Informatique : l’État ne montre pas l’exemple

Dans un article intitulé « Le scandale des sites gouvernementaux qui se négligent », trois blogueurs ont voulu vérifier si l’État applique à son parc de sites internet les mêmes exigences de sécurité qu’il souhaite voir adopter, sous peine de punition, par ses concitoyens. Édifiant.


Sur le site http://interactif.service-public.fr, une splendide Local File Inclusion (voir article). En formatant une URL d´une certaine manière, les blogueurs auraient pu obtenir le mot de passe de la base de données…

En application de la loi Hadopi, « à ce jour, nous pourrions très bien faire déconnecter ou bloquer un site gouvernemental en y uploadant quelques mp3 et quelques divx… comme ça, juste pour rigoler ». Olivier Laurelli (bluetouff), Paul da Silva et Paul Rascagneres (RootBSD) ont en effet découvert avec surprise que le gouvernement, qui, avec la loi Hadopi, instaure le délit de négligence caractérisée, n’était pas mieux logé que les autres – bien au contraire.

Le délit de négligence caractérisée vise à punir celui qui, par manque de compétences techniques notamment, ne « sécurise » pas son accès à internet si celui-ci venait à être utilisé à des fins de piratage (au sens de contrefaçon). « Une belle hypocrisie, selon les blogueurs, quand on sait que le niveau technique requis pour sécuriser ce qui est en mesure de l’être par un abonné final est très élevé et que, même comme cela, il est toujours possible d’usurper l’identité d’un abonné pour le faire paraître coupable (avec cette fois un niveau de compétences très relatif). Si la multitude d’entreprises qui a travaillé sur ces différents sites n’est pas capable de sécuriser son travail alors qu’il s’agit de leur métier comment peut-on demander à la boulangère du coin, au maçon du centre ville ou à n’importe quel non-expert en le domaine de faire mieux ? »

Comment les blogueurs ont-ils procédé ?

Quelques minutes par site, des recherches de failles très basiques et à la portée de n’importe quel pirate en herbe. Occasionnellement des découvertes de documents dans des répertoires accessibles à tous et, si d’aventure ils venaient à tomber sur une faille un peu plus sérieuse (comme ce fut le cas), ils ont passé un peu plus de temps dessus pour essayer de la faire parler, « tout l’art étant de la faire parler sans l’exploiter afin de ne pas se rendre coupable d’intrusion. Le résultat est au delà de ce que l’on aurait pu imaginer ! » :

– Une vingtaine de XSS (Le Cross Site Scripting est une faille qui permet de faire exécuter un script initialement non prévu par le site) ;

– 2 LFI (La Local File Inclusion est une faille qui permet d’inclure un fichier présent sur le serveur dans la page en cours de visionnage. Ceci peut permettre par exemple de récupérer un fichier de configuration, des logs, certains fichiers confidentiels) ;

– Des dizaines de documents accessibles au public et qui ne devraient pas l’être (certains marqués « confidentiel ») ;

– Des authentifications défaillantes (ou inexistantes !) d’accès à des intranets ;

– Des accès aux zones d’administration comme s’il en pleuvait ; etc.

Certaines failles découvertes permettent même de prendre le contrôle du serveur si elles sont exploitées correctement.

Alors, interrogent les blogueurs, quelle légitimité a l’État de faire peser sur le particulier une « présomption de culpabilité et de lui interdire d’office tout droit à un procès équitable quand ce particulier est lui-même victime d’une exposition de ses données personnelles » ?

Renseignement pris auprès de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), le Centre d’expertise gouvernemental de réponse et de traitement des attaques informatiques (Certa, une sous-direction de l’Anssi) a alerté les responsables sécurité des sites ministériels concernés par cette enquête.

En formatant une URL d’une certaine manière, les blogueurs auraient pu obtenir le mot de passe de la base de données…

Grippe A : les nouvelles du front

Tableau de la pandémie à ce jour. Alors que l´Organisation mondiale de la santé fait timidement amende honorable sur la façon dont elle a géré la pandémie, le Conseil de l´Europe dénonce un grave manque de transparence tant de la part de l´OMS que de la plupart des institutions nationales.

