Pesticides et santé : les sénateurs ont bien du mal à percer le brouillard

Depuis février 2012, la mission sénatoriale d´information sur les pesticides procède à des auditions, des visites et des échanges croisés. Nous vous proposons des morceaux choisis de la table ronde “Effets des pesticides sur la santé des utilisateurs, de leur famille et des riverains“, qui s’est tenue le 24 juillet dernier.

La mission d´information sur les pesticides a été créée à la demande de Nicole Bonnefoy, sénateure, élue de Charente, alertée par plusieurs agriculteurs victimes de pesticides dont Paul François, président de l´association Phytovictimes. La mission sénatoriale a orienté ses travaux en direction de la santé des personnes en contact avec les pesticides. Les sénateurs souhaitaient recueillir au cours de cette audition des informations sur la toxicologie, l´ergo-toxicologie, l´expologie et l´épidémiologie concernant les pesticides et sur les évolutions récentes des connaissances dans ces domaines face aux dangers et risques de ces produits. Extraits.

Manque de données en toxicologie

Nicole Bonnefoy, rapporteur. – Lorsque l´exposition [aux pesticides] mêle plusieurs substances, le risque devient plus important je suppose.

Robert Baan, Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). – On ne peut le savoir a priori. L´interaction des substances peut aggraver la situation ou bien avoir l´effet inverse.

Nicole Bonnefoy.- Que faudrait-il faire pour avoir une plus grande certitude en la matière ?

Robert Baan. – Il faudrait mener des expériences avec des substances séparées dans un laboratoire ainsi que des expériences de toxicologie et également sur les animaux pour renforcer les études épidémiologiques. (…)

Nicole Bonnefoy. – Ces études n´ont-elles pas été réalisées ailleurs et ne peuvent-elles être croisées ?

Robert Baan. – Notre groupe de travail rassemble des toxicologues ayant mené des expériences avec des substances séparées. Les connaissances sur les effets toxicologiques et géno-toxicologiques peuvent renforcer les données d´une étude épidémiologique. (…)

Sophie Primas, présidente. – C´est donc ce travail qui manque aujourd´hui à la science pour avoir plus de certitudes.

Robert Baan. – Il faudrait mener des expériences avec des substances séparées dans un laboratoire ainsi que des expériences de toxicologie et également sur les animaux pour renforcer les études épidémiologiques. (…)

Nicole Bonnefoy. – Ces études n´ont-elles pas été réalisées ailleurs et ne peuvent-elles être croisées ?

Robert Baan. – Notre groupe de travail rassemble des toxicologues ayant mené des expériences avec des substances séparées. Les connaissances sur les effets toxicologiques et géno-toxicologiques peuvent renforcer les données d´une étude épidémiologique. (…)

Sophie Primas. – C´est donc ce travail qui manque aujourd´hui à la science pour avoir plus de certitudes.

Robert Baan. – Dans nos groupes de travail, nos épidémiologistes ont étudié des mélanges mais n´ont pu aboutir à des conclusions en raison du manque de données en toxicologie.

Nicole Bonnefoy. – Nous avons pourtant le sentiment que les données sont nombreuses mais que nous n´avançons pas dans les constats, dans la mesure où ces données ne sont pas centralisées et croisées.

Robert Baan. – Concernant les pesticides et les substances produites par l´industrie chimique, de nombreuses données sur la toxicologie sont confidentielles. Or, le CIRC ne peut baser ses évaluations que sur les données publiées dans la littérature et accessibles à tous.

(…) La situation en France n´est pas plus grave que dans les autres pays européens mais elle est différente. La France est la championne de l´utilisation de pesticides en Europe. Elle est également un grand producteur agricole. S´agissant des produits pour la protection des plantes, plus de 30 % des fongicides sont utilisés par la France pour la production du vin. La France, l´Italie et l´Espagne consomment, à eux trois, plus de 80 % des fongicides employés dans l´Union européenne. Enfin, plus du quart des vermicides utilisés en Europe le sont par la France.

Principe de précaution

Joël Labbé, sénateur. – Avez-vous accès à tous les documents des industriels ?

Gérard Lasfargues, Agence nationale de sécurité sanitaire de l´alimentation, de l´environnement et du travail (Anses). – Nous avons accès à un certain nombre de documents soumis au secret industriel.

(…) Joël Labbé. – Concernant les substances actuellement sur le marché, des données scientifiques sont nécessaires pour confirmer leurs effets néfastes sur la santé. Cependant, ces études sont menées a posteriori. Le principe de précaution n´est donc pas appliqué.

Gérard Lasfargues. – Toutes les substances actives seront réévaluées avec les nouveaux critères du règlement européen y compris celles qui sont sur le marché actuellement. L´évaluation a posteriori est très importante car il peut subsister sur le marché un certain nombre de substances actives et de produits phytopharmaceutiques qui auraient des effets néfastes. Nous savons que les pesticides utilisés pour leur efficacité ont forcément des effets négatifs sur l´homme et les espèces animales. C´est pourquoi, nous nous sommes autosaisis à propos de l´évaluation des risques pour les travailleurs. Par ailleurs, une expertise collective de l´Inserm sur les effets différés des pesticides (cancers, maladies neuro-dégénératives) est en cours. Les résultats sont attendus pour la fin de l´année 2012.

(…) Je suis rapporteur du groupe de travail de la commission des maladies professionnelles dans le régime agricole pour la création des tableaux de maladies professionnelles liées aux pesticides. Un premier tableau sur la maladie de Parkinson et les pesticides a été créé. Une réflexion est en cours sur la création de tableaux pour différents cancers en particulier les hémopathies malignes.

Risque cancer : inverser la charge de la preuve

Annie Thébaud-Mony, Inserm et Association Henri Pézerat. – [Nous avons] proposé au ministère du travail de créer un tableau de maladies professionnelles sur la multi-exposition aux cancérogènes. Nous devons avoir conscience que la poly-exposition est la règle et la mono-exposition l´exception dans les activités professionnelles exposées aux cancérogènes.

(…) Le principe de précaution inscrit dans la Constitution prévoit que la précaution s´impose en situation d´incertitude. Mais, aujourd´hui, on attend (…) que des personnes soient atteintes de cancers ou en décèdent.

Ce niveau de preuve est très insatisfaisant pour les chercheurs en santé publique. A partir du moment où l´on a accumulé de l´expérimentation animale et des éléments d´expérimentation in vivo et in vitro sur la cellule et que l´on dispose d´un faisceau d´arguments toxicologiques, pourquoi ne pas inverser la charge de la preuve en demandant aux industriels de prouver qu´ils sont certains qu´il n´y aura pas déclenchement du cancer a posteriori ?

