Le miel qui guérit : les hôpitaux s’y intéressent

le-miel-dans-votre-pharmacieLe travail des abeilles est gratuit. Heureusement ! S’il fallait les payer au smic, seuls les milliardaires pourraient s’offrir leur précieux nectar. Un scientifique autrichien, Bernd Heinrich, a en effet mesuré que, pour produire 450g de miel, l’abeille butine près de 9 millions de fleurs au cours de plus de 17 000 voyages, ce qui représente plus de 7 000 heures de travail !

Cette anecdote est racontée dans “Le Miel dans votre pharmacie”, qui vient de paraître chez Baroch éditions. Un ouvrage qui s’adresse autant au monde médical qu’aux patients et à leurs familles et qui s’appuie sur les principales études scientifiques réalisées sur le sujet.

L’usage thérapeutique du miel date de l’Antiquité. Un papyrus égyptien de 1700 av. J.-C. le recommande en tant que cicatrisant. On le retrouve également dans 147 descriptions rédigées sur le papyrus Ebers, l’un des plus anciens traités médicaux datant du 16e siècle avant notre ère.

Plus près de nous, les versets 68 et 69 du Coran, par exemple, mentionnent ses bienfaits dans la sourate “Les abeilles” : « [Et voilà] ce que ton seigneur enseigna aux abeilles : « Prenez des demeures dans les montagnes, les arbres et les treillages que les hommes font. Puis mangez de toute espèce de fruits et suivez les sentiers de votre Seigneur, rendus faciles pour vous. De leur ventre, sort une liqueur, aux couleurs variées, dans laquelle il y a une guérison pour les gens. Il y a vraiment là une preuve pour les gens qui réfléchissent. »

En France, au cours du Moyen Âge, le miel était utilisé dans la conception de pansements. Cet emploi était encore effectif pour le traitement des plaies des soldats au cours des deux Guerres mondiales !

Puis l’avènement de l’industrie chimique a évincé le miel de nos pharmacies. Cependant l’accroissement des résistances aux antibiotiques, les effets indésirables médicamenteux et la découverte des limites de la chimie amènent à une revalorisation des médecines naturelles. Parmi elles, l’apithérapie a une place particulière.

Le miel à l’hôpital

Le miel possède en effet de nombreuses propriétés. Il est aujourd’hui employé dans certains hôpitaux, comme à Limoges, Espalion-Saint-Laurent ou Saint-Brieuc.

Ce produit unique en son genre, qui engendre très peu d’effets indésirables, peut entrer dans de nombreuses indications : troubles ORL, digestifs, hépatiques, dermatologiques, cardiaques, rhumatologiques et obstétriques.

miel

Propriétés spécifiques des miels.

La réglementation actuellement en vigueur est peu adaptée à l’utilisation thérapeutique du miel : les producteurs n’ont pas obligation d’informer sur l’origine géographique précise, sur la composition ni sur les conditions de conservation de leurs produits. En attendant d’éventuelles avancées sur ce point, « il semblerait que l’apiculture biologique, en diminuant le risque de contamination phytosanitaire, de fermentation et de toxicité environnementale, tout en potentialisant le maintien de ses actifs, soit plus adaptée à l’utilisation thérapeutique du miel ».

> L’auteure, Olivia Metral, est docteur en pharmacie. Apicultrice amatrice, elle est également membre du pôle rucher du Jardins des cairns, association grenobloise pratiquant l’apiculture expérimentale.

“Dérives sectaires” et santé : la commission d’enquête sénatoriale craint la publicité des débats

Alain Milon, président de la commission d'enquête sénatoriale.

Alain Milon, président de la commission d’enquête sénatoriale.

Alain Milon, président de la commission d’enquête sur “l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé”, a invité Éric Roux, « révérend » de l’église de scientologie, à venir témoigner devant les sénateurs. Ce dernier a accepté l’invitation « sous réserve du caractère public et transparent de [son] audition ».

Bien que M. Millon n’ait pas accédé à sa demande, Eric Roux se présentera malgré tout le 20 mars devant la commission. Mais il a écrit au sénateur pour protester.

Éric Roux, représentant française de l’Église de scientologie.

Éric Roux, représentant français de l’Église de scientologie.

« Arbitraire »

« C’est contraire à la règle depuis la loi n° 91-698 du 20 juillet 1991 et à la coutume qui s’est instaurée de donner “la publicité la plus large possible aux débats”, a tempêté E. Roux. C’est aussi contraire aux nombreuses auditions qui se sont déjà déroulées devant votre commission. La publicité des auditions participe du débat démocratique, et je ne vois pas pourquoi la presse et les français ne pourraient pas être au courant de ce qui se dira lors de mon audition, dans le cadre d’une commission d’enquête qui d’après vous concerne tous les Français. L’Église et moi n’ayant rien à cacher, il me semble absolument contraire aux grands principes démocratiques reconnus et appliqués par toutes les autres grandes démocraties, de pratiquer une telle discrimination non justifiée. Votre affirmation est d’autant plus contradictoire, que vous dites un peu plus tard dans votre e-mail que ces auditions peuvent faire l’objet d’une captation vidéo susceptible d’être accessible sur le site internet du Sénat. Ceci indique que vous comptez décider de la publicité ou de son absence après l’audition, selon le résultat de celle-ci, selon qu’elle servira vos objectifs ou les desservira. Cet arbitraire est absolument contraire au principe de publicité susmentionné. »

Seul le discours des détracteurs est rendu public

Le représentant de la scientologie s’interroge ensuite « sur les raisons qui incitent votre commission à soumettre le témoignage de l’Église de Scientologie au secret ou à une publicité “éventuelle” par vidéo. Nous constatons que lorsque vous interrogez un apostat de l’Église, exclu depuis plus de 30 ans et connu pour être un détracteur obsessionnel de la Scientologie, son audition est ouverte à la presse et au public. De même, lorsque vous interrogez Serge Blisko, Georges Fenech, le CCMM, l’Unadfi, Catherine Picard, etc., les auditions sont ouvertes à la presse et au public, en plus d’être filmées et diffusées sur le site du Sénat. Il y a donc, de facto, une différence de traitement entre l’Église de Scientologie et ses détracteurs, celle-ci étant placée en situation d’infériorité. »

Le même sort de mise au secret a été réservé aux auditions des responsables de CAP LC et du CICNS, deux associations de défense de la liberté de conscience. En fait, cette opacité a été réservée à tous les témoignages des supposés « groupes sectaires » et des représentants des médecines douces. Seuls sont visibles sur le site du Sénat les vidéos de leurs détracteurs ou des entités neutres, comme les sites d’information internet.