Début juillet 2010, selon l’OMS, la pandémie de grippe A (H1N1) avait touché 214 pays depuis sa déclaration l’an dernier (cas confirmés en laboratoires) et a fait plus de 18 300 morts au total (contre de 250 000 à 500 000 décès annuels pour la grippe saisonnière).

Répartition de cas déclarés par régions (avec chiffres des décès) :

– Afrique : 168
– Amériques : 8516
– Méditerranée orientale : 1019
– Europe : 4879
– Asie du sud-est : 1883
– Pacifique occidental : 1846
– Total : 18311
(Source : OMS)

Concernant les accusations de manquer de transparence sur le travail des experts et les relations de ces derniers avec l’industrie pharmaceutique, l’Organisation mondiale de la santé a fait quelques concessions :

« La publication de récapitulatifs des intérêts [des experts] en cause suite aux réunions est irrégulière et devrait être systématique. L’OMS reconnaît en outre que les garde-fous encadrant un engagement avec l’industrie doivent être renforcés et s’y applique. »

– « Les noms des membres du Comité d’urgence [experts fournissant des recommandations à l’OMS] et un résumé des déclarations d’intérêts pertinentes seront rendus publics lorsque le Comité notifiera la fin de la pandémie. Les modalités selon lesquelles on révélera les noms des membres des futurs comités d’urgence sont à l’examen. »

– « L’OMS a organisé une consultation d’experts pour élaborer des recommandations sur l’utilisation de vaccins et d’antiviraux lors des pandémies de grippe. Tous les experts ayant participé à cette réunion ont dû soumettre un formulaire de déclaration d’intérêts. Néanmoins, l’OMS n’a pas rendu public un récapitulatif des intérêts en cause en même temps que la publication et regrette cette omission. Depuis lors, un certain nombre de modifications administratives et juridiques ont été introduites pour renforcer les procédures visant les conflits d’intérêts potentiels. L’Organisation est résolue à renforcer encore ces procédures et à veiller à une application plus systématique de celles-ci. »

Ce début d’amendement de la part de l’institution mondiale reste bien timide. Elle a par exemple refusé de répondre à la sollicitation des parlementaires français dans le cadre de leur enquête : « Nous regrettons de ne pouvoir accepter cette invitation. En effet, en tant qu’organisation intergouvernementale, l’OMS ne participe normalement pas aux auditions tenues par des instances parlementaires ni ne prend part aux commissions d’enquête établies par ces instances ».

« Un grave manque de transparence »

La commission des questions sociales, de la santé et de la famille du Conseil de l’Europe a rédigé un projet de résolution intitulé La gestion de la pandémie H1N1 : nécessité de plus de transparence. Dans ce document, l’Assemblée parlementaire se dit « alarmée par la façon dont la grippe pandémique H1N1 a été gérée non seulement par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mais aussi par les autorités de santé compétentes tant au niveau de l’Union européenne qu’au niveau national. Elle s’inquiète notamment de certaines répercussions de décisions et d’avis ayant entraîné une confusion des priorités au sein des services de santé publique de toute l’Europe, du gaspillage de fonds publics importants et de l’existence de peurs injustifiées relatives aux risques de santé encourus par la population européenne.

L’Assemblée [parlementaire du Conseil] fait état d’un grave manque de transparence dans les prises de décisions liées à la pandémie, qui soulève des préoccupations concernant l’influence que l’industrie pharmaceutique a pu exercer sur certaines décisions parmi les plus importantes. »

>> Télécharger le document du Conseil de l´Europe : La gestion de la pandémie H1N1 : nécessité de plus de transparence

Obligé de faire vacciner ses vaches, un éleveur bio se suicide

Jean-Luc Tournaire, éleveur bio à Le Bousquet dans l’Aude, a été obligé de faire vacciner sa trentaine de vaches à viande contre la fièvre catarrhale ovine (FCO). Ne pouvant supporter cet acte contraire à sa conscience, il se tue d´un coup de feu.


