Mourir bio et en beauté ?

Pas facile ! En effet, les solutions économiques et écologiques pour être enterré, par exemple, ne sont pas encouragées. Les cercueils en papier-carton sont agréés depuis 1998. Mais peu de gens le savent. Et les entreprises funéraires ne proposent pas aux familles des disparus ce type de matériaux sur lesquels les marges sont bien plus minces.


Modèle Fleur de pavot (AB Crémation)

Une politique d’obsèques à moindre coût économique et écologique est cependant possible.

D’abord en offrant aux familles un choix plus grand de cercueils. Un arrêté du 12 mai 1998 du ministère de la santé autorise l’utilisation d´un matériau complexe de papier pour la fabrication de cercueil. Son article 5 stipule que « les papiers composant les matériaux complexes sont en fibres recyclées sans chlore et sont assemblées avec des colles végétales ».

Peu de sociétés de pompes funèbres indiquent cette possibilité à leurs clients. Certaines y trouvent une opportunité pour se distinguer. Comme AB Crémation, située à Nîmes (Gard), qui a exposé au dernier Salon Funéraire Paris 09 des cercueils écologiques personnalisés en carton. La jeune société a été créée il y a deux ans par Brigitte Sabatier pour « faire progresser la notion d’environnement au sein de son métier. Ce cercueil permet d’offrir aux personnes décédées des obsèques en accord avec elles-mêmes : être présent avec le choix d’une personnalisation qui leur correspond, allié à la possibilité supplémentaire de faire un dernier geste pour l’environnement ».

Ce cercueil « 100 % écologique » est fabriqué en carton avec de la colle à base d’amidon de pommes de terre et de maïs. L’intérieur est capitonné de lin naturel. Il pèse 12kg, résiste à une charge de 200kg et retient la cinquantaine de litres d’acides aminés que le corps humain libère en se putréfiant. Il convient pour l’inhumation et la crémation avec un temps d’incinération de 90 minutes deux fois plus court que pour un cercueil en bois, par exemple.

Plusieurs modèles sont disponibles dont les deux que nous présentons dans cet article.

Aux Pompes funèbres générales (PGF), le groupe indique, selon l’AFP, qu’il « s´en tient au bois qu´il juge “plus respectueux” que le carton, mais propose aussi une gamme de “cercueils verts” : en bois majoritairement français et toujours écocertifiés, sans solvant ni colle de synthèse, doublés d´un capiton à base d´amidon de maïs ou de cellulose du pin, ils représentent 15% des ventes ».

 Emissions non filtrées

 Autre point sur lequel on devrait plus se soucier de l´environnement : la crémation.

Sur les quelque 130 crématoriums recensés, une poignée seulement est équipée de filtres pour éliminer les émissions toxiques de gaz (produits d´embaumement comme le formaldéhyde), de dioxines et de métaux lourds (plomb, mercure, etc.). La liste de ces sociétés peut être consultée ici.


Cercueil “Contraste”

« Actuellement, aucune valeur n’est fixée en France au niveau des rejets dans l’atmosphère pour les métaux lourds comme le mercure ou la présence de dioxines/furannes, explique Christine Delahaye, ingénieure chimiste. Le seul texte de référence en vigueur est le décret n° 98-209 du 18 décembre 1998 modifiant le 94-1117 du 20 décembre 1994 relatif aux prescriptions applicables aux crématoriums, lui-même complété par l’arrêté du 29 décembre 1994 relatif aux quantités maximales de polluants contenus dans les gaz rejetés à l’atmosphère. »

Christine Delahaye a mené une étude approfondie sur les pollutions engendrées par la crémation, à la demande de l’Adoc (Association pour les droits et obligations de crématoriums).

 Nos dernières émissions 

 En voici quelques chiffres :

– L’ensemble des crématoriums français rejette environ 230 kg de mercure dentaire par an (avec statistiquement 3 grammes d’amalgame par personne), soit 3% des rejets nationaux.

– Sur la base d’environ 140 000 crémations en 2007, les émissions de dioxines sont estimées à environ 0,728 grammes par an, soit 0,5 % des émissions totales de dioxines. La voie alimentaire est la principale voie d’exposition de l´homme aux dioxines. L’homme étant à la fin de la chaîne alimentaire, il y a une tendance à la bioaccumulation de dioxines dans le corps.

– Pour 2007, les crémations ont représenté une émission d’environ 18 tonnes de particules en suspension, soit environ 1,6 % des rejets totaux. Ces poussières sont issues de la combustion du cercueil, du corps et des vêtements.

La Direction générale de la santé a fait faire en 2006 une évaluation des risques sanitaires liés aux émissions canalisées du parc français de crématoriums. Cette étude a constaté la présence d’acide chlorhydrique, d’oxydes de soufre, d’oxydes d’azote et de composés organiques volatils.

 « Puissant lobby funéraire »

 Selon cette étude, « les concentrations dans l’air et les retombées atmosphériques des polluants émis par les crématoriums sont trop faibles pour conduire à l’apparition d’effets toxiques chroniques non cancérigènes et n’ont pas d’impact significatif en terme de cancers en France. Toutefois, une évolution de la réglementation est en cours d’étude ».

En attendant, comme il n’y a pas d’obligation nationale ni européenne à ce propos, les établissements de crémation font l’économie de 100 à 200 000 euros en n’installant pas d´équipements d´épuration des fumées.

Pour Michel Kawnik, fondateur et président de l´Association française d´information funéraire (AFIF), un organisme indépendant d´information du public, « le puissant lobby funéraire freine les évolutions et mène une politique d’obsèques à coût élevé, avec, par exemple, l’injection de produits formolés dans le corps du défunt, produits très polluants qui sont interdits interdits dans la quasi totalité des pays européens et facturés en plus aux familles ».

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