositions pour garantir la prise en compte et le traitement des « situations individuelles préoccupantes ». Dans le même temps, un groupe de travail du CHS propose la même chose mais en matière de « situations collectives préoccupantes ».

Engagés en faveur du bien-être

Une dizaine d´entreprises dont GDF Suez, Schneider Electric, la Ratp, Areva, Danone, Thalès, La Poste, Malakoff-Médéric, ainsi qu´une dizaine de partenaires sociaux  avec le soutien de différents partenaires, a signé l’engagement « en faveur du bien-être au travail et du droit universel à la santé »  présenté par l´Observatoire social international (OSI). Cet engagement a créé une dynamique faisant du travail « un facteur de santé, d´épanouissement personnel et collectif, de réalisation de soi et de performance pour l´entreprise, à l´opposé d´une logique de risque psychosocial ».

En 2012, l´OSI organise avec l´Anact une session nationale d´échanges entre partenaires sociaux « Comment passer du travail vécu comme risque au travail conçu comme source de santé et d´efficacité  ?».

Développement personnel et massages pour les salariés

Utopies suit une logique simple : lorsque l´on se soucie de son équipe de salariés, on la rend plus confiante, plus stable et enthousiaste dans son travail. Ainsi, elle a mis en place diiérentes dispositions en faveur du développement personnel de ses salariés. Par ailleurs, Utopies réserve le calme maximal aux bureaux qui sont aménagés de façon propice au travail et au respect de chacun, tandis que les salles de réunion sont utilisées pour les discussions, appels et conférences téléphoniques. Enfin, un professeur de yoga est disponible une fois par semaine ; des séances de massages assis sont offertes tous les quinze jours dans un espace dédié. Un baromètre interne a été mis en place afin de rester à l´écoute des salariés de l´entreprise.

Former les étudiants au bien-être

L´Escem introduit un nouveau module de trente heures au sein de son Master de gestion et d´administration du développement durable. Celui-ci porte entre autres sur le développement de compétences humaines telles que la confiance en soi, la gestion du stress, la créativité, l´adaptabilité. L´éclosion de ses compétences vise à l´épanouissement professionnel des étudiants, mais aussi à la recherche d´un bien-être personnel nécessaire à cet épanouissement.

Un des éléments importants de ce module est la construction d´un suivi du bien-être des étudiants par un outil de diagnostic permettant de cartographier ses propres compétences. L´étudiant qui mesure son propre bien-être peut alors cibler plus facilement les compétences dites « soft » qu´il doit développer. Cette démarche invite l´étudiant à projeter lui-même sa capacité de bien-être dans son environnement de travail.

Des congés solidaires aidés

L´association Planète Urgence permet aux collaborateurs d´entreprises de s´engager pour une mission de solidarité internationale de deux à trois semaines, effectuée sur leur temps de congés payés, avec le soutien financier de l´employeur. C´est le principe du Congé Solidaire, qui a déjà permis à 6 000 citoyens non experts de la solidarité Nord-Sud, mais riches de compétences utiles, de partir en mission à travers le monde. Ac
uellement, 85 entreprises sont partenaires du programme.

Pour l&acut
;entreprise, les bénéfices sont multiples : renforcement du lien avec les salariés autour de valeurs fortes, amélioration de l´image (interne et externe), expression de la responsabilité sociétale à travers un angle singulier et innovant, enrichissement de la culture d´entreprise…

>> Les initiatives que nous évoquons ici n´ont pas été vérifiées par la rédaction. Elles sont reportées comme exemples positifs d´une volonté de traiter concrètement ces nouvelles préoccupations.

Infotainment : quelle frontière entre information et divertissement ?

Interviewé par @rrêt sur images, le président de la Commission de la carte des journalistes dit s’interroger sur l’opportunité de renouveler la fameuse carte aux animateurs du Petit Journal (Canal+). Est-ce du divertissement ou de l´information ? Ouvertures a des idées sur le sujet…

Les frontières du journalisme se trouvent de plus en plus bousculées par l’explosion des nouveaux médias et des émissions d´infotainment (mélange de divertissement et d’information). Interviewé par Laure Daussy sur le site arretsurimages.net, Eric Marquis, le président de la Commission de la carte des journalistes, dit s’interroger sur l’opportunité de renouveler leur carte aux animateurs du Petit Journal (Canal+), qui doivent justifier tous les ans leur qualité de journaliste.

Auparavant, dit-il, « le Petit journal faisait parti du Grand journal, que nous avons considéré comme de l´information. Cette année, le fait que l´on parle du Petit journal et le fait que cela soit devenu une émission autonome nous incite à davantage faire attention. Il se peut que cela fasse débat au sein de la plénière de la commission, dont le rôle est de statuer sur le sujet. (…) A titre personnel, je pense que la question de ce renouvellement peut se poser.  (…) Je note que le Petit journal se trouve dans la rubrique “divertissement” sur le site de Canal+, comme le Grand journal d´ailleurs. En tant que membre du SNJ (Syndicat National des journalistes, NDR) je suis assez réservé sur le mélange des genres, assez réticent au concept “d´infotainment”. (…) Ce n´est pas parce que l´on utilise les mêmes outils – reportage, interview … – qu´il y a une démarche d´information derrière ».

Le problème, c’est qu’il n’existe pas de « définition officielle de ce que sont les tâches du journaliste. On peut le définir comme une recherche d´info, avec vérification, mise en perspective ».

“Qu´une partie de la réalité”

Mais en quoi, précisément, le Petit journal ne rentrerait-il pas dans cette définition ? Eric Marquis évoque alors une séquence où un ministre est auditionné par une commission de l´Assemblée : « Le Petit journal n´a montré qu´une partie de la réalité ».

L’argument du président de la Commission de la carte semble bien faible sur ce point. En effet, on pourrait adresser ce reproche à d’innombrables montages publiés dans les journaux télévisés par des journalistes. Des vues unilatérales, limitées, partiales ou tronquées sont le quotidien des chaînes !


Le philosophe des sciences
Karl Popper.

Ce n’est pas là qu’il faut chercher une différenciation nette entre information et divertissement, car, à ce compte-là, il faudrait retirer la carte à presque tous les journalistes.

Au-delà de la question précise du renouvellement de la carte, cette affaire peut nous inciter à réfléchir au démarquage à opérer entre une émission d´information et une émission de divertissement. Ce démarquage pourrait résider dans le fait d´accorder ou non un statut de “connaissance” aux informations diffusées ou débattues. On pourrait ainsi distinguer entre ce qui fait l’information journalistique et ce qui n’en est pas (qu’on parle de divertissement, de communication ou de propagande).

