Congo RDC : la maison d’un défenseur des droits de l’homme incendiée (IV)

Un incendie a ravagé le domicile d’Emmanuel Kabengele Kalonji, directeur du Cefop, une ONG pour la défense des droits de l´homme au Congo (RDC), dont l´épouse oeuvre également pour les droits de l´homme au sein d´un bureau de l´ONU (BCNUDH-Monuc). Accident ou acte criminel, la police devra trancher. Le bureau du militant avait été attaqué cet été par un groupe de cinq hommes armés.

Emmanuel Kabengele Kalonji
Photo JL ML

La maison d’Emmanuel Kabengele Kalonji, directeur du Centre d’études et de formation populaires pour les droits de l’Homme (Cefop-DH), à Mbujimayi dans le Kasaï oriental de la République démocratique du Congo (RDC), a été réduite en cendres par un incendie survenu dans la nuit du 18 au 19 décembre sans faire de victime.

L’épouse du militant, Rebecca Kambay, qui travaille au bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH-Monuc), se trouvait au même moment chez son père avec leur enfant de trois ans pour la prière traditionnelle du vendredi. Ses deux belles-sœurs, qui dormaient dans la maison au moment où l’incendie s’est déclaré, sont parvenues à s’échapper des lieux, avec l’aide d’un voisin, après avoir été réveillées par la fumée qui s’en dégageait.

Emmanuel Kabengele se trouvait à Marrakech pour recevoir ce jour en soirée le prix Harubuntu, décerné par l’ONG belge Echos Communication, qui couronne chaque année des hommes et des femmes qui, par leurs actions locales, contribuent au développement d’une société plus solidaire en Afrique.

La cause du sinistre est pour l’heure inconnue. La thèse de l’accident semble peu plausible, l’électricité ayant été coupée dans tout le quartier au moment des faits. De plus, selon une des sœurs qui dormaient dans la maison, une personne aurait été entendue entrant à moto dans la parcelle vers 4 h du matin peu avant le déclenchement de l’incendie.

Archives parties en fumée

Par ailleurs, sans que pour l’instant un lien puisse être établi entre les deux événements, les bureaux du Cefop-DH avaient été attaqués par des hommes armés dans la nuit du 27 au 28 juillet cet été. Un groupe de cinq individus, dont deux revêtus de la tenue des Forces armées de la RDC (Fardc), s’était introduit par effraction dans les locaux de l’ONG dans la commune de la Kanshi. Ces hommes avaient ligoté et torturé le gardien des lieux, dans le but de lui extorquer l’adresse du domicile du directeur du Cefop. Le passage inopiné d’une Jeep avait fait s’enfuir les malfaiteurs qui sont partis sans rien obtenir du gardien ni rien emporter.

Une plainte contre X avait alors été déposée.

La maison après le sinistre.
Photo : Marcel Mpoyi

Emmanuel Kebengele venait de rendre public, le 10 décembre dernier, le rapport annuel de son association sur les droits de l’homme dans le pays. Le Cefop s’efforce d’éveiller l’esprit critique et d’introduire plus de démocratie dans les mœurs politiques de la province en favorisant le dialogue entre les citoyens et les élus.

« Nous ne travaillions pas sur un contentieux précis, explique Emmanuel Kabengele. Quand nous dénonçons les manquements que nous avons pu observer, nous le faisons de façon non agressive, en rapportant des faits, sans émettre de jugements ni formuler d’évaluation. Nous nous limitons à décrire des situations. Ce qui est très ennuyeux dans cette affaire, c´est la dispartion de toutes mes archives…»

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