Registre des cancers

Nicole Bonnefoy, rapporteur. – Il n´existe pas de registre des cancers dans tous les départements.

Annie Thébaud-Mony. – En effet. Ces registres comptabilisent les cas et fournissent une répartition géographique, ce qui n´est pas inintéressant mais il est très dommage de ne pas bénéficier des informations que les patients atteints de cancer peuvent apporter sur le lieu où ils ont exercé leur activité professionnelle et leurs modalités de travail afin d´avoir une représentation de l´exposition professionnelle aux cancérogènes. En Italie, une politique de registre de cancers a été développée pour attirer l´attention sur les points qui posent problème.

« Il n´existe pas de produit agro-chimique dangereux sur le marché »

Frédéric Schorsch, docteur vétérinaire, pathologiste toxicologue, Bayer CropScience. – Le produit agro-chimique est très largement testé au niveau toxicologique, c´est-à-dire pour la santé humaine, autant, même plus, qu´un médicament.

(…) L´évaluation du danger du produit agro-chimique fait l´objet de la réglementation la plus lourde. Les données sont produites par l´industriel et échangées à l´échelle internationale. Elles sont également évaluées dans des agences. Un industriel comme Bayer déposera ainsi son dossier dans de nombreux pays (Europe, États-Unis d´Amérique, Japon, Brésil, …). Ces données sont rendues publiques une fois qu´elles sont remises aux autorités.

(…) Concernant l´évaluation du danger, le produit agro-chimique est donc caractérisé. Nous savons s´il produira des cancers ou autres pathologies sur l´animal, ce qui le différencie très nettement des autres catégories de produits qui n´ont pas forcément fait l´objet de tests.

(…) Nicole Bonnefoy. – Il n´existe donc pas de produits dangereux sur le marché.

Frédéric Schorsch. – Nous avons des tests qui caractérisent le danger. Les produits dangereux sont retirés du marché suite aux tests qui permettent d´identifier les effets toxiques. De nombreux produits sont concernés car, sur 1 000 molécules, une seule sera mise sur le marché.

Nicole Bonnefoy. – Faites-vous référence aux nouvelles molécules ?

Frédéric Schorsch. – Des processus de réévaluation sont prévus pour toutes les molécules existantes sur le marché. Les agences nous demandent d´effectuer à nouveau des tests pour des substances anciennes si les études précédentes ne sont pas correctement réalisées.

Nicole Bonnefoy. – Il n´existera donc plus de produits dangereux sur le marché ?

Frédéric Schorsch. – Il n´existe pas de produit agro-chimique dangereux sur le marché.

(…) Sophie Primas. – Quelle est votre opinion sur les propos tenus précédemment, à savoir l´inversion de la charge de la preuve ?

Frédéric Schorsch. – Aujourd´hui, on ne peut tester le produit agro-chimique chez l´homme. L´industrie souhaite mettre des molécules sûres sur le marché. Des tests chez l´homme ont été réalisés sur ces produits par le passé. Aujourd´hui, ces tests sont interdits. L´extrapolation des données de l´animal à l´homme pose forcément une difficulté. Cependant, la plupart des exemples montrent que les substances non détectées dans les tests de cancérogénèse des produits agro-chimiques sont plutôt des substances à la toxicité faible.

(…) Joël Labbé. – Vous tenez un discours extrêmement rassurant comme tous les représentants des industriels auditionnés avant vous. Avez-vous les moyens, dans vos firmes, d´affirmer que vos produits sont mieux testés que les médicaments ?

Frédéric Schorsch. – La prise en compte du risque pour la substance agro-chimique et le médicament est totalement différente. S´agissant de la caractérisation du danger, je maintiens que les tests sur ces substances sont au moins aussi poussés que ceux menés sur les médicaments dans les études expérimentales. Les tests chez l´homme ne peuvent être réalisés pour les produits agro-chimiques contrairement aux médicaments qui font l´objet d´études cliniques. Nous prenons donc en compte la dose sans effet que l´on déterminera à partir des essais expérimentaux et de l&acu
e;exposition.

Nous réalisons un grand nombre d´études d´exposition en milieu naturel dans tous les pays pour tenir compte des différentes pratiques agricoles et des climats.

« Il n´existe pas de combinaison qui protégerait de toutes les matières actives »

Alain Garrigou, Laboratoire santé, travail environnement (LSTE) de Bordeaux 2. – Mon travail consiste à montrer si les agriculteurs se contaminent avec les pesticides utilisés et à identifier les déterminants des situations où les personnes sont exposées.

L´usage des pesticides en France résulte d´un transfert de technologies entre des milieux pointus de la recherche en chimie. Cependant, ce transfert est mal maîtrisé.

(…) L´homologation [des combinaisons de protection] fait appel à un certain nombre de modèles européens qui existent depuis la fin des années 1980. Ceux-ci ont été révisés mais, dans leur construction interne, ils soulèvent un certain nombre de questions par rapport à la réalité de terrain. Dans ces modèles, on considère que les combinaisons qui protégeront les opérateurs sont efficaces à 90 % ou 95 %. Par ailleurs, ces modèles sont adaptés à de grandes exploitations agricoles qui disposent d´une organisation, d´un matériel de dernier cri et de surfaces regroupées mais ils ne seront pas pertinents pour des petites exploitations dans les régions de polyculture avec des espaces éclatés sur différents territoires. Il existe aujourd´hui une faiblesse des modèles pour appréhender la réalité des situations des petites exploitations. Dans les modèles, on se focalisera également sur un produit ou un mélange de matières actives. Cependant, dans la réalité, les agriculteurs mélangeront des produits de différentes firmes pour gagner du temps et réduire les coûts de gasoil.

Aujourd´hui, les industriels ne savent filtrer que des grosses particules et ne sont pas capables de fabriquer des systèmes de filtration pour des fines particules ou des aérosols. Or, les techniques de pulvérisation actuelles vont produire des particules et des aérosols qui ont quasiment un comportement physico-chimique de gaz. Un agriculteur qui achètera une cabine avec un système de filtration sera davantage protégé que sans cabine mais sera néanmoins contaminé à terme.

(…) A présent, je souhaiterais revenir sur les combinaisons qui ont été conçues pour l´industrie chimique mais qui ne sont pas adaptées aux matières actives des produits phytosanitaires. Pour la plupart d´entre elles, elles n´ont jamais été testées avec des matières actives de produits phytosanitaires. Or, la relation entre la matière active et la matière de la combinaison est déterminante pour assurer le rôle protecteur d´une combinaison.