Pour comprendre, prenons l’exemple de la science. Selon l’épistémologue Karl Popper, ce qui sépare une connaissance scientifique des pseudo-sciences, ou de la métaphysique, c’est sa réfutabilité, c’est-à-dire la possibilité qu’elle maintient toujours ouverte d’être réfutée, remise en question par une connaissance nouvelle. Par exemple, la mécanique Newtonnienne a été réfutée par Einstein à cause de faits expérimentaux qu´elle ne pouvait expliquer. Elle peut être qualifiée de “science” parce que nous avons eu la possibilité de la mettre en question concrètement.

Inversement, l’existence des anges ne peut pas être prouvée par des mesures techniques : on y croit ou non. Cela ne veut pas dire qu’ils n’existent pas mais seulement que nous n’avons pas les moyens de les observer. On ne peut donc réfuter leur existence sur le plan des connaissances. L´existence des anges est donc une croyance (vraie ou non, là n´est pas la question).

Droits de réponse et correctifs

Si l’on veut dessiner une ligne de démarcation entre information journalistique et le reste, on pourrait la trouver dans une transposition de cette démarche. Serait une information journalistique une donnée qui, même ayant été vérifiée, accepte d’être mise en question par d’autres données. Les moyens sont simples à concevoir, ils existent en théorie mais sont rarement adoptés par les professionnels : ce sont les droits de réponse et les correctifs. Ces droits sont régulièrement bafoués, tout particulièrement dans le secteur de l’information audiovisuelle où les correctifs sont quasiment absents. Il faudrait que les médias engagent des politiques très volontaristes pour garantir l´exercice de ces droits.

S´ils souhaitent pouvoir se distinguer clairement de tous les autres modes d’expression qui émergent, ils ne pourront faire l’économie de cette exigence fondamentale : donner la priorité à la qualité de l’information en mettant tout en œuvre pour atteindre à chaque fois le plus haut degré de vérité de chaque information.

Ce qui implique, nécessairement, la possibilité pour le public de la contredire, l´amender ou la compléter. Les commentaires, s’ils représentent un progrès arraché par le Net, ne répondent que très imparfaitement à cette exigence.

Donner un statut de “connaissance” à l´information journalistique, cela impliquerait aussi que les journalistes et leurs employeurs s´engagent à respecter des procédures de fabrication de l´information bien plus rigoureuses que ce qui se fait actuellement. Il n´est pas certain qu´ils soient prêts à cette mutation qui tire vers le haut…

> Ouvertures a mis en oeuvre une application de cette idée en proposant à ses lecteurs un espace qui leur appartient en propre et ce, dans le corps même de l´article : un droit de réponse modéré à postériori.

Pourquoi M. Sirjacobs a voulu la marche citoyenne, à Bruxelles, pour la liberté vaccinale

Raphael Sirjacobs est l´initiateur de la marche citoyenne pour la liberté et l´information vaccinalece vendredi 20 janvier 2012 à Bruxelles. Il est le père de la petite Stacy, décédée en octobre dernier à deux mois et demi, une semaine après avoir reçu trois vaccins.

– Ouvertures. Quel a été le point de départ de votre motivation pour organiser cette marche ?


Les parents de la petite Stacy disparue
et sa soeur jumelle.

– Raphael Sirjacobs. La mort de notre fille Stacy. Nous nous sommes rapidement rendu compte qu´elle n´était pas un cas isolé. Loin de là. On nous dit que les cas de décès sont rares, en réalité il y en a beaucoup plus qu´on veut bien nous le dire. Depuis l´ouverture de notre site, mon épouse et moi avons répertorié beaucoup de décès partout dans le monde : en Argentine, en Inde, au Japon, en France, en Italie. Presque chaque jour nous apporte un nouveau témoignage. Les gens doivent ouvrir les yeux. Cette marche est faite pour alerter l´opinion publique.

– Que demandez-vous concrètement ?

– Liberté vaccinale et information dans le respect de la loi du patient 2002. Une information réelle, pas celle qu´on nous rabâche depuis longtemps sur les vaccins. Nous disons STOP aux mensonges, aux discours manipulateurs sur ce sujet. Nous partirons de l´entrée de la gare du midi à Bruxelles et nous nous rendrons rapidement après quinze minutes de marche devant le ministère de la santé. Nous n´allons pas demander à être reçus, mais nous allons monter un podium et délivrer plusieurs communications importantes.

– Pensez-vous que l´événement va être suivi ?

– Oui, je pense qu´il va y avoir beaucoup de monde. Nous avons travaillé jour et nuit pendant quinze jours. Organiser une marche en si peu de temps, c´est un véritable défi ! Des gens vont faire plus de mille kilomètres pour venir. Nous sommes également soutenus par l´association Initiative Citoyenne. On reçoit des soutiens du monde entier, avec des articles aux Etats-Unis, en Angleterre, en Bretagne. Nous avons voulu en faire un événement de dimension internationale car c´est un problème international.

> « L´aluminium vaccinal met en danger le cerveau des enfants », affirment deux chercheurs canadiens.

Nazzaréna ou l´éveil d’une citoyenne par l’actualité

Intriguée puis indignée par tout ce que l’actualité révélait sur les dessous de la campagne de vaccination contre la grippe H1N1, une artiste « se réveille », prend sa caméra et va au devant des principaux acteurs du sociodrame qui la révèle finalement à elle-même. Un documentaire en souscription, “La Pandémie du Nouveau Monde”, retrace ce parcours sensible et original.


Nazzaréna parle de sa démarche à Ouvertures.

Août 2009. Lorsque la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1 a été annoncée, Nazzaréna s’est interrogée, comme beaucoup de Français. Ce questionnement s’est mué en inquiétude, puis en indignation face à l´éventualité que la vaccination soit rendue obligatoire. Après avoir écrit à des élus et des médias, et sans réponse de leur part excepté deux réponses « langue de bois », elle décide, pour la première fois de sa vie, d’aller à la rencontre du pouvoir et des citoyens qui oeuvrent.

Conférences de presse au ministère de la santé, réunion d’experts, manifestations de militants pour la liberté vaccinale, citoyens désorientés devant les gymnases, médecins qui s’interrogent : elle est allée filmer partout, jusqu’à l’Assemblée nationale et au Parlement européen à Bruxelles. Et elle s’étonne : « J’étais souvent la seule à filmer », comme si les médias, sur ces questions difficiles mais essentielles pour tous, se contentaient de relayer l’information officielle…

Une question s’est posée avec force : sommes-nous maîtres de notre santé, de notre corps ? Puis une autre : qui décide à notre place et comment agir pour reprendre notre santé en mains ?

« Cette prise de conscience m’a permis d’aller bien au delà de la vaccination et d’interviewer des personnes qui agissent pour notre santé et le bien commun : collectifs de citoyens, associations, députés français et européens, journalistes indépendants, médecins homéopathes, inventeurs d’alternatives énergétiques.

