Arafat Excellence (Dakar) : « Nous avons pu éviter le piège de la récupération politique »

Assane Awe, coordinateur du Centre Arafat Excellence de Dakar (Sénégal) et agent de développement local, raconte les réalités et les perspectives de cette initiative originale qui fut lauréate du prix Harubuntu en 2009.


Assane Awe.
Photo : Frédéric
Remouchamps-Keops.

Depuis près d’une dizaine d’années, le Centre Arafat excellence, situé dans la commune du Grand Yoff de Dakar (Sénégal), dispense des cours aux élèves de la maternelle, du cours primaire et à ceux du 1er degré de l’enseignement secondaire, l’équivalent du collège en France. Dans cette commune où vit une population majoritairement pauvre, une synergie collective permet au dit centre d’intégrer certaines attentes des habitants du Grand Yoff dans ses initiatives, ce qui en fait un centre communautaire.

Ainsi lorsque ces élèves rentrent chez eux le soir, ce sont des adultes n’ayant pas eu la chance d’aller à l’école et occupés par diverses activités dans la journée qui prennent leur relais sur les bancs des classes pour des cours d’alphabétisation. Malgré l’âge, ceux-ci sont toujours mus par le désir de savoir lire et écrire. Assane Awe coordonne une équipe d’une trentaine de personnes. Il déclare notamment que le centre vit et fonctionne grâce aux habitants du Grand Yoff qui ont cru au projet : « Nous ne recevons aucune aide de la municipalité, ni de l’Etat sénégalais ».

Malgré que les politiques sénégalais répondent toujours aux abonnés absents, certains d’entre eux, ajoute Assane Awe, « ont tenté de faire une récupération politique de notre idée.  Nous avons su éviter cet piège en montrant à chaque camp que nous sommes apolitiques ». Mis à part les cours dispensés aux élèves et aux adultes, le centre, qui est ouvert tous les jours, forme des femmes de la commune dans le cadre d’activités de teinture et de savonnerie.

Lauréat Harubuntu

En décembre 2009 à Marrakech (Maroc), Assane Awe a reçu le trophée Harubuntu, en récompense du travail abattu par le centre durant toutes ces années. Près d’un an et demi après cette distinction, Assane Awe affirme que le centre a acquis une forte notoriété locale. Il a surtout développé un vaste réseau de partenariats, notamment dans le domaine de la santé avec les centres hospitaliers de la zone. Il a pu ainsi faire un don de plus de 1000 moustiquaires imprégnées, tout en participant à toutes les campagnes de vaccination et à la sensibilisation contre la tuberculose, le sida et le paludisme.

Sur le plan de l’enseignement, le centre est désormais lié avec le Collège Lucie Aubrac de Tourcoing (France), avec lequel des échanges pédagogiques se font par binômes. Ainsi les professeurs qui enseignent la même matière sont mis en relation et sont supervisés par les coordonnateurs de chacune des deux structures. Une correspondance scolaire a été mise en place entre les élèves, de même que l’édition d’un journal scolaire. Le 1er numéro vient d’être coédité par le centre sénégalais et le collège français.

Le Sénégal est un pays laïc, mais largement dominé par la religion musulmane. Assane Awe affirme que le climat est paisible entre ces personnes de différentes religions qui fréquentent le centre. Il espère grâce à cette bonne entente élargir le champ des activités communautaires du centre, en ouvrant des formations en couture (grâce à l’acquisition de machine) et en coiffure. Assane Awe envisage fortement que le centre puisse acquérir une propriété, car ses locaux actuels sont loués.

Et il conclut : « Notre réussite est celle de tout un groupe, mais aussi la réussite de chacun de nous. C’est ce qui fait notre force et notre fierté. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons l’habitude de dire qu’Arafat Excellence est une famille ».

 

Bénin : une laïcité affirmée devant Dieu et les mânes des ancêtres

La Constitution du Bénin stipule qu’il est un Etat laïc. Mis à part cet aspect juridique, les différentes religions, traditionnelles ou plus récentes, entretiennent des relations pacifiques. Et ne posent pas de “problème” particulier…


Mosquée Zongo à Cotonou. Photo : B. H.

Le Bénin est une ancienne colonie de la France. Le principe de la laïcité tel qu’indiqué dans la constitution béninoise s’apparente plus à un legs colonial qu’à autre chose. Car, la loi fondamentale actuellement en vigueur dispose en son article 35 que le président de la République, avant son entrée en fonction, prête un serment au cours duquel il doit déclarer notamment « devant Dieu, les mânes des ancêtres, la nation et devant le peuple béninois, seul détenteur de la souveraineté ».

Cette disposition constitutionnelle vient donc quelque peu contredire l’article 2 de cette même loi fondamentale qui indique que « la République du Bénin est (…) laïque ». Et selon l’article 156 de cette même loi fondamentale, « la forme républicaine et la laïcité de l’Etat ne peuvent faire l’objet d’une révision ». Au vu des 3 articles précités, les dispositions des articles 2 et 35 sont contradictoires. Aucune loi, ne vient compléter ces articles de la Constitution relative à la laïcité.

