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Décès d’un grand médecin américain qui a défié les conformismes et les intérêts commerciaux

Tribune Le médecin nord-américain Everett Koop était considéré par beaucoup comme le "General surgeon" (chef du service de santé publique de la Maison blanche) le plus influent de l’histoire de son pays. Il est mort le 25 février 2013 à l'âge de 96 ans. C'est peut-être la première fois que vous lisez son nom. Pourtant son influence sur votre vie est palpable.

Everett Koop

Everett Koop fut un haut responsable de la santé publique nord-américaine.

Lorsque le premier ministre Dominique de Villepin a annoncé en 2006 l’arrêt de la consommation de tabac dans les lieux publics, cette décision porte la marque du docteur Koop. Il est en effet le premier médecin de la Maison-Blanche à avoir dénoncé les ravages du tabac sur la santé et à s’être lancé dans une bataille visant à l’interdire dans les lieux publics.  C’était au début des années 80.

Quelques années plus tard, ayant bravé les obstacles dressés par les intérêts commerciaux des vendeurs de tabac, la plupart des États aux États-Unis ont adopté des lois prononçant l’interdiction dans l’intérêt de la santé publique. Les batailles et les victoires du docteur Koop ont ouvert une brèche dans laquelle se sont engouffrés plusieurs pays, dont la France.

Ses travaux précoces sur le sida sont également reconnus. Sa contribution principale a consisté à mettre un frein à la tournure moralisatrice que prenait la discussion au moment de l’apparition de la maladie (l’accablement des homosexuels étant de mise) pour recentrer le débat uniquement sur son aspect sanitaire.

Le docteur Koop a été appelé « Docteur n°1 » en raison de son intégrité, plaçant la santé publique au dessus des calculs politiques et des croyances personnelles. Son souci de donner la priorité à la santé l’engagea à remettre en question les conformismes et les intérêts commerciaux.

Avec sa disparition, on peut se poser la question : quels sont aujourd’hui les médecins qui remettent en question les conformismes et les intérêts commerciaux ?

La médecine corps-esprit étudiée à Harvard

Le professeur Herbert Benson est cardiologue et professeur de médecine à la faculté de médecine d’Harvard (États-Unis). Il est également le fondateur de l’Institut Henry Benson pour la médecine corps-esprit (Mind Body) auprès de l’Hôpital général du Massachusetts. Une étude récente qu’il a dirigée montre que la méditation, le tai chi, le yoga, la prière et certaines autres activités peuvent « modifier l’activité des gènes d’une personne, changeant leur expression en ce qui concerne le stress et l’inflammation ».

Le médecin français Nathalie Rapoport-Hubschman, chef du service de psychologie médicale du centre hospitalier universitaire Rabin (Israël), souligne que le docteur Benson était à ses débuts « tiraillé entre la curiosité intellectuelle et la crainte d’être marginalisé » et qu’il a dû surmonter « de nombreuses résistances de la part de ses supérieurs et collègues » de le voir investir un champ médical jusqu’alors délaissé, voire méprisé.

A ses débuts dans les années 70, le docteur Benson a été un des premiers à réaliser en laboratoire l’évaluation de 36 pratiquants de la méditation et à surveiller les modifications de leur consommation d’oxygène, leur rythme cardiaque et respiratoire ainsi que leur pression artérielle. Il constata une diminution importante des rythmes cardiaques, respiratoires et un ralentissement des échanges métaboliques.

Le docteur Harold Koenig est le directeur du Centre pour la spiritualité, la théologie et la santé attaché au centre médical de l’université de Duke (États-Unis). Il est également professeur de psychiatrie et de sciences du comportement. Il expose les raisons pour lesquelles, selon lui, ceux qui ont une pratique spirituelle peuvent constater des répercussions positive sur leur santé : « En général, ils gèrent mieux leur stress, ils bénéficient d’un plus grand sentiment de bien-être car ils ont plus d’espoir, ils sont plus optimistes, moins déprimés, moins anxieux, et se suicident moins souvent. Ils ne consomment pas autant d’alcool, pas autant de drogue, pas autant de cigarettes, et adoptent un style de vie plus sain. Ils ont un système immunitaire plus robuste et une pression artérielle plus basse ».

En France, la laïcité freine les recherches sur la médecine corps-esprit

En France, la pratique spirituelle n’est généralement pas considérée comme un vecteur de meilleure santé. « Une lacune sans doute liée à notre conception de la laïcité qui évacue d’emblée tout ce qui tient au religieux », commente Gustave-Nicolas Fischer*, un professeur honoraire en psychologie sociale et auteur de plusieurs ouvrages traitant de la psychologie de la santé.