Le virus responsable de la fièvre catarrhale ovine appartient au genre
des Orbivirus dans la famille des Réoviridae.

Courant mars, l’élevage de l’agriculteur sexagénaire ainsi que celui d´un autre éleveur sont pris en défaut de vaccination contre la FCO par les services vétérinaires. La gendarmerie convoque les deux hommes et leur dresse procès-verbal.

Selon les amis de Jean-Luc Tournaire, éleveurs bio comme lui cités par la Dépêche, cette procédure judiciaire est la goutte d´eau qui a fait déborder le vase : « Jean-Luc était sur le point de prendre sa retraite. Pour des raisons éthiques, en plein accord avec ses convictions sur l´agriculture et l´élevage bio, il avait toujours refusé de vacciner ses animaux. Une cinquantaine d´éleveurs sont dans le même cas dans l´Aude. Je veux croire que le contexte économique, ajouté à la pression de plus en plus lourde des tracasseries administratives, a fait perdre les pédales à notre ami », commente Gérard Chauvet, éleveur de moutons.

Le Collectif des éleveurs audois, la Confédération paysanne, Biocivam et Nature et progrès, après avoir été reçus par le directeur de cabinet du préfet et la directrice des services vétérinaires, expliquent : « Nous avons appris que seuls deux éleveurs, dont Jean-Luc, étaient poursuivis pour refus de vaccination obligatoire, alors que plusieurs dizaines sont dans ce cas, ont-ils expliqué. Ils ont voulu faire un exemple. Cette vaccination a un caractère commercial. Elle ne va pas effacer la fièvre catarrhale ovine qui n´est pas contagieuse pour l´homme et pour l´animal. Les éleveurs qui refusent la vaccination n´ont pas plus de pertes que les autres. Et ils n´ont pas les nombreux effets secondaires (stérilité, changements de comportements, morts inexpliquées…) constatés chez les bêtes des éleveurs qui vaccinent. » (source : L´Indépendant

« La plupart de nos voisins européens n´ont pas vacciné »

 La Confédération paysanne de l´Aude dénonce, depuis plus de deux ans, la gestion de la FCO. Lors de l’assemblée générale du Groupement de défense sanitaire (GDS), le 2 avril dernier à Sainte-Colombe-sur-l´Hers, elle a reproché au GDS du département de n’être plus « une structure au service des paysans mais au service de l´administration ».

Elle a également accusé la Chambre d´agriculture de « continuer son travail de désinformation et de se désolidariser de celles et ceux qui demain seront condamnés. Alors qu´au mois de juin 2009 un consensus semblait se dégager, aussi bien parmi les éleveurs et la Fngds [1] qu´au sein des services du ministère, en faveur d´une vaccination facultative contre la FCO, Bruno Le Maire, ministre de l´agriculture, reconduisait la vaccination obligatoire. Coût de l´opération : 98 millions d´euros. Comme pour la gestion de la grippe H1N1, on peut se demander à qui profite ce choix, si ce n´est aux multinationales de la pharmacie, efficacement promues par le pouvoir en place. L´éradication de la fièvre catarrhale ovine, véhiculée par un insecte autochtone possédant un large réservoir dans la faune sauvage, est impossible. Mais il faut savoir que cette maladie n´est ni grave, ni contagieuse et ne présente aucun danger pour l´homme. D´ailleurs, la plupart de nos voisins européens, également touchés, n´ont pas vacciné leurs cheptels. C´est pourquoi nous, éleveurs responsables, garants de la bonne santé de nos animaux et par là même de la qualité des produits pour les consommateurs, exigeons l´abolition des poursuites et l´arrêt définitif de l´obligation de vacciner ».