J’ai pu suivre aussi le changement de vie de plusieurs personnes, pour qui cette période a été un basculement, comme ce fut le cas pour moi-même. Jamais je n’aurais imaginé, moi simple citoyenne, soumettre des propositions sur la liberté vaccinale et le consentement éclairé des patients à la député européenne Michèle Rivasi ! »

NazzarénaAuxiliaire de vie et artiste, Nazzaréna est titulaire d’une licence de musicologie et de théâtre. Auteure-compositrice interprète, elle écrit aussi des poèmes et des pièces de théâtre (« Une définition de la vie », jouée à Fontenay-sous-Bois, et « A table », dénonçant l’aspartame et le glutamate, à l’Université Paris 8 en 2010).

Elle a réalisé des vidéos mises en ligne sur Internet, « La Bio aux deux visages » (2008) et « La face cachée des vaccins » (2009).

Christophe-Emmanuel Del Debbio

Documentaliste à « Arrêt sur images » (France 5) de 1996 à 2002. Auteur d’émissions de décryptage à Zalea TV (2002-2007). Éducateur à l’image en Seine-St-Denis, Picardie. Monteur vidéo et photographe. Co-réalisateur de « Désentubages cathodiques » (2005, Zalea TV, sorti en salles). Réalisateur de « Banlieues sous le feu des médias » (2006, 63mn, sorti en salles). Co-réalisateur de « Freedub 2 », avec Stéphane Elmadjian (2009, 14mn).

> Nazzaréna et Christophe ont réalisé pour Ouvertures les vidéos parues dans notre article : “Vaccins/Belgique : des citoyens complètent le travail des journalistes”.

Augustin Legrand, des « Enfants de Don Quichotte », lui dira : « On a tous cette inventivité-là, de pouvoir fabriquer chacun à notre façon quelque chose, d’apporter du sens et une pierre à l’édifice. Faut juste faire résonner ça ! »

« Je souhaite par ce film apporter ma pierre à l’édifice », conclut-elle.

Le documentaire a nécessité 14 mois de tournage et 140 heures de rushes. Le mercredi 6 octobre 2010 une projection d’une synthèse du documentaire a eu lieu au Parlement européen, à l’initiative de la députée européenne Michèle Rivasi, en présence du collectif Initiative citoyenne, de leurs avocats et de José Bové.

> JL ML est interviewé dans le documentaire La Pandémie du Nouveau Monde réalisé par Nazzaréna.

Economie solidaire : donner plus pour gagner plus

Jean Millerat a créé Wecena, une société d’entreprenariat social pour aider les responsables du monde associatif à obtenir des compétences informatiques de bon niveau, qui coûtent cher. Il propose aux entreprises de faire don de leur temps d’ingénieur inemployé.


 Un article sur Jean Millerat a paru dans Courrier Cadres.
Cliquer sur l´image pour voir la vidéo qui l´accompagne.

« J’ai 36 ans, je suis banlieusard (Yvelines), ingénieur centralien, scout de France, bénévole auprès de plusieurs mouvements associatifs, marié et père d’une famille de 4 enfants. Après une première expérience de créateur d’entreprise technologique en début de carrière puis chef de service informatique chez Saint-Gobain et chef d’équipe de recherche en informatique chez Motorola, je suis retourné à la création, cette fois-ci inspiré par l’économie de communion.

J’ai découvert l’économie de communion alors que j’étais encore chez Saint-Gobain. Je me demandais à l’époque comment ne plus vivre en schizophrène : au service d’un cours de bourse le jour et idéaliste la nuit. L’entrepreneuriat social puis l’économie de communion, que j’ai découvert via un collègue de bureau, m’a permis de redonner un peu d’unité entre mes compétences professionnelle et mon désir de servir mon prochain.

« Au service d’un cours de bourse le jour et idéaliste la nuit »

J’ai créé ma nouvelle entreprise, Wecena, il y a trois ans, dans le secteur informatique. Au quotidien, l’économie de communion est un triple défi pour moi.

Le premier défi ressemble à celui de tout entrepreneur : celui de réussir à créer et développer une activité économique rentable. Je conclus bientôt ma 3ème année d’activité et j’espère enfin pouvoir dégager des bénéfices. Depuis le début de l’année, j’ai enfin pu me verser un salaire presque équivalent à ce que je touchais en tant que salarié. Si la tendance se poursuit jusqu’à la fin de l’année, une partie de mes bénéfices me permettront enfin d’accomplir l’une des vocations de ce projet, qui est spécifique à l’économie de communion : lutter contre la pauvreté en partageant une partie de ces bénéfices avec de plus démunis.

L´économie de communion a vingt ans

Jean Millerat a présenté son témoignage au colloque de l´économie de communion (EdeC) organisée le septembre 2011 à Paris.

Beaucoup des chefs d’entreprise engagés dans l´économie de communion (inspirée des Focolari) sont des croyants, convaincus que Dieu agit dans le concret de leur vie, y compris dans leur travail pour l’entreprise. Ils laissent agir leur « Associé caché », comme ils aiment à le nommer : ils lui demandent conseil, décident avec lui et lui donnent, grâce aux dons, une part de leurs bénéfices.

Ces chefs d’entreprise, qui sont près de 800 dans le monde, se retrouvent régulièrement pour échanger, se soutenir dans cette démarche à l’inverse des pratiques habituelles. En France, ils sont une quarantaine.

Au mois de mai dernier, le mouvement l’EdeC a fêté ses 20 ans au Brésil.

Le deuxième défi, c’est un défi pour mari et père de famille. Mon épouse s’occupe quotidiennement de nos 4 enfants qui ont entre 4 et 7 ans (des triplés dans le lot). En quittant mon job salarié pour me lancer dans l’entrepreneuriat, j’ai choisi de mettre un peu en danger la sécurité financière de ma famille : il n’y a plus une feuille de paye garantie à la fin du mois. Bien sûr, je l’ai fait avec des dispositifs de sécurité qui m’ont semblé raisonnables : un gros chèque de mon précédent employeur, l’énorme aide des Assedic pour les créateurs d’entreprise, un diplôme de centralien et une expérience qui m’aidera à retrouver rapidement un travail salarié si besoin. Mais aujourd’hui je n’ai pas de visibilité commerciale à plus de quelques semaines alors que je dois penser aux besoins de ma famille à long terme : les études des enfants, la retraite… sans compter la récession qui commence.

Si j’en venais à perdre de vue la priorité que représentent mon couple et ma famille et à ne plus penser qu’à mon entreprise, l’unité serait rompue et mon projet dans l’économie de communion perdrait son sens.

