Herboristerie (2/2) : une course d’obstacles vers la légalisation

Une enquête d’Adeline Gadenne pour Ouvertures.

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Herboristerie de la place Clichy (Paris). Photo : Adeline Gadenne.

Les herboristes sont très partagés sur l’affaire de l’herboristerie de la place Clichy. D’un côté, ils ne soutiennent pas Jean-Pierre Raveneau et même s’inquiètent du discrédit de leur profession qui risque d’en découler. Patrice de Bonneval, docteur en pharmacie et fondateur de l’école lyonnaise des plantes médicinales, est très critique envers lui : « Il n’était pas inscrit à l’Ordre des pharmaciens, mais ne s’était pas non plus rapproché de la Fédération française des écoles d’herboristerie au sein desquelles nous défendons notre pratique et fixons des règles éthiques ». Cet ex-propriétaire de l’herboristerie de Bonneval à Lyon a lui aussi collectionné les procès. « Je me bats depuis 30 ans pour un idéal, pas pour l’argent, tient-il à préciser. Nous avons un métier à offrir à la clef ».

Thierry Thévenin. Photo : Adap.

Thierry Thévenin. Photo : Adap.

« Ce genre d’affaires peut faire tomber le métier d’herboriste dans la caricature de l’escroc et ainsi nuire à toute une filière », lâche sévèrement Thierry Thévenin, le porte-parole du Syndicat des simples qui regroupe une centaine de producteurs de plantes médicinales. Ce professionnel à l’éthique très forte milite pour que le commerce des « simples » se développe en France de manière qualitative et respectueuse des ressources. Lui qui cueille et cultive les plantes depuis trente ans et les vend sous forme séchée pour la préparation de tisanes, n’a pas le droit de prodiguer de conseils et doit se limiter à la vente des 148 plantes « libérées » par décret en 2008. Paradoxe, c’est pourtant Thierry Thévenin qu’on retrouve tous les mois sur le plateau du Magazine de la santé sur France 5 lorsqu’il s’agit de répondre aux nombreuses questions des téléspectateurs sur la phytothérapie.

Deux sénateurs pour un diplôme

Thierry Thévenin souhaiterait que soit mis fin au monopole des pharmaciens, les seuls aujourd’hui habilités à commercialiser toutes les plantes de la pharmacopée, soit 562 espèces et, surtout, les seuls à pouvoir faire des allégations de santé. Il y a cinq ans, il parvient à convaincre un homme politique à s’engager en ce sens : en juillet 2011, le sénateur Jean-Luc Fichet dépose une proposition de loi « visant à créer un diplôme et organiser la profession d’herboriste ». Mais quelle déception à la lecture du texte ! S’il avait été adopté, la pratique de l’herboristerie aurait certes été légalisée, mais elle aurait dû se limiter aux 148 plantes déjà « libérées ». Une herboristerie au rabais…

L’herboristerie chez nos voisins

La situation dans l’Union européenne est très disparate en ce qui concerne la profession d’herboriste. La députée Michèle Rivasi, dans un discours prononcé au Parlement de Bruxelles le 21 juin 2011, avait évoqué l’idée d’une directive sur ce métier afin d’harmoniser les différentes législations. La France aurait tout à y gagner car les choses sont plus simples chez nos voisins. Pour schématiser, on distingue l’Europe du Nord et anglo-saxonne où des professionnels à la fois herboristes et thérapeutes ont le droit d’établir des diagnostics et de prescrire des plantes. Il s’agit des herbalists en Grande-Bretagne et des Heilpraktiker en Allemagne. Ils ne peuvent toutefois prendre en charge les pathologies lourdes. En Europe du Sud, les herboristes sont soit des producteurs de plantes, soit des vendeurs, soit les deux. Officiellement, ces erboristi (italiens) ou herboralios (espagnols) n’ont pas le droit de donner des conseils thérapeutiques mais ils bénéficient d’une plus grande tolérance qu’en France. Terminons par la Belgique où le métier est reconnu officiellement, le diplôme étant obtenu après deux années de formation. Ces herboristes ont le droit de conseiller et de vendre plus de 400 plantes.

Source : Plaidoyer pour l’herboristerie, par Thierry Thévenin, Ed. Actes Sud.

