> Propos recueillis par Florian Kaplar.
Ouvertures.- Pouvez-vous présenter votre parcours en quelques mots ?
Edouard Broussalian.- J’ai commencé à étudier l’homéopathie vers l’âge de 15 ans. Mon père était un élève du Dr. Pierre Schmidt, de Genève, un médecin de grand renom qui avait étudié l’homéopathie aux USA juste à l’époque où sous la pression de Rockefeller et de Carnegie on fermait nos hôpitaux homéopathiques et on bloquait l’enseignement pour imposer la médecine chimique de masse.
Mon nom est connu dans le monde homéopathique de langue française comme auteur de plusieurs ouvrages de référence, articles et d’une page Facebook.
Je suis allé maintes fois soigner bénévolement les pathologies les plus diverses dans des pays comme la Turquie, le Burkina Faso et Haïti où notamment le traitement homéopathique du choléra a fait merveille. Je milite depuis toujours pour un enseignement de qualité en homéopathie.
– L’emballement autour de cette pétition vous a t-il surpris par sa rapidité voire sa violence ?
– Absolument pas. C’est un durcissement du système que je prédis depuis 10 ans à mesure que l’industrie se trouve placée devant la dure réalité de médicaments qui marchent de moins en moins et de pathologies de plus en plus « folles », elles-mêmes générées par ses « traitements ». Je ne suis plus seul à parler de véritable crime contre l’humanité puisque les laboratoires « mettent sur le marché » des produits dont ils connaissent pertinemment la toxicité, voire les effets létaux (Vioxx, etc.), qu’ils vont s’efforcer de nier à coup de marketing et autres « études » supposées représenter la science.
Or, l’homéopathie est le seul système de médecine cohérent qui permette de rétablir la santé et qui soit capable de s’adresser aussi bien aux situations aiguës que chroniques. La logique imparable et le prix de revient ridicule de l’homéopathie pointent impitoyablement les absurdités du système allopathique qui a perdu désormais tout contrôle et toute éthique sous la pression des rendements financiers. Sincèrement, il n’y a jamais eu de croisade contre les bains de siège froids de Rika Zaraï : le seul fait que l’industrie et ses coryphées investissent autant de temps et d’argent pour casser l’homéopathie en dit long sur la peur que celle-ci leur inspire.
– Que répondez-vous aux arguments selon lesquels l’homéopathie ne répond pas aux critères de validation habituels sur le plan scientifique et qu’elle ne serait pas plus efficace qu’un placebo ?
– La médecine d’urgence/réanimation, que j’ai pratiquée aussi, représente probablement le seul apport tangible du système en permettant de « redémarrer le moteur » et donc de sauver des vies, grâce à la compréhension scientifique des phénomènes de base de la vie (volumes, équilibre acido-basique, etc.)
Mais dès qu’on sort de ce contexte particulier, c’est le vide sidéral d’autant plus frappant que la « science » nous promet toujours des lendemains qui chantent. Il suffit juste que vous demandiez « comment ca va ? » à n’importe quel malade une fois sorti de l’hôpital… Ou encore que vous preniez la mesure du désarroi de la grande majorité de mes confrères avec l’âge… A quoi tiennent ces paradoxes, puisque nous devrions voir des patients dont l’état de santé ne cesse de s’améliorer et des médecins toujours plus ravis de leurs résultats ?
Tout d’abord, les statistiques ne font pas la science. Si l’on considère des Kepler, Newton, Leibnitz, Mariotte, Einstein, etc., on se rend compte qu’ils n’ont jamais effectué la moindre statistique. Or ils sont bien des scientifiques. Si on lit le texte de n’importe lequel de ces auteurs, prenons Newton dans les Principia de 1687, on est surpris de constater que celui-ci n’a pas pris une ride. Si on regarde au contraire toutes ces soi-disant avancées scientifiques de la médecine, elles sont toutes décriées à peine quelques années après leur publication, pourtant garantie du sceau des statistiques, le temps qu’on ne puisse plus nier les horreurs que les prescriptions ont entrainées. Strictement rien ne perdure dans le champ de la médecine allopathique qui nous gargarise pourtant d’evidence based et de science ? Comment est-ce possible ?
C’est parce qu’il n’existe tout simplement pas de pensée médicale capable de regarder un patient malade et d’étudier ses réactions. Bien au contraire, la médecine actuelle se comporte comme si elle avait devant elle un cadavre, dénué de sensations et d’affect, mais dont on isole le fragment qui est soumis à une « étude scientifique ». C’est une pensée réductionniste qui ne fonctionnera jamais en médecine. Alors on fait des statistiques pour regarder ce qui « marche » ou pas et on trouve des consensus entre spécialistes. Je n’appelle pas cela de la science et personne ne peut décemment appeler cela de la science.