Chantiers de solidarité aidés par l’Etat

Un troisième défi de l’économie de communion, c’est d’essayer de partager cette culture du don dans l’économie avec mes clients et partenaires. Et c’est d’autant plus difficile que le don, sous la forme du mécénat, est au cœur de mon activité.

Dans mon entreprise, Wecena, j’encadre des chantiers de mécénat informatique pour le compte d’associations de solidarité. Sur ces chantiers numériques, j’accueille et j’encadre des volontaires informaticiens qui nous sont envoyés par leurs employeurs, des sociétés de conseil et de services en informatique (SSII). Ces sociétés leur proposent ces chantiers de solidarité pour leur permettre de donner plus de sens à leur métier, de découvrir des problématiques numériques nouvelles (par exemple l’accessibilité numérique pour les personnes handicapées), et d’y consacrer quelques jours de travail inoccupés, entre deux missions lucratives. Je suis payé par ces sociétés pour mon travail de chef de projet. Mais elles sont remboursées par l’État notamment via des mécanismes d’économies d’impôts ou de déduction de dépenses liées au handicap. C’est le concept du wecena, un montage astucieux de “mécénat de compétences” et de sensibilisation, pour recycler du temps de travail inexploité chez les entreprises informatiques et le mettre au service de la solidarité.

« Etre entrepreneur, aux yeux de certains associatifs, c’est louche ! »

D’un côté, j’ai donc des clients qui sont des associations de solidarité, avec des milliers de bénévoles pour certaines d’entre elles. Le don et le bénévolat, elles connaissent. Mais l’économie et l’entreprise, c’est plus lointain, moins accepté… L’entrepreneur, c’est l’étranger, le profiteur ou le voleur de poules ! Être entrepreneur, pour certains volontaires d’associations de lutte contre la misère ou bien pour certaines mamans d’enfants handicapés, c’est louche. Au mieux. C’est perçu comme une histoire de profiteur, d’égoïste, de menteur, d’escroc.

Comment leur expliquer que je suis là avant tout pour faire à temps plein mon métier de directeur de projet informatique ? Que ce travail mérite salaire ? Que les risques d’entrepreneur que je prends méritent aussi des bénéfices ? Que le travail que je fais pour leur association est entièrement financé par des mécènes privés et par les économies d’impôts mécénat encouragées par l’État ? Que mon projet d’entreprise vise à créer une communion avec les plus pauvres, à qui je voudrais destiner mes bénéfices ?

D’un autre côté, une partie de mon travail consiste à transformer de nouvelles SSII en mécènes et donc à convaincre leurs dirigeants : “ Plutôt que de laisser vos salariés ne rien faire entre deux missions lucratives, faites-en don à mes associations clientes ! ”.

« 10 000 informaticiens payés à ne rien faire »

En France, chaque jour, environ 10 000 informaticiens de ce secteur sont payés à ne rien faire pendant quelques jours, en attendant le début de leur prochaine mission chez un client. On appelle ça “être en inter-contrat”. C’est un fonctionnement normal et l’une des raisons d’être de ces sociétés de prestation. Quand je vais voir leur patron pour leur présenter les besoins en compétences numériques de mes associations clientes, leur premier réflexe est souvent : “ Ces associations ne peuvent pas payer, alors pourquoi leur donnerait-on notre temps ? ”. J’essaie de leur expliquer que, “plus ils donnent, plus ils reçoivent” : leurs salariés deviennent moins stressés, plus fiers d’appartenir à cette entreprise, plus riches d’une expérience de solidarité professionnelle qui a la place sur leur CV… Je leur explique que leur image d’entreprise responsable se trouve renforcée et qu’ils attireront plus facilement de nouvelles recrues. Que cela fait partie de leur responsabilité sociale et environnementale (RSE). Et comme ils comprennent qu’il s’agit de donner du temps perdu, ils acceptent parfois. Je leur explique alors qu’il faut rémunérer mon travail d’encadrement de ces chantiers et que ça leur sera remboursé par l’État à 100%. Là, la réaction épidermique revient : “ Quoi ? Vous voulez qu’on vous donne les temps morts de nos salariés et, en plus, vous voulez qu’on vous paye ? D’habitude ce sont nos clients qui nous payent, pas l’inverse ! ” Apprendre à un dirigeant commercial à donner sans attendre de retour en cash, ce n’est pas chose facile. Le don n’est pas dans leur culture. Ils ont l’impression d’être volés.

« Allez expliquer ça aux actionnaires ! »

Les directeurs administratifs et financiers me demandent à leur tour : “ Comment modéliser le retour sur investissement sur ces opérations de mécénat ? Combien est-ce que ça va nous faire gagner d’argent à l’horizon d’un an, à 3 ans, à 5 ans ? ” Je leur réponds, via des tableaux Excel, que l’opération est très peu coûteuse, grâce à l’encouragement financier de l’État, mais que les bénéfices à attendre sont dans le cœur de leurs salariés et de leur clients. Des fois, ça passe ! Souvent, je dois traiter avec des schizophrènes qui me ressemblaient, comme ce directeur d’agence qui m’avoue à voix basse, un peu honteux : “ Je trouve votre activité formidable et j’aimerais qu’on fasse du wecena : enfin un peu d’air frais dans notre secteur ! Mais il n’est pas question qu’on en fasse car faire ce genre de dons serait inacceptable pour notre comité de direction. ” Où ce directeur général d’une grosse SSII filiale d’un groupe industriel : ” J’ai énormément de sympathie pour votre projet mais le justifier financièrement aux yeux du président de notre maison-mère serait beaucoup trop difficile. ” Et chacun se demande qui est le plus fou : “ Plus on donne, plus on reçoit ? Allez expliquez ça à nos actionnaires ! ”. Comme si les managers et dirigeants d’entreprise avaient du mal à vivre en unité avec eux-mêmes… Comme si ils pensaient qu’il n’y a d’enrichissement que financier. Comme si ils devaient renoncer à leurs intuitions faute de pouvoir les rationaliser économiquement avec leurs outils habituels. Comme si ils pensaient que la seule unité possible avec leurs actionnaires passe par le montant du dividende et l’évolution du cours de bourse. Ce qui n’apparaît pas dans la bottom line financière n’existe pas. Donner plus pour gagner plus ? On ne peut pas gagner des élections présidentielles avec un slogan de ce genre…

« Le chemin sera long »

Malgré tout, j’arrive à avancer. 8 SSII (dont des grosses, comme Open puis AtoS) sont déjà passées à l’acte et ont commencé à faire du wecena. Ensemble, elles ont déjà donné 520 jours de travail à travers la mobilisation de 41 salariés. Mais, pour développer leurs dons et mon activité, je butte encore sur l’inertie des cultures et des organisations. Les dirigeants ont une pression au quotidien : faire plus d’argent, ils croient que c’est l’essentiel de leur métier. Alors, c’est déjà bien d’avoir commencé à faire des dons de compétences, mais pourquoi donner plus ? Une poignée de salariés qui se sont portés volontaires, c’est déjà bien. Alors pourquoi généraliser le don ? Même si le coût financier est pris en charge par l’État sous forme d’économies d’impôts mécénat, où est l’urgence à donner régulièrement et plus massivement ?