D’une certaine manière, les réalités socioculturelles du pays, notamment celles relatives à la religion, ont pris le pas sur l’idée de base de la laïcité. De ce fait, les autorités, à divers niveaux du pays dans leurs discours officiels et autres interventions publiques, font régulièrement référence à Dieu. L’une des conséquences est que la religion n’appartient pas uniquement à la sphère privée, car les pratiques religieuses ou la croyance en un être suprême sont un fait tangible et profondément ancré dans la vie du pays.

Seulement 441.628 béninois déclaraient en 2002 n’avoir aucune religion, sur une population estimée à 6.769.914 habitants. Selon d’autres données remontant à la même époque, les religions chrétiennes, l’islam et les religions traditionnelles représentaient respectivement 42.7%, 24.4 % et 23.3% de la population.

Salles de cinéma transformées en lieux de culte

 Au Bénin, il est courant de voir une mosquée construite entre deux maisons, ou une église installée dans une habitation qui a été louée afin de servir lors de la célébration de la messe. A Cotonou, la capitale économique du pays, les salles de cinéma sont se transformées au fil des années en lieux de culte les dimanches. Dans les services et lieux publics, les messages à connotation religieuse font partie du décor, de même que les signes distinctifs portés par telle ou telle personne afin d’affirmer clairement sa conviction religieuse. Chaque année, plusieurs journées sont fériées à l’occasion des différentes fêtes religieuses afin de permettre aux fidèles de toutes les religions de célébrer ces réjouissances.

Dans l’éducation nationale, les établissements scolaires confessionnels côtoient ceux gérés par l’Etat. Fondé en 1951, le complexe scolaire protestant de Cotonou accueille des élèves de toutes les confessions religieuses, nous confie Gabriel Ganhoutodé, l’un de ses directeurs. Il ajoute que « les élèves reçoivent une éthique confessionnelle devant les former sur le plan académique, afin d’en faire des hommes complets, harmonieux et capables de respecter les lois. »

Il déclare également qu’il y a « un cours d’éducation religieuse civique (Erc), suivi par tous les élèves. C’est une synthèse qui présente toutes les formes de religions. Je suis très heureux de voir des musulmans aller au temple avec nous et réciter le Notre Père, une prière chrétienne. Le musulman peut se reconnaître à travers les paroles de la dite prière ». Il ne nie pas quelques accrocs, mais affirme que « leurs élèves non protestants peuvent s’abstenir d’aller au temple s’ils le veulent ». Dans le paysage médiatique béninois, l’église catholique et l’islam disposent chacun d’une radio. Quant à la télévision nationale, elle consacre particulièrement les dimanches matins une heure de son programme aux principales religions. La presse écrite n’est pas en reste.

C’est notamment le journal La Croix du Bénin, fondé en 1946, qui anime ce registre un peu particulier.

Interview

« Nous refusons l’aide de l’Etat à la presse pour marquer notre indépendance »

L’abbé André Quenum, directeur de publication de La Croix du Bénin, parle de son travail au sein de l’hebdomadaire et des perspectives pour les chrétiens catholiques béninois.

Comment La Croix du Bénin joue, en tant que journal proche de l’église catholique, la partition qui est la sienne dans notre Etat laïc ?

André Quenum : Ce n’est pas un journal proche de l’église catholique, c’est un journal qui appartient à l’église catholique. Le premier devoir que nous avons, c’est d’être professionnels. C’est pourquoi,  nous avons une équipe de professionnels qui essaye d’honorer le métier de journaliste. Et notre deuxième devoir est d’annoncer l’évangile, de former et d’informer les chrétiens. Nous faisons tout pour donner au citoyen une information de qualité sur les questions de société. Nous analysons les évènements en apportant selon les valeurs de l’évangile ce qu’il faut pour que le citoyen ait une lecture un peu plus équilibrée.

La première condition, pour nous, c’est de n’être inféodé à aucune force politique. Nous défendons et cultivons notre indépendance et notre liberté, car  nous estimons que nous avons le devoir et la capacité d’être assez critique. Nous exprimons un visage un peu particulier dans le paysage médiatique du Bénin, étant donné que c’est difficile pour certains médias d’être indépendants. Nos sources de financement sont connues. Nous ne prenons même pas l’aide de l’Etat à la presse, afin de marquer notre indépendance. Nous avons une imprimerie qui effectue différents travaux, dont les fonds nous permettent de supporter les frais d’impressions du journal. Notre service commercial décroche aussi des contrats de publicité en bonne et due forme. Une petite partie de nos revenus vient des abonnements et de la vente du journal. Donc nous n’avons pas de grands moyens, mais nous tenons à contribuer à la construction de la cité dans laquelle nous sommes, et à éduquer la conscience des chrétiens.

Cette année, l’église catholique célèbre 150 ans d’évangélisation au Bénin. Comment voyez-vous l’avenir?