Pire encore, les « avancées » se font actuellement grâce à l’industrialisation de tests à grande échelle. Et si l’on découvre que quelque chose se produit, alors on commence à regarder puis on fournit une soi-disant explication propre à satisfaire nos « scientifiques ». Je n’appelle pas cela de la science non plus, c’est une caricature.
En plus de cette carence conceptuelle et de la distorsion de la réalité du patient malade, s’ajoute un phénomène embarrassant : seuls les laboratoires peuvent financer des études statistiques mais ces mêmes études sont la plupart du temps falsifiées. Le Dr. Richard Horton, éditeur en chef de la prestigieuse revue The Lancet, déclare :
« Les accusations contre la science sont simples : une grande partie de la littérature scientifique, peut-être la moitié, est tout simplement fausse … la science a pris un virage vers l’obscurité. »
Et le Dr. Marcia Angell enfonce le clou :
« Il n’est tout simplement plus possible de croire une grande partie de la recherche clinique publiée … Je ne prends aucun plaisir à cette conclusion, que j’ai atteinte lentement et à contrecœur au cours de mes deux décennies en tant que rédactrice en chef du New England Journal of Medicine ».
Passons maintenant au placebo qui toucherait selon le dogme officiel 35% des réponses à un traitement et qui est loin d’être aussi monolithique qu’on veut le faire croire.
En 1955, Beecher, de Harvard, rédige un article « The powerful placebo » qui est resté la référence. Sur 15 études choisies au hasard, avec 1082 patients, la réponse au placébo atteignait 35,2 % ± 2.2%, surtout en ce qui concerne la douleur.
Tout le monde a passé sous silence que Beecher écrit que la réponse placébo moyenne n’est que de 35% de baisse des douleurs post opératoires et ce, durant une brève période de temps.
En 1977, Galliforme et Turner passent en revue la réponse placebo sur 65 traitements différents et découvrent que le nombre de répondeurs dégringole chez les gens qui ont des troubles graves.
Même résultat avec l’étude de Lamel, qui a analysé récemment 31 études sur 8285 traitements et 4000 patients sous placebo. Au mieux seuls 4% répondent au placebo !!
Hróbjartsson en 2001 conduit une étude 8 fois plus grande que celle de Beecher et montre que même la réponse éventuelle sur la douleur est finalement négligeable.
Reste enfin l’étude Cochrane 2010 (avant la prise de contrôle par Bill Gates sous le couvert habituel de « philanthropie ») : revue de 202 essais avec du placebo et des non-traitements, couvrant 60 pathologies.
« Les traitements placebo ne produisent pas de grands bénéficies de santé, ils ont en moyenne un modeste effet sur la douleur. Nous n’avons pas trouvé que les interventions placebos aient eu un important effet clinique en général ».
Ces résultats permettent aussi de souligner le manque de rigueur des études actuelles qui prennent rarement en compte une cohorte de patients à qui l’on ne prescrirait rien du tout afin qu’ils servent de référence. Encore un curieux oubli.
Dans ces conditions, je recommanderais aux détracteurs de l’homéopathie d’être plus prudents qu’ils ne le sont quand ils m’expliquent que durant 30 ans j’ai été le jouet d’une hallucination en soignant les pathologies les plus graves avec des résultats qui m’ont toujours émerveillé.
Aujourd’hui, toutes les autorités de santé qui légifèrent sur l’homéopathie s’appuient en particulier sur deux méta-analyses.
La première est celle du Lancet publiée en 2005. Le biais utilisé n’aurait été accepté pour aucune étude de médecine conventionnelle. Elle retenait 8 études en double aveugle pour l’homéopathie contre 6 pour le traitement conventionnel et sans critères d’individualisation. Malgré ce lourd handicap, si on changeait une seule étude parmi les 8 dites de “haute qualité”, les résultats s’inverseraient. En cela cette étude échoue sur “l’analyse de sensibilité”. Ce biais était évident pour qui se donnait la peine de ne pas s’arrêter à la conclusion. C’est ainsi qu’a été lancée une campagne médiatique internationale fallacieuse à l’encontre de l’homéopathie.
La deuxième est la méta-analyse australienne du NHMRC (National Health and Medical Research Council) de 2015. Elle exclut 90% des études fournies et se fonde seulement sur 5 études sélectionnées parmi les 1800. Cet organisme a appliqué une succession de filtres arbitraires et de critères de fiabilité qu’il ne s’était jamais appliqués à lui-même. Pour exemple, seules les études menées sur des groupes de plus de 150 patients ont été retenues alors que le NHMRC conduit lui-même régulièrement des études sur des groupes de moins de 150 patients… On peut s’interroger sur la pertinence scientifique de la démarche, et ce d’autant plus quand on sait que les premiers résultats étaient en faveur de l’efficacité de l’homéopathie et que cette étude fait actuellement l’objet d’une contre-expertise.