Pour arriver à intégrer totalement cette logique de don à l’entreprise, pour proposer à tout salarié disponible quelques jours de faire du wecena, pour institutionnaliser le don dans les processus de management, le chemin sera long. Les signe
qui m’encouragent viennent not
mment des salariés eux-mêmes et des élus du personnel : ils voient et disent la valeur qu’a le bien-être d’un salarié. Ils voient le surcroît de motivation (et donc de productivité) de celui qui a donné du sens à son métier. Le bouche-à-oreille entre salariés commence à fonctionner pour mobiliser des nouveaux volontaires pour mes associations clientes. Mais il ne peut prendre de l’ampleur que s’il est alimenté par des dirigeants visionnaires et qui apprennent à vivre la richesse du don. Peut-on mettre en chiffre cette richesse pour entrer dans le reporting du directeur financier ? C’est difficile. Quand bien même on y arriverait, de là à la ramener à une évaluation financière de retour sur investissement, devrait-on le faire ? »

> Les intertitres sont de la rédaction.

Ouvertures : un droit de réponse innovant et plus favorable au lecteur

Le droit de réponse qu´offre désormais Ouvertures aux internautes se distingue du droit de réponse applicable aux services de communication au public en ligne. Il est beaucoup plus favorable au lecteur/demandeur.

1. La réponse valorisée. Le droit de réponse légal ne s’applique pas aux sites où les visiteurs peuvent l’exercer par eux-mêmes, comme c’est le cas des sites participatifs dont fait partie Ouvertures. Autrement, dit, puisque notre site donne déjà la possibilité de déposer des commentaires, il pourrait se passer d’offrir un droit de réponse. Nous l’offrons cependant car nous pensons qu’un droit de réponse doit avoir le même niveau éditorial que l’article auquel il se rapporte. Le commentaire, qui intervient hors de l’article et peut être noyé parmi d’autres commentaires, a forcément moins d’impact que l’article qui le précède.

Le droit de réponse d’Ouvertures est placé DANS le cadre de l’article et dans la même forme, et non hors de l’article et dans une forme moins valorisante.

2. Des conditions d’application plus souples. Le décret (voir encadré) fixe des formalités strictes pour faire parvenir le droit de réponse en ligne : celui-ci devra être envoyé par LRAR ou par un autre moyen garantissant l’identité du demandeur. Et le responsable du site décide s’il publie ou non la réponse.

Ouvertures abandonne sa faculté d’intervenir en amont de la publication de la réponse. Il demande seulement à l’internaute de décliner son nom, son adresse, son mail et un n° de téléphone pour permettre une vérification.

3. Raccourcissement du délai de publication. La publication de la réponse doit avoir lieu, selon la loi, dès la prochaine newsletter, ou sous 24h pour les sites participatifs. Dans Ouvertures, la publication est immédiate.

4. La publication de la réponse est modérée à postériori. L’internaute poste sa réponse directement dans un formulaire mis à sa disposition sur la page concernée, sans passer préalablement par un système de validation. Le site veille seulement à ce que les termes de la réponse respectent le droit de la presse et peut refuser la réponse dans le cas contraire.

5. Disparition du délai de prescription. Selon la loi, la demande de réponse doit être faite dans un délai de trois mois suivant la mise à disposition du public du message. Dans Ouvertures, l’internaute peut, à tout moment et durant toute la vie du site, poster sa réponse à un article.

6. Ouvertures s’interdit de commenter la réponse de l’internaute. Toutefois, il se réserve la possibilité de rectifier des erreurs factuelles.

Qui peut poster un droit de réponse dans Ouvertures ?

Toute personne (ou organisme) directement nommée ou désignée dans un article avec des imputations inexactes ou susceptibles de porter atteinte à son honneur ou à sa réputation.

De même, toute personne ou organisme directement concerné par le sujet de l´article.

Les autres peuvent utiliser le commentaire.

Pour éviter les polémiques incessantes, le répondant s´engage à rester factuel et à éviter les qualificatifs moraux envers les protagonistes de l´information en question.

Le demandeur doit mentionner le passage qui pose problème et rédiger la réponse qu’il veut voir publiée.

A quoi doit ressembler la réponse ? Elle est forcément écrite, même si le contenu incriminé est une image, un son ou une vidéo. S´il s´agit de réagir à un texte, la réponse ne doit pas être plus longue que ce dernier. S’il s’agit d’une vidéo, le texte ne doit pas faire plus de 50 lignes.

> Le droit de réponse applicable en général aux sites internet est déterminé par le décret n° 2007-1527 du 24 octobre 2007 et pris pour l’application du IV de l’article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique, J.O. n° 249 du 26 octobre 2007 page 17555 texte n° 29 (voir NOTRE ARTICLE)

 

Dérives sectaires : la Miviludes se sent toujours négligée

La députée Danielle Bousquet vient au secours de la Miviludes pour se plaindre en son nom d’un manque de mobilisation des services de l’Etat contre les « dérives sectaires ». Le ministre de l’intérieur la rassure.


Danielle Bousquet.
Photo : Assemblée nationale.

La Miviludes a décidément bien des états d’âme avec ses partenaires ! On se souvient qu’elle avait trouvé en le sénateur Alain Aziani un avocat pour déplorer de n’être pas assez sollicitée par le ministère de l’intérieur.

Cette fois, c’est Danielle Bousquet, députée socialiste de Côtes-d´Armor, qu’elle fait monter au créneau. Dans une question écrite le 14 septembre 2010 au ministère de l’intérieur, la parlementaire se plaint que  « la plupart des membres de la direction centrale des renseignements généraux qui travaillaient sur le sujet [des dérives sectaires] ont été intégrés dans la nouvelle direction centrale du renseignement intérieur [DCRI], pour laquelle la lutte contre les sectes ne semble pas faire partie des priorités affichées. De plus, les structures et le fonctionnement de la direction sont couverts par le « secret défense », ce qui pénalise les autres administrations, comme la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires ». La députée demande donc au ministre de « la rassurer en indiquant les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre les dérives sectaires ».

La réponse du ministère de l’intérieur

Celui-ci répond le 15 février 2011 aux inquiétudes de la parlementaire en lui décrivant tout l’arsenal de surveillance et de répression mobilisé par l’Etat contre les « dérives sectaires » (en fait les minorités spirituelles, religieuses ou thérapeutiques non reconnues).