Dans son dernier livre, “Médecine, Objectif 2035, ces innovations qui vont changer notre vie” (L’Archipel), le docteur Paul Benkimoun a passé en revue de nombreuses innovations médicales et a essayé de décrire au plus juste, avec l’aide d’un imposant comité scientifique, ce à quoi ressemblera la médecine en 2035. Plusieurs innovations surprenantes couvrant un large domaine et bien documentées sont décrites.

Il est intéressant de noter qu’aucune des innovations présentées ne reprend les travaux publiés à l’étranger en matière de médecine corps-esprit. Cela dit, dans la préface du livre, le Professeur Philippe Kourilsky, titulaire de la chaire d’immunologie moléculaire au Collège de France laisse la porte ouverte en précisant qu’ « évidemment, des découvertes nouvelles peuvent modifier le paysage. »

La soif de faire progresser la santé conduira le processus de découverte. Et si les découvertes remettent en question certaines normes sociales et le conformisme du jour, y compris une vision strictement matérielle de la santé, serons-nous prêts à les accepter ?

* G-N Fischer n’a pas de lien de parenté avec l’auteur de l’article.

Alexandre Fischer

L’auteur de l’article, Alexandre Fischer, ancien avocat en droit de la santé, s’est reconverti en praticien de la science chrétienne (aide par la prière).

Il est blogueur santé intéressé plus particulièrement par la médecine corps-esprit.

 

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2 commentaires pour cet article

  1. Ping : Décès d’une grand médecin américain qui a défié les conformismes et les intérêts commerciaux | Quelle santé pour demain ?

  2. Je sais qu’il ne sert à rien de prêcher des convaincus, mais cet article est une bonne occasion pour parler de la prière.

    Qu’est-ce en effet que la prière, sinon une altération mentale (du cours de la pensée), dans laquelle celle-ci (la pensée) se projette, dans l’espoir ou la quête d’un résultat, d’une solution, à un problème, une situation, ou un désir particulier? Ou alors, la prière est l’expression d’une dévotion, à plus grand que soi, à ce qui à la fois englobe et rassure, psychologiquement, parce que l’esprit s’est conditionné, par la croyance et la répétition de l’acte de prière, devenu quasi-automatisme.

    La prière rassure d’autant plus qu’elle a longuement été répétée, nourrie, par l’idéal qui la sous-tend.

    La prière s’adresse en effet, soit à une image, soit à l’inconnu. Si la prière s’adresse à une image, la pensée nourrit cette image de l’intensité à laquelle elle exprime sa volonté, son souhait, ou son désir. La prière ne fait donc que renforcer l’image, c’est-à-dire, renforcer ce qui est déjà en mémoire, déjà mémorisé, le passé, le conditionnement, ou l’expérience. C’est alors un processus de conditionnement par répétition, rendant l’esprit mécanique, comme l’est la pensée.

    La prière par l’image est donc tout autant isolatrice que rassurante. Elle isole en ce qu’elle constitue une expérience mentale basée sur la mémoire, nécessairement fragmentaire et limitée, et elle rassure parce qu’à force de répétition, l’esprit s’émousse et devient inerte et paresseux, faisant de la prière l’échappatoire facile et tout trouvé face aux difficultés de la vie quotidienne ou aux aléas de la vie, car à portée d’esprit et renforcée par l’autorité de la tradition, et le sentiment de sécurité occasionné par l’idée d’appartenance, qui y est associée.

    Lorsque la prière s’adresse à l’inconnu, elle laisse à l’esprit la possibilité d’entrevoir son propre mécanisme, qui est la création des images. En effet, prier dans l’inconnu revient à percevoir la nature illusoire de la prière, de sa source, qui est le désir ou la volonté, en tant que moyen d’échapper à ce qui est, par simple peur. L’origine de la prière peut donc être perçue pour ce qu’elle est: la peur, et non l'”amour” ou la dévotion à ce qui est plus grand que soi, et que l’on forge à sa propre image, en tant que “chrétien”, “catholique”, “juif”, “musulman”, “hindou”, “bouddhiste” ou que sais-je encore.

    Lorsque l’esprit ne prie plus, car il a perçu l’échappatoire et l’illusion qu’il s’est construit pour lui-même, alors peut-il commencer à investiguer sur la peur et son corrolaire, le désir, et la volonté, en appliquant son énergie non plus à se diviser par l’acte de projection psychologique que représente la prière, mais à l’attention passive et unifée qu’est l’observation de soi et du monde, sans aucune séparation d’ordre psychologique, qu’elle soit intellectuelle, idéologique, communautaire, ou issue de telle croyance associée à telle ou telle culture particulière, nouvelle, récente, ou traditionnelle et multi-millénaire.