Certains points ont même été jugés dangereux par les herboristes : par exemple, le projet de loi donnait à l’ANSM (Agence nationale de sécurité des médicaments) un rôle de contrôle. Or cette autorité de santé méconnaît le domaine de la phytothérapie… Le Syndicat des simples fit une contre-proposition, mais, à quelques mois de l’élection présidentielle de 2012, le texte tomba aux oubliettes.

En 2015, c’est vers un autre homme politique que Thierry Thévenin se tourne, le sénateur Joël Labbé. Ce dernier souhaite déposer une proposition de loi avant cet automne. Joël Labbé a vite compris que le dossier n’était pas aisé : « J’ai pris contact avec des producteurs, des transformateurs et des commerçants, et il y a plusieurs chapelles. Il faudra que ces professionnels s’entendent, faute de quoi il me sera difficile de porter un texte au Sénat pour la reconnaissance du métier et surtout la possibilité de vendre avec des conseils », analyse-t-il.

Création d’un syndicat

Justement, depuis 2013, se réunissent chaque année les acteurs du secteur lors du Congrès des herboristes. Le premier a eu lieu à Paris avec comme ambition « d’échanger et de faire émerger des idées pour construire un projet pour une reconnaissance officielle du diplôme d’herboriste ».

CongrèsLes 23 et 24 avril prochains aura lieu la quatrième édition du congrès. Elle sera l’occasion de célébrer la création du Synaplantes, le tout nouveau syndicat des herboristes. « Nous allons rédiger une charte de conduite à laquelle nos membres devront se référer », dévoile Michel Pierre, directeur de l’herboristerie du Palais Royal, nommé président du syndicat. Revenant sur l’affaire de l’herboristerie de la place Clichy, il explique que la création du Synaplantes est destinée à encadrer les dérives. « Nous ne défendrons pas les gens qui dépassent les bornes », précise Michel Pierre.

Bien que sans cadre clair, cette pratique progresse en France, et ce malgré les ennuis judiciaires qu’encourent les professionnels. Pour parler de l’affaire de Jean-Pierre Raveneau, le Journal international de médecine titrait d’ailleurs : « Malgré les condamnations, les herboristeries continuent de pousser ».

Il y a en effet une attente forte des Français pour la médecine par les plantes, sans doute en lien avec les scandales sanitaires à répétition portant sur des médicaments chimiques. Or les pharmaciens, rappelons-le, sont les seuls, avec les médecins, à avoir le droit de donner des conseils en phytothérapie, mais ne sont pas formés à cette approche pour la grande majorité. Il plane aujourd’hui un lourd climat d’hypocrisie, avec des pharmaciens qui préfèrent laisser le grand public livré à lui-même, plutôt que de faciliter la renaissance du métier d’herboriste.

Michel-Pierre

Michel Pierre.

« C’est scandaleux : la pharmacie veut détenir quelque chose qu’elle ne développe pas suffisamment », dénonce Michel Pierre qui poursuit : « On est attaqués de toute part, on assiste à la mise à mort d’une profession, ce qui n’est pas sain pour la société. »

« Les pharmacies devraient d’abord balayer devant leur porte avant de s’en prendre aux personnes qui s’intéressent aux plantes », estime pour sa part Thierry Thévenin. « A ma connaissance, l’herboristerie de la place Clichy n’a intoxiqué personne. Il faut relativiser la dangerosité des plantes. Combien de gens ont-ils été envoyés à l’hôpital à cause des médicaments ? » Les estimations officielles révèlent entre 13 000 et 34 000 décès et 150 000 hospitalisations annuelles liées à des accidents médicamenteux.

Herboristerie (1/2) : le cas Raveneau embarrasse ses confrères

Enquête d’Adeline Gadenne pour Ouvertures.

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Jean-Pierre Raveneau. Copie d’écran naturisme-tv.com.

RAS dans la fameuse herboristerie de la place Clichy à Paris, où les clients défilent toujours aussi nombreux. Cependant, on peut entendre certaines personnes demander discrètement au comptoir : « Vous allez devoir fermer ? » Le 17 février dernier, les responsables de l’établissement étaient en effet condamnés pour « exercice illégal de la pharmacie ». Jean-Pierre Raveneau et Nicole Sabardeil, pharmaciens diplômés, n’étaient pas inscrits à l’ordre de cette profession. Ils ont écopé de lourdes sanctions : l’herboriste est condamné à un an de prison avec sursis, tandis que la société Pharma Concept, actuellement dirigée par Nicole Sabardeil, propriétaire de l’herboristerie de la place Clichy ainsi que de celle de la rue Saint-André-des-Arts dans le 6ème arrondissement de Paris,  devra s’acquitter d’une amende de 50 000 €.

