Quand la science rejoint le bon sens

Le public en sait souvent plus, ou au moins autant, que le savant, seulement il ne s’en rend pas compte. D’où son admiration parfois déférente face aux têtes bien remplies qui lui expliquent en détails ce qu’il sait lui-même déjà intuitivement…

Incroyable nouvelle diffusée dans les médias à la fin de cet été : le sport permet de mieux vivre et plus longtemps ! Il a fallu une étude longue de près de 20 ans pour arriver à ce constat stupéfiant. Les médecins de la faculté de médecine de Stanford (Californie) ont commencé à suivre 538 personnes de 50 ans et plus courant plusieurs fois par semaine en 1984, et fait des comparaisons avec un groupe témoin sédentaire de la même taille. Les sujets âgés qui courent de façon régulière depuis plusieurs années souffrent moins de handicap, ont une vie active plus longue et réduisent de 50 % leur risque de mourir plus tôt que ceux qui sont inactifs.

Le bon sens populaire avait compris depuis longtemps ce que nos têtes savantes parviennent à mettre en lumière avec force mesures et calculs : la mode du jogging n’avait pas attendu ces validations savantes pour s’en convaincre…

Au-delà de cette naïve évidence, la corroboration par les chiffres de cette vérité de bon sens apporte des précisions rassurantes : le jogging ne provoque pas à long terme de problèmes particuliers d’articulation.

On respire !

En France, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a réuni un groupe pluridisciplinaire d’experts afin de réaliser, selon la procédure d’expertise collective, une analyse des facteurs pouvant favoriser l’usage du sport. Ils ont étudié près de 2 000 articles pour conclure à l’intérêt de promouvoir l’activité physique pour tous en insistant sur ses bienfaits pour la santé. Extraordinaire révélation !

Et les experts n’ont pas failli à la tradition qui veut que toute étude scientifique se conclue par un appel à la continuation des travaux : « Des recherches sont cependant encore nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes  physiologiques en jeu dans les effets de l’activité physique sur la santé et pour optimiser son action préventive. Il est important également de prévoir l’évaluation des actions de promotion entreprises à l’échelle nationale ».

Autre banalité populaire : trop de protection nuit à la protection. À trop vouloir se prémunir des microbes, on risque de fragiliser notre organisme et notre système immunitaire. Désormais, ceux qui sont persuadés de cette vérité pourront exciper du savoir scientifique pour résister tant bien que mal aux pressions culpabilisantes et aliénantes de certains discours autoritaires qui voudraient nous aseptiser, nous et notre environnement.

Le programme Diabimmune se demande en effet si l´élimination de toutes les bactéries n´aurait pas pour effet d´affaiblir le système immunitaire de nos enfants. Les chercheurs sont partis de ce constat : on conseille souvent aux nouveaux parents de maintenir leurs nouveau-nés dans des environnements sans bactéries. La stérilisation des biberons et des tétines est préconisée. Il est recommandé de se laver les mains fréquemment. De nombreux savons et lingettes antibactériens sont commercialisés pour les enfants, les parents et les nourrices. D´autre part, la majorité des enfants sont vaccinés contre plusieurs maladies graves avant leurs trois ans.

Or, des études récentes ont montré que les enfants finlandais ont six fois plus de risque de contracter un diabète de type 1, et que leur taux de maladie cœliaque (une maladie auto-immune de l´intestin grêle) est cinq fois plus élevé que celui des enfants russes. Malgré cette prédominance, les deux nationalités ont un taux égal de variantes génétiques de l´antigène HLA (human leukocyte antigen), qui prédisposent ces enfants aux maladies auto-immunes.

« Les différences de fréquence de ces phénomènes auto-immuns et des réactions allergiques entre la Finlande et la République de Carélie en Russie ne peuvent pas résulter de causes génétiques. Les standards élevés et le style de vie associé semblent promouvoir le développement de maladies auto-immunes et de réactions allergiques », pense le professeur Mikael Knip de l´université d´Helsinki (Finlande), coordinateur du projet.

Soutenu par l´Union européenne à hauteur de 6 millions d´euros au titre du septième programme-cadre, ce travail rassemble des partenaires d´Estonie, de Finlande, d´Allemagne, des Pays-Bas et de Russie.

Julien Massenet

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