Grande-Bretagne

Mouvements religieux : “Inform”, 25 ans d’information indépendante

Du 31 janvier au 2 février 2014 s’est tenue à Londres, dans les bâtiments de la prestigieuse London School of Economics (LSE), la conférence anniversaire d’Inform, l’organisme britannique qui étudie les nouveaux mouvements religieux. Plus de cent universitaires étaient venus du monde entier.

Pendant le séminaire du 25e anniversaire.

Pendant le séminaire du 25e anniversaire. Photo : Inform.

Reportage : David Bromberg

Inform 3L’Information Network Focus on Religious Movements (Inform), réseau britannique d’information sur les mouvements religieux, est une charity (association caritative) fondée en 1988 avec le soutien du ministère de l’intérieur et des églises établies. Son objectif : collecter et rendre disponibles des informations indépendantes et mises à jour sur les nouveaux mouvements religieux ou ce que certains, comme en France, appellent « les sectes ».

Vingt-cinq ans plus tard, Inform est devenu l’incontournable partenaire du gouvernement anglais, de la police ou des tribunaux lorsqu’il s’agit de les renseigner objectivement sur telle ou telle « secte » ou nouveau mouvement religieux. Inform est également ouvert à la presse et au public. Fort d’un riche fond documentaire, l’association est bien renseignée et regroupe en son sein des acteurs divers.

Eileen Barker, présidente et fondatrice

La sociologue Eileen Barker, présidente d'Inform.

La sociologue Eileen Barker, présidente d’Inform.

Sa fondatrice, Eileen Barker, est titulaire d’un doctorat en sociologie des religions. Professeur émérite à la LSE, décorée comme officier de l’Ordre de l’empire britannique, elle a fait cinq fois le tour du globe pour étudier les nouveaux mouvements ou courants religieux. Le directeur d’Inform est Nick Parke, un ancien officier de renseignement dans la police britannique, alors responsable de la sécurité et de l’ordre public. Autour d’eux, un religieux de l’église anglicane, le révérend Andrew Maguire, et un panel de jeunes universitaires.

A la différence de notre Miviludes, qui fonctionne sur les « signalements », les rumeurs, les coupures de presse et les notes de sa police spécialisée (Camaides), Inform privilégie la neutralité et la fiabilité des informations, le souci de ne pas généraliser ni de sombrer dans le sensationnalisme.

Lors de la célébration du 25e anniversaire, sont intervenus : des experts en sociologie des religions, en droit ecclésiastique, des responsables religieux de religions « traditionnelles » ; des responsables de « nouveaux mouvements religieux », des « ex membres » qui considèrent que le mouvement qu’ils ont quitté est une « secte » ; d’autres « ex-membres » qui pensent que leur expérience au sein du même mouvement a été enrichissante ; des psychiatres qui « traitent » les bouleversements nés de toutes ces années passés dans un mouvement « sectaire » ; des officiels de plusieurs gouvernements européens.

Eviter la diabolisation

Tout ce monde se côtoie dans un esprit de dialogue dont Eileen Barker s’enorgueillit, forte des louanges que lui adressent les autorités anglaises. Grâce au travail d’Inform, celles-ci parviennent à éviter la diabolisation et à appréhender plus sereinement une réalité sociologique complexe et mouvante.

Les présentations sont allées du mouvement de L’Homme nouveau vers l’immortalité, en Corée du Sud, à une histoire du Temple de la science maure d’Amérique (organisation musulmane et syncrétique fondée en 1913), à des études sur le mormonisme, au Vedanta dans l’époque moderne, à la Soka Gakkaï, aux minorités soufies en Iran et dans les Balkans, aux zoroastriens ou au néo-paganisme.

Peu de Français : un universitaire de Versailles expliquant l’utilisation d’Internet par les raéliens, un jeune doctorant parisien en sociologie des religions évoquant ses recherches au sein de deux églises de scientologie de la capitale française et le président des églises de ce mouvement en France.

Inform a ouvert un dialogue avec la Miviludes qui avait participé l’an dernier à sa conférence annuelle. Pas cette année.

La France a été parfois l’objet de commentaires plus désabusés qu’acerbes. Notre pays est perçu comme le pays d’Europe qui n’a pas su évoluer sur le sujet des minorités religieuses. La « lutte antisecte », pour les Anglais comme pour les Américains ou les Scandinaves, est le symbole d’une époque révolue où l’ignorance nourrissait une paranoïa dont la France n’a pas encore su guérir.