> Que les sénateurs auditionnent enfin les représentants des médecines complémentaires et les défenseurs de la liberté de conscience sur le thème des “dérives sectaires” est une première en plus de trente années de française “chasse aux sectes”. A mettre au crédit des membres de cette commission.

Dommage, en revanche, qu’ils n’abordent pas ce débat avec toute la transparence et l’équité nécessaires. Mais peut-être les choses évolueront-elles d’ici la fin de l’enquête, prévue vers la mi-avril ?

Google doit-il filtrer les théories non validées scientifiquement ou marginales ?

Evgeny Morozov.

Est-ce de la responsabilité du moteur de recherche géant d’aider à « arrêter la propagation » d’informations contestataires non validées par le consensus scientifique ou marginales ? La question est très sérieusement posée par Evgeny Morozov, éditorialiste à New Republic, dans un article paru sur Slate.

Voici quelques extraits de cet article, traduits par initiativecitoyenne qui relaie l’information :

« Les gens qui nient le réchauffement climatique, s’opposent à la théorie darwinienne de l’évolution, refusent de voir le lien entre VIH et Sida, ou qui pensent que le 9/11 a été une affaire intérieure profitent royalement d’Internet. Les facilités que permet Internet, ainsi que des tendances de plus en plus sceptiques par rapport à l’expertise scientifique, sont autant d’éléments qui ont donné aux anti-vaccinalistes un fameux coup de pouce.

« Que faire ?

« Étant donné que la censure des moteurs de recherche n’est pas une option attrayante, voire particulièrement viable, que peut-on faire pour s’assurer que les utilisateurs soient finalement informés que les avis pseudo-scientifiques sur lesquels ils tomberont vraisemblablement puissent ne pas être soutenus par la science ?

« Les options ne sont pas nombreuses. La première consisterait à former les navigateurs à détecter les informations suspectes ou litigieuses. Ainsi par exemple, chaque fois qu’une information du genre de « la vaccination peut entraîner l’autisme » apparaîtrait, cette phrase pourrait s’afficher en rouge et serait accompagnée d’un avis suggérant de consulter des sources plus fiables…

« Une autre option consisterait à pousser les moteurs de recherche à exercer un contrôle plus sévère dans la présentation des résultats de recherche pour des questions comme « le réchauffement de la planète » ou les « vaccinations ».

« Tout cela pourrait paraître paternaliste, mais il s’agit ici d’un paternalisme non intrusif qui permettrait de sauver des vies sans interférer avec les résultats de la recherche. Il paraît clair que de telles mesures pourraient être qualifiées de théories du complot comme par exemple : est-ce que Google ne serait pas à la solde de Big Pharma ?

« C’est un risque à prendre, conclut le journaliste, pour autant que ces mesures puissent aider à contrecarrer la croissance de ces mouvements sociaux… »

Qui est Evgeny Morozov ?

Evgeny Morozov écrit dans de nombreuses revues et quotidiens. Auteur en 2011 de The Net Delusion : The Dark Side of Internet Freedom (Public Affairs éditeur) (” L’illusion d’Internet : la face sombre de la liberté”, non traduit en français), il est connu pour son grand scepticisme à l’égard des bienfaits supposés du réseau. Il voit surtout les risques que la puissance d’Internet soit utilisée pour surveiller ou réprimer les populations, et répandre les nationalismes et les propagandes extrémistes.

Les idées de Morozov sont regardées avec bienveillance par le site vaccinews (site édité par un groupe européen de chercheurs et d’experts indépendants) qui fait toutefois remarquer que « si les médecins et les officiels de santé publique s’étaient assurés depuis le début d’une solide présence sur Internet pour contrer ces fausses affirmations de la part des négationnistes des vaccins, nous n’aurions pas à compter sur Google pour remettre de l’ordre dans cette pagaille… »

Quant à Initiative citoyenne, l’association pointe le risque de dérives graves sur le plan démocratique. D’autant plus que la “neutralité du Net” est un principe majeur qui a présidé à la création du réseau des réseaux. Elle souligne par ailleurs : “Si les partisans des vaccins à tout crin avaient réellement toutes les preuves scientifiques nécessaires, solides et donc convaincantes, il est bien évident qu’ils n’auraient aucun besoin de vouloir dégommer les sites posant les terribles questions qui fâchent parce que leurs grands experts ne savent tout simplement pas y répondre.”

>>Demander à Google de devenir un filtre en faveur d’une “vérité établie” contredit le fonctionnement même d’internet comme espace démocratique, libre d’accès. Chacun est libre de s’exprimer librement, dans les limites fixées par la loi. Aussi, l’ensemble des sources d’information disponibles sur internet représente une diversité bien plus grande que celle permise par les médias traditionnels, ce qui constitue un progrès démocratique notable.
L’inventeur du World Wide Web, Tim Berners-Lee, explique que garantir la neutralité du Net permet de réguler le réseau comme un bien public, une idée qui a présidé au développement des technologies qui composent Internet, tel que le Web :
“Sur un plan conceptuel, si le Web était destiné à devenir une ressource universelle, il devait se développer sans entraves. Techniquement, il suffisait d’un seul point de réglementation centralisée pour que ceci devienne rapidement un goulot d’étranglement limitant le développement du Web, et le Web n’aurait jamais pu se développer. » Ainsi, filtrer une partie du contenu, au nom de la “vérité”, est une proposition lourde de conséquences. Ce serait potentiellement le premier pas vers une sclérose du réseau.

La communauté de Findhorn (Ecosse) : un temple spirituel et écologique à ciel ouvert

Une relique : la caravane où s’installèrent les pionniers de la communauté il y a cinquante ans. Cliquer ici pour accéder à la vidéo de France 5.

