Peut-on encore manger de la viande ?

La consommation régulière de viande fait tellement partie de nos habitudes d’habitants de pays développés que sa remise en cause par les militants écologistes et les défenseurs de la cause animale n’a pas encore eu d’impact fort. Et pourtant, au vu des arguments des uns et des autres, il y aurait urgence à faire notre révolution alimentaire. La Veggie pride du 11 juin 2011 à Paris nous y invite.

« Nous avons pris l’habitude d’organiser nos repas autour d’un morceau de viande ou de poisson, accompagné d’une modeste garniture végétale : légumes, pommes de terre, riz, pâtes. Une habitude dont la généralisation est récente, puisqu’elle date de la seconde moitié du XXe siècle. Jadis, la viande n’était présente au mieux qu’au repas principal de la journée et, dans la plupart des familles, seulement le dimanche et à des occasions particulières », rappelle viande.info.

Le mot d’ordre d’Henri IV, « La poule au pot tous les dimanches » a façonné notre inconscient collectif en flattant  jusqu’à l’excès notre aspiration au bien être et à la richesse. La viande a en effet longtemps été un signe extérieur de richesse – et elle le reste dans beaucoup de pays. Mais il va falloir y renoncer, car selon tous les spécialistes, la planète n’est pas en mesure de fournir à tous ses habitants la quantité de viande consommée aujourd’hui en moyenne par les Français, soit l’équivalent de plus d’un steak par jour.

L’industrialisation de l’élevage a pu faire croire un temps que le rêve pouvait prendre corps, mais le rêve est devenu cauchemar.

Combien les Français mangent-ils de viande ?

46 g par jour selon une étude citée par le Centre d’information des viandes, 263 g par jour selon une autre étude citée par le site viande.info de l’association L214. Chacun utilise le chiffre qui l’arrange, sans toujours préciser de quoi il parle.
Les professionnels de la viande mettent en avant la viande de boucherie, en comptant à part les volailles, la charcuterie et la viande des plats préparés. Quand on les rajoute aux 46 g de viande de boucherie, on arrive à 117 g/jour.
Les chiffres cités par les militants, de leur côté, sont exprimés en équivalent carcasse, y compris graisses de découpe…

Beaucoup de maux…

Détournement des ressources nécessaires à l’alimentation humaine, souffrance animale, déforestation, pollutions diverses, réchauffement climatique… La liste est longue  des conséquences néfastes de l’expansion sans frein de l’élevage industriel. Viande.info en a fait le recensement dans six domaines :

Manger de la viande tue des animaux et impose à la plupart d’entre eux une vie concentrationnaire misérable. « Pourquoi vouons-nous impunément des milliards d’animaux aux exactions barbares de l’élevage industriel et de l’abattage ? » se demande Marcela Iacub dans « Confessions d’une mangeuse de viande » (Fayard, 2011), alors qu’un tribunal a condamné un homme qui avait pour habitude de sodomiser son poney, sans qu´il y ait preuve de souffrances infligées à l’animal. Deux poids, deux mesures ?

Une forte consommation de produits animaux tue aussi des humains, ou les maintient dans l’extrême misère. René Dumont, premier candidat écologiste à une élection présidentielle, qualifiait déjà en son temps l’Occidental, avec sa surconsommation de viande, de « cannibale indirect ». Il faut en effet, pour produire 1 kg de bœuf, environ 10 kg de céréales – et donc d’autant plus de terres cultivables, d’eau, d’engrais, de pesticides, d’énergie – qui auraient permis de nourrir 10 fois plus de gens (pour les volailles, le rapport n´est que de 1 à 3).

L’élevage serait responsable de 18% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, soit plus que les transports, selon la FAO dont l’étude est contestée par le World Watch Institute qui estime que sa contribution serait encore plus importante, au moins 51%.

… pour peu de bien

Du point de vue nutritionnel, la viande a certes le grand avantage de fournir des protéines « complètes », c´est-à-dire composées d’acides aminés essentiels dans des proportions correspondant aux besoins humains. Mais ceux-ci peuvent être satisfaits à moindre pression sur la planète par le lait, les œufs, les céréales et les légumineuses (voir le guide de la complémentation protéinique).

En France, les professionnels de la viande, qui voient tout de même la consommation de viande s’éroder d’1% par an, tentent de défendre leur beefsteak. Ainsi, Interbev a réagi dans la presse quotidienne à l’appel au végétarisme lancé par Paul Mc Cartney à l’occasion du sommet de Copenhague en 2009 : « Less meat = less heat (moins de viande = moins de chaleur) ».

Que mettre dans son assiette ?

Le végétarisme est une posture radicale adoptée par ceux qui réalisent que les animaux ne sont pas des biens à la disposition des humains et qui refusent le spécisme, discrimination d´une espèce envers une autre, comme le racisme est une discrimination relative à la race.