Il n´existe pas de combinaison qui protégerait de toutes les matières actives. Il faudrait donc que les firmes qui connaissent leurs matières actives donnent des informations sur la matière de la combinaison susceptible d´assurer cette protection. Or, les notices d´utilisation des produits indiquent seulement que l´agriculteur doit porter l´équipement adapté. Par ailleurs, si l´agriculteur change de matière active, il devrait changer de combinaison. La charge de la connaissance repose donc sur l´agriculteur. En outre, il sera responsable des risques encourus par ses salariés alors qu´il ne dispose pas de tous les éléments pour porter un jugement adéquat.

(…) La conception du matériel est une véritable urgence. Le législateur devra, par conséquent, allouer des moyens sur ce sujet. (…) Pour certains produits, il n´existe pas de combinaison efficace du tout. Dans l´alerte que nous avons lancée, le passage du produit au travers de la combinaison était constaté après dix minutes d´usage. Les produits s´accumulent donc à l´intérieur de la combinaison durant la saison.

(…) Enfin, le taux de rotation dans les ministères est très important. Dans certains endroits, il n´existe plus de personnes informées de l´historique technique des dossiers. De ce fait, dans les réunions des groupes internationaux, la plupart des agences gouvernementales n´ont pas le niveau de connaissances requis pour discuter ou infléchir un certain nombre de décisions.

(…) Gérard Lasfargues, Anses. – En parallèle de l´évaluation des risques, un travail considérable de l´Anses est en cours sur les catégories d´équipements de protection individuelle (EPI) afin d´identifier leur niveau de protection par rapport aux différentes classes de pesticides. Ce travail devrait être rendu par nos prestataires à la fin de l´année 2012. Nous pourrons donc émettre un avis sur cette étude au premier semestre de l´année 2013.

« Plan Ecophyto 2018 : Nous serons dans l´incapacité d´atteindre l´objectif de réduction de 50 % »

Stéphane Le Foll, ministre de l´agriculture, de l´agroalimentaire et de la forêt. – Je me situe dans la perspective du Grenelle avec le plan Ecophyto 2018 qui fixait des objectifs ambitieux, à savoir la diminution de l´utilisation des pesticides à hauteur de 50 %. Nous avons réussi à diminuer de près de 87 % le recours à des molécules actives jugées dangereuses (cancérogènes, mutagènes, etc.) En revanche, le recours aux produits phytosanitaires stagne. Nous serons donc dans l´incapacité d´atteindre l´objectif de réduction de 50 % fixé. D´où vient le problème ?

Si je me penche sur les résultats du Grenelle, je note que, pour la surface agricole utile (SAU) en agriculture biologique, nous avions fixé un objectif extrêmement ambitieux : 20 % en 2020 et 12 % en 2009. Nous n´avons réussi à atteindre que 3,5 %.

(…) Après en avoir parlé avec les services, on constate un problème de diffusion avec le plan Ecophyto 2018. Des actions ont été menées sur les mises en marché. Des résultats ont été obtenus pour les réseaux de fermes testés et par la formation des agriculteurs avec Certi-Phyto. Cependant, cela ne concerne pas l´ensemble de la population. Une communication sera donc élaborée et des messages sur les bonnes pratiques seront diffusés.

Epandages aériens : les dérogations seront plus strictement encadrées

Des questions d´actualité doivent également être réglées. Les épandages aériens sont en principe interdits. Les dérogations accordées sont liées aux conditions topologiques (difficulté d´accès pour les tracteurs). Des dérogations spécifiques sont accordées pour certaines matières et sur des surfaces avec des rotations limitées. Comme je l´ai indiqué à France Inter, l´objectif est d´éviter de manière définitive le recours aux épandages aériens. Je pense que l´on peut et que l´on doit trouver des alternatives. Certaines existent déjà et nous en trouverons d´autres.

Entre les décisions prises en 2009 et aujourd´hui, on observe une réduction très nette (-22 %) des surfaces sur lesquelles nous avons eu recours à l´épandage aérien. Nous devons poursuivre cet effort pour ne plus y avoir recours, sauf cas exceptionnel. Nous avons ainsi sollicité les instituts de recherche pour éviter au maximum le recours à ce système d´épandage. (…) Nous travaillerons donc pour que les dérogations soient plus strictement encadrées afin de réduire davantage les surfaces concernées.

Combinaisons de protection : les conditions d’utilisation devront être précisées sur les étiquettes

Joël Labbé. – Nous avons appris précédemment qu´il n´existait pas d´équipement de protection universel. Il faudrait ainsi quasiment prévoir un équipement adapté pour chaque molécule. Nous pourrions exiger des industriels de tester eux-mêmes leurs équipements de protection individuelle et de mettre un produit sur le marché avec l´équipement de protection correspondant. L´Anses devrait également disposer de moyens pour réaliser une contre-expertise des tests effectués par les firmes.

Stéphane Le Foll. – Nous souhaitons aller dans ce sens. Les autorisations ne seront données que si les conditions d´utilisation sont précisées sur les étiquettes des produits.

Un colloque à Paris en 2013 sur la toxico-vigilance

Gilbert Barbier, sénateur. – Je doute que les pouvoirs publics puissent envisager de réaliser des études sur l´efficacité ou la dangerosité des produits. Dans ce domaine, nous aurons toujours un train de retard par rapport à l´industrie. En revanche, il faudrait que l´ensemble des données nécessaires à l´élaboration d´une nouvelle molécule soient mises à la disposition des organismes de contrôle. S´agissant des produits phytosanitaires, nous ne disposons pas d´un système de pharmacovigilance pour les professionnels utilisateurs de ces produits. Qui doit organiser le suivi de ce système de surveillance et d´alerte qui permettra de disposer de données épidémiologiques inexistantes à l´heure actuelle ?

Stéphane Le Foll. – Un décret en Conseil d´État est en préparation sur la toxico-vigilance. Nous renforcerons ce processus. Je ne crois pas que la France soit en retard sur ce sujet. Nous organiserons un colloque à Paris, en 2013, pour positionner nos actions et les partager à l´échelle de l´Union européenne. Je pense qu´il est important de renforcer cette veille qui nécessite la mise en place d´un réseau national. En 2013, nous réaliserons un travail de synthèse des actions mises en place à l´échelle européenne qui nous permettra de progresser rapidement.

(…) Sophie Primas. – Vous souhaitez toucher le maximum d´agriculteurs pour les faire changer de modèle de production. Je crois que les agriculteurs sont très sensibles à l´argument économique. Un des objectifs de l´agriculture depuis quarante ans est d´augmenter la production. Un institut tel que l´Inra dépense environ 3 % ou 4 % de ses ressources pour la recherche de solutions alternatives. Un rééquilibrage des budgets de l´INRA ne pourrait-il être opéré ?