Environ cinq cents personnes vivent dans cette communauté du nord de l’Écosse, vivant du jardinage et des différents ateliers de découverte de soi, des autres et de la nature : enseignements holistiques, ennéagramme, résolution des conflits, jeu de la transformation…

Tous les ans, plus de 10 000 visiteurs viennent y suivre une « semaine d’expérience » au cours de laquelle ils partagent la vie communautaire et ses activités.

Comme le note la journaliste Stéphanie Senet, qui a réalisé le beau documentaire ci-dessus pour France 5, « le succès de Findhorn réside dans son empreinte écologique réduite (2,6 hectares par personne), mesurée en collaboration avec le Stockholm Environment Institute de York et l’écoquartier londonien de Bed Zed. Ce résultat repose sur de nombreuses initiatives.

« Par exemple, les jardins communautaires de Cullerne sont cultivés sur 3 hectares selon les principes de la permaculture. Ils offrent 30 variétés de légumes différents chaque année qui sont livrés aux abonnés sous forme de paniers via l’association Earth Share. « Une partie de la production alimente les cuisines du centre communautaire. Les déchets organiques servent aux différents composts, les résidus étant envoyés aux agriculteurs du coin.

« Quatre éoliennes permettent à Findhorn d’être auto-suffisant en électricité et de reverser un excédent au réseau national britannique. Un projet de chaudière à bois est en cours pour chauffer les parties communautaires.

« Les eaux usées sont retraitées sur place selon un processus naturel basé sur les bactéries, The living machine ».

Guidés par les « esprits de la nature »

Les fondateurs Eileen et Peter Caddy, photographiés il y a 50 ans par Paris-Match.

Le 17 novembre 1962, un groupe de quelques personnes vient s’installer dans deux caravanes dans le parc de Findhorn, village d’Écosse. Le lieu, battu par des vents violents et ceinturé de dunes où ne poussent que du chiendent et des ajoncs, est inhospitalier et réputé peu fertile, voire incultivable. Qu’à cela ne tienne ! Se disant guidé par le Divin, le groupe s’y installe, logeant dans des caravanes. Totalement inexpérimenté, il s’essaie au jardinage sans grand succès avant, en désespoir de cause, de s’en remettre à la nature et à ses « esprits », les devas. S’ensuit une extraordinaire période où des choux géants ( de 20 kg !) sortent de terre, dont même les reporters de Paris-Match viennent prendre des photos. Les paysans des alentours, qui se battent avec la terre pour n’en retirer que de chétifs légumes, sont sidérés.

La petite communauté y gagne soudain une réputation internationale qu’elle met à profit pour évoluer sans cesse et accueillir des pèlerins de partout.

De la peur à la confiance

Reino Lehtinen est un des correspondants français de Findhorn.

Cinquante plus tard, ce temple spirituel écologique à ciel ouvert rayonne toujours, plus discrètement certes, mais sans doute plus profondément. L’éditeur Yves Michel en est une personne relais en France, tout comme Reino Lehtinen que nous avons interrogé. Installé à Blois, ce Finlandais de 72 ans préside également l’association Voix Libres qui  cherche à prévenir et éradiquer le travail des enfants en Bolivie. Ancien éducateur en santé et nourriture, il organise des stages de yoga et multiplie les conférences. Avec au cœur une petite lumière qui s’était allumée en 1967, quand il vivait dans une cabane près d’Helsinki. Une lumière qui n’a cessé de croître depuis sa rencontre avec Findhorn : « Des milliers de personnes ont été comme moi marquées et changées par cette  expérience. C’est bon de se sentir relié avec toute la biosphère. J’en retire un plus grand sentiment de liberté et de responsabilité. Par notre conscience, notre âme, nous sommes connectés à l’intérieur de nous-mêmes, à notre corps, mais aussi avec toute la nature, toute la vie. Notre conscience n’est pas le simple produit de notre cerveau. L’homme n’est pas qu’un corps. A trop s’identifier à son corps, l’homme attache ses pensées à lui et nourrit ainsi la peur de la pauvreté, de la vieillesse. Findhorn nous éveille très concrètement à une autre réalité, grâce à laquelle nous pouvons passer de la peur à la confiance ».

Aujourd’hui, deux membres de la communauté de Findhorn sont représentants permanents au sein de l’ONU.

> La Fondation Findhorn.

> L’ONG Voix Libres.

> Les éditions Le Souffle d’Or : livres et produits autour de Findhorn ; “Comme un chuchotement”, la suite, en quelque sorte, de la “Petite Voix” d’Eileen Caddy.

Vaccination : le Haut Conseil de la santé publique muscle le projet du ministère

Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) juge « positif » le Programme national d’amélioration de la politique vaccinale 2012-2017 du ministère de la santé. Ce plan propose notamment la gratuité des vaccins et une plus grande transparence. Nouveauté de taille : le HCSP brise le tabou de la levée des obligations vaccinales actuelles.

 

Le 26 mars 2012 , le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) était saisi par le ministère de la santé pour réagir à son Programme national d’amélioration de la politique vaccinale 2012-2017. Le 25 mai dernier, le HCSP a annoncé qu’il l’approuvait globalement.

Le programme propose notamment la gratuité des vaccins, tant obligatoires que recommandés : « La mise à disposition gratuite serait un geste fort d’engagement de l’État en faveur de la vaccination ».

Parmi les douze mesures, on note également :

– La simplification du calendrier vaccinal, avec « une réduction du nombre de doses de vaccins administrées chez les nourrissons et un passage d’une logique de rappel décennal chez l’adulte à des rappels à âge fixe, plus facilement mémorisables »

– La création d’un « Carnet de vaccination électronique (CVE) permettant d’intégrer en temps quasi réel les évolutions des recommandations vaccinales et de limiter aussi bien les sous-vaccinations que les survaccinations ».

– Des actions « vers les collectivités de vie (établissements scolaires, enseignement supérieur, établissements de santé, entreprises) pour sensibiliser à la vaccination, vérifier le statut vaccinal, proposer une offre de vaccination ».