Les perspectives qui s’offrent aux chrétiens catholiques du Bénin entrent à la fois dans le fait que nous célébrons ces 150 ans d’évangélisation, mais aussi à travers la visite du pape Benoît XVI  en novembre prochain au Bénin. Mais il ne vient pas uniquement pour le compte du Bénin, mais pour celui de toute l’église d’Afrique. Car à l’occasion de sa venue ici, il rencontrera les représentants des conférences épiscopales de tout le Continent. Il donnera à l’église d’Afrique son exhortation, qui vient juste après le synode sur l’église d’Afrique en octobre 2009. Le thème de ce message est « l’église d’Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix ». La réconciliation, c’est accepter de se parler, dépasser les conflits et par la force de la grâce, accepter de donner à l’autre ce qui est mien. Mais cela ne suffit pas, il y a aussi la justice, qui doit être plus forte et indépendante dans nos sociétés, c’est très important pour l’Etat de droit. On ne peut pas clamer tout le temps, « pardonnez-les ».  Le chrétien pardonne tout le temps, mais s’il n’y a pas la justice, humainement parlant, il sera difficile de continuer à pardonner.

Bénin : la tradition de la « fête du Vodoun »

Comme chaque année depuis 15 ans, le Bénin a célébré la « fête du Vodoun » (ou vaudou), qui est là-bas la fête des religions traditionnelles. Elle suscite toujours une forte mobilisation de ses adeptes.


Réjouissances traditionnelles à Cotonou.
Photo : Bernado Houenoussi.

Quinze ans après sa naissance, la fête des religions traditionnelles est toujours célébrée. Mise en oeuvre officiellement pour la première fois le 10 janvier 1996, l’initiative venait de Nicéphore Soglo, alors chef de l’Etat. Une loi votée au parlement en 1997 stipule que le 10 janvier est désormais férié.

Les réjouissances entrant dans le cadre de la célébration de la journée du 10 janvier au Bénin sont entre autre désignées sous l’appellation de fête du Vodoun ou des religions endogènes ou traditionnelles. Le Vodoun, regroupe plusieurs divinités, comme le Vodoun Sakpata, le Vodoun Cocou et le Fâ.

Les adeptes du Vodoun sont appelés Vodounsi. Ce sont des personnes vouées au culte d’un Vodoun après son initiation aux rites, aux danses, aux chants et à la langue propre à un Vodoun, dans un enclos Vodoun.

Contrairement à la religion catholique par exemple, dont le chef est le Pape, le culte Vodoun au Bénin n’a pas de chef attitré. Au sein de chaque divinité du Vodoun, il y a des dignitaires : le Vodounnon, gardien d’un Vodoun, ou Hounnon, chef d’un culte ou d’une divinité vodoun. Les hounnons de toutes les divinités Vodoun se sont regroupés au sein d’un cadre de concertation des religions endogènes. C’est l’interface officielle entre eux et l’Etat qui alloue chaque année des fonds, qui servent à l’organisation des manifestations officielles entrant dans le cadre de la fête du 10 janvier.

Des poulets et des moutons sont immolés

Outre les manifestations officielles organisées par les pouvoirs publics en accord avec les dignitaires des religions traditionnelles, des libations. Des poulets et des moutons sont immolés. Des cérémonies rituelles de chants et de danses sont dédiées aux différentes divinités dans les temples, les couvents d’hommes et de femmes supervisés par des religieux Vodoun et sur les places publiques. Des prières pour la paix sont dites.

Selon le dernier recensement général de la population (2002) et sur une population estimée à 6.769.914 habitants, les adeptes des religions traditionnelles représentent 23.3%, soit 1.577.657 personnes. Ils viennent en 3ème position derrière les catholiques et les musulmans, qui représentent respectivement 27.1% et 24.4 % de la population. En 1992, la religion traditionnelle était la plus répandue au Bénin (Le recensement de 1992 estimait la proportion des adeptes du Vodoun à 35% de la population, soit 1.725.877 personnes). Distancée par les religions dites importées, les cultes traditionnels semblent traverser une crise socioculturelle ou identitaire. Mais les religions traditionnelles restent très présentes dans les zones rurales.

Coexistence pacifique entre les différentes religions

Comme dans toutes les autres religions au Bénin, la femme domine en nombre dans le Vodoun. Sans doute parce qu’elle est la gardienne de la tradition religieuse. C’est elle qui est souvent désignée pour diriger les différents rites cérémoniels, même si de façon paradoxale elle n’intervient pas lors de la prise des décisions importantes.

La coexistence entre les différentes religions au Bénin est pacifique. Mais, le Vodoun est régulièrement diabolisé par certains fidèles des autres religions. C’est pourquoi les dignitaires du Vodoun s’échinent à clarifier ce qu’est le Vodoun, afin d’éviter les amalgames dont leur culte est l’objet. Ils s’efforcent donc d’en mettre en avant l’utilité et les bienfaits. Ils expliquent également le rôle, la spécificité et la signification de chaque divinité, et ce au-delà des démonstrations et des danses. Mais bien que cette religion soit vouée aux gémonies, il est courant que le fidèle d’une des religions importées aille consulter le Fâ, une autre divinité du Vaudoun, dont la particularité est de prédire l’avenir.