Mais, pour ceux qui souhaitent avant tout réduire leur empreinte écologique, il existe des pistes moins exigeantes que le végétarisme, applicables chez eux ou dans les collectivités dont ils font partie :

  • Réduire le gaspillage de nourriture, de viande en particulier. Une étude détaillée du contenu des poubelles en Grande-Bretagne, parue en novembre 2009, estime que 25 % des aliments achetés par les ménages sont jetés.
  • Manger moins de viande – par exemple en instituant une ou plusieurs journées végétariennes par semaine – en la remplaçant par des protéines végétales et par oeufs et produits laitier.
  • Manger de la volaille et du porc, plutôt que du bœuf ou du mouton, car ces élevages consomment moins de ressources et émettent moins de gaz à effet de serre.
  • Privilégier les élevages traditionnels en pâturage aux élevages industriels hors sol.

A noter que les deux derniers objectifs sont difficiles à concilier, car les élevages de volailles et de porcs sont plus industrialisés que ceux de bœufs ou de moutons.

> Cet article, consacré à la viande, n´aborde volontairement pas la question du poisson, qui mériterait un article à part entière …

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4 commentaires pour cet article

  1. Si l´on souhaite réellement du “no more killing”, il faut commencer par du “no more nations”, “no more religions”, “no more communautarist fragmentations” between human beings, parce que tout cela est ce qui crée l´insécurité, les guerres, les armées et armements, etc

  2. @ ab
    Quelles communautés trouvent-elles grâce à vos yeux ? Où mettez-vous la frontière entre les communautés acceptables et les non-acceptables ? Selon quels critères choisisez-vous les bonnes et les mauvaises ? Que dites-vous par exemple des communautés professionnelles (qui peuvent devenir des lobbies très puissants et véhiculer indirectement des idéologies), des partis politiques, des syndicats, des ONG, des amicales et même des familles (qui sont souvent partiales quand il s´agit de défendre leurs membres) ?

  3. Je pense que comme quelqu´un disait “This is it”, “ON Y EST”.
    Il est grand temps de se responsabiliser et de changer les habitudes dans la vie de tous les jours.
    Souvent les personnes qui comme moi sont montrées du doigt, parce qu´elles ont banni la consommation de viande et autres produits dérivés d´animaux.
    Je pense qu´aux vues des ravages et dommages que l´industrie de la viande fait contre la planète et ses habitants, ce sont plutôt les personnes qui mangent de la viande qui devraient être montrées du doigt.
    Non seulement parce des millions d´animaux sont tués chaque semaine partout dans le monde, mais aussi parce que nous sommes en train de détruire notre planète. Sans parler de l´impact sur la santé des humains qui est bien réelles.
    Ces dernières années les nouvelles maladies, cancers etc sont en progression, et plus on avancera dans le temps, plus la médecine aura du mal à trouver les remèdes.
    Les animaux sont tellement bourrés de médicaments, que les humains deviennent des poubelles en les ingurgitant à leur tour lorsqu´ils mangent un steack.
    Arrêtons de croire à ces publicités qui promouvoient la consommation, de viande, lait, fromage etc
    Ne soyons pas dupes, les publicitaires utilisent des enfants pour nous attendrir en disant que consommer ces produits est bon pour la santé.
    Tout simplement honteux !

  4. Aucune communauté ni individualité ne trouve grâce à mes yeux, car toute communauté divise et toute individualité est un leurre. Le concept de communauté a servi trop de guerres, tout comme le concept de famille, qui rappelons-le, faisait partie du slogan du régime de collaboration au système nazi pendant la seconde guerre mondiale. Donc, pas de famille, pas de communauté, pas de nation, pas de secte petite ou grande, pas de religion, pas d´idéologie ni de philosophie particulière, cela est bien clair pour moi, personnellement. 

    Maintenant, la société est ainsi divisée et fragmentée, amenant tout un chacun à plus ou moins dépendre d´un groupe humain, quel qu´il soit, que ce soit des parents, une entreprise, un conjoint, etc. S´il n´y a pas dépendence et attachement psychologique, ni conflit lié à un ajustement débouchant sur une exploitation trop durement ressentie, selon la sensibilité de chacun, alors ce type de regroupement humain ne pose pas de problème, et est somme toute pour le moins nécessaire à un certain niveau, car l´humain vit en collectivité, et en interdépendance.

    Comme pour la nourriture, si l´on ne transforme pas ses propres habitudes en idéologie, alors le conflit n´est pas. Personnellement, je ne mange ni viande ni poisson, mais il m´arrive de manger du fromage, des oeufs, et plus rarement certains animaux marins (hors poissons). Il ne s´agit pas d´un régime spécifique, ni d´une idéologie ou conviction quelle qu´elle soit, et n´est en aucun cas un exemple à suivre ou à ne pas suivre. C´est totalement individuel et lié à la sensibilité de chacun. Il m´arrive d´ailleurs parfois de cuisiner de la viande pour des proches qui en consomment de manière quotidienne.

    Il n´y a réellement qu´une seule et unique terre, qui est celle des êtres humains, mais le cerveau a été endommagé par des millénaires de conditionnement communautariste et territorial, et de conflits liés à la fragmentation des êtres humains en groupes antagonistes, avec des idéologies et croyances antagonistes, basées sur des faits superficiels, comme la couleur de peau, ou des non faits, qu´ils soient imaginaires comme les croyances, ou conceptuellement traduits dans la collectivité, comme l´identité nationale ou culturelle.