– Le renforcement de « l’enseignement sur la prévention et la place de la vaccination auprès des professionnels de santé ». En effet, « les campagnes de vaccination récentes ont mis en évidence un niveau de connaissances tout à fait insuffisant des professionnels de santé vis-à-vis du vaccin, de son efficacité et des risques potentiels ».

La presse invitée à participer au « pilotage » de l’action en faveur de la prévention vaccinaleLe rapport du HSCP prône le « renforcement du sens collectif et individuel du principe de prévention de la vaccination par une communication adaptée auprès du grand public, par des actions ciblées. La communication à destination du grand public s’exerce à travers un processus à plusieurs  niveaux : des “leaders d’influence” forment les attitudes et les idées d’un petit nombre de chercheurs et d’experts, de médecins praticiens et de journalistes qui jouent le rôle de relais d’influence transmettant à un public plus large les  messages élaborés par les “leaders”. Il convient donc d’identifier soigneusement ces prescripteurs d’opinion si l’on veut mettre en œuvre une campagne d’information efficace ».Les médias seront même « invités » à participer au « pilotage » de l’action en faveur de la prévention vaccinale…

– Le HCSP soutient l’idée de redéfinir les notions de vaccins obligatoires et vaccins recommandés, soulignant que la différentiation de ces deux niveaux « dévalorise l’image des vaccinations recommandées par rapport aux vaccinations obligatoires », qui peuvent en effet être comprises comme « pas importantes ».

– Innovation dans la démarche proposée par le HCSP, la prise en compte des discours contestataires : « Une conférence citoyenne réunissant tous les acteurs listés, comprenant également les organisations militant contre la vaccination ou certains de ses aspects, semble indispensable ». Mais la conférence devra « se situer en aval d’une réflexion institutionnelle aboutissant à des propositions élaborées ». Donc, une fois les décisions prises.

– Autre nouveauté : la question de la levée des obligations vaccinales n’est plus taboue.

Il faudra « définir les critères d’une vaccination obligatoire (…) et réexaminer la liste des vaccins obligatoires en population générale et en milieu professionnel. La levée des obligations vaccinales actuelles en population générale doit être une hypothèse envisagée ».

Dans le cas où cette mesure serait décidée, il faudra « prévoir les actions de communication (…) afin d’éviter que la levée de l’obligation ne soit suivie d’une chute significative de la couverture vaccinale ».

Le HCSP propose également l’introduction de la notion de « refus éclairé signé par le patient ou les parents d’un enfant mineur au cours d’une consultation médicale les ayant informés des risques et complications de la maladie naturelle et du rapport bénéfice/risque ».

Il faudra enfin « analyser les conséquences juridiques et législatives des différentes propositions ainsi que sur le régime indemnitaire régissant les accidents vaccinaux ».

– Autre point important soulevé par le HCSP, la reconnaissance de questions sur la validité et la sécurité des vaccins. « Les recommandations vaccinales peuvent, dans certains cas, être fondées sur des niveaux de preuve qui ne sont pas optimaux. A ce titre, il serait souhaitable de disposer d’un budget pour permettre la mise en œuvre d’études visant à tester et à valider des stratégies vaccinales pour lesquelles les données disponibles sont considérées comme insuffisantes. (…) Une meilleure transparence sur le profil de sécurité d’emploi mais également sur la balance bénéfice-risque des vaccins et de la vaccination vis-à-vis des professionnels de santé et du grand public devrait contribuer à l’augmentation de la couverture vaccinale ».

Mais cette transparence ne devra pas nuire à « l’image » de la vaccination : « Beaucoup d’événements survenant après une vaccination sont sans lien avec celle-ci. Il importe donc d’améliorer l’analyse d’imputabilité, afin d’éviter que l’inévitable augmentation des notifications ne se retourne contre l’image de la vaccination. »

Le HCSP est une instance d´expertise scientifique consultative chargée de conseiller les pouvoirs publics sur les questions de santé publique. Le ministère de la santé s´était ainsi très largement appuyé sur ses avis pour sa politique vaccinale contre la pandémie de grippe A. En fera-t-il autant avant d´officialiser, à une date encore non déterminée, son programme 2012-2017 ?

– Télécharger l’avis du HCSP : Rapport relatif au programme national d’amélioration de la politique vaccinale 2012-2017.

> Si toutes les propositions du plan gouvernemental agréent au HCSP, ce dernier apporte un peu plus de souplesse et de compréhension face aux réticences de la population envers les vaccins. Là où le gouvernement veut simplement « mieux adapter la communication des campagnes d’information grand public pour rendre évidente la nécessité de se bien vacciner », là où il veut « rassurer la population par des actions de communication spécifiques sur les bénéfices attendus des vaccins et [sur] leur suivi de pharmacovigilance, afin de lutter contre les rumeurs et les fausses idées en matière de vaccination », le HCSP, lui, propose en outre d’écouter les réfractaires vaccinaux, de leur laisser la latitude d’opposer un « refus éclairé » à la vaccination en consultation médicale et de lever « les obligations vaccinales actuelles en population générale ».

L’intolérance au gluten devient un phénomène de société

La maladie cœliaque (intolérance au gluten) est devenue une des maladies digestives les plus fréquentes. Handicapante pour les personnes atteintes, qui doivent traquer la moindre trace de gluten dans leur assiette, elle est mieux prise en compte tant par les autorités sanitaires que par les industriels et les commerçants.

La maladie cœliaque (MC) est une intolérance permanente à une ou plusieurs fractions protéiques du gluten. Elle provoque une atrophie villositaire (destruction des villosités de l’intestin grêle). Il s’ensuit une malabsorption des nutriments, en particulier du fer, du calcium et de l’acide folique.

Chez l´adulte, les signes de la maladie peuvent être la diarrhée et un amaigrissement inquiétant. La maladie peut être mono-symptomatique (anémie ferriprive, ostéoporose) ou atypique (se manifestant par des crampes musculaires, une stomatite aphteuse, des irrégularités menstruelles, des fausses couches à répétition).

On estime qu’une personne sur 100 peut développer cette maladie en Europe. En France, seulement 10 à 20% des cas seraient aujourd’hui diagnostiqués.