Les mouvements antisectes étrangers ont mis de l’eau dans leur vin

Même les grands mouvements « anti-sectes » américains, ancêtres de nos Miviludes et associations spécialisées, ont évolué. L’Icsa (International Cultic Studies Association), auparavant berceau des « déprogrammeurs » (le deprogramming est une méthode élaborée par des psychiatres pour persuader ou contraindre un individu à abandonner des croyances jugées erronées ou dangereuses), très présente pendant la conférence, s’est ouverte au dialogue ces dernières années. Elle promeut maintenant une approche modérée en collaboration avec les universitaires et les nouveaux mouvements religieux eux-mêmes.

Avec Eileen Barker, Gordon Melton, fondateur de l’Institut pour l’étude des religions américaines et auteur de plus de 25 ouvrages sur le sujet, et Massimo Introvigne, juriste, sociologue et fondateur du Cesnur (Centre pour l’étude des nouvelles religions, association internationale), représentaient les « pionniers » de l’étude du phénomène des nouveaux mouvements religieux. Ils ont défriché le terrain de la recherche dans un environnement hostile, à une époque où s’intéresser à un nouveau mouvement religieux était considéré comme une sorte de « pacte avec le diable » par les mouvements « antisectes ».

A leurs cotés, Michael Langone, psychologue américain et directeur d’Icsa, et Mike Kropvield, directeur général d’Info-Sectes, au Canada, deux représentants de mouvements antisectes les plus en pointe, ont mis de l’eau dans leur vin. Tous, à cette table, ont reconnu une chose : la peur est mauvaise conseillère et rien ne remplace le dialogue.

Pour aller plus loin :

>> Envoyer un droit de réponse

6 commentaires pour cet article

  1. j’ai voulu vivre jésus intensément je me suis convertie en guyane française j’avais trouvé des gens sympas ayant une église évangélique je suis allée à paris j’ai été harponné par des pentecôtistes dans la rue je suis restée quelques années avec eux tout en me faisant chaque fois fouettée spirituellement un désastre je me suis enfuie dans la secte moon jésus m’en a sorti en tombant malade c’était encore le mieux pour moi plus tard j’ai laissé les églises puis je suis retournée chez les protestants et toujours cette étroitesse d’esprit ce sectarisme je suis partie chez les charismatiques catholiques où j’ai vu beaucoup de salades se vivre j’ai fini par être dégoutée en prenant de l’âge je choisis la tranquillité je reste chez moi je ne veux plus fréquenter de groupes j’ai trop peur des sectes parce que j’ai failli depuis peu retomber dans le panneau avec les églises dîtes de maison pas d’églises mais encore plus sectaires il fallait mettre le foulard sur la tête et que la femme se taise non assez au secours plus tout ça la paix qu’on nous foute la paix à tous qu’on retrouve la volonté la liberté de penser par soi même comme la chanson de florent pagny merçi

    • Personne ne peut vous enlever votre liberté de penser si vous la cultivez ! Ainsi, vous pourrez aller partout sans avoir de peur des “sectes”, ni des religions, ni des chefs de clan, de parti ou de famille. Mieux vaut ne “suivre” personne. Tout au plus peut-on accompagner un mouvement ou un autre, mais sans jamais abdiquer sa propre conscience, sa propre lumière. C’est toujours elle qui devrait avoir le dernier mot 🙂

      • ah j’aime beaucoup ce que vous m’avez répondu c’est donc ce que j’ai choisi depuis 2003 date de la mort de ma mère j’ai laissé tomber tout ceux qui voulait parler au nom de jésus croyant lui être utile et lui faisant plutôt du tord je crois j’ai donc opté pour le silence complet il n’y a qu’à l’église catholique où j’ai pu trouvé ça car chez les protestants les temples sont fermés maintenant je reste plutôt chez moi et j’essaie de guérir de tout emprisonnement sectaire oui regagner sa liberté de penser c’est tout ce qui m’importe à présent je ne me sens rien aucune étiquette juste croyante c’est tout… et je vais quand même avoir bientôt 63 ans il est temps de ne plus faire de bêtises non…

  2. je me garde également d’aller sur des sites qui craignent je voudrais vous citer entre autre Mme XYZ [nom supprimé par la rédaction] qui chaque fois m’insulte alors que j’ai été polie avec elle il faudrait que le désastre s’arrête et que cette femme soit placé sous surveillance elle a beaucoup de haine dans son coeur en guise de l’amour que jésus nous demande d’avoir c’est bizarre non… cette autorité qui vire à la violence des propos ça commence comme ça et comment ça finit vous le savez bien tout comme moi merçi

    • Pour information. Le Gemppi fait partie des “spécialistes” autoproclamés adversaires des minorités spirituelles et thérapeutiques, sous le prétexte de lutter contre les “dérives sectaires”.