Jean-Pierre Raveneau est dans le collimateur de la justice depuis très longtemps. En rachetant il y a une vingtaine d’années l’herboristerie la plus connue de France et en faisant le choix de n’y vendre que des plantes et aucun médicament allopathique, il est sorti du cadre de la loi et s’est exposé à de nombreux contrôles. En effet, pour vendre toutes les plantes de la pharmacopée française, il faut être pharmacien inscrit à l’Ordre national des pharmaciens, et pour cela, on doit obligatoirement exercer dans une officine qui vend des médicaments.

Ainsi les douanes ont à plusieurs reprises réalisé des saisies de produits. Sorte de franc-tireur, il répondait volontiers aux interviews pour expliquer sa pratique et raconter son histoire. « Nous ne devrions même pas exister », ironise un de ses pairs sous couvert d’anonymat, lui qui a choisi de ne surtout pas s’exposer : « Nous sommes sous surveillance, notre activité est en sursis ».

Des plantes pour combattre le sida

viralgic 2Il faut souligner que cette nouvelle sanction très sévère vise un mélange de plantes bien particulier formulé par Jean-Pierre Raveneau : le Viralgic. Créé à la fin des années 1990, il portait originellement la mention d’« antiviral spécifique des virus HIV 1 et 2 » et était destiné aux personnes séropositives. C’est pourquoi cette récente condamnation a fait les gros titres de nombreux médias reprenant la même formule assassine : « L’herboriste qui prétendait savoir guérir le sida ».

L’histoire du Viralgic est à elle seule un véritable roman… En 2001, l’association Act up signalait à l’Agence française du médicament un « produit à base de plantes provenant d’Amérique latine (présenté) comme une alternative à la trithérapie ». L’autorité sanitaire adresse alors à M. Raveneau une mise en demeure pour que cesse la promotion du produit. Puis en 2005, les autorités sanitaires décident la suspension de sa fabrication, de sa commercialisation, de son exportation, de sa détention, de sa publicité, etc.

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Photos : Marc Egrot.

Pour sa défense, Jean-Pierre Raveneau avait pourtant stipulé que le Viralgic était destiné à l’exportation en Asie et en Afrique ajoutant que cette décision « priv(ai)t de Viralgic le Centre intégré de recherches biocliniques d’Abidjan qui suit et traite plus de 3000 personnes séropositives ». Mais pour l’Agence française des médicaments, la seule présence de la mention d’« antiviral spécifique des virus HIV 1 et 2 » méritait sanction. Pour cette autorité de santé, il s’agit bel et bien d’une allégation de santé qui range automatiquement le produit dans la classe des médicaments et qui entraîne la nécessité de l’obtention d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) avant toute commercialisation. Là aussi, Jean-Pierre Raveneau s’était défendu en précisant qu’il ne s’agissait de d’« une simple référence aux propriétés antivirales des plantes entrant dans la composition du Viralgic, (faisant) état d’une action pharmacologique et non de propriétés thérapeutiques ».

Dialogue de sourds

Entre la pharmacie conventionnelle et l’herboristerie, le dialogue de sourds est chose habituelle car tout ou presque les oppose et l’histoire de Jean-Pierre Raveneau en est une illustration poussée à la caricature. D’un côté, l’herboriste n’a rien lâché et a continué dans la voie du Viralgic. Il a ainsi décidé de délocaliser la production dans une micronation située en Australie, la principauté d’Hutt River, et a créé une nouvelle société : Pharma-Concept HRP (Hutt River Principality). De l’autre, les autorités sanitaires n’ont pas fait l’effort d’essayer de comprendre les arguments de l’herboriste et ont réagi de manière radicale.