>> Voir également l´interview de David Koffi Aza, professeur de fâ.

Comment des escrocs béninois profitent des clichés sur l´Afrique

Dieudonné Sedjro Eclou, sociologue exerçant à Cotonou (Bénin), montre en quoi les clichés sur les Africains constituent un terrain fertile à l’éclosion de la cybercriminalité.

Depuis deux à trois ans, on remarque que certains internautes fréquentent les cybercafés à longueur de journée dans le but de faire de l’arnaque en ligne. Quelle analyse pouvez-vous en faire ?


Dieudonné Sedjro Eclou.

Je ne connais pas les proportions de l’arnaque en ligne, pour dire qu’effectivement, elle connait une recrudescence. Mais il est aisé de remarquer que, l’internet fait partie des moyens qui ont permis de banaliser l’arnaque, l’escroquerie en général, pour en donner des proportions et des formes qu’on ne connaissait pas avant. L’arnaque en ligne est donc à la portée, aussi bien des jeunes que des adultes. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (Ntic) sont symptomatiques de la situation que vivent le Bénin et plus globalement les pays en voie de développement ou du Sud par rapport à l’internet. Ce sont là des moyens de communication sur lesquels nous n’avons ni prise ni contrôle. Malheureusement, on n’a pas le choix, on est obligé de les utiliser. Embarqués dans une dynamique, nous avons du mal à contrôler et à endiguer certains aspects négatifs qui en découlent.

Et parmi ces arnaqueurs, il y a des élèves et étudiants entre autres…

Ils sont, non pas à raison, mais de façon justifiée des arnaqueurs. Nous sommes dans un environnement majoritairement analphabète. Il ne faut pas donc s’attendre à ce que ce soit, la personne qui n’a jamais été à l’école qui soit nécessairement l’arnaqueur sur internet. Il est nécessaire d’avoir un minimum de pré-requis et d’être habitué à l’usage de l’Internet. De ce point de vue, cette forme de déviance, malheureusement, est réservée à une classe.

Arnaque sur le web : un député suisse séquestré

Un parlementaire suisse, Gabriel Poncet, victime d’une cybercriminalité et pris en otage le 19 février par ses ravisseurs, a été libéré par la gendarmerie togolaise après 48 heures de détention dans une banlieue de Lomé. Deux Béninois, en fuite, faisaient partie des malfaiteurs.

Mais il faut remarquer aussi que les élèves et étudiants vont beaucoup plus sur Internet  pour faire des recherches sur les cours qu’ils reçoivent à l’école, au collège ou à l’université. Il n’y a pas de bibliothèques et il y a énormément de choses qu’il faut acquérir par soi-même. Donc, les élèves ou étudiants sont plus présents dans les cybers café que dans leurs maisons ou dans leurs salles d’études. Bien évidemment cette présence, n’est que le prolongement de l’école. Tous les élèves qui vont aux cybers ne sont pas forcément des escrocs. Mais, en allant aux cybers, ils sont plus exposés à l’arnaque en ligne. Et c’est là qu’ils découvrent ceux qui font le plus l’arnaque en ligne, c’est-à-dire des adultes. Il y a une proximité de fait, que les élèves et autres subissent. Naturellement, j’imagine qu’il y a un apprentissage en douce qui se fait dans ce contexte. Il y a une prédisposition du contexte  à la chose.

Mais, ce n’est pas seulement ceux qui escroquent qui sont en faute, mais aussi il y a des gens qui sont vulnérables, c´est-à-dire les victimes. Et d’une certaine manière, c’est à cause d’eux que le phénomène prospère.

Et qu’en est-il alors de ces victimes ?

Tout le monde sait que ce sont principalement des Occidentaux qui sont les victimes de ces arnaqueurs. Ces gens pensent dans leurs représentations de l’Afrique ou de l’Africain que ce qui est possible en Occident l’est déjà en Afrique. De façon très idéale, ils pensent que comme le e-commerce est entré dans les mœurs là-bas, cela devrait être pareil ici aussi. Mais là c’est une vue assez angélique des choses : ils croient à tout ce qui leur est proposé. Le contexte dans lequel le client ou la victime se trouve le rend vulnérable.

Mais il est aussi dans une hypothèse pessimiste : sa représentation est qu’en Afrique, il y a suffisamment de corruption et donc beaucoup d’opportunités d’affaires et qu’on peut acquérir, par exemple, des propriétés ici. Ils sont plus disposés à croire quelqu’un et à des histoires montées de toutes pièces. Par exemple, un arnaqueur qui affirme que son défunt père possédait des palais et qu’il souhaite les vendre. Il demande donc une certaine somme d’argent pour faire certaines démarches administratives. Et dès qu’il en aura fini avec ces démarches, il vendra le soi-disant palais en question. Cette représentation de l’Afrique est telle que les gens sont portés à croire ce qui n’est pas possible sous leurs propres cieux.