« Combien faudra-t-il de morts ? »

Lors de la session de la chambre d´agriculture, le même jour, Robert Curbières, élu à la chambre d´agriculture et porte parole de la Confédération paysanne, a violemment interpelé les représentants de l´Etat (de la Direction départementale du territoire et de la mer et des finances publiques) : « Combien faudra-t-il de morts pour que l´État se penche sur le désespoir du monde paysan ? Nous vous accusons de mettre en application avec zèle les lois de la République qui ne servent qu´à augmenter les bénéfices des groupes pharmaceutiques ; nous vous accusons de vous aplatir devant les lobbies industriels ; nous vous accusons de vouloir déstabiliser des éleveurs par cette répression ciblée. Devant tant de souffrance, de malheurs accumulés, de dédain, d´injustice, nous accusons l´État de non assistance à personnes en danger ».

[1] Les GDS et leur fédération (Fngds) regroupent les éleveurs français œuvrant pour l´amélioration de la qualité sanitaire de leurs animaux.

> Intervention intégrale de Robert Curbières à la chambre d´agriculture de l´Aude le 2 avril 2010.

> Site de la FCO

> L´Etat, le paysan et le moucheron (Chronique de Hervé Kempf).

Jean-Marc Governatori présente sa démarche

Jean-Marc Governatori, membre de cofondateur de l´Alliance écologiste indépendante avec Génération écologie et le Mouvement écologiste, également président de la France en action, répond aux questions d´Ouvertures.

Il commente son positionnement original sur l´échiquer politique, explique les raisons de son alliance avec deux partis écologistes “historiques” et évoque le “mauvais coup” qu´avait appporté à son mouvement le président de la Miviludes lors des élections législatives de 2007.

 

Flux RSS

Qu´est-ce qu´un flux RSS?

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Un fonds pour le journalisme d´investigation

La ministre belge de l´audiovisuel de la Communauté française Fadila Laanan va créer un instrument de soutien au journalisme d´investigation, doté de 250 000 euros en 2009.


Fadila Laanan
Photo Alexis Haulot

L’annonce a été faite lors d´une table ronde organisée mi-avril avec les représentants des éditeurs et des journalistes et les administrations concernées. Le soutien au journalisme d´investigation fait suite à une demande formulée par journalistes et éditeurs. Le budget devrait être confié à l´Association des journalistes professionnels (AJP), qui représente les journalistes salariés et indépendants des médias écrits, audiovisuels et électroniques. Objectif : « garantir la disponibilité de contenus journalistiques de qualité nécessitant une forte implication journalistique et destinés à être publiés dans les médias qui n´auraient plus les moyens financiers suffisants ». Ces fonds seront accessibles à des journalistes salariés comme indépendants, de la presse écrite comme de l´audiovisuel.

Le projet doit s’accompagner de la mise en place d’un jury indépendant et de la définition de critères et du montant maximum des aides.

Le Conseil de déontologie journalistique

Les élus belges francophones ont voté fin mars à l´unanimité la création d’un Conseil de déontologie journalistique (CDJ) en Communauté française. Selon l´Association des journalistes belges (AJB), le futur dispositif à deux étages garantit à l’ensemble une totale indépendance à l’égard des pouvoirs publics.
Une « Instance d’autorégulation de la déontologie journalistique » (IADJ) sera reconnue par le gouvernement de la Communauté française. Créée sous forme d’association sans but lucratif, elle sera paritaire et financée à parts égales par les éditeurs d’un côté, les journalistes de l’autre. La part des journalistes sera assurée par une subvention de la Communauté française, versée à l’Association des journalistes professionnels (AJP).

L’IADJ créera en son sein un Conseil de déontologie de 20 membres : 6 représentants des journalistes, 6 représentants des éditeurs, 2 représentants des rédacteurs en chef et 6 représentants extérieurs au secteur. Elle bénéficiera d’une structure permanente. IADJ et CDJ devront être mis en place à l’automne 2009.

Le CSA soulagé

Le Conseil supérieur belge de l’audiovisuel (CSA), de son côté, s’est réjoui de disposer « désormais d´un partenaire avec lequel il pourra collaborer et auquel il pourra transmettre les plaintes relatives aux questions d´information qu´il reçoit régulièrement et en nombre important. Jusqu´ici, le CSA était forcé de juger ces plaintes irrecevables, parce qu´il n´est pas compétent pour contrôler le respect des règles de déontologie journalistique. (…) Le CSA viendra renforcer et compléter l´action du CDJ dans trois cas de figure : les cas de récidive ; les ingérences des patrons de chaîne dans l´indépendance des rédactions ; la gravité d´une infraction ».