Il indique que « les services de police et de gendarmerie sont de longue date mobilisés face aux dérives sectaires. Au sein de la police nationale, le suivi de ce type de mouvements susceptibles de porter atteinte à l´ordre public est assuré par la sous-direction de l´information générale (SDIG) de la direction centrale de la sécurité publique et, au niveau local, par ses services départementaux d´information générale. La SDIG, dotée d´un groupe spécifiquement consacré aux dérives sectaires [la Caimades], entretient des rapports réguliers et étroits avec la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES). En particulier, elle participe à son comité exécutif de pilotage opérationnel et contribue à l´élaboration de son rapport annuel.

« S´agissant de la direction centrale du renseignement intérieur [DCRI], si elle peut, au titre de la surveillance des organisations susceptibles de porter atteinte à la sécurité nationale, également être amenée à s´intéresser à des mouvements à caractère sectaire, on notera qu´en application d´un arrêté du 27 juin 2008 « toutes instructions, tous renseignements et tous documents ou supports relatifs aux missions, aux objectifs, à l´organisation et au fonctionnement » de cette structure sont classifiés [nous soulignons]. La spécificité du travail de ce service de renseignement ne porte cependant nullement atteinte au partenariat actif entretenu par le ministère de l´intérieur, de l´outre-mer, des collectivités territoriales et de l´immigration avec la MIVILUDES.

« Sur le plan judiciaire, l´Office central pour la répression des violences aux personnes de la direction centrale de la police judiciaire dispose depuis 2009 d´une cellule d´assistance et d´intervention en matière de dérives sectaires (CAIMADES), qui apporte notamment une assistance méthodologique et opérationnelle aux services de police et de gendarmerie. Au sein de la gendarmerie nationale, les renseignements relatifs à ces phénomènes sont analysés au niveau départemental puis recoupés au plan central par le bureau renseignement de la direction générale de la gendarmerie nationale. Les enquêtes judiciaires sont suivies par le service technique de recherche judiciaire et de documentation.

« L´action des forces de sécurité dans ce domaine a été renforcée depuis en 2008, pour mieux adapter leurs méthodes face à des défis en constante évolution et privilégier une démarche visant à qualifier juridiquement les faits qui peuvent être réprimés [nous soulignons]. Les services de l´État sont mobilisés dans chaque département par les préfets, en liaison avec les procureurs de la République, pour appréhender le phénomène dans un cadre interministériel coordonné. Le suivi des mouvements dont les agissements sont susceptibles d´entraîner l´ouverture de procédures judiciaires fait ainsi l´objet d´une centralisation et d´un recoupement des informations entre les services de l´État concernés dans un groupe de travail restreint à dimension opérationnelle. La nécessité de poursuivre une politique résolue de vigilance, de prévention et de répression a été réaffirmée par une circulaire du ministre de l´intérieur adressée le 10 février 2010 aux préfets. Cette circulaire complète et renforce les circulaires déjà signées par le ministre sur le sujet les 25 février 2008, 23 janvier et 15 mai 2009 ».

>> Le ministère de l’intérieur rassure donc la députée en lui rappelant que ce n’est pas la DCRI mais la SDIG (police nationale) qui centralise les informations sur les dérives sectaires. Et que ce service-là est bien informé et qu’il entretient des  « rapports réguliers et étroits » avec la Miviludes. C’est étonnant de constater que la Miviludes, principal outil de propagande antisecte du pays, qui a accès à toutes les tribunes officielles et médiatiques, se sente ainsi délaissée par ses pairs administratifs, alors que la France est sans doute le pays qui mobilise le plus contre les minorités spirituelles…

Autre intérêt de la réponse ministérielle, cette précision du ministère : il souhaite privilégier une “démarche visant à qualifier juridiquement les faits qui peuvent être réprimés”. Donc à être précis et factuel dans l´accusation. C´est sans doute là une critique voilée de la Miviludes qui, elle, ne s´embarrasse pas de tant de subtilité et parle constamment de “menace”, de “risque”, en demeurant dans la généralité.

Enfin, relevons cette confirmation que la DCRI n´a pas compétence en matière de dérives sectaires, à l´exception de ce qui relève de son action contre le terrorisme, qui est « classifiée ». Ceci peut être extrêmement dangereux pour les libertés individuelles. Il suffira qu’un individu soit suspecté d’être un gourou, ou qu’un mouvement soit perçu comme secte, pour que toute action de répression à leur égard soit menée, au nom de l´anti-terrorisme, sur la base de renseignements (et donc de raisons) qui pourront rester totalement secrets. Et tant pis s’il y a erreur sur les personnes ou si les dénonciations sont calomnieuses…

Premier suicide reconnu comme accident du travail à l’ONF

Le 11 janvier 2011, l’Office national des forêts (ONF) a reconnu comme « imputable au service » le suicide d’un de ses agents. Une première pour cet établissement public dont beaucoup de salariés disent endurer une « souffrance éthique ». La direction, qui a dénombré 23 suicides de 2003 à 2010, dit avoir pris conscience du problème et engagé un ensemble de mesures pour tenter d’y faire face.


Pascal Viné, le nouveau directeur
général de l´ONF.

Le 3 décembre 2009, Jean-Paul Marchand s’est donné la mort avec son arme de service dans la cour du siège de l´unité territoriale (UT) de Poligny, dans le Jura, face à son véhicule de service, donc sur son lieu de travail et pendant ses horaires de travail. Son épouse a refusé toute présence de la hiérarchie de l´ONF aux obsèques, seuls les collègues proches de M. Marchand étant admis.

Jean-Paul Marchand était en effet “agent patrimonial” de l’ONF. Il avait la responsabilité des forêts communales et domaniales situées sur un territoire délimité appelé “triage” sur son UT.

Pascal Viné, directeur général de l’Office depuis sa nomination le 17 novembre 2010 en Conseil des ministres, a reconnu le 11 janvier 2011 que ce suicide pouvait être « reconnu comme accident de travail » par l’établissement : « Après avoir soigneusement étudié le dossier de M. Marchand, j’ai décidé que son suicide pouvait être “imputé au service”. L’ONF prendra donc en charge les coûts funéraires et médicaux le concernant. Son épouse bénéficiera d’un supplément à sa pension de réversion ».

« Cette reconnaissance n’équivaut pas à une reconnaissance de “responsabilité” », a ajouté le DG de l´ONF, en précisant que la veuve avait été déboutée à ce sujet dans le cadre d´une procédure judiciaire contre l´établissement public.