Par exemple, que quelqu’un veuille vendre le Stade de l’Amitié (ndlr : le plus grand stade du Bénin géré par une entreprise publique) en présentant cela comme un patrimoine personnel. Les victimes de ces arnaqueurs sont plus tentés de les croire, parce qu’ils se disent que dans une zone comme l’Afrique ou le Bénin, des individus peuvent avoir des propriétés immenses de ce genre. Ce qui du reste, entre parenthèses, peut être vrai ! alors que cela ne court pas les rues en Occident. Vous ne pouvez pas être propriétaire d’un immeuble du standing d’une Habitation à loyer modéré (Hlm) ou autre, si franchement vous n’êtes pas héritier. Et même là, c’est beaucoup plus compliqué en Europe. Mais sous le bénéfice qu’il y a tellement de désordre et de prévarication en Afrique, ils sont donc  plus disposés à croire le discours que tient l’escroc. Sachant que tout ceci s’accompagne de façon endogène d’une certaine préparation. C´est-à-dire que les arnaqueurs prennent des dispositions occultes pour mieux conditionner leurs futures victimes…

Voitures d’occasion importées : manne pour l’Etat, mauvais coup pour l’environnement

Depuis les années 90, des dizaines de milliers de véhicules de seconde main, en provenance des ports européens et américains, débarquent sur le port de Cotonou (Bénin). Au passage, l’Etat béninois engrange des millions d’euros par le biais de taxes. Au détriment, selon certains, de l’environnement.


Voitures d´occasion européennes et américaines débarquées au Bénin. Photo : B. Houenoussi

Ces véhicules qui entrent sur le territoire béninois depuis plus d’une décennie sont connus sous le vocable de « venus de France », parce que les premières voitures importées venaient du port de Marseille. Mais aujourd’hui, les importateurs béninois se sont tournés également vers d’autres pays. Les Etats-Unis, l’Allemagne et la Belgique sont ainsi entrés dans la danse. Ces voitures, après plusieurs années d’usage sur les routes européennes et américaines, sont retirés de la circulation puis convoyés vers l’Afrique et notamment le Bénin.

En moyenne entre 15.000 et 18.000 véhicules par mois arrivent au port de Cotonou. Ils sont soit destinés à une utilisation sur le marché local, ou en transit vers les pays voisins du Bénin, tels que le Nigéria et le Niger. C’est ainsi que de juillet 2007 à décembre 2008, par exemple, 62.621 véhicules ont été convoyés vers le Niger et ont permis au trésor public d’engranger 5.165.250.000 FCFA (7,9 M€).

En ce début de matinée, nous sommes au port de Cotonou en compagnie de Kabirou, importateur depuis 15 ans de véhicules d’occasions. L’un des nombreux navires qui mouille au port ce jour-là doit débarquer des centaines de véhicules. Notre homme attend de récupérer une quarantaine de ces voitures, qu’il a payées grâce à un de ses contacts en France. Après les diverses formalités douanières et policières du bateau, des chauffeurs choisis par Kabirou, entrent dans le navire pour conduire les voitures vers le Parc tampon unique (Ptu), un vaste parking de dédouanement aménagé spécialement pour ces véhicules, à quelques encablures de l’enceinte portuaire.

Les voitures seront dirigées vers l’un des parcs de vente en fin de journée. Si les voitures sont en transit vers les pays voisins, elles sont conduites vers des parcs d’escorte. Ces deux types de parcs sont installés à Sémè Kpodji, une ville située à l’est de Cotonou, sur la route menant à Porto-Novo, la capitale politique. Sémè Kpodji ressemble à un énorme dépotoir de véhicules. Les parcs de vente y ont pullulé en l’espace de quelques années. Ils appartiennent pour la plupart à des privés. Des centaines de voitures y sont garées et attendent les futurs acheteurs.

Les parcs d’escorte sont gérés par la douane béninoise qui accompagne les chauffeurs retenus par l’importateur pour le transfert des voitures. La douane veille également à ce que ces véhicules en transit quittent effectivement le territoire béninois, afin de contrecarrer d’éventuelles fraudes.

Un problème environnemental

Toussaint Hinvi, président du parti des Verts au Bénin, déclarait en juin 2009 au magazine Béninmag, que le Bénin commercialise plutôt, selon les critères de la convention de Bâle, « des déchets ». Cette convention, mais aussi d’autres allant dans le même sens, ont été conclues pour éviter que les pays du sud ne soient transformés en dépotoir.

Mais l’Etat béninois ne semble pas être très regardant sur ce point. Le Nigéria par exemple, n’accepte pas sur son sol l’entrée d’un véhicule en circulation depuis plus de 8 ans. Pour le gouvernement béninois, le revenu de ces taxes sert à financer officiellement des programmes sociaux à destination des couches les plus démunies de la population. Si cette filière disparaissait, ce sont des milliers de personnes qui travaillent dans ce secteur qui en partiraient.