Stéphane Le Foll. – Une mission confiée au conseil général de l´agriculture dans laquelle l´Inra sera intégré va réfléchir à la mise en place d´un cadre agronomique nouveau.

> En gras : souligné par la rédaction.

France : tout savoir sur l’eau potable et l’assainissement

État des ressources en eau, éléments chiffrés sur l’économie et sur les acteurs du secteur de l’eau : découvrez l’essentiel des dernières données pour avoir une vision globale sur la situation de l’eau en France.

À l’échelle nationale, le stock des ressources en eau est estimé à 2 000 milliards de m3. Pluviométrie annuelle : 503 milliards de m3.

En France, selon le Service de l’observation et des statistiques (SOeS), 33,5 milliards de m3 d’eau sont prélevés chaque année :
– 27,5 milliards pour les eaux de surfaces (lacs, rivières, etc.)
– 6 milliards pour les eaux souterraines
Soit 520 m3 par personne.

Ce chiffre, bien inférieur à la moyenne des pays les plus développés (Ocde : 920 m3), se situe dans la moyenne européenne (550 m3). En Europe, les niveaux de prélèvements annuels varient en effet de 130 m3 par personne (Danemark) à plus de 1 000 m3 (Portugal).

À titre de comparaison au niveau mondial, le Turkménistan est le pays prélevant le plus d’eau (5100 m3/an/habitant). La République démocratique du Congo est le plus économe : 6 m3/an/habitant.

Les usages : en France, sur l’ensemble de ces prélèvements hors énergie, 33% sont destinés à la consommation domestique, 31% à l’agriculture et 27% à l’industrie.

5 départements ont pris chaque année, au cours des 12 dernières années, des arrêtés de limitation des usages de l’eau (Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Tarn-et-Garonne, Vienne).

48 des 574 masses d’eau souterraines françaises, soit près de 10 %, étaient évaluées en « état quantitatif médiocre » (c-à-d que le taux annuel moyen de captage dépassait la ressource disponible).

Production d’eau potable : 5,5 milliards de m3. Les prélèvements d’eau pour le réseau public baissent depuis une dizaine d’années : comportements de plus en plus économes des consommateurs, progrès technologiques des équipements électroménagers et optimisation des process industriels.

Le volume d’eau du robinet facturé par les entreprises de l’eau représentait en moyenne 161 litres par jour et par habitant en 2010, dont 151 pour l´usage domestique (consommation des ménages).

La qualité de la ressource en eau

Le bon état d’une masse d’eau est conditionné par l’atteinte concomitante de son bon état chimique et écologique. Une masse d’eau peut être en bon état chimique sans être en bon état écologique et vice versa. Ainsi, si 41% des masses d’eau de surface étaient en bon état écologique et 43% en bon état chimique, seules 25% des masses d’eau étaient en bon état écologique et chimique, selon les analyses effectuées par les agences de l’eau en 2009 et rapportées à la Commission européenne en 2010.

Aujourd’hui, 2 000 organismes intercommunaux regroupent environ 23 000 communes françaises pour la distribution de l’eau. À l’inverse, plus de 13 000 communes organisent le service de l’eau sur leur propre périmètre communal. Au total, on estime à environ 15 500 le nombre de services de distribution d’eau en France sur un total de 35 600 services (eau potable et/ou d´assainissement).

On estime la longueur du réseau de distribution d’eau potable, des usines de potabilisation aux compteurs des usagers, à 920 000 km en 2010. La moitié du réseau des canalisations a été posée avant 1972. 20% des canalisations, datant d’avant 1960, sont en fonte ou en acier.

En 2010, au niveau national, tous opérateurs confondus, le taux de perte moyen des réseaux d’eau potable s’établissait à 22% en 2008, soit un rendement moyen de 78 %.

Alors qu’avec 82 %, la part des logements français raccordés à un réseau de collecte et de traitement collectif continuait de progresser en 2008, le nombre de logements équipés d’un système d’assainissement autonome restait stable, de l’ordre de 5 millions de logements.

Sur ces 5 millions de logement, la moitié se situent dans des communes de moins de 1 000 habitants. Ils représentent une population d’environ 12 millions d’habitants.

En 2004, seules 10 500 communes, représentant 39 % des logements non raccordés à un service d’assainissement collectif, avaient créé un service public d’assainissement non collectif (spanc). Fin 2008, elles étaient 27 700, soit 85 % des logements non raccordés.

Les entreprises de l’eau exploitent environ 6 200 stations d’épuration sur un total de 26 840 (les autres étant gérées en régies publiques). Elles couvrent en revanche près de 60% de l’ensemble des capacités de traitement installées (en nombre d’équivalents habitants).

En assainissement, 2,8 milliards de m3 d’eaux usées ont été collectés en 2010, dont près des deux tiers par les entreprises de l’eau.

En 2009, plus d’un million de tonnes de matière sèche de boues ont été produites par l’ensemble des services d’assainissement en France. Sur le plan environnemental, le taux de boues mises en décharge a poursuivi la diminution entre 2008 et 2010, passant de 18 à 16%. Ceci au profit de la valorisation agricole qui est passée de 70 à plus de 75% sur la même période.

Le prix moyen de l’eau (eau potable + assainissement + taxes et redevances) se montait à 3,39 €/m3, avec un écart de 1,7 € (La Réunion) à 4,3 € (Finistère, Morbihan), Paris étant à 2,9 €.

Selon l’Insee, en 2010, le budget général moyen des ménages français s’est élevé à 39 900 euros, sur lequel 327 euros ont été consacrés aux dépenses relatives à l’eau et à l’assainissement, ce qui représente en moyenne 0,8% du budget. Dans le même temps, 1,8% de ce budget étaient consacrés aux dépenses de télécommunications et 4% à celles d’énergie.

Source

5e édition du rapport FP2E/Bipe (mars 2012) sur les services publics d’eau et d’assainissement en France.

La Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E) regroupe la quasi-totalité des entreprises assurant la gestion des services d’eau et d’assainissement en France.

Le Bipe est une société d’études économiques et de conseil en stratégie auprès des grandes entreprises privées et des pouvoirs publics.

> Périodiquement, le Bipe et Fp2e publient conjointement une étude sur l´état de l´eau et de l´assainissement. Nous avons noté des incohérences entre certaines données d´une année à l´autre, mais aussi à l´intérieur d´un même rapport. Nous attendons  des précisions des auteurs. Tous ces chiffres sont donc à prendre à titre indicatif.

 

Venezuela : l’information, c’est aussi une affaire populaire !