Le geste extrême de cet agent s’ajoute aux 23 suicides qui ont été comptabilisés par la direction entre 2003 et 2010. « On a donc environ trois suicides par an, ajoute M. Viné. C’est un chiffre difficile à commenter. Les causes sont souvent multifactorielles. C’est vrai qu’il y a eu dernièrement des évolutions importantes des métiers de nos agents et du fonctionnement de notre établissement. Aux tensions, au mal-être que ces évolutions peuvent provoquer, s’ajoutent des questions de sécurité, de risques professionnels, d’isolement parfois. C’est de tout cela qu’il nous faut tenir compte ».


Pascal Leclercq, responsable
syndical ONF-CGT.

« Souffrance éthique »

Ce « mal-être », Pascal Leclercq, secrétaire général de Union syndicale de l´ONF-CGT, le nomme « souffrance éthique » parce qu’il naît de la mutation de la « forêt-écosystème », où l´on se soucierait essentiellement de gérer la ressource de façon écologique et durable, en une « forêt-usine », qui serait de plus en plus soumise aux contraintes du marché du bois.

Une conversion difficile à supporter pour nombre d’agents de terrain, souvent membres, par ailleurs, d’associations naturalistes, et qui se voient imposer des « objectifs inatteignables et en contradiction flagrante avec le sens et l’éthique du travail » : « On a remplacé l’obligation légale du travail par une obligation de résultats, ce qui induit un management par le stress, voire parfois par la “terreur” ».

La disparition des “missions traditionnelles”

Ajoutez à cela les suppressions d’effectifs déconnectées des « missions et du contenu du travail, un management individualisé [qui provoque] une concurrence entre les services, l’explosion des collectifs de travail ainsi que la disparition des moments de convivialité, d’où isolement et intériorisation excessifs », et vous avez ce cocktail délétère que l’on retrouve aujourd’hui dans beaucoup de grandes institutions publiques sommées de trouver désormais chacune leurs équilibres de rentabilité, voire le « profit ».

« Alors que nos missions traditionnelles nous rapprochaient de tous les usagers de la forêts, privés comme publics, déplore M. Leclercq, nous devenons des VRP mobilisés au succès de la filière bois. Au détriment du lien social, de la fonction de conseil et d’appui et de la qualité du patrimoine forestier. »

Le directeur général se dit conscient de ces tensions et affirme qu’elles constituent pour lui un « dossier majeur » : « J’ai assisté au dernier Comité d’hygiène et de sécurité territorial (CHST), qui s´est tenu en tout début d´année. C’était la première fois que le directeur général de l’ONF s’y rendait. Je vais suivre personnellement ce dossier. J’ai lancé un audit externe sur les risques psychosociaux qui fera un point sur les réformes engagées et devra mettre en lumière ce qui marche et ce qui ne marche pas afin d’améliorer les choses, notamment en matière de management ».

« Un certain déficit d´écoute »

Pas question pour lui, cependant, de remettre en question le principe du management par objectifs : « En revanche, nous étudierons la façon dont ce principe est appliqué. Nous veillerons à ce que ces objectifs soient réalistes et à ce que leur évaluation soit claire et transparente. Certaines mesures ont certainement été mal mises en œuvre. Nous verrons au cas par cas. Nous définirons des priorités. Il faudra sans doute qu’il y ait plus de collectif, plus de liens entre les différentes structures (opérationnelles, bureaux d’études, actions auprès des collectivités locales). De même, il nous faudra mieux communiquer sur ce que nous faisons en matière de développement durable. L’ONF est quand même le premier gestionnaire d’espaces naturels en France. Il a une forte culture de conservation et de protection des 4,5 millions d’hectares dont il a la charge. Certes, il y a un enjeu de production, mais le souci de l’économie fait partie, avec celui de l’environnement et du social, des trois piliers du développement durable. Mais peut-être souffrons-nous aussi d’un certain déficit d’écoute qu’il faudra combler ».

M. Viné a démarré ce mois de février une mise à plat de tous ces points avec la dizaine d’organisations syndicales et le réseau d’assistantes sociales présents dans l’Office national. Tout doit pouvoir être prêt avant la signature, le 31 juillet de cette année, du contrat d’objectifs avec l’Etat et, peut-être, avec les communes forestières.

>> Un communiqué de la CGT-Forêt après le suicide de J.-P. Marchand.

>> Une pétition intitulée « L’ONF ! Arrêter le massacre de la forêt de Fontainebleau et des autres forêts en France – fait lié aux suicides de ses employés » a été mise en ligne.

>> Une pétition intitulée « L’ONF ! Arrêter le massacre de la foret de Fontainebleau et des autres forêts en France – fait liés aux suicides de ses employés » a été mise en ligne.

 

http://www.lapetition.be/en-ligne/L-onf-arreter-le-massacre-de-la-foret-de-fontainebleau-et-des-autres-forets-en-france-fait-lies-aux-suicides-de-ses-employes-8354.html

onf-arreter-le-massacre-de-la-foret-de-fontainebleau-et-des-autres-forets-en-france-fait-lies-aux-suicides-de-ses-employes

Le crédo de Michaël Lainé, éditeur : « Comprendre pour agir »

Michaël Lainé confie à BSC news comment il a été amené à fonder les éditions Prométhée sur un concept original : faire débattre à froid deux auteurs aux avis divergents sur des sujets de société.

Michael Lainé Michaël Lainé, fondateur des éditions Prométhée – Photo : DR

BSC news : – Michaël Lainé, tout d’abord qu’est ce qui vous a amené à vous lancer dans l’édition ?

Au risque d’être original : l’amour du livre ! Plus sérieusement, j’ai voulu me lancer dans l’arène intellectuelle et transmettre ma passion de comprendre. Mais il ne s’agit pas de défendre un savoir figé : « comprendre pour agir » est mon crédo.

– Quelle est la genèse des Editions Prométhée ?

L’idée-phare de la collection « Pour ou contre ? » trottait dans ma tête depuis longtemps. Mais j’avais besoin de fourbir mes armes, de m’aguerrir en m’affrontant à d’autres façons de penser et de concevoir le métier, bref, d’accumuler de l’expérience. Après quelques années, profitant d’une période de chômage où j’ai pu tremper mes résolutions, je me suis dit que l’opportunité ne se représenterait peut-être pas deux fois. À 29 ans, il était temps de se lancer.

– Dans la présentation de votre maison, vous parlez de boussole intellectuelle, pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous avons tous besoin d’être guidés pour nous repérer dans ce monde, n’en déplaise aux naïfs qui s’imaginent que la pensée naît spontanément en nous. Or, l’évolution des sociétés nous laisse face à un paradoxe : nous sommes de mieux en mieux formés, nos études s’allongent, mais le sens des choses nous échappe de plus en plus. Les individus n’ont presque plus de pensée critique.

– Vous parlez également du livre comme une source d’information peu alléchante à l’inverse de la télévision ou de la presse ? Comment les Editions Prométhée tentent-elles d’inverser « ces défauts rédhibitoires » ?