Une étude finlandaise récente montre que le nombre de cas a été multiplié par deux entre 1980 et 2000 (sur la population finlandaise). « Il n’y a pas d’explication claire à cette prévalence accrue constatée actuellement. Des modifications du génome humain ne peuvent survenir si rapidement. Des facteurs environnementaux  sont  donc certainement responsables, sans qu’ils ne soient clairement identifiés », écrit le docteur Catherine Wanty, gastroentérologie pédiatrique en Belgique (voir article).

En France, on doit à Jean Seignalet d´importants travaux sur le rôle des céréales à gluten dans les maladies d´origine digestive (voir son livre : L´Alimentation ou la troisième médecine, un best-seller qui en est à sa cinquième édition). Pour ce médecin (1936-2003), notre patrimoine génétique ne serait pas adapté à la surconsommation de blé, notamment sous sa forme actuelle : muté et modifié génétiquement (voir son chapitre 15 consacré à cette maladie).  Il aborde la maladie cœliaque comme une maladie auto-immune que l´on peut facilement guérir par l´exclusion de la cause : les céréales.

Aucun traitement médicamenteux


Logo garanti sans
gluten.

Il n’existe, à ce jour, aucun traitement médicamenteux. Selon doctissimo, de nouveaux travaux laissent espérer la mise au point d´un traitement. Le seul traitement de la MC consiste à suivre un régime sans gluten strict et à vie : l’exclusion du gluten de l’alimentation est donc le souci quotidien des malades.  Un véritable parcours du combattant, tant le blé et le gluten se glissent aujourd´hui partout.

Depuis janvier 2009, les aliments courants peuvent porter la mention “sans gluten” s’ils sont fabriqués dans les mêmes conditions de sécurité que les aliments diététiques sans gluten. Un logo « épi de blé barré dans un cercle » peut être utilisé par les industriels sous contrat de licence. Il garantit que la teneur en gluten résiduel ne peut dépasser 20mg/kg.

Les produits diététiques sans gluten peuvent être partiellement remboursés, la MC étant reconnue comme « affection longue durée non exonérante, nécessitant des soins continus de plus de six mois ».

Les intolérants au gluten doivent être très vigilants tant au moment des repas en collectivités que dans le choix des produits alimentaires courants. Le gluten peut être présent sous forme directe (farine) ou par simple contamination.

Le « sans gluten » à la mode ?

Les cœliaques doivent totalement supprimer de leur alimentation les céréales suivantes : blé (froment, blés anciens), orge, seigle et avoine.

Le diagnostic consiste en une prise de sang avec recherche d’anticorps antitransglutaminase et, le cas échéant, endoscopie avec biopsies.

Je cuisine sans gluten et je me régale !
Clémentine et Michel Oliver
Albin Michel

Quand Clémentine, élevée à la gourmandise par son père, se découvre intolérante au gluten, elle est contrainte de modifier son alimentation et se tourne vers les livres de recettes « sans gluten ».

N’y retrouvant pas les saveurs auxquelles elle est habituée, elle sollicite son père qui décide de mettre son savoir-faire à son service. Pour cela, il mobilise sa créativité de chef confirmé pour trouver des solutions inédites.

Résultat : père et fille proposent ici 65 recettes 100 % sans gluten.

Beaucoup d’informations sont accessibles sur le site de l’Association française des intolérants au gluten (Afdiag), comme le nom de fabricants et de distributeurs de produits sans gluten.

De même, des ateliers cuisine sont régulièrement organisés par l’association, essentiellement à Paris. Des accueils individualisés peuvent être aménagés pour les enfants dans les cantines scolaires.

Un site, parmi d’autres, propose les bonnes adresses de restaurants, de pâtisseries, de magasins ou de vacances sans gluten.

De nombreux sites et ouvrages (voir encadré) proposent des recettes adaptées.

Le « sans gluten » devient même « à la mode ». « Nombreux sont ceux qui s´autoproclament malades, sans avoir fait de test sanguin, dit au figaro.fr Brigitte Jolivet, présidente de l’Afdiag. On voit aussi des stars suivre des régimes sans gluten, c´est une grande mode en ce moment ». Ainsi, « depuis que Novak Djokovic a été diagnostiqué intolérant au gluten et qu´il a éliminé la pizza, les pâtes et le pain de son alimentation, le numéro 1 mondial de tennis enchaîne les victoires et inspire d´autres sportifs, comme Sabine Lisicki et Andy Murray, qui se sont également mis au régime sans gluten »…

La justice pourrait vous condamner après examen de votre cerveau

Un article de la loi de bioéthique du 7 juillet 2011 autorise désormais l’utilisation de la neuroimagerie dans le cadre d´expertises judiciaires. Ainsi, cette technologie, malgré l’avis contraire des rapporteurs de la loi, pourra être utilisée devant les tribunaux pour détecter les mensonges ou déterminer la responsabilité des protagonistes d’un procès…

C’est un tout petit article, le n° 45, inséré dans la loi de bioéthique du 7 juillet 2011, sous un nouveau chapitre introduit dans le code civil et intitulé « De l´utilisation des techniques d´imagerie cérébrale ». Le nouvel article encadre l´utilisation de ces techniques et dispose : « Les techniques d´imagerie cérébrale ne peuvent être employées qu´à des fins médicales ou de recherche scientifique, ou dans le cadre d´expertises judiciaires. Le consentement exprès de la personne doit être recueilli par écrit préalablement à la réalisation de l´examen, après qu´elle a été dûment informée de sa nature et de sa finalité. Le consentement mentionne la finalité de l´examen. Il est révocable sans forme et à tout moment ».

« Manque de fiabilité des techniques »

Le passage souligné (par nous) signifie que les techniques d´imagerie médicale sont désormais expressément autorisées dans le cadre d´expertises judiciaires. Cet article a été voté contre l’avis des rapporteurs (voir référence en fin d’article) qui considéraient que « la finalité judiciaire introduite et limitée à l´expertise judiciaire pourrait être prématurée au regard du manque de fiabilité des techniques. Cette disposition suscite le débat et nous semble contre-productive en l’état des connaissances en imagerie cérébrale. On ne devrait pas permettre de statuer sur la culpabilité, les prédictions, et le pourcentage de récidives éventuelles d’un individu sur la seule base de données de neurosciences. (…) Le pouvoir de simplification et de fascination des images, et leur caractère scientifique, peuvent influencer, et leur conférer une valeur probante supérieure à ce qu’elles sont en mesure d’offrir. En outre, la loi précitée ignore le risque de discrimination spécifique lié à l’utilisation de données cérébrales (…). Nous estimons que ces points doivent être éclaircis, et qu’il faut renforcer la protection des personnes contre ces dérives par un régime de sanctions appropriées ».

