La méditation, rempart contre la douleur ou la dépression

Une nouvelle étude de l´Université de Montréal (Québec) montre que les adeptes de la méditation zen pensent moins à la douleur. De même, la “pleine conscience” (qui allie psychothérapie cognitive et méditation) s´est avérée « légèrement plus efficace que les médicaments antidépresseurs » pour la prévention de la rechute de dépression.

La méditation zen présente de nombreux bénéfices pour la santé, dont celle d´atténuer la sensibilité à la douleur.

Selon les résultats d´une étude menée à l´Université de Montréal, si les adeptes de la méditation ressentent bel et bien la douleur, ils y pensent cependant beaucoup moins que leurs autres.

Les résultats de cette étude, publiés dans le numéro de janvier 2011 de Pain, pourraient avoir des retombées sur la prise en charge de la douleur chronique occasionnée par exemple par l´arthrite, les maux de dos ou le cancer.

« Nos recherches antérieures ont montré que les adeptes de la méditation zen ont une moins grande sensibilité à la douleur. L´objectif de cette étude était de déterminer comment ils y parvenaient, explique Pierre Rainville, directeur de cette étude et chercheur à l´Université de Montréal et à l´Institut universitaire de gériatrie de Montréal. Grâce à l´imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, nous avons démontré que même si les adeptes de la méditation ont conscience de la douleur, cette sensation n´est pas traitée dans la zone du cerveau responsable de l´évaluation, du raisonnement ou de la formation de la mémoire. Nous pensons qu´ils ressentent bel et bien les sensations douloureuses, mais qu´ils abrègent le processus en s´empêchant d´interpréter ou d´étiqueter les différents stimuli comme douloureux. »

Entraîner le cerveau


Crédit photo : Brian Ulrich.

Pierre Rainville et ses collègues ont comparé la réponse à des stimuli douloureux d´origine thermique de 13 adeptes de la méditation zen à celle de 13 autres sujets ne pratiquant pas la méditation. Leur perception respective de la douleur a été mesurée et comparée avec les données recueillies par lRM fonctionnel.

Dans l’étude en question, les adeptes les plus expérimentés de la méditation zen ont présenté des réponses plus basses à la douleur et une diminution de l´activité cérébrale dans les zones du cerveau responsables de la cognition, de l´émotion et de la mémoire (à savoir le cortex préfrontal, l´amygdale et l´hippocampe). Les chercheurs ont également observé une diminution de la communication entre la zone du cerveau qui ressent la douleur et le cortex préfrontal.

« Nos résultats ouvrent de nouvelles perspectives sur le fonctionnement du cerveau, explique Joshua Grant, auteur principal de l´étude et doctorant à l´Université de Montréal. Ces résultats remettent en question les concepts actuels du contrôle mental, censé s´obtenir par un effort ou une activité cognitive croissante. Nous pensons, à l´inverse, qu´il est possible d´autoréguler ces processus de manière plus passive en “neutralisant” les zones du cerveau qui, dans ce cas, sont normalement impliquées dans le traitement de la douleur. »

« Ces résultats laissent penser que les adeptes de la méditation zen pourraient avoir acquis l´aptitude de neutraliser certains processus cérébraux supérieurs tout en continuant de ressentir les stimuli, explique Pierre Rainville. Cette aptitude pourrait avoir des conséquences profondes et étendues sur la régulation de la douleur et des émotions et sur le contrôle cognitif. Ce comportement correspond bien à l´état d´esprit du zen et à la notion de pleine conscience. »

Mieux que les antidépresseurs

D’ailleurs, la “pleine conscience” (mindfulness, qui allie thérapie cognitive et méditation) s´est avérée « légèrement plus efficace que les médicaments antidépresseurs pour la prévention de la rechute de dépression ». C’est ce qu’a montré une étude publiée dans le numéro de décembre 2010 des Archives of General Psychiatry.

La thérapie comportait :

– des exercices quotidiens guidés (au moyen d´enregistrements) visant à améliorer la conscience du moment des sensations corporelles, des pensées, et des sentiments ;
– un accent sur l´acceptation des difficultés avec une attitude d´auto-compassion ;
– le développement d´un plan d´action composé de stratégies pour répondre aux signes avant-coureurs d´une rechute.

Zindel Segal du Centre for Addiction and Mental Health (Canada) et ses collègues ont mené cette étude avec 160 personnes souffrant de dépression majeure ayant eu au moins deux épisodes précédents de dépression.

Après 8 mois de traitement, plus de la moitié (84) ont obtenu une rémission de la dépression. Ces derniers ont ensuite été répartis au hasard dans trois groupes : un groupe continuant de prendre des antidépresseurs, un groupe dans lequel les antidépresseurs étaient graduellement remplacés par un placebo et un groupe cessant les médicaments et recevant la psychothérapie.

