Deux militants nigérians récompensés par la Fondation Chirac

Connaissez-vous l’imam Muhammad Ashafa et le pasteur James Wuye ? Il y a fort à parier que non. Pourtant, ces deux Nigérians ont été mis à l’honneur, le 6 novembre dernier, grâce au Prix de la Fondation Chirac, pour leur action en faveur du dialogue entre chrétiens et musulmans au Nigeria.

Le pasteur James Wuye, Jacques Chirac, l´imam Ashafa.

La presse avait bien évoqué l’événement, mais essentiellement pour dire que le président Sarkozy s’était rendu à la cérémonie ! C’est à peine si le nom des récipiendaires a été évoqué. Ouvertures a voulu réparer cette injustice, en détaillant pour vous l’action de ces hommes, action qui a mérité ce « prix pour la prévention des conflits », doté de 100 000 euros.

La diversité religieuse et ethnique au Nigeria (350 ethnies et tribus pour une population de 140 millions de personnes) a pu favoriser de nombreuses crises dans le pays. Ces dernières décennies, le Nord du Nigeria a été particulièrement marqué par des affrontements entre chrétiens et musulmans notamment. Près de 150 000 personnes en ont été victimes ces dix dernières années.

Dans ce contexte, l’imam Muhammad Ashafa et le pasteur James Wuye, chacun à la tête de milices armées ennemies dans les années 1980, défendaient leurs communautés religieuses dans l’état de Kaduna (Nord du Nigeria). Peu à peu, les deux ennemis ont remis en cause l’utilité de la violence et ont avancé vers une réconciliation. Contre l’avis des membres de leur communauté religieuse, ils se sont rencontrés régulièrement et ouvert un dialogue interreligieux.

Ensemble, ils ont fondé l’Interfaith Mediation Centre di Kaduna, dont ils sont les co-directeurs, et ont contribué à l’apaisement des tensions régionales.

Aujourd’hui l’Imam Muhammad Ashafa et le Pasteur James Wuye travaillent dans d’autres pays d’Afrique et d’autres continents pour transmettre leur méthode de réconciliation et véhiculer un message de paix.

 « Il n’y a pas de petite querelle »

 « Je crois à la primauté du droit sur la force, a expliqué Jacques Chirac lors de la remise du prix. Je crois à la vertu du dialogue. Je crois en l’Homme. La guerre n’est jamais la solution. C’est pourquoi, il faut donner priorité et soutien à tout ce qui peut en extirper les racines du cœur de nos sociétés. Il faut discerner les braises de la haine où qu’elles puissent couver, et aider tous ceux qui peuvent les éteindre, ceux qui dissipent les malentendus, ceux qui suscitent à temps les réconciliations. (…) La guerre n’est pas un phénomène appartenant au passé. Si l’Europe a su, après quelle barbarie, vivre en paix ces soixante dernières années, n’oublions pas que la guerre frappait à sa porte il y a peu : il y a dix ans à peine, les Balkans étaient en feu.C’est l’un des risques d’un univers mondialisé que de transformer tout conflit local en une menace universelle. Le monde se fait un pour le meilleur et pour le pire. Dans un tel contexte, “il n’y a pas”, selon le mot d’Amadou Hampaté Bâ, “de petite querelle”. »

Le Prix spécial du Jury, quant à lui, a été décerné à Park Jae-Kyu, président de l’Université Kyungnam et ancien ministre de l’Unification en Corée du Sud, pour son action en faveur d’un rapprochement entre la Corée du Sud et la Corée du Nord.

 >> La Fondation Chirac.

Sur une idée de Paule Pérez.

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