Toujours dans cette même déclaration, Toussaint Hinvi ajoutait que « certains des véhicules importés au Bénin sont vieux de plus de vingt ans. Les pièces remplacées sur ces véhicules sont jetées en vrac dans la nature et posent de sérieux problèmes à l’environnement. Même des matières à base d’amiante sont jetées dans la nature. Les mêmes véhicules sont envoyés, bourrés d’objets usagers, que sont des appareils électroménagers, des vêtements, produits chimiques et irradiants. Autant d’objets dont ne veulent plus leurs propriétaires qui s’en débarrassent afin d’éviter de payer la taxe pour le recyclage des déchets de consommation. L’environnement naturel au Bénin doit payer un lourd tribut ».

Les appareils électroménagers et les vêtements trouvés dans les voitures alimentent une filière de récupération distincte de celle des voitures, car ils sont revendus sur le marché béninois. Le vrai danger pour l´environnement, outre la pollution engendrée par des voitures hors normes, concerne les produits chimiques ou irradiants, qui sont dangereux.

Les motos-taxis zémidjans pallient le déficit du transport public

A Cotonou, la capitale économique du Bénin, les quelques 100 000 à 150 000 motos-taxis, communément appelés zémidjans (« Emmène-moi vite » en langue du sud du Bénin), comblent au pied levé depuis plus d’une vingtaine d’années l’absence de bus pour assurer le transport public.


Des zémidjans arrêtés à un feu tricolore à Cotonou.
Photo : B. Houenoussi.

Il est 7h 30 minutes du matin. A Cotonou (Bénin), et comme c’est le cas tous les jours de la semaine, les moto-taxis circulent déjà et recherchent un client. Nous sommes en compagnie de Pascal, un homme de taille moyenne, âgé de 29 ans. Il porte une chemise jaune, la tenue des conducteurs de taxi-moto de la ville. Il a achevé il y a 9 ans une formation en menuiserie qui a duré 5 ans. Mais depuis 4 ans, il a dû se résoudre à se muer en conducteur de taxi-moto. « Les commandes de mes clients se font rares, j’ai une compagne et je suis père deux enfants », nous explique-t-il. Comme lui, et ce depuis les années 80, des milliers d’autres personnes se sont transformées en Zémidjans (aussi appelés zems) à cause des difficultés pour survivre.

La conjoncture économique du pays à ce moment là n’était guère reluisante. Le  gouvernement au pouvoir, essoufflé par la crise économique, avait suspendu les recrutements dans la fonction publique. Les étudiants sortis de l’université se retrouvaient sur le carreau vu que l’Etat était le principal pourvoyeur d’emplois. Après, le Fonds monétaire international (FMI), avec le Programme d’ajustement structurel (Pas), a donné l’estocade finale.


Un zémidjan portant une tenue en guise de soutien
au président actuel.
Photo : B. H.

Mais le métier s’est développé dans les autres villes du pays, malgré les problèmes de santé publique qui en découlent. Dans ces cités, ces conducteurs ont leurs propres tenues de travail. Ceux d’Allada, une ville située à une dizaine de kilomètres de Cotonou, portent une chemise de couleur verte.

Les zémidjans sont utiles pour le transport d’un bout à l’autre dans les villes béninoises. Mais ils sont aussi récupérés par les hommes politiques pour faire leur promotion et par des entreprises pour faire la publicité de leurs produits.

Pour lutter contre la pollution de l’air à Cotonou, le ministère béninois de l’environnement et de la protection de la nature a mis sur pied le projet « Zéco-4 » dont le lancement officiel a eu lieu le 13 avril 2010. Cofinancé par l’Agence française de développement (Afd) et le Fonds français pour l’environnement mondial (Ffem), le projet vise à remplacer les motos deux roues à deux temps par des motos deux roues à quatre temps. Celles-ci ont l’avantage d’être moins polluantes, la pollution étant avec l’apparition de des zémidjans, l’une des plaies de la ville de Cotonou, qui compte aujourd’hui un peu plus d’un million d’habitants. Le transport public, quant à lui fait toujours défaut.


Moto 2 temps.

Moto 4 temps.

Interview

Ouro-Djeri Imorou, directeur général adjoint de l’environnement

A la découverte du programme « Zéco-4 »

Au ministère de l’environnement, le projet est piloté par la direction générale de l’environnement. C’est Ouro-Djeri Imorou chercheur en sciences environnementales, directeur général adjoint de l’environnement et chargé du projet qui nous reçoit.

– Six mois après le lancement du « Zéco-4 », est-ce que les objectifs spécifiques fixés pour ce projet ont été atteints ?