Certes, remarquent-ils, on comprend que ce moyen de preuve puisse être utile. Depuis une dizaine d’années, en effet, on émet des doutes sérieux sur les aspects trop subjectifs des analyses psychologiques et psychiatriques. L’actualité nous en a donné récemment une illustration saisissante, quand deux expertises différentes ont conclu l’une à la responsabilité, l’autre à l’irresponsabilité du tueur norvégien Anders Behring Breivik…

Les techniques des neurosciences à des fins judiciaires légitimées

Comme l´a observé Christian Byk, magistrat à la Cour d´appel de Paris, secrétaire général de l´Association internationale droit, éthique & sciences : « Il est sûr que l´apparence d´une discipline qui objectivise (avec de belles photos en couleur) peut apparaître comme un complément d´approche pour mieux cerner la personnalité et le comportement en termes de culpabilité, de responsabilité et surtout pour la question centrale aujourd´hui de la dangerosité ».

Certes, ni les juges, ni le législateur ne sont encore allés jusqu´à suggérer le recours à ces techniques en justice en complément des expertises traditionnelles. Mais cela pourrait venir.

La nouvelle loi a légitimé les techniques des neurosciences à des fins judiciaires, mais elle ne leur a pas défini de cadre spécifique, ni changé les règles en vigueur. C´est donc la jurisprudence qui dira comment l’interpréter. Avec tous les risques que cela peut comporter.

Les rapporteurs préconisaient d’« interdire l´utilisation en justice de la neuroimagerie »

La loi « n´exclut pas la possibilité » que cette technologie soit utilisée comme un « détecteur de mensonge », mais « elle réserve la décision d´utilisation d´une telle technique à un magistrat du siège, président de la juridiction pénale ou juge d´instruction, seul compétent pour ordonner une expertise judiciaire. En l´état actuel des techniques il est hautement improbable qu´un magistrat ordonne une telle utilisation de cette technologie car il s´exposerait à une contestation immédiate de la pertinence ou de la scientificité de l´expertise ».

Mais la possibilité demeure…

Les rapporteurs avaient effectivement plaidé pour l´entrée de la neuroimagerie et des neurosciences dans le champ de la loi. Ils estimaient qu´il fallait développer les recherches dans le domaine de la neuroimagerie et les neurosciences, évaluer l´impact de ces recherches au plan médical, social et environnemental, etc. Mais ils préconisaient clairement d´« interdire l´utilisation en justice de la neuroimagerie ».

Les parlementaires n’ont pas eu cette prudence et l’article a été voté.

Le Comté national d’éthique très réservéDans son avis n°116 du 23 février 2012 sur les « Enjeux éthiques de la neuroimagerie fonctionnelle », le  Comité consultatif national d´éthique pour les sciences de la vie et de la santé a mis fortement en garde contre les risques d’une utilisation abusive de cette technologie.

« L’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) permet de visualiser l’activation de certaines zones du cerveau lors de l’exécution de diverses tâches, motrices, sensorielles, cognitives et émotionnelles. Elle ne mesure pas directement l’activité des neurones, mais un signal correspondant aux modifications métaboliques complexes associées à cette activité.

La fascination pour le pouvoir de la neuroimagerie est telle que le concept de « lecture de l’esprit » est proposé comme un concept opératoire. Dans la mesure où l’image ne peut être niée comme peut l’être une proposition discursive, on a tendance à lui prêter une interprétation intrinsèque alors qu’elle suppose une compétence et des règles d’interprétation, compétence et règles qu’elle ne véhicule pas directement.

Les résultats recueillis jusqu’à présent ne permettent pas de décrire à ce jour de façon précise la relation du cerveau à la pensée.

Les mesures physiologiques révélées par l’IRMf sont incertaines pour évaluer la pensée d’un individu car ce n’est que le corrélat entre une activité cérébrale mesurée physiquement et un « processus mental » souvent complexe comme les états et contenus de conscience, de langage, de mémoire, de perception. On ne peut parler de relations de causalité identifiées par IRMf.

Ce n’est pas parce qu’un comportement se traduit par une image que l’image traduit un comportement. »

Le Ccne préconise d’exercer « la plus grande vigilance devant le développement des tests dits de vérité et d’évaluation de la personnalité et des fonctions mentales par IRMf, en raison du risque de réduire la complexité de la personne humaine à des données d’imagerie fonctionnelle et en raison du risque de l’illusion d’une certitude absolue dont serait porteuse la technique ».

> “L´impact et les enjeux des nouvelles technologies d´exploration et de thérapie du cerveau”. Rapport n° 476 (2011-2012) de MM. Alain Clayes, député, et Jean-Sébastien Vialatte, député, fait au nom de l´Office parlementaire d´évaluation des choix scientifiques et technologiques, déposé le 13 mars 2012.

> Un groupe d´élèves ingénieurs à l´Ecole des Mines Paristech a réalisé un site dédié à l´utilisation de l´IRM en justice dans le cadre du cours “Description de controverses”.

« Dérives sectaires » : la Miviludes obtient son impunité

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires pourra désormais s’exonérer des exigences du débat démocratique et se soustraire à la justice en matière de « sectes ». Mais le Conseil constitutionnel a censuré cette décision des parlementaires.

« Les membres de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) ne peuvent être recherchés, poursuivis, arrêtés, détenus ou jugés en raison des opinions qu’ils émettent dans le rapport annuel remis au Premier ministre dans l’exercice de leurs fonctions. »

Ainsi le décide l’article 134 94 A de la loi relative à la simplification du droit et à l’allègement des démarches administratives adoptée définitivement le 29 février 2012 par l’Assemblée nationale.

