Masser pour le bien-être n’est pas soigner

Gilles Brossard, praticien en massage de bien-être, a été relaxé par le tribunal de Saint-Etienne, fin 2009. L’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes de la Loire, qui avait porté plainte contre lui, a été débouté. Le masseur plaide désormais pour un véritable statut de cette pratique. Interview.


Gilles Brossard.

Suite à un licenciement, Gilles Brossard, qui s’ennuyait ferme dans son travail, décide de se reconvertir dans le massage de bien-être. Après deux ans de formation à l’École du massage de bien-être de St-Etienne (Loire), il s’installe à son compte. Il aménage un espace détente à son domicile ayant sa propre entrée indépendante où il propose le massage californien et le massage aux pierres chaudes.

Fin 2008, les gendarmes débarquent : l’Ordre des kinésithérapeutes a déposé plainte contre lui pour « usurpation du titre de masseur kinésithérapeute ». Cette infraction est passible de 30 000 euros d’amende et de deux ans de prison.

L’avocat du prévenu, maître Jeanne Barruel, s’informe alors sur la jurisprudence, lit le livre de Joël Savatofski, « L’Affaire massage bien-être » (éd. Y. Michel), contacte son ancienne école, la Fédération française de massages bien-être (FFMBE) et le mouvement Agir massage pour la reconnaissance du massage bien-être. Derrière ce procès, c´est toute la cause du massage bien-être en France et la défense des libertés individuelles qui est en jeu.

Finalement, dans sa décision du 10 décembre 2009, le tribunal de grande instance de St-Etienne déboute l’Ordre des kinés, qui ne fait pas appel. Le massage de bien-être n’est pas un acte médical : Gilles Brossard peut reprendre ses activités.


   Les attendus du délibéré.

– Comment avez vous vécu toute cette expérience ?

– Le procès fut un moment très désagréable a vivre, entre le président du tribunal, le procureur de la République, le représentant de l’Ordre des kinés et leur avocat, je n´étais apparemment à leur yeux qu´un « charlatan »… et mon ancienne école « une pompe à fric » ! La plaidoirie de maître Barruel me fit beaucoup de bien et me rassura, en reprenant les textes de loi, elle démontra clairement que le massage de bien-être ne faisait pas parti du monopole des masseurs kinésithérapeute et que je devais être relaxé.

– Que retirez vous de cette expérience ? Quelles en sont les conséquences sur un plan professionnel ?

– Je n´en retire rien. J´ai perdu 4 000 € (avis aux donateurs…) ! Et surtout je me suis fais beaucoup mais vraiment beaucoup de soucis. Je me suis senti très seul, et c´est une page que je veux tourner, j´ai perdu suffisamment d´énergie, de temps et de nuits blanche à m´occuper de cette affaire. Aujourd´hui, je souhaite développer mon activité. Je suis un bon masseur, je sais ce que je vaux maintenant et grâce à cette affaire je peux désormais le clamer haut et fort. Tout ce que je souhaite c´est prendre soin de mes clients, ils me font suffisamment confiance pour mettre leur corps entre mes mains… même si je n´ai pas de « diplôme d´état » !

– Qu´aimeriez-vous dire aujourd´hui à vos confrères, au grand public ou à d´autres ?

– Je ne suis pas le premier praticien en massage bien-être à vivre ce genre de chose, peut être pas le dernier… Il serait temps que cela cesse, et que ces quelques masseurs kinésithérapeutes trouvent une autre façon de s´exprimer pour régler leurs problèmes, au lieu de faire cette guerre d´intimidation qui au bout du compte ne leur apporte rien.

Il serait logique que grâce à ces jurisprudences, qui montrent que les attaques des kinés ne sont pas fondées, grâce au travail de la FFMBE et à toutes les écoles de massages bien-être et avec le soutien de l´opinion publique, que la loi nous donne enfin un véritable statut.

>> Propos recueillis par Isabelle Trombert (EMBE).