Ainsi, en 2011, Jean-Pierre Raveneau écope d’une première condamnation pour la vente du Viralgic. Le 17 février 2016, il est encore plus durement sanctionné car considéré comme récidiviste. L’exposé des faits indique qu’un certain Mamadouba Camara aurait été interpellé à la sortie du métro Barbès-Rochechouart en train de distribuer un prospectus vantant les mérites d’un remède antiviral et antibactérien. En suivant la piste, les policiers sont remontés jusqu’ à l’herboristerie de la place Clichy puis au domicile de Jean-Pierre Raveneau, y trouvant quelques 20 000 étiquettes de Viralgic. Jointe au téléphone en février dernier, Nicole Sabardeil, la propriétaire de la société Pharma Concept, s’en est expliquée : « On ne peut empêcher que des personnes vantent les vertus de nos formules si elles pensent qu’elles sont efficaces et, concernant les étiquettes, il s’agissait de vieux stocks ». En revanche, elle n’a pas souhaité commenter le jugement.

L’herboristerie de la Place Clichy ne va pas fermer

Que conclure de toute cette histoire dont nous n’avons qu’effleuré les principaux chapitres ? Tout d’abord, qu’elle n’est pas représentative de la pratique de l’herboristerie aujourd’hui en France. Nombre des pairs de Jean-Pierre Raveneau, bien que dénonçant une « chasse aux sorcières », ne le soutiennent pas : « J’essaye d’être en règle et je n’utilise pas les mots sida ou cancer », confie Michel Pierre, directeur de l’herboristerie du Palais Royal à Paris, lui-même condamné en 2013 pour le simple fait de se parer du titre d’herboriste, lui qui n’est « que » préparateur en pharmacie.

À la question « l’herboristerie de la Place Clichy va-t-elle fermer ? », la réponse est à l’heure actuelle négative. Mais l’herboriste ne va pas revenir de si tôt. Au moins quatre pétitions ont été mises en ligne depuis sa condamnation pour soutenir Jean-Pierre Raveneau, symboliquement et même financièrement, émanant d’amateurs et d’inconditionnels. Ces actions citoyennes visent à dénoncer un climat général délétère autour de la phytothérapie. Les plantes médicinales connaissent en tous cas de plus en plus de succès auprès des Français.

A suivre (2/2) : Herboriste : une course d’obstacles vers la légalisation

Mouvements religieux : “Inform”, 25 ans d’information indépendante

Pendant le séminaire du 25e anniversaire.

Pendant le séminaire du 25e anniversaire. Photo : Inform.

Reportage : David Bromberg

Inform 3L’Information Network Focus on Religious Movements (Inform), réseau britannique d’information sur les mouvements religieux, est une charity (association caritative) fondée en 1988 avec le soutien du ministère de l’intérieur et des églises établies. Son objectif : collecter et rendre disponibles des informations indépendantes et mises à jour sur les nouveaux mouvements religieux ou ce que certains, comme en France, appellent « les sectes ».

Vingt-cinq ans plus tard, Inform est devenu l’incontournable partenaire du gouvernement anglais, de la police ou des tribunaux lorsqu’il s’agit de les renseigner objectivement sur telle ou telle « secte » ou nouveau mouvement religieux. Inform est également ouvert à la presse et au public. Fort d’un riche fond documentaire, l’association est bien renseignée et regroupe en son sein des acteurs divers.

Eileen Barker, présidente et fondatrice

La sociologue Eileen Barker, présidente d'Inform.

La sociologue Eileen Barker, présidente d’Inform.

Sa fondatrice, Eileen Barker, est titulaire d’un doctorat en sociologie des religions. Professeur émérite à la LSE, décorée comme officier de l’Ordre de l’empire britannique, elle a fait cinq fois le tour du globe pour étudier les nouveaux mouvements ou courants religieux. Le directeur d’Inform est Nick Parke, un ancien officier de renseignement dans la police britannique, alors responsable de la sécurité et de l’ordre public. Autour d’eux, un religieux de l’église anglicane, le révérend Andrew Maguire, et un panel de jeunes universitaires.

A la différence de notre Miviludes, qui fonctionne sur les « signalements », les rumeurs, les coupures de presse et les notes de sa police spécialisée (Camaides), Inform privilégie la neutralité et la fiabilité des informations, le souci de ne pas généraliser ni de sombrer dans le sensationnalisme.