Du 4 au 10 juin 2012, une télévision associative de Caracas (Venezuela) a organisé, avec l’appui d´une télévision publique et participative, un atelier sur le thème des médias populaires. Y ont pris part des délégués d’autres télévisions populaires venus de tout le pays.


Le philosophe Jean-Paul Sartre, qui avait participé au lancement en France du journal
Libération, est une référence pour ce mouvement populaire.

Le site venezuela.infos présente un reportage sur une initiative originale et prometteuse qui fournit aux citoyens des outils résister à la décervellisation médiatique en développant leur capacité critique et en s’impliquant dans le processus de fabrication de l’information.

Au menu de ces journées : des analyses de films et des exercices de caméra et des discussions sur le rôle du média populaire. Pendant tout l’atelier, les participants ont travaillé sur deux axes fondamentaux :

– Comment dépasser peu à peu la forme dominante du JT qui se caractérise par l’absence de temps d’enquête, la monoforme de plans-troncs du présentateur et une réalité superficielle réduite à de simples “plans de coupe”.

– La nécessité de revenir au concept original des médias populaires, nés « non pas pour “concurrencer” d’autres médias mais pour dépasser le mode dominant de production télévisuelle. Dans une société de libre marché la fonction originelle du journaliste – qui est d’enquêter sur le réel – se dégrade en simple “présentateur d’actu” ou “fabriquant de news”. L’information devient une “marchandise” parmi d’autres qu’il faut “vendre” à un client ciblé dans un marché saturé de concurrents (“médias”). L’”info-marchandise” est dotée des caractéristiques de la consommation de masse (brièveté, superficialité, spectaculaire, etc.) Cette concurrence marchande explique pourquoi l’explication structurelle, contextualisée, participative de la réalité (le comment ?, le pourquoi ?…) est vite balayée par les fast-questions du journalisme à la nord-américaine : qui, où, quand ? »

Lorsqu´un pays « dépend d’un quasi-monopole privé de la communication, où le service public se retrouve à la remorque du privé, [il] ne peut s’orienter dans le monde, ne peut plus comprendre ni l’espace ni le temps où [il] évolue ».

Enjeu pour la France et l’Allemagne : sauver la Grèce sans nuire aux contrats d´armement

Les Européens s’efforcent de trouver des solutions à la crise financière des Hellènes. Mais derrière les négociations officielles, certains voient se profiler les intérêts des industriels européens de l’armement.

 
« Il faut arrêter l’hypocrisie : on donne de l’argent aux Grecs pour qu’ils puissent
acheter nos armes ! » Daniel Cohn-Bendit, s’exprimant le 6 mai dernier au nom
du groupe des Verts/ALE devant les députés européens lors de la préparation
du Sommet des chefs d’Etats et de gouvernements sur “l’espace Euro”
du 7 mai  2012. Cliquer sur l´image pour voir l´intervention.

Les Européens ont beaucoup prêté à l’État grec. Leurs entreprises y ont aussi beaucoup exporté. La France, par exemple, est en excédent commercial de plus de 2,6 milliards d’euros avec la Grèce. « Le sauvetage de la Grèce serait donc aussi salvateur pour l’économie française », écrit le magazine Challenges.

Et en particulier pour les industries de l’armement : la Grèce, en effet, est un des plus grands importateurs d´armes dans le monde, en raison, notamment, du conflit latent avec la Turquie à propos de Chypre. En 2010, lorsque le premier renflouement a été négocié, le pays a dépensé près de six milliards pour son armée (30% du déficit budgétaire et 4,3 % du PIB). Sur les 20 dernières années, il a toujours dépensé pour sa défense un pourcentage de son PIB supérieur à celui de tout autre pays de l´UE (3,1% contre 2% du PIB en moyenne par les pays de l´UE).

Le plan d’austérité imposé par l’État aux citoyens permettrait d’économiser quelque 10 milliards d’euros spoit environ deux fois plus que le budget de la Défense. Le pays compte 150 000 militaires sur 800 000 fonctionnaires !

Payer les armes et réduire les dépenses publiques

Or, la France et l´Allemagne ont encouragé la Grèce à continuer à privilégier les dépenses militaires après la crise financière de 2008. Ces deux gouvernements ont également insisté pour que la Grèce continue à honorer ses factures pour les armes livrées malgré l’obligation pour elle de prendre des mesures d’austérité pour la population, de tailler dans toutes les dépenses publiques dans le cadre des plans de sauvetage de l´UE en 2010 et 2012.


Mikis Theodorakis. Photo : contreinfo.

Dans un retentissant billet, titré “Notre pays s’enfonce dans les ténèbres du Moyen Âge“, le compositeur grec Mikis Theodorakis, ancien résistant et héros de la lutte contre le régime des colonels, note : « L’année passée, M. Juncker [président de l´Eurogroupe] a déclaré qu’il avait remarqué lui-même l’hémorragie financière massive de la Grèce qui était due aux dépenses excessives (et obligées) pour l’achat de matériel de guerre – de l’Allemagne et la France en particulier. Et il a conclu que ces vendeurs nous conduisaient à un désastre certain. Hélas, il a avoué qu’il n’a rien fait pour contrecarrer cela, afin de ne pas nuire aux intérêts des pays amis ! »

Dans une conférence de presse donnée le 4 mai 2012 à Paris, Daniel Cohn-Bendit, député Alliance verte et Libre Européenne au Parlement européen, a accusé nommément l’ex-président de la République et l’ex-premier ministre français d’avoir fait pression sur le premier ministre grec, Georges Papandréou, en lui glissant sous forme de chantage lors d’une rencontre en marge du sommet de l’Otan à la mi-février : “Nous allons lever des sommes pour vous aider, mais vous devez continuer à payer les contrats d’armements qu’on a avec vous, signés par le gouvernement Caramanlis”. On sait que la France a obligé la Grèce à maintenir un contrat de 2,5 milliards d’euros sur des frégates françaises, un contrat de 400 millions d’euros sur des hélicoptères et un contrat sur plusieurs avions à 100 millions d’euros pièce. Il y a aussi en jeu des sous-marins allemands ».

Il serait plus raisonnable et économique, dit en substance le député écologiste, que les Européens assurent la sécurité du territoire grec. En échange, ils négocient le départ des Turcs de Chypre et le désarmement de la région.

Zizanie

Ces sommes gigantesques finissent par semer la zizanie entre pays de la région : l’Allemagne s’oppose aujourd´hui à une vente programmée de frégates de la France à la Grèce. Motif : politiciens et industriels allemands craignent qu’une partie de la facture finale en revienne aux contribuables allemands et demandent à la chancelière d’intervenir. Le raisonnement est le suivant : la Grèce, dépendant de l’aide de l’Union européenne et du FMI, pourrait avoir à restructurer sa dette. Alors, les contribuables allemands paieraient pour une partie des dépenses du gouvernement grec, dont l’achat des frégates.