– Ces objectifs ne sont pas encore pleinement atteints. Le projet a connu des phases qui ont été jalonnées de quelques difficultés. Il y a eu au départ une certaine réticence à laquelle s’est mêlée de l’intoxication. L’objectif quantitatif est d’atteindre 10 000 motos-taxis dans la ville de Cotonou. Aujourd’hui nous sommes proche de la centaine. Il faut rappeler que l’adhésion au projet est un acte volontaire. Nous sommes un peu loin de l’objectif quantitatif, mais chaque jour, nous avons des conducteurs de taxis-motos qui remplissent les conditions pour adhérer au projet. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter, nous sommes optimistes. 

– Cette mesure concerne-t-elle uniquement les zémidjans ?

– Le groupe cible du projet regroupe les zémidjans. C’est d’abord eux, parce que qu’ils assurent 75% du transport urbain. Ce sont surtout ceux qui utilisent les motos deux roues, deux temps. Celles-ci fonctionnent avec un surdosage d’huile et d’essence. Ces zémidjans s’occupent très peu du de la maintenance de leurs motos. Plus tard, nous verrons comment nous pourrons élargir le projet à d’autres groupes cibles.

– Si le zémidjan vient volontairement, quelles conditions doit-il remplir pour  pourvoir bénéficier du Zéco-4 ?

– Il faut deux conditions principales. La condition première est qu’il soit enregistré à la municipalité de Cotonou et qu’il se soit acquitté de la taxe annuelle, appelé « Droit Taxi », qui s’élève à 5 100 Fcfa (7€). C’est une condition forte indispensable pour que nous acceptions son dossier. La seconde condition est qu’il soit le propriétaire de la moto deux roues, à deux temps, qu’il utilise pour son activité.

– Et l’étape suivante ?

– Il bénéficie d’une prime qui s’élève à 200 000 Fcfa (304 €). Cette  somme comprend, une prime à la casse de 160 000 Fcfa (243 €), une formation pour l’obtention d’un permis de conduire A2 évaluée à 21 000 Fcfa (32 €), s’il n’est pas titulaire de cette pièce. Le reste, soit 19 000 Fcfa (28 €) est réservé pour qu’il souscrive à une assurance responsabilité civile d’un an. Mais s’il a un permis de conduire A2, les fonds réservés pour sa formation s’ajoutent à la somme allouée pour sa prime à la casse.

– Il est prévu des actions de formation professionnelles en direction des mécaniciens qui seront chargés de la maintenance de ces motos à quatre temps. Ces actions sont-elles déjà effectives ?

– Cette phase n’est pas encore amorcée, mais une mesure est prise en amont. Nous avons demandé aux concessionnaires des motos qu’ils donnent aux conducteurs éligibles au projet des notions en matière de maintenance des motos. Le problème des zémidjans est qu’ils n’ont pas la culture de la maintenance. Selon les études que nous avons réalisées, un zémidjan circule entre 12 heures et 16 heures par jour. Il faut laisser un répit de quelques heures à la moto, après tout ce temps passé dans la circulation. Il faut faire de façon régulière la vidange et régler d’autres paramètres mécaniques. Nous voulons inculquer dans la conscience collective des zémidjans une culture de l’entretien de leurs véhicules. Pour en revenir aux actions de formation professionnelle en direction des mécaniciens, dès qu’elles seront concrètes, ces mécaniciens de proximité seront positionnés par rapport aux aires de stationnement des zémidjans. Ces derniers pourront donc aller vers eux pour la maintenance de leurs motos.

Bénin : Quand l’escroquerie plombe le commerce en ligne

Au Bénin, rencontre avec l’arnaque en ligne, une pratique qui gagne du terrain.

En ce début de journée ensoleillé, nous voici dans le 8ème arrondissement de Cotonou, la capitale économique du Bénin (Afrique de l’ouest). Nous sommes dans l’un des cybercafés les plus prisés de ce coin de la ville. Cet établissement compte une trentaine d’ordinateurs plus ou moins en bon état. Tous à cette heure sont occupés par des hommes âgés d’une vingtaine d’années, eux-mêmes occupés à travailler. L’ambiance est bonne, et ils se chahutent joyeusement.


Dans un cybercafé de Cotonou.
Photo: Bernado Houenoussi.

Nous voici à côté de Thibaut, qui nous confie être âgé de 28 ans. Il gère le cybercafé. Après quelques échanges, il nous indique Ghislain, un jeune homme âgé de 21 ans. Comme la quasi-totalité des personnes présentes ce jour-là et qui sont des habituées du lieu, il poste des fausses  annonces de vente de divers objets sur des sites européens. « Si vous voulez avoir des informations sur leur mode opératoire, Ghislain pourra tout vous dire », nous dit-il. Et d’ajouter : « Parmi tous ceux qui fréquentent ce cyber,  c’est l’un des seuls qui  n’aura pas  froid aux yeux pour vous dire qu’il fait de l’arnaque en ligne ».

Effectivement, Ghislain se prête volontiers à l’exercice. « Je viens de mettre quelques annonces en ligne », déclare-t-il. Nous sortons avec lui.