Après 18 mois, le groupe de psychothérapie avait connu le plus faible taux de rechute, soit 38 % comparativement à 46 % pour le groupe ayant continué à prendre des antidépresseurs. Le pire taux de rechute (60%) a été constaté dans le groupe auquel on avait substitué un placebo aux antidépresseurs.

Pour aller plus loin :

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4 commentaires pour cet article

  1. L´échec de la psychologie occidentale pousse les psychologues à s´intéresser aux traditions asiatiques, mais comme les moines asiatiques, qui n´ont rien trouvé après des millénaires de pratiques bouddhiques zen ou autres, ils ne trouveront rien non plus excepté de nouvelles méthodes pour continuer leur propre business. La pleine conscience, c´est de la pure récupération incomprise de concepts bouddhiques eux-mêmes surintellectualisés par les interprètes asiatiques du bouddhisme… C´est du délire de seconde main, vraiment. Peut-être pas aussi profond que la scientologie, mais on est quand-même au fond du gouffre sur ce blog…

  2. Un rempart contre la douleur, ni une méthode à suivre.

    Si on utilise la méditation comme un remède anti-douleur, alors cette méditation, qui est intéressée, et a donc un motif n´est qu´une forme de marchandage. Comme ceux qui veulent atteindre l´”enlightenment”, c´est du business psychologique, entre soi et soi, ce qui est totalement absurde et illusoire.

    La méditation est au contraire réellement quelque chose d´inconnu, malgré les milliers de livres qui existent sur ce sujet. Il n´y a rien de “positif”, rien à expérimenter, ni à rien connaître en ce domaine. Ce n´est pas un objet de connaissance et personne ne peut enseigner quoi que ce soit à propos de cela. Si quelqu´un prétend dire ou enseigner ce qu´est la méditation, vous pouvez être sûr que ce ne n´est pas la méditation et qu´il s´agit d´un marchand d´illusions.

    Cette chose appelée méditation ne peut survenir que lorsque toute ce que l´humanité a construit comme rempart psychologique contre la douleur s´effondre, sans cause ni motif.

    C´est entrer de plein pied dans le vif du sujet, si je peux dire, ce qui nécessite d´être totalement “seul” et non accompagné, psychologiquement.

    D´où l´absurdité des croyances, sectes, groupes religieux organisés, etc, toutes ces choses sont des osbtacles à la solitude psychologique, nécessaire pour cultiver sa sensibilité.

    Quelqu´un de dépressif est quelqu´un qui a des souhaits, des désirs et des objectifs, mais qui n´arrive pas à les atteindre, ce qui entraîne un sentiment de frustration et d´isolement. Il n´y a pas de solution à la dépression en-dehors de la dépression. L´idée de réussite ou de succès est à la base d´une pensée dépressive. Tout comme l´idée d´échec qui n´existe qu´en référence à cette première idée.

    Quelqu´un qui n´a aucun objectif de réussite ou d´échec ne peut être dépressif. C´est la société et le culte de la performance qui crée un état d´esprit dépressif chez de nombreuses personnes, et il n´y a rien de plus dépressif que la société anxiogène dans laquelle on vit. Et cette société est soutenue par les “psychologues” et autres marchands de soin.

    Les causes de la dépression ne sont donc pas purement individuelles. L´individu est une conséquence de son éducation et de son environnement.

     

  3. “Vous n´avez jamais vraiment pratiqué la méditation, et ceux qui ont réellement pratiqué finissent dans un hôpital psychiatrique[…] la méditation, le yoga, etc, ne mènent nulle part.”

    (2min 40)

    On y parle notamment de cette marque de thé que l´on peut trouver dans les magasins bio:

    “Vous n´êtes pas satisfait du thé que vous buvez et donc vous importez quelque chose de l´Inde avec un nom fantaisiste comme “Yogi Tea” et vous devenez persuadé qu´en buvant ce thé tous les jours vous allez vraiment devenir un yogi alors que…” etc… (1mn)

    By the way, impossible d´écrire des commentaires sur ce blog d´un appareil tactile de la marque “Apple”, je ne sais pas si le webmaster a prévu de faire quelque chose. Cela est dû au webkit safari qui ne prend pas en charge le contenteditable de l´applet javascript TinyMCE.

    http://tinymce.moxiecode.com/forum/viewtopic.php?pid=84220

  4. Une étude de l´université de Californie Berkeley parue dans la revue Emotion compare un groupe témoin avec un groupe de danseurs professionnels et un groupe de pratiquants de la méditation dite “Vipassana” (qui est la méditation couramment utilisée comme référence dans ce genre d´études). L´étude suggère que les pratiquants sont plus synchronisés, mentalement, avec leur rythme cardiaque que les danseurs professionels.

    http://newscenter.berkeley.edu-2011-02-23/meditation-dance/

     

    On se demande vraiment où va l´argent de la recherche…