« Cet amendement (à la loi de simplification du droit) de clarification, d’adaptation, voire de réparation d’un oubli fâcheux, a été déposé avec l’accord du président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, Georges Fenech, expliquait le député Philippe Vuilque dans la séance du 12 octobre 2011. (…) [La Miviludes] peut être déstabilisée parce que certaines organisations sectaires ont des moyens juridiques importants. Or notre législation n’a rien prévu pour assurer la protection du président et des collaborateurs de la Miviludes lorsqu’ils rendent, dans l’exercice de leurs fonctions, un rapport annuel au Premier ministre. Cette situation est, convenons-en, proprement ahurissante. (…) Nous proposons que le président de la Miviludes et ses collaborateurs puissent être protégés (…). Georges Fenech par exemple passera pour diffamation au tribunal correctionnel de Paris au mois de mars (2012) parce que dans le rapport qu’il a remis au Premier ministre il fait allusion en bas de page à une association qu’il considère à dérive sectaire. La lutte contre les dérives sectaires demande de la constance et du courage et ce ne serait que justice que de protéger ses acteurs. »

L´avis du Conseil constitutionnel a été demandé

La proposition avait pourtant été deux fois retoquée par le Sénat. Dans son rapport n° 224 fait au nom de la commission des lois (21 décembre 2011), le sénateur Jean-Pierre Michel avait ainsi commenté le rejet par la chambre haute : « Si votre rapporteur partage le souci dont témoigne cette disposition, il s´interroge sur sa régularité juridique. L´existence de la mission ne relève pas aujourd´hui de la loi. Par ailleurs, outre que le lien de cette disposition avec le texte mérite discussion, une telle immunité n´existe à ce jour que pour deux autorités administratives indépendantes, le Défenseur des droits et le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, alors que cette mission interministérielle n´est pas une autorité indépendante. Une réflexion plus large, tant sur les immunités de certaines autorités administratives dans l´exercice de leurs fonctions que sur le rôle et les conditions de l´activité de la Miviludes, pourrait être pertinente ».

Des sénateurs et des députés ont cependant saisi le Conseil constitutionnel qui devrait rendre son avis d’ici un mois.

> Outre le fait qu´il s´agisse d´un “cavalier législatif”, cette loi d´exception ne va pas grandir l´image de la France dans le domaine des droits de l´homme.

Faire voter par une assemblée démocratique une loi destinée à soustraire à la justice un organisme gouvernemental et ainsi l´exonérer des règles du débat démocratique n’est pas précisément la marque d’une grande confiance dans le processus démocratique.

Si la Miviludes était certaine de  l’impartialité de la justice, d´une part, et d´autre part de son bon droit et de la justesse de ses analyses et de ses accusations, elle n’hésiterait pas à affronter éventuellement ses adversaires devant les tribunaux. S’exonérer du droit commun est plutôt un signe de pusillanimité, de faiblesse, voire d’impuissance. Car la Miviludes bénéficie déjà de l’impunité médiatique. En effet, depuis qu’existe cette mission interministérielle, pas un seul « grand » média, en presse écrite comme en presse audiovisuelle, n’a jamais mis en question ses agissements, ne s’est jamais ne serait-ce qu’interrogé sur la pertinence et la justesse des méthodes de ce puissant organisme. Puissant car, placé auprès du Premier ministre, il dispose de toutes les composantes de la force publique et même d’une police spécialisée contre les « sectes », la cellule d’assistance et d’intervention en matière de dérives sectaires (Caïmades). Et il peut même compter sur l’appui des parlementaires unanimes qui sont allés jusqu´à voter une loi ad hoc contre les minorités spirituelles (loi About-Picard)…

Légaliser ainsi l´arbitraire nous paraît une faute politique majeure.

> Voir aussi : La Miviludes se sent négligée par le ministère de l’intérieur et réclame une immunité.

> L´immunité de la Miviludes a finalement été censurée par le Conseil constitutionnel par décision n° 2012-649 DC du 15 mars 2012. La haute juridiction a estimé qu´il s´agissait d´un “cavalier législatif”, contraire à la Constitution.

Le Figaro oublie d´indiquer les liens d´intérêts d´un médecin, auteur d´un article

Le 9 février 2012, le Figaro publiait un article titré « Peut-on mieux prévenir le cancer du col de l´utérus ? » L’auteur, le professeur Jean-Jacques Baldauf, y vante les mérites des deux vaccins actuellement commercialisés (Cervarix, Gardasil). Mais, en cachant au lecteur ses liens avec les firmes fabricantes, il favorise le soupçon de partialité.


Extrait de la déclaration d´intérêt du Pr. Baldauf telle qu´elle figure sur le site de la Haute Autorité de santé.

« Certaines questions ne manquent pas de se poser à la lecture de cet article, note le site docbuzz-l’autre information santé, qui évoque l´affaire. Tout d’abord, le lecteur, en ces temps troublés, aurait sûrement été intéressé par la déclaration publique de conflits d’intérêt du Pr Baldauf. Cette déclaration remplie par le Pr Baldauf stipule qu’il est investigateur principal d’une étude financée par Sanofi-Pasteur sur le Gardasil depuis 2008, étude qui s’achèvera, d’après sa déclaration en 2018, et qu’il a eu des activités de conseil auprès de la firme GSK, fabriquant du Cervarix, en 2009. Il note par ailleurs dans cette déclaration de conflit d’intérêt qu’il a participé en tant qu’intervenant au cours de congrès financés par Sanofi-Pasteur/MSD, GSK et Grünenthal. »


Photo DR.

M. Baldauf est membre du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, et du département de gynécologie et obstétrique à l´hôpital de Hautepierre (Strasbourg). En tant que professionnel de santé, il est directement concerné par l’article 26 de la loi du 4 mars 2002 sur le droit des patients : « Les membres des professions médicales qui ont des liens avec des entreprises et établissements produisant ou exploitant des produits de santé ou des organismes de conseil intervenant sur ces produits sont tenus de les faire connaître au public lorsqu´ils s´expriment lors d´une manifestation publique ou dans la presse écrite ou audiovisuelle sur de tels produits ».