Le gouvernement grec tente de réagir. En 2011, il a amputé de 20 % le budget de sa défense par rapport à 2010. 16 % de coupes supplémentaires doivent être réalisées cette année. Mais toutes ces réductions viennent entraver les contrats d´armement signés. D’âpres négociations avec les pays fournisseurs sont à l’œuvre…

> Sources : Challenges, contreinfo, France-Info, Guardian, myeurop, Oxfam.

Le notaire camerounais Abdoulaye Harissou prône la micropropriété foncière

Cette innovation sociale, déjà expérimentée à Madagascar et au Vietnam, permet aux plus démunis de bénéficier d’un titre de propriété simple, peu cher et sûr. Une solution pour favoriser le développement local et lutter contre l’accaparement massif de terres.


Abdoulaye Harissou à la Global Conference à Evian en septembre 2011.
Photo : Planet reporters (ESJ Lille).

Abdoulaye Harissou est l’auteur de « La terre : un droit humain – Micropropriété, paix sociale et développement », préfacé par Jacques Chirac, ancien président de la République française, et Abdou Diouf, ancien président de la République du Sénégal. Le notaire camerounais, diplômé de l’université de Yaoundé et membre du comité d’orientation de l’Union internationale des notaires, y éclaire les problématiques financières liées à la mondialisation et, surtout, développe des solutions de micropropriété profitant aux plus démunis en leur permettant de bénéficier d’un titre de propriété simple et sûr.

Sur le modèle du microcrédit, le titre sécurisé simplifié réduirait les délais d’obtention de titre foncier à 6 mois (contre plusieurs années aujourd’hui) et pour un coût maximum de 70 euros (contre un minimum de 300 euros aujourd’hui).

Cette proposition, déjà expérimentée à Madagascar et au Vietnam, est une innovation sociale aujourd’hui relayée sur la scène internationale par le Conseil supérieur du notariat (CSN).

Plus de 60% des terres des pays en développement n’ont pas de titres fonciers. Une situation qui engendre l´insécurité foncière à l´origine de nombreux conflits et injustices : expulsions, expropriations, accaparement de terres, etc.

Parcours du combattant

Au cours de la Global Conference, forum international pour un développement durable, qui s’est tenue à Evian fin septembre 2011, à Evian, M. Harissou a expliqué qu’« avant l’arrivée de la colonisation, la terre était gérée de manière coutumière, par les chefs traditionnels. Avec l’arrivée de la colonisation a été introduit le système d’immatriculation : toutes les terres étaient inscrites dans des livres fonciers pour les compagnies coloniales, qui ont donc récupéré toutes les terres arables, alors que les indigènes étaient placées sur des terres moyennes, qui ont toutes été occupées. Aujourd’hui, en Afrique, si une femme, un paysan ou une organisation rurale veulent obtenir un titre, c’est un véritable parcours du combattant ! »

Mais il ajoute : « Nous n’allons pas toujours tout mettre sur le dos des Occidentaux et maintenant des Chinois ». Abdoulaye Harissou a donc inventé le “titre sécurisé simplifié” (TTS), que l’on peut obtenir à moindre coût et dans un délai très court, à condition de respecter « plusieurs conditions : abandonner le système qui affirme que toute terre appartient à l’État et passer à la présomption de propriété ; décentraliser l’administration foncière ; abandonner le système de bornage ».

> Vidéo de la table ronde organisée par le Conseil supérieur du notariat français sur la micro propriété dans le monde, autour de l´ouvrage d´Abdoulaye Harissou, le 17 janvier 2012.

Trois citoyennes récompensées

Le mois de mars met la femme à l’honneur. Voici le portrait de trois d’entre elles, récompensées pour leurs initiatives et qualités citoyennes.

Lucie Montchovi

Lucie Montchovi a reçu le 26 mars le prix Reporters d’Espoirs 2012 dans la catégorie radio pour sa chronique Initiative France Info. Ancienne journaliste à RFI, Lucie présente cette chronique depuis deux ans sur France Info. Dans cette émission, en direct et en studio, elle va à la découverte d’hommes et de femmes qui mettent en œuvre des projets solidaires.

Ce prix est une nouveauté de cette 4ème édition.

> Initiative France Info. Du lundi au vendredi 6h25 – 11h20.

Magali Monod-Cotte

Étudiante à l’École Centrale de Nantes, Magali Monod-Cotte a reçu le 25 février 2012 à l’hôtel de ville de Saint-Mandé (Val-de-Marne) le 1er Prix du Civisme pour avoir fondé en 2009 l’association « Eveil Initiative ».

Le Prix du Civisme pour la jeunesse récompense chaque année au plan national l’initiative d’un jeune. Il est remis par l’Association nationale des membres de l’Ordre national du mérite.

L’association Eveil Initiative est dédiée au soutien scolaire et à l’éveil des jeunes enfants et adolescents en souffrance. Elle mobilise une cinquantaine d’élèves ingénieurs de l’Ecole Centrale de Nantes. 

« J’ai voulu m’occuper d’enfants placés qui n’ont pas eu la chance d’avoir une famille qui les aime et les protège. Ce projet, seule, n’était pas réalisable. Je l’ai donc proposé à l’ensemble des élèves de mon école, l’École Centrale de Nantes, puis j’ai contacté les maisons d’enfants ».

Eveil Initiative intervient à la maison de Bethléem à Nantes, ancien orphelinat devenu maison d’enfants à caractère social où vivent actuellement 72 enfants et adolescents de 4 à 15 ans placés à la demande d’un juge pour enfants.

Cécile Galoselva

Cécile a reçu, le 16 février, le prix 2012 de l´Entrepreneure responsable attribué pour la seconde fois par le réseau de femmes d´entreprises EPWN (European Professional Women’s Network, branche française). Elle a créé Etic Foncièrement Responsable, qui monte et gère des centres d´affaires à destination des ONG, des associations et des entrepreneurs sociaux. Etic propose à ses clients des baux flexibles, des loyers modérés, une mutualisation de services et d’équipements.

Cécile va bénéficier, pendant un an, de l’accompagnement à titre bénévole d’un comité ad hoc, composé de membres chevronnées du réseau European PWN en France, sur des thématiques choisies par elle : le marketing et la communication d’Etic, le conseil juridique et l’accompagnement de son parcours de dirigeante.

Selon des agriculteurs, les écologistes sont des « fanatiques malfaisants »

Gilbert Bros, président de la chambre d’agriculture de la Haute-Loire, sort dans un édito l’artillerie lourde contre les contraintes environnementales inspirées par les écologistes qualifiés de « fanatiques, doctrinaires et irresponsables ».