Aujourd’hui, les individus sont bombardés en permanence d’informations. Leur attention et leur curiosité fluctuent rapidement. Les défauts rédhibitoires du livre auxquels vous faites allusion sont de deux ordres. Sa temporalité, tout d’abord, est peu adaptée aux temps modernes. Elle est celle de la retraite et de la méditation là où les médias s’inscrivent dans un quotidien accéléré. La forme même du livre, ensuite, s’écarte de l’interactivité permise par la télévision, le web ou la radio. Les textes dialoguent avec les textes, à l’abri de hauts remparts : l’auteur est seul maître à bord et n’a pas à répondre aux questions du public ou aux critiques d’autres experts. Grâce à l’instantanéité des débats oraux, les médias chamboulent ce cadre. Le spectateur ou l’auditeur n’est plus confronté à un texte mort, mais à une pensée vivante.

– Comment vous est venue l’idée de lancer la collection  « Pour ou Contre  » ?

Pour ou contre

L’insatisfaction profonde constitue un formidable aiguillon ! Ce qu’offre la plupart des médias dominants est la mise en scène spectaculaire de différends artificiels ou des débats en trompe-l’œil, aux questions biaisées, où quelques voix dissidentes sont là pour offrir une caution démocratique à des échanges verrouillés. Sous couvert de débat, on assiste à une véritable standardisation de la pensée ! (…) La collection « Pour ou contre ? » offre un véritable espace de débat alliant les avantages de l’écrit (le fait de mûrir sa réflexion, de prendre le temps de bien démonter les arguments de son contradicteur) et de l’oral (le fait de répondre aux critiques). Concrètement, il s’agit de mettre aux prises, dans un livre, deux auteurs aux avis divergents, avec cette particularité qui change tout : ils ne réfutent pas leur contradicteur dans l’immédiat, mais avec le secours du temps, car ils répliquent à un texte. Mon rôle, en tant qu’éditeur, consiste à faire en sorte qu’ils n’oublient aucun argument, afin qu’ils démontent point par point la pensée de celui ou celle à qui ils s’opposent. Le débat se déroule ainsi en trois temps : 1) chaque auteur écrit de son côté ; 2) il réfute le premier texte de son contradicteur ; 3) il réfute sa réfutation, c’est-à-dire son deuxième texte, et livre sa propre synthèse du débat. Chaque ouvrage résulte ainsi de l’addition de six textes. Au lecteur d’en tirer ses propres conclusions et de se forger son opinion personnelle à partir du matériau qu’on lui offre.

– « Notre vœu le plus cher est d’offrir à chacun de se réapproprier le sens du monde ». Par cette volonté, êtes-vous aujourd’hui satisfait du développement de votre maison ?

Les quelques retours de lecture qui me sont parvenus sont encourageants. Bien sûr, aucun livre n’est parfait, et je me dis toujours, après coup : « Ah, si… » Mais, globalement, je crois le pari intellectuel réussi. Les auteurs ont tous joué le jeu et leurs échanges permettent réellement de faire progresser le débat. Les livres s’adressent aux profanes comme aux spécialistes : les uns comme les autres peuvent y trouver leur compte. Vu que les ouvrages font 128 pages, l’écriture va droit à l’argument, sans détour ni complication, ce qui permet de faire rapidement le tour de la question. Des auteurs de renom se sont laissé séduire par cette aventure intellectuelle, ce dont je ne suis pas peu fier et ce dont je ne les remercierai jamais assez : du père scientifique du premier bébé-éprouvette français et figure de proue du mouvement anti-OGM, Jacques Testart, à une des plus grandes sommités internationales de la démographie, Hervé Le Bras, en passant par beaucoup d’autres, j’ai tout lieu de m’estimer comblé… Des OGM aux sondages, de l’immigration aux puces RFID, de l’indépendance des banques centrales à l’avenir du service public de santé, la collection « Pour ou contre ? » a vocation à aborder tout sujet de société.
Quant au pari financier, là c’est une autre histoire… L’implantation en librairie est rendue difficile par la surproduction éditoriale et les politiques des grandes chaînes culturelles (FNAC, Cultura, Virgin, Gibert) visant à restreindre leur offre aux seuls grands éditeurs. Autant essayer de décaniller la Tour Eiffel à coups de cure-dents ! Heureusement, il existe des libraires indépendants qui défendent haut les couleurs de la création culturelle. De même, au sein de certaines FNAC, il y a encore des professionnels formidables, attentifs, exigeants, prêts à tourner les directives du siège social. Mais pour combien de temps ?

– Votre ligne éditoriale est audacieuse et très intéressante. Comment sont perçus vos livres dans la presse ?

Avec une relative indifférence. S’il y a bien eu quelques (petits) articles dans des journaux de référence, aucun n’a signalé l’originalité de la collection. Les points de vue les plus intéressants sont venus de revues à tirage confidentiel ou de webmagazines. Il est vrai que je ne m’inscris dans aucun réseau et que je n’ai pas d’attaché-presse… Rares sont les journalistes à prendre encore au sérieux leur rôle de découvreur et de passeur intellectuels : généralement, les médias dominants chroniquent les mêmes livres, sans trop s’égarer hors des sentiers battus. Sans même parler des courtoisies croisées et autres renvois d’ascenseur qui sont légion… Pourtant, la place réservée aux livres dans la presse est limitée. À chaque recension d’un livre de BHL ou Alain Minc, c’est un petit éditeur que l’on assassine.

– Parlez-nous de votre dernière rentrée littéraire ?

Pour ou contre

Comme à chaque rentrée, Prométhée propose des ouvrages de fond qui sont également des ouvrages répondant à une certaine actualité. Dans le premier, il est question de l’avenir de l’assurance-maladie et du service public de la santé. Le trou de la SECU fait la Une des journaux depuis des années, sinon des décennies. Il est grand temps de voir ce qu’il est possible de faire pour y remédier. André Grimaldi, que les lecteurs du Monde diplomatique connaissent bien, diabétologue à la Pitié-Salpêtrière, y donne la réplique à Claude Le Pen, professeur d’économie de la santé à Paris-Dauphine. Le thème du deuxième ouvrage est très ambitieux. Dans 10 ans, il n’aura pas pris une ride : « Comment sauver notre planète sans toucher à notre mode de vie ? » Il y est question du réchauffement climatique, de l’épuisement des ressources d’énergie fossile, et de la décroissance. Benjamin Dessus, ingénieur et économiste président de l’ONG Global Chance, y répond à Sylvain David, physicien, qui enseigne à l’institut de physique nucléaire d’Orsay.(…)

>> On peut retrouver l´intégralité de l´interview sur BSC news, le magazine littéraire et culturel gratuit depuis 2007.