Lors de la célébration du 25e anniversaire, sont intervenus : des experts en sociologie des religions, en droit ecclésiastique, des responsables religieux de religions « traditionnelles » ; des responsables de « nouveaux mouvements religieux », des « ex membres » qui considèrent que le mouvement qu’ils ont quitté est une « secte » ; d’autres « ex-membres » qui pensent que leur expérience au sein du même mouvement a été enrichissante ; des psychiatres qui « traitent » les bouleversements nés de toutes ces années passés dans un mouvement « sectaire » ; des officiels de plusieurs gouvernements européens.

Eviter la diabolisation

Tout ce monde se côtoie dans un esprit de dialogue dont Eileen Barker s’enorgueillit, forte des louanges que lui adressent les autorités anglaises. Grâce au travail d’Inform, celles-ci parviennent à éviter la diabolisation et à appréhender plus sereinement une réalité sociologique complexe et mouvante.

Les présentations sont allées du mouvement de L’Homme nouveau vers l’immortalité, en Corée du Sud, à une histoire du Temple de la science maure d’Amérique (organisation musulmane et syncrétique fondée en 1913), à des études sur le mormonisme, au Vedanta dans l’époque moderne, à la Soka Gakkaï, aux minorités soufies en Iran et dans les Balkans, aux zoroastriens ou au néo-paganisme.

Peu de Français : un universitaire de Versailles expliquant l’utilisation d’Internet par les raéliens, un jeune doctorant parisien en sociologie des religions évoquant ses recherches au sein de deux églises de scientologie de la capitale française et le président des églises de ce mouvement en France.

Inform a ouvert un dialogue avec la Miviludes qui avait participé l’an dernier à sa conférence annuelle. Pas cette année.

La France a été parfois l’objet de commentaires plus désabusés qu’acerbes. Notre pays est perçu comme le pays d’Europe qui n’a pas su évoluer sur le sujet des minorités religieuses. La « lutte antisecte », pour les Anglais comme pour les Américains ou les Scandinaves, est le symbole d’une époque révolue où l’ignorance nourrissait une paranoïa dont la France n’a pas encore su guérir.

Les mouvements antisectes étrangers ont mis de l’eau dans leur vin

Même les grands mouvements « anti-sectes » américains, ancêtres de nos Miviludes et associations spécialisées, ont évolué. L’Icsa (International Cultic Studies Association), auparavant berceau des « déprogrammeurs » (le deprogramming est une méthode élaborée par des psychiatres pour persuader ou contraindre un individu à abandonner des croyances jugées erronées ou dangereuses), très présente pendant la conférence, s’est ouverte au dialogue ces dernières années. Elle promeut maintenant une approche modérée en collaboration avec les universitaires et les nouveaux mouvements religieux eux-mêmes.

Avec Eileen Barker, Gordon Melton, fondateur de l’Institut pour l’étude des religions américaines et auteur de plus de 25 ouvrages sur le sujet, et Massimo Introvigne, juriste, sociologue et fondateur du Cesnur (Centre pour l’étude des nouvelles religions, association internationale), représentaient les « pionniers » de l’étude du phénomène des nouveaux mouvements religieux. Ils ont défriché le terrain de la recherche dans un environnement hostile, à une époque où s’intéresser à un nouveau mouvement religieux était considéré comme une sorte de « pacte avec le diable » par les mouvements « antisectes ».

A leurs cotés, Michael Langone, psychologue américain et directeur d’Icsa, et Mike Kropvield, directeur général d’Info-Sectes, au Canada, deux représentants de mouvements antisectes les plus en pointe, ont mis de l’eau dans leur vin. Tous, à cette table, ont reconnu une chose : la peur est mauvaise conseillère et rien ne remplace le dialogue.

Épouser la médecine, est-ce un bon plan ?

« Épouser la médecine, est-ce un bon plan ? Et j’oserai même demander, en toute généralité : vit-on plus heureux sans voir de médecin ? Cette question, je vous l’avoue, je me la pose depuis que j’ai vu le jour. Je vais examiner avec vous ce soir le bon ménage du mariage avec la médecine.