Gilbert Bros.

« Ce sont ceux qui détruisent l’économie et les emplois, qui ruinent la France ». C’est ainsi que débute l’éditorial de Gilbert Bros, président de la chambre d’agriculture de la Haute-Loire, dans le journal Haute-Loire Paysanne du 24 février 2012. Sous le titres « Les malfaisants », le texte énumère les lois et les procédures décidées ces dernières années et que des « bobos souvent payés à ne rien faire » ont poussé à faire voter.

Sans doute décomplexée par le fameux « Toutes ces questions d´environnement, ça commence à bien faire ! » prononcé par le président Sarkozy lors du salon de l’agriculture de 2010, une certaine parole paysanne exprime aujourd´hui sans retenue sa frustration.

> Au delà de l’excès et du mépris dont témoignent ces paroles, on doit s’interroger sur le désarroi de cette population fragilisée par des mutations considérables et rapides. Le nombre d´exploitations agricoles a été divisé par quatre en un peu moins de cinquante ans et leurs méthodes de travail qui ont sans cesse évolué se heurtent aux limites du modèle productiviste.

Si, effectivement, certaines pratiques agricoles ne peuvent plus être acceptées pour leurs conséquences en termes de santé et d´écologie, ce n’est pas par la diabolisation ni par la polémique que l’on fera avancer les choses. Nous aurons toujours besoin d’agriculteurs et de spécialistes de la terre et de la gestion de la nature. Reste que les conditions d´un dialogue social constructif n’ont pas encore su être créées en France pour tenter de concilier des points de vue divergents.

Jacky Berland, agriculteur : «Le ver de terre est notre charrue!»

Le couple Lydia et Claude Bourguignon était reçu cet hiver par une quarantaine d’agriculteurs, dans le Parc du Marais poitevin. Objectif : échanger sur l’intérêt du semis direct sous couvert, une technique sans labour respectueuse de l’environnement.


Cliquer sur l´image pour voir la vidéo.

Le 10 janvier 2012, le Parc du Marais poitevin et le lycée Bel Air de Fontenay-le-Comte ont organisé une journée consacrée aux pratiques agricoles respectueuses des sols.

Lydia et Claude Bourguignon, tous deux agronomes et spécialistes de la biologie des sols, parcourent le pays à la rencontre des agriculteurs pour leur communiquer leur message : connaître et appliquer les lois biologiques des sols permet de développer des pratiques culturales efficaces et respectueuses de l’environnement.

Le sol n’est plus labouré. Il reçoit une couverture végétale et est travaillé par les racines et surtout les vers de terre, dont les déjections sont trois à quatre fois plus riches en éléments minéraux que la terre elle-même. Ces animaux, véritables réservoirs de protéines, et très favorables de ce fait au développement de la biodiversité, sont en quelque sorte les « intestins » de la terre, qu’ils digèrent et aèrent au grand bénéfice de la qualité de l’eau.


Digestat de ver de terre.

« Les vers de terre sont notre charrue, s’enthousiasme Jacky Berland, vice-président de la Fédération départementale des groupes d’étude et de développement agricole (Fdgea) de Vendée. Ça se fait tout seul  jour et nuit, pas de syndicat et pas de matériel à payer. C’est gratuit ! »

Le groupe a visité une parcelle à maïs du Magnils-Reigniers où François Mandin, membre du groupement Agriculture sur sol vivant, adapte les solutions préconisées par les Bourguignon. Son terrain est sous couvert depuis quatre ans et sans labour depuis 1997.

« Les instituts de recherche ont beaucoup œuvré pour les grands groupes [chimiques], regrette Claude Bourguignon, et pas assez pour les agriculteurs eux-mêmes. Avec notre laboratoire, une petite équipe de cinq personnes, nous avons travaillé beaucoup à contre-courant. Nous heurtons les mentalités habituées aux approches déstructurantes du NPK (azote engrais) et des labours. Mais notre travail commence à être reconnu. »

Marjolaine Boutet : «On trouve même des vampires féministes»

Les vampires sont à la mode mais ils ont toujours existé, du moins dans l’imaginaire universel. Dans Vampires, au delà du mythe, l’historienne des séries Marjolaine Boutet tente de décrypter les ressorts psychologiques et sociaux à l’œuvre au travers de ces personnages envoûtants.

Aujourd’hui comme hier, le vampire fascine, interroge ou rebute. Qu’y a-t-il donc dans cette créature qui excite autant l’imagination des humains ? Comment se fait-il que de nos jours les histoires de vampires (à commencer par Twilight) aient toujours autant de succès ? Que, plus d’un siècle après la parution de Dracula de Bram Stoker, après des centaines de films, de romans, d’épisodes de séries télévisées, de chansons, de bandes dessinées et même de jeux vidéo et de comédies musicales, il y ait encore des choses à dire sur le sujet ?

C’est tout l’objet du livre qui tente de comprendre ce qui se cache derrière ces histoires de vampires, d’en révéler les clés, les clichés, les symboles et le sens, d’en exposer les implications idéologiques et culturelles.

Dans sa préface à Vampires, au delà du mythe, de Marjolaine Boutet, la philosophe Sanda Laugier fait remarquer : « Dans le monde des vampires, les contours du moi sont instables, la métamorphose est toujours possible et angoissante, l’amour est à la fois éternel et transitoire, et tout peut arriver : on meurt, on renaît, on est plusieurs personnes, on se transforme. Mais c’est cela la vie. Paradoxalement la figure du vampire permet – pour le lecteur, le spectateur, de fiction littéraire, cinématographique, télévisée – de rendre sensible, compréhensible, de raviver ou de créer cette sensation si difficile à définir pour nous humains, celle d’être vivant ».

Symbole de la différence, de la marginalité, de la violence prédatrice, de la sexualité débridée, de notre peur de la science, le vampire appartient à tous les mondes. Les fictions de vampire ont la particularité de brouiller les frontières : entre la vie et la mort, le bien et le mal, entre la raison et la croyance, mais aussi entre le féminin et le masculin.


Marjolaine Boutet.

Dans les séries télévisées d’aujourd’hui (Buffy contre les vampires, The Vampire Diairies), note l´auteure, on voit même des vampires féministes : « Même si Darla, Drusilla et Katherine sont incontestablement des femmes dangereuses, à la sexualité libérée et affirmée, et avec la ferme intention de faire le Mal, aucune n’est détruite par un homme et elles sont toutes les trois, à des degrés divers, sauvées par l’amour ».