Le plus choquant dans ces conditions c’est de mesurer la haine et le mépris que nous jettent sur les réseaux sociaux ces « enragés » de la « science » sans se rendre compte une minute qu’ils tiennent le rôle d’idiots utiles du système.
– Les Français adorent l’homéopathie, on dit que même que c’est une exception mondiale. De plus, 25% des médecins généralistes et 75% des sages-femmes prescrivent de l’homéopathie. Quel impact aurait un déremboursement, étant précisé que les produits homéopathiques représentent un coût déjà faible pour l’assurance-maladie puisqu’ils ont représenté 0,29 % des remboursements de médicaments en 2016 ?
– Il ne s’agit pas d’une exception mondiale. Les gouvernements indiens et pakistanais ont parfaitement compris l’intérêt de soigner leur population avec l’homéopathie et la favorisent notamment grâce à un enseignement de grande qualité et des hôpitaux. Partout où les patients découvrent les effets remarquables de l’homéopathie et les comparent avec ceux du système classique, ils ne font qu’en redemander.
Justement hélas, prescrire de l’homéopathie ne fait pas du prescripteur un véritable homéopathe. Comme je l’ai laissé entendre ci-dessus, c’est bien là que le bât blesse. La seule concession que je pourrais faire à la meute enragée, c’est que le niveau habituel des prescripteurs dépasse difficilement celui de la bobologie.
La véritable homéopathie subit le feu croisé de l’industrie chimique… et de bien des laboratoires homéopathiques qui déforment l’homéopathie pour la rendre commercialement compatible avec leur survie.
Personne ou presque n’entend parler de la sélection d’un médicament homéopathique basé sur la compréhension du cas dans sa totalité. C’est ici que doivent porter tous nos efforts et c’est pourquoi j’ai créé en 2012 le premier enseignement à distance par Internet depuis notre site Planète Homéopathie. Pour la première fois depuis plus d’un siècle, les élèves y apprennent l’intégralité de l’Organon, l’ouvrage de référence que nous a légué Hahnemann, le fondateur de l’homéopathie. C’est seulement ainsi qu’on peut former des prescripteurs avec un très haut niveau d’exigence.
Tout le monde sait par ailleurs que le remboursement de l’homéopathie n’est qu’un prétexte comme vous le dites fort justement. Personne ne semble se soucier par exemple des prix astronomiques des anti-cancéreux au effets rarement favorables et bien souvent létaux, ni par exemple des produits comme le Lucentis, recyclage d’anciennes molécules à 1000 euros l’ampoule une fois par mois.
– Non contents de s’en prendre à l’homéopathie qualifiée de charlatanisme, les promoteurs de la pétition demandent même que les praticiens se voient retirer leur titre de médecin ou de professionnel de santé. Cette demande a t-elle des chances d’aboutir ?
– Bien entendu, c’est même l’objectif. Le même scénario a été imposé dans les années 1920 et a abouti à la fermeture des 200 hôpitaux homéopathiques dont les statistiques étaient pourtant édifiantes, avec le dixième de la mortalité des hôpitaux allopathiques !
On peut prévoir que la détention de produits homéopathiques sera bientôt un délit.
– Après l’étape du déremboursement, peut-on y voir la fin programmée de l’homéopathie en France comme cela a été le cas dans d’autres pays (Royaume-Uni, Canada, États-Unis, etc.) ? L’enseignement également est visé, y a t-il possibilité pour que l’homéopathie ne soit plus enseignée en faculté de médecine ?
– Sincèrement, vu le niveau de l’enseignement en fac, ce ne sera certainement pas une perte. Il faudrait que nos gouvernants relisent le Fait du Prince de Machiavel. Quelle que soit l’illusion de puissance que leur donnent leurs ressources illimitées, personne ne pourra empêcher la vérité de se propager. Une fois l’homéopathie ostracisée et interdite aux médecins, la souffrance et le désespoir des malades les conduira à se mobiliser pour la défendre et la pratiquer.
– Vous résidez et exercez en Suisse. La situation y est-elle différente ? Et dans les autres pays d’Europe ?
– Frappés d’amnésie sélective, nos détracteurs oublient toujours de mentionner, par exemple, le rapport « Health Technology Assessment » de 2011 préparé pour le compte des autorités suisses de la santé : ce rapport conclut que « L’homéopathie telle que pratiquée en Suisse est cliniquement efficace, économique et sûre ».
Sur cette base, le Conseil Fédéral Suisse a d’ailleurs confirmé le 1er août 2017 le remboursement des prescriptions de médecine complémentaire par l’assurance maladie de base.
> Le texte du droit de réponse envoyé par Edouard Broussalian au Figaro et refusé par celui-ci.