Eglise Saint-Brice de Saint-Mandé-sur-Brédoire (Charente maritime)

Eglise Saint-Brice de Saint-Mandé-sur-Brédoire (Charente maritime). Crédit photo : kristobalite

Les bons côtés

Côté positif : il n’est jamais agréable de faire un OAP ou un AVC (*) en plein désert médical ; avec un thérapeute de compagnie, l’expédition est entreprise en toute sérénité. Plus simplement, la possibilité de pouvoir résoudre au jour le jour les inévitables pépins de santé est certainement un plus pour le conjoint d’un ami d’Hippocrate. Des ordonnances à la demande, des antibiotiques sans rendez-vous. Mon expérience ne se limite pas à des améliorations biologiques, c’est dans les détails inattendus que l’on y gagne : l’explication d’un diagnostic du Docteur House, la protection bienvenue d’un caducée pour un parking improbable ; ce n’est pas le plus glorieux, j’en conviens ; je ne vais pas allonger la liste, je le pourrais amplement. Tout cela plaide incontestablement en faveur d’une association étroite avec la médecine.

Faut-il faire confiance aux médecins ?

On rencontre toutefois de grands esprits quelque peu réservés sur la toute puissance de la confrérie du stéthoscope. Ce n’est pas moi qui le dis. Pensons aux nombreux dramaturges, de l’antiquité jusqu’à nos jours ; à cet homme de théâtre qui faisait rire des médecins en parlant de mariage. Il allait jusqu’à dire : « presque tous les hommes meurent de leurs remèdes et non pas de leurs maladies ». Bon, c’est pure méchanceté, et loin de moi l’intention de l’imiter. Pourtant quand j’entends dire, tout près de moi : « arrêtez les médicaments, et tout ira mieux », j’en arrive, moi aussi, à me poser des questions. En toute logique, ne faudrait-il pas dire d’ailleurs : arrêtez les médecins, et tout ira mieux. Je ne mens pas : il y a des gens payés pour stopper l’élan de la médecine !

Vous éprouverez alors avec moi une certaine perplexité. Cela avait si bien commencé ! Comment conclure ? Mais les impressions favorables dominent et j’aurais tendance à dire : épouser la médecine, il faut essayer !

Finalement, qu’est-ce que la médecine ?

Pour vraiment avancer toutefois, ne faut-il pas surtout se demander : qu’est ce que la médecine ? Pour l’un c’est rétablir la santé, pour l’autre la maintenir ; pour l’un elle est scientifique, pour l’autre fraternelle. Pour l’un elle vise le bien-être physique, pour l’autre l’équilibre mental. Pour un autre encore, seul compte le soin de l’âme, bien cachée dans le corps. C’est un art indispensable au demeurant pour les malades que nous sommes tous sans le savoir.

Paracelse quant à lui déclarait : toute médecine est amour. Mais oui, nous y voilà, c’est bien le jour. Nous sommes tous malades d’amour. Alors oui, soignons-nous les uns les autres…, y compris les médecins. Et plutôt que d’allopathie ou d’homéopathie, usons d’abord d’empathie, et même de télépathie. En place d’anxiolytique, prononçons des mots doux. Plutôt qu’une AMM (*) annonçons un « je t’aime ». Contre un excès de bile, une main rassurante. Pour un pansement gastrique, de la soupe en grand bol. Comme potion médicale, goûtons le vin des noces. »

* OAP = Oedème aigu du poumon ; AVC = Accident vasculaire cérébral ; AMM = Autorisation de mise sur le marché (pour les médicaments)

Et si on habitait autrement ?

habiterre-habitat-groupeAu sommet d’une colline, un hameau en bois baptisé Habiterre fait face aux vertes montagnes du parc naturel du Vercors. C’est ici, sur les hauteurs de Die, dans la Drôme, qu’une dizaine de foyers, qui pour la plupart ne se connaissaient pas, ont décidé de concrétiser leur envie de vivre autrement. Depuis mai 2011, ils sont une trentaine, du retraité au nouveau-né en passant par l’adolescent, à cultiver le vivre-ensemble, et l’entraide dans ce que l’on appelle un habitat groupé.

Cette forme de logement qui comporte à la fois des parties privatives et des parties communes est très répandue au Canada et en Allemagne et commence à se développer en France. Et pour cause, les avantages de cette résidence partagée  sont nombreux. En plus d’offrir un cadre de vie convivial et d’éviter l’isolement, ce lieu favorise la mutualisation des moyens et des idées.

Chauffage et tondeuse en commun

Ainsi, les habitants