Quoi qu’il en soit, le vampire « est une créature surnaturelle qui défie toute tentative de catégorisation. Sa nature polymorphe explique que ce mythe ait résisté au temps, traversé les frontières et investi tous les champs de la culture populaire ».

> Marjolaine Boutet est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Picardie-Jules Verne, spécialiste de l’histoire des États-Unis, passionnée par la culture populaire en général et les séries télévisées en particulier.

L’agriculture biologique peut sauver les captages d’eau potable

A cause des pollutions, notamment agricoles, de nombreux captages d’eau potable doivent être abandonnés. Le recours à l’agriculture biologique autour de ces points de prélèvement permettrait de les protéger efficacement.


Gilles Billen, Cnrs-Piren Seine.

« La généralisation des bonnes pratiques agricoles ne suffira pas : seule l’agriculture biologique peut inverser la tendance vis-à-vis de la qualité de l’eau ». Gilles Billen, scientifique du Cnrs-Piren Seine, en est convaincu. Si l’on veut régler le problème des nitrates sur le bassin de la Seine, il faut généraliser le recours à l’agriculture biologique dans les zones où sont puisées les eaux destinées à la consommation humaine.

Pour la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab), il faut même envisager une nouvelle politique nationale de l’eau et des changements dans les instances de bassin : « Nous voulons être force de propositions dans le cadre notamment du 10ème programme d’intervention (2013-2018) en cours d’élaboration par les six agences de l’eau, les collectivités territoriales et les acteurs de l’eau ».

En effet, sur le bassin de la Seine, mais aussi dans bien d’autres bassins français, la situation est « alarmante ». Les eaux souterraines sont polluées durablement par les nitrates et les pesticides. Progressivement, des captages d’eau potable doivent être abandonnés. Et les moyens de lutte sont trop modestes au regard des besoins, des engagements du Grenelle de l’environnement et des obligations européennes.

« La volonté insuffisante de l’État de remettre en cause l’agriculture intensive »

En effet, plusieurs directives européennes et les lois françaises sur l´eau (du 3 janvier 1992 et du 31 décembre 2006) imposent la mise en place d´un périmètre de protection pour chaque captage, pour empêcher les pollutions des eaux captées et limiter le risque de pollutions accidentelles. Or, près de la moitié des points de captage n’ont toujours pas de périmètres réglementairement définis.

Concernant ces pollutions, les modes de production agricole sont pointés du doigt par les écologistes, mais pas seulement. Une analyse de la Cour des comptes (Rapport public annuel 2010 – février 2010) souligne « la volonté insuffisante de l’État de remettre en cause l’agriculture intensive ». Un rapport du Commissariat général au développement durable (“Coûts des principales pollutions agricoles de l’eau”, Études & documents n°52, septembre 2011) chiffre à « 522 milliards d’euros soit près de la moitié de la dette française » la somme qui serait nécessaire pour dépolluer le stock des eaux souterraines !

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Une pétition pour le développement de l’agriculture bio

A l’approche de l’élection présidentielle, Bio Consom’acteurs, en partenariat avec Terre de Liens et la FNAB, a lancé la pétition nationale “Osons la Bio !” pour obtenir des candidats l’engagement de soutenir le développement de l’agriculture biologique s’ils sont élus. Objectif : 20% de terres bio en 2020.

En effet, malgré une dynamique de conversion sans précédent, la bio ne représente en France que 3% de la surface cultivée, ce qui la situe au 22ème rang européen. En dépit d’objectifs publics ambitieux, moins de 2% des ingrédients dans la restauration scolaire publique sont bio.

Pendant ce temps là, la France est toujours le 1er consommateur européen de pesticides (+2 % depuis 2008) condamnée par l’Europe régulièrement pour non respect des directives environnementales (qualité de l’eau, algues vertes, etc.)

Devant cette inertie, certains acteurs ne baissent pas les bras. Sur le terrain, des agriculteurs biologiques, accompagnés par les autorités locales, parviennent à protéger l’eau dans les zones prioritaires. Quelques initiatives ont été présentées lors d’un colloque organisé le 24 novembre 2011 par la Fnab en partenariat avec le Groupement d’agriculture biologique Ile-de-France, avec le soutien de l’agence de l’eau Seine-Normandie et le conseil régional d’Ile-de-France.

Une initiative exemplaire : l’aire d’alimentation de captage de Saint-Aubin-Sars-Poteries


Sarah Staub, chargée de
mission eau et agriculture
bio au Groupement des
agriculteurs bio du Nord-
Pas-de-Calais.

En 2006, l’aire d’alimentation de captage (AAC) de Saint-Aubin-Sars-Poteries (Nord), au coeur de la petite région agricole de l’Avesnois, est choisie pour être le territoire pilote de la première Opération de reconquête de la qualité de l’eau (Orque) du bassin Artois-Picardie : les normes de potabilité concernant les nitrates et les produits phytosanitaires y étaient ponctuellement dépassées.

Début 2005, le Pays Sambre-Avesnois avait inscrit dans sa charte le souhait de « développer des solutions agronomiques issues de l´agriculture biologique pour protéger la ressource en eau souterraine ». Et la même année, la commission locale de l´eau du Sage Sambre (schéma d´aménagement et de gestion des eaux) a validé cette orientation.

Tout naturellement, l’agriculture biologique est apparue comme une voie à développer dans le cadre de l’Orque. Objectif de ces opérations, initiées par l’agence de l’eau et mises en oeuvre en partenariat avec les collectivités locales : réduire l’ensemble des pollutions autour des captages en eau potable prioritaires.

Originalité et point fort de la démarche, tous les acteurs du territoire ayant des pratiques potentiellement polluantes pour l’eau ont été impliqués : habitants, agriculteurs, entreprises, industries, gestionnaires de voirie et d’espaces verts, jardiniers, artisans, commerçants. Cela a permis de rassembler tout le monde autour d´un but commun, l’amélioration de la qualité de l’eau, tout en évitant de stigmatiser une catégorie socioprofessionnelle.

Aujourd’hui, il y a cinq agriculteurs biologiques en plus dans l’AAC de Saint-Aubin-Sars-Poteries. Ils sont au total six et exploitent un peu plus de 6% de la surface agricole utile (SAU). Les objectifs du Grenelle de 6% de SAU bio en 2012 sont atteints grâce à quatre années d’actions dans ce territoire.

Plus largement, dans l’Avesnois, en trois années d’actions, d’octobre 2008 à septembre 2011:
– 115 diagnostics de conversion à l’agriculture bio ont été réalisés
– + 38 certifications effectives, soit 37 nouvelles fermes bio (+119% de fermes bio)
– + 2925 ha bio (+136% de SAU bio)
– + 8 millions de litres de lait bio.