Un procédé bien ficelé

Le procédé est bien ficelé. D’abord, l’escroc poste une annonce de vente sur un des nombreux sites spécialisés. Ces sites sont notamment leboncoin.fr et topannonces.fr. Les objets à vendre varient souvent entre, notamment, des animaux (oiseaux, chiots, etc.), mais surtout des voitures. Il met comme adresse e-mail une créée de toute pièce avec un faux nom.

Comment le Bénin lutte contre la cybercriminalité

Nous avons interrogé Assani Latifou, commissaire adjoint de la Brigade économique et financière (Bef), rattachée à la direction de la police judiciaire, à Cotonou. Cette cellule est composée de deux équipes : l’une est composée d’ingénieurs informaticiens et d’analystes programmeurs ; l’autre est chargée des enquêtes (cyberpatrouilles).
– Avez-vous des chiffres pour mesurer l’ampleur de ce délit ?
– Entre 2006 et 2007, plus de 605 cas d’escroquerie et d’arnaques, de faux et usages de faux, de retraits frauduleux et autres délits économiques, réalisé par supports informatiques, ont été recensés par la Bef. Plus de 300 victimes résidant à l’étranger ont été enregistrées. Il s’agit notamment de Français, de Suisses, de Danois. Du 01 janvier 2008 au 30 septembre 2009, 240 plaintes ont été enregistrées, 88 dossiers ont été instruits et plus de 92 personnes ont été déférées devant le parquet. Il s’agit notamment des Nigérians, mais également de Béninois de de 18 à 35 ans, qui sont des élèves, des étudiants et des personnes au chômage.
– Quelles sont les dispositions de la législation béninoise concernant ce type de délit ?
– Un projet de loi est actuellement sur la table des députés à l’Assemblée nationale. D’ores et déjà, l’article 405 du code pénal prévoit, entre autres, une peine allant d’un an à dix ans de prison.

Rares sont ceux qui postent une seule annonce, ils en font plusieurs et sur divers objets. Et, à chaque fois, ils s’arrangent pour donner différentes adresses e-mail avec les annonces. L’essentiel pour eux étant que l’annonce tape dans l’œil d’un internaute habitué du site web… et de préférence un Occidental. Dès que l’acheteur potentiel les contacte par e-mail, ils lui proposent un contact téléphonique, après lui avoir donné tous les détails que celui-ci exige sur l’objet proposé. Pour l’appâter davantage, les arnaqueurs se procurent des cartes SIM d’opérateurs téléphoniques de la France, qu’ils utilisent par le système du roaming [faculté de pouvoir appeler ou être appelé quelle que soit sa position géographique, ndlr].

Appel aux forces occultes

L’acheteur croit ainsi que ses interlocuteurs sont en France. Si l’objet de la vente est une voiture, par exemple, ils s’arrangent pour avoir toutes les pièces (papiers administratifs) du véhicule qui sont évidemment des fausses. Eux qui évoluent aussi bien en solo qu’en groupes de plusieurs personnes envoient les pièces du véhicule à l’acheteur potentiel. Ils créent même des sociétés bidons en prétendant en être des représentants. Si le « client », malgré toutes ces « assurances », ne cède pas, ils font monter les enchères et font entrer dans la négociation un autre acheteur potentiel, mais fictif et qui serait lui aussi intéressé.

Si la vente ne se concrétise toujours pas, appel est fait aux forces occultes en se payant les services d’un charlatan. Celui-ci a pour mission de faire céder l’acheteur. Après diverses cérémonies occultes, le charlatan demande aux arnaqueurs d’appeler le ou les acheteurs potentiels. Ceux-ci prononcent des formules incantatoires avant le coup de fil et, par « magie », la réticence du « client » fait désormais partie du passé…

Des dispositions pratiques

Les sommes engrangées varient de la centaine à plusieurs milliers d’euros. Les arnaqueurs entrent en possession de la manne par des agences de transfert d’argent qui ont pignon sur rue. Pour s’éviter tout ennui ou retard dans la réception des fonds, ils mettent en place une certaine collaboration avec des agents de ces services cités plus haut. Ceux-ci les contactent dès que l’argent est disponible. Ils se font, à la clé, des « commissions ».

Les Nigérians ont été les pionniers au Bénin de cette pratique. Mais certains Béninois suivent de plus en plus leur exemple et deviennent de parfaits apprentis. Ces arnaqueurs disparaissent dans la nature dès qu’ils entrent en possession de l’argent et, quand le ou les acheteurs potentiels se rendent compte du pot-au rose, ils ne peuvent plus rien faire. Certains de ces arnaqueurs, dès qu’ils reçoivent l’argent, prennent chez eux tout le matériel nécessaire pour avoir la connexion internet. Ils restent donc à domicile pour faire leurs coups et ne fréquentent plus les cybers. D’autres y sont toujours abonnés.

>> Fraude sur Internet : les pièges à éviter. Une brochure du Centre européen des consommateurs.

* Rédacteur en chef du bi-hebdo Le Mutateur (Bénin).