Fin 2007, le gouvernement de la Communauté française avait adopté un avant-projet de décret « pour répondre aux attentes de ces associations représentatives des journalistes et des éditeurs, ainsi que pour rencontrer les demandes du public face à certaines dérives déontologiques du secteur des médias » (le communiqué sur la déontologie journalistique).

États généraux des médias à la rentrée

Enfin, la ministre a préconisé l´organisation d´États généraux des médias, demandés également par la presse périodique, les radios, les télévisions locales, l´AJP, etc. Le Parlement de la Communauté française a décidé d´organiser ces EGM à l´automne prochain.

Le site de la ministre.

 

Livres : notre sélection du 2e trimestre 2009


Les Droits des victimes de la médecine
Bernard Dapogny
Editions du Puits Fleuri

Cet ouvrage s’adresse essentiellement aux patients qui s’estiment victimes d’un acte médical. Ils y trouveront des réponses concrètes à leurs questions légitimes touchant aux causes, aux conséquences et à la réparation de ces erreurs ou accidents, parmi lesquelles : Qu’est ce qu’une faute médicale et comment la prouver ? Quels dommages sont indemnisables ? Quelles sont les fourchettes d’indemnisation du pretium doloris ou de la perte d’un proche ? Existe-t-il un régime de responsabilité propre à la chirurgie esthétique ? Qu’est ce que le secret médical, est-il opposable aux parents du mineur ? Quelles informations doit recevoir le patient et quelle est la portée de son consentement ? Quelles sont les différentes procédures à suivre (amiables ou en justice) ?…

Entre naturalisme et religion
Les défis de la démocratie
Jürgen Habermas
Gallimard Essais

Extrait :

« Or, si l´on considère les prémisses normatives de l´État constitutionnel et d´un ethos civique démocratique, l´admission des assertions religieuses dans la sphère publique n´a de sens que si l´on peut supposer qu´aucun citoyen n´exclura la possibilité d´un contenu cognitif dans ces assertions – tout en respectant le primat des raisons séculières et de la clause institutionnelle de traduction. C´est, de toute façon, ce dont les citoyens religieux font nécessairement l´hypothèse ; mais, du côté des citoyens laïques, cela présuppose une mentalité qui ne va pas du tout de soi dans les sociétés occidentales sécularisées. Pour que les citoyens sécularisés soient à même de saisir qu´ils vivent dans une société postséculière – disposant autrement dit des voies épistémiques pour qu´y perdurent également les communautés religieuses –, un changement de mentalité est nécessaire qui cognitivement n´est pas moins exigeant que ne l´est l´adaptation de la conscience religieuse aux défis d´un environnement qui continue de se séculariser plus. »

La Peur du savoir
Sur le relativisme & le constructivisme de la connaissance

Paul Boghossian
Agone

Ce philosophe new-yorkais tente de sauver nos concepts ordinaires de vérité, de connaissance et d’objectivité face au relativisme postmoderne qui va jusqu’à mettre sur un même plan la démarche scientifique et les croyances culturelles traditionnelles : « Le constructivisme est libérateur quand il révèle la contingence de pratiques sociales considérées à tort comme fondées en nature. Mais il s´égare quand il aspire à devenir une théorie générale de la vérité et de la connaissance, où celles-ci ne font plus qu´exprimer les besoins et les intérêts d´une société ».
La démonstration de l’auteur aurait été plus convaincante s’il avait plus tenu compte des contradictions inhérentes à la démarche objectiviste (qui la grèvent d’une certaine relativité) et s’il n’avait pas à ce point ignoré la valeur épistémique/symbolique de nombre de croyances…

Travailler en solo Travailler en solo
Sylvie Baussier, Anouk Journo-Durey
Albin Michel

Ce guide pratique apporte repères et solutions face aux contraintes administratives et juridiques, aux aspects techniques et financiers et aux enjeux commerciaux.
Mais pour travailler en solo, il faut aussi savoir durer en conjuguant efficacité, confiance, ouverture d´esprit. Autant d´aspects auxquels personne n’est particulièrement préparé. Aussi, à la manière d´un coach, accompagnateur du mûrissement de votre projet, cet ouvrage aborde également les aspects psychologiques, personnels, déontologiques et organisationnels auxquels vous serez inévitablement confronté.