Le décret d’application de l’article 26 de cette loi est paru au Journal Officiel du 28 mars 2007. Le nouvel article R 4113-110 du code de la santé publique, créé par ce décret, précise que « l’information du public sur l’existence de liens directs ou indirects entre les professionnels de santé et des entreprises ou établissements (…) est faite, à l’occasion de la présentation de ce professionnel, soit de façon écrite lorsqu’il s’agit d’un article destiné à la presse écrite ou diffusé sur internet, soit de façon écrite ou orale au début de son intervention, lorsqu’il s’agit d’une manifestation publique ou d’une communication réalisée pour la presse audiovisuelle ».

Or, ni le professeur n’a estimé utile d’indiquer ses liens d’intérêts, ni le journal ne les lui a demandés. La loi stipule que « les manquements à ces règles sont punis de sanctions prononcées par l´ordre professionnel compétent », en l’occurrence, le Conseil de l’ordre des médecins. Le problème est que celui-ci laisse faire sans réagir.

Aucune sanction ni rappel à l´ordre

A l’heure où les autorités sanitaires se désolent de voir s’éroder leur crédibilité, notamment dans le domaine des vaccinations, cette négligence est très dommageable : « Il faut que l’on sache si tel médecin parle de tel médicament dans les media et nous le prescrit parce qu’il est bon pour notre santé ou alors s’il le fait parce qu’il est payé par le laboratoire pour augmenter le chiffre d’affaires de celui-ci… », écrit docbuzz.

« La loi (…) n’est pas appliquée, s’indigne Elena Pasca sur pharmacritique. Il vous suffit d’ouvrir n’importe quel journal médical pour vous en convaincre. Aucun médecin ne respecte la loi et le conseil de l’ordre s’en fout royalement, puisque aucune sanction ou rappel à l’ordre – ou même une circulaire de rien du tout – n’ont jamais été émis. »

Quant à la déontologie journalistique, elle dit dans sa charte que « le droit du public à une information de qualité, complète, libre, indépendante et pluraliste, rappelé dans la Déclaration des droits de l’homme et la Constitution française, guide le journaliste dans l’exercice de sa mission. Cette responsabilité vis-à-vis du citoyen prime sur toute autre ».

> Assurément, ce droit du citoyen a être correctement informé est bafoué dans le cas présent. Et, comme il n’existe pas de régulation dans le domaine de la presse, hormis celle apportée par les tribunaux, la manipulation des esprits par le biais des grands médias a encore de beaux jours devant elle.

___________________

> M. Deseur, Conseil de l´ordre des médecins : « Tout article [de presse] doit indiquer directement ou indirectement les liens d’intérêt du praticien ».

Un ancien PDG s’insurge d’être présenté comme une victime de la scientologie qui vient d’être condamnée par la justice

La justice a condamné le 2 février l’église de scientologie pour escroquerie en bande organisée. Dans une lettre aux médias, Pierre Auffret, une des soi-disantes victimes de ce crime, s’insurge de ce verdict qui fait de lui une victime contre son gré.


Extrait de la lettre à la presse de M. Auffret.

« Je suis scandalisé par cette décision qui me place moi, citoyen français de 58 ans, chef d’entreprise, dans une position de victime à mon insu, contre ma volonté et ceci en faisant croire que l’Église et certains de ses membres m’auraient escroqué avec un test de personnalité ! Je n’ai jamais porté plainte contre l’Église de Scientologie ni contre des scientologues. Au contraire, j’ai subi des pressions de la part de policiers et d’un juge d’instruction pour porter plainte contre l’Église dans cette affaire, et j’ai su résister à cette manipulation en affirmant toujours la réalité des faits : j’ai toujours versé des sommes d’argent à l’Église de Scientologie ou la librairie de mon plein gré. (…) A l’heure actuelle, je suis toujours scientologue. C’est ma religion et je l’ai choisie parce qu’elle m’a apporté beaucoup et continue de m’apporter chaque jour. (…) Je me battrai jusqu’au bout contre cette parodie de justice qui, à mon détriment, en insultant mon libre arbitre et en me créant un réel préjudice, fait de moi une victime lorsque je suis un citoyen responsable, travailleur, libre et heureux d’être scientologue. Cette décision, en plus de me porter préjudice, porte préjudice à ma famille, qui se trouve embringuée dans une affaire malgré elle et se voit stigmatisée par l’opinion qu’on peut avoir de moi. »

M. Fenech : « Les jours de la scientologie sont comptés »

Cette lettre de Pierre Auffret a été adressée à la presse le 8 février 2012. Elle remet en cause le bien fondé de la condamnation pour « escroquerie en bande organisée » que la cour d’appel de Paris a prononcée le 2 février dernier.

Le président de la Miviludes, Georges Fenech, s’était réjoui haut et fort de cette décision, annonçant dans les médias qu’en France, « on peut considérer que la scientologie, qui n´a d´église que le nom, a ses jours comptés ».

De même, lors d´un sémi­naire orga­nisé ce jeudi par le minis­tère de l´apprentissage et de la formation professionnelle sur les « dérives sectaires » dans le milieu des orga­nismes de for­ma­tion pro­fes­sion­nelle, M. Fenech avait présenté ce cas précis pour illustrer et justifier sa campagne : « Parmi les victimes de cette infraction particulièrement grave [«l’escroquerie en bande organisée], on relève le PDG d’une société [Parangon] spécialisée dans la réalisation de prototypes pour les industriels. L´arrêt de la cour d´appel décrit parfaitement le mécanismes de remise des fonds, les manipulations et le rôle bien défini des acteurs ».

L’affaire avait fait du bruit en 1999. Pierre Auffret, accusé par ses salariés d´avoir ponctionné leur entreprise pour financer des organismes de formation liés à l´église de scientologie, avait dû démissionner « afin de préserver les intérêts de la société ».

L´affaire avait débuté par une plainte de deux personnes physiques, en 1998, conseillées par l´Unadfi. Elles se sont toutes deux désistées, la première avant le procès, la seconde entre la première instance et l´appel. Il n´y avait plus aucune personne physique en appel.

Seules demeuraient le Conseil de l’ordre des pharmaciens, qui défendait son monopole contre l’usage de vitamines par la scientologie, et l’Unadfi, qui s´étaient tous deux portés partes civiles. L´Unadfi a été déboutée en appel comme lors du premier procès.