Un blog est également consacré à ce thème.

La Communication responsable
Alice Audouin, Anne Courtois et Agnès Rambaud-Paquin
Eyrolles, éd. de l´Organisation

Avec ce livre, Alice Audouin, Anne Courtois et Agnès Rambaud-Paquin offrent au secteur de la communication un outil pratique pour mieux comprendre et intégrer le développement durable : impacts sociaux et environnementaux des actions de communication, nouvelles attentes des annonceurs, piège du “greenwashing”, influence des ONG environnementales, processus à mettre en œuvre au cœur des métiers…

> Dans ce domaine, la presse est particulièrement à la traîne, du genre : “Faites ce que je dis, pas ce que je fais” (ex. p. 112).

Vidéo pour le web
Filmez et faites-vous connaître sur la toile

Jennie Bourne et Dave Burstein
Pearson

Ce guide vous explique comment créer un plan de tournage, filmer correctement, monter avec précision, choisir un distributeur, vendre votre vidéo et réaliser des bénéfices, en tirant le meilleur parti des spécificités du Web.
De la prise de vue à la publicité sur le web en passant par le montage, l’ouvrage est assez complet. Un seul regret, le manque de francisation : exemples, interviews et adresses ressortissent essentiellement du contexte américain.

Presse et public: à quand une instance de médiation?

“La liberté de la presse ? Oui, bien sûr ! Mais pas sans la responsabilité !” Pour satisfaire cette exigence – et face aux dérives médiatiques – une instance est nécessaire pour rapprocher la presse et son public. Yves Agnès, président de l´Association de préfiguration d´un conseil de presse (APCP), répond aux questions d´Ouvertures.

Yves Agnès, président de l´Association de préfiguration d´un Conseil de presse (APCP).

Un colloque sur le thème : “Presse et public : à quand une instance de médiation ?”, aura lieu le jeudi 4 juin 2009 après-midi à Radio-France.

Le programme du colloque Presse et Public

Yves Cochet : «La crise est une crise anthropologique»

À l’occasion de la Déclaration du gouvernement préalable au Conseil européen (deuxième séance du mardi 14 octobre 2008 à l’Assemblée nationale), le député Vert Yves Cochet insiste sur le caractère inédit de la crise financière que nous connaissons. Il nous faut, selon lui, «remettre en question toutes nos croyances (…), décoloniser l’imaginaire». En quelques mots, le député tente d’expliquer pourquoi «la recherche de la croissance est désormais antiéconomique, antisociale et antiécologique». Et même «appauvrissante». Extraits des débat.


Yves Cochet

Bernard Accoyer (président de l’Assemblée). La parole est à M. Yves Cochet, pour le groupe GDR (Gauche démocrate et républicaine).

Yves Cochet. Monsieur le président, je parle au nom des députés Verts. La catastrophe actuelle n’est pas une crise financière, économique, écologique, politique, sociale ou culturelle. Elle est tout cela à la fois et simultanément, ce en quoi elle est totalement inédite.

Marc-Philippe Daubresse. Tout est dans tout !

Yves Cochet. Elle est, en un mot, une crise anthropologique. Pour le comprendre, il nous faut remettre en question toutes nos croyances – et Dieu sait si elles sont nombreuses ici. Il nous faut décoloniser l’imaginaire. (Applaudissements ironiques sur plusieurs bancs du groupe UMP/Union pour un Mouvement Populaire.) Il nous faut penser l’impensable.
La débâcle financière actuelle n’est pas d’abord, comme on l’entend ici ou là, une crise de liquidité. C’est une crise de surgonflement des actifs financiers par rapport à la richesse réelle, c’est-à-dire l’opposé d’une crise de liquidité. Le marché financier, en d’autres termes le volume des échanges de papier virtuel, est plus de vingt fois supérieur aux échanges de l’économie réelle. La richesse réellement existante n’est plus suffisante, comme jadis, pour servir de gage à la dette financière. Un seuil a été dépassé : le seuil de liaison entre le capitalisme, fondé sur le crédit, et les ressources naturelles, qui sont la base de toute richesse réelle.

François Goulard. Cela ne veut rien dire !

Yves Cochet. Monsieur Goulard, prétendriez-vous que les ressources naturelles ne sont pas la base de toute richesse réelle ?

François Goulard. Mais non, c’est le pouvoir de l’homme !

M. le président. Monsieur Cochet, un discours à la tribune n’est pas un dialogue. Vous seul avez la parole.

Yves Cochet. Je veux simplement dire à M. Goulard : n’achetez plus de pétrole, ce n’est pas une richesse réelle !
L’effondrement financier actuel s’explique par le dépassement de ce seuil, par la rupture de cette liaison. Autrement dit : la dette est totalement dévaluée en termes de richesses réellement existantes. Avant l’intervention des États et en l’espace de quelques jours, personne ne désirait plus échanger une richesse réelle contre une dette, même rémunérée par un fort taux d’intérêt. La dévaluation de la dette s’explique par cette déconnection, et non pas par un manque de crédit, d’argent en circulation ou de prêts entre banques – cliché véhiculé ici et là.
La question principale est donc : la croissance de l’économie réelle peut-elle être assez forte pour rattraper la croissance massive de la dette ? (« Ce n’est pas cela ! » sur les bancs du groupe UMP.) Évidemment, la réponse est non. La croissance de l’économie réelle est désormais fortement contrainte par la raréfaction des ressources naturelles qui forment la base de tous les systèmes de sustentation de la vie économique et sociale. Cette contrainte s’exerce à la fois en amont par la déplétion minérale et fossile – par exemple le pic de Hubbert – et en aval par la pollution de l’atmosphère, des terres et des océans.
En outre, les inégalités croissantes de revenus depuis trente ans n’incitent pas les ménages à consommer, sauf par le biais de crédits qui gonflent encore plus la dette. Ainsi, les coûts marginaux de la croissance sont désormais supérieurs à ses bénéfices marginaux. Autrement dit encore : la croissance physique réelle nous rend de plus en plus pauvres.
Pourtant, l’aveuglement des dévots de la croissance (Exclamations sur les bancs du groupe UMP) continue de plus belle ! Ainsi, la déclaration émise par l’Eurogroupe avant-hier commence de la façon suivante : « Le système financier apporte une contribution essentielle au bon fonctionnement de nos économies et constitue une condition de la croissance. »

François Goulard. Oui !

 « Décroissance », un mot encombrant ?Dans son intervention, Yves Cochet emploie 14 fois le mot «croissance»,  jamais le mot «décroissance».
Pourquoi ? Parce que ce mot-programme, promu par des militants radicaux, n´emporte pas une large adhésion, même parmi les écologistes.
Hubert Reeves récuse ce mot négatif et manichéen :
« Le choix des mots est important. Le mot croissance est dynamique. Le mot décroissance est un frein. Qui donc accepte d’être freiné ? Pour ma part, je préfère les mots sans connotation de privations à endurer. La croissance de la recherche scientifique, la croissance de l’agriculture biologique, et des commerces de proximité… voilà des exemples de croissance à concrétiser. » (Hubert Reeves, Le Monde – 01/08/2006)
Albert Jacquard rappelle que l´idée de décroissance n´est pas acceptable par les pauvres.
Il faut « une décroissance de la consommation des plus riches. Cette perspective n’a rien de sombre, à condition qu’elle soit accompagnée d’un développement des activités qui ne détruisent pas les richesses de la planète, notamment toutes celles générées par les rencontres entre humains. » (Albet Jacquard, Mon Utopie, Stock – 30/08/2006)
(Citations extraites du débat « Développement durable ou décroissance » sur hyperdebat.net )

Yves Cochet. C’est une forme de religion, une théologie, une croyance. Mais l’économie réelle n’est plus en croissance – même négative, madame la ministre : elle est en récession ! Nous pourrions presque prendre des paris sur l’avenir, hélas, car tout cela est bien malheureux. Ceux qui, malgré des signes avant-coureurs objectifs, matériels et présents depuis des années, n’ont pas anticipé, se trouvent fort démunis, y compris dans leur imaginaire.
Quel objectif devons-nous donc viser, en France et en Europe ? Il faudrait que les banques tendent progressivement vers un taux de réserves idéal, c’est-à-dire égal à 100 % de leurs prêts. Toutes les banques devraient devenir graduellement de simples intermédiaires entre déposants et emprunteurs, et non plus des « machins » qui créent de la monnaie à partir de rien et la prête avec intérêt.

François Goulard. Elle vient d’où, cette monnaie ?

Yves Cochet. Comme je l’ai expliqué, la recherche de la croissance est désormais antiéconomique, antisociale et antiécologique. La croissance est appauvrissante. De toute façon, que vous le reconnaissiez ou non, que vous le vouliez ou non, la récession est là ! Vous n’avez pas su l’anticiper car vos modèles économiques sont périmés, et je crains, hélas, qu’à cause de votre aveuglement, elle ne soit longue et pénible, notamment pour les plus défavorisés, qu’ils vivent dans les pays de l’OCDE ou dans ceux du sud.
Toutes nos actions devraient être guidées par la volonté de faire décroître l’empreinte écologique des pays de l’OCDE. Je sais – et les sourires que je vois me le confirment – que les dirigeants du Conseil européen et vous-même, monsieur le Premier ministre, avez un autre modèle en tête afin de retrouver la croissance. Quelle illusion ! Vous essaierez de sauver la sacro-sainte croissance à laquelle vous croyez parce que vous êtes incapables d’imaginer un autre modèle économique, un autre type de société.
L’espoir d’une nouvelle phase A du cycle de Kondratiev succédant à la phase B que nous traversons depuis trente ans, est vain. Nous ne sommes pas à l’aube d’une nouvelle croissance matérielle ou industrielle, mais dans la phase terminale du capitalisme (Exclamations sur les bancs du groupe UMP), comme le disait Immanuel Wallerstein (chercheur au département de sociologie de l’université de Yale, ndlr) il y a trois jours.
Les possibilités d’accumulation réelle du système ont atteint leurs limites, pour des raisons géologiques et économiques que vous ne voyez pas. II faudrait mettre en place quelque chose d’entièrement nouveau, une société de sobriété dont je ne peux dessiner, de manière très sommaire, que quatre orientations principales. Premièrement: tendre à l’autosuffisance…

Marc-Philippe Daubresse. En matière d’autosuffisance, vous vous y connaissez!

Yves Cochet. …locale et régionale en matière énergétique et alimentaire, au nord comme au sud. Deuxièmement : aller vers une décentralisation géographique des pouvoirs – bref, vers une France fédérale dans une Europe fédérale. Troisièmement : s’efforcer de relocaliser les activités économiques. Quatrièmement : viser une planification concertée (« À la soviétique ! » sur les bancs du groupe UMP) et l’instauration de quotas, notamment en matière énergétique et alimentaire.
À défaut d’une telle vision et d’une telle action, je crains que notre continent européen ne traverse bientôt des épisodes troublés dont nous apercevons déjà les prémisses. Je prends date aujourd’hui devant vous ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP et du groupe NC/Nouveau Centre.)
John Stuart Mill disait : « Aux grands maux, les petits remèdes n’apportent pas de petits soulagements, ils n’apportent rien. »

Mme Claude Greff. Vous non plus !

Yves Cochet. Les grands maux actuels de l’Europe et du monde réclament donc une créativité et une inventivité politiques inédites dans notre histoire. C’est à cette hauteur de pensée et d’action que j’appelle les dirigeants européens, afin de sauver la paix, la démocratie et la solidarité. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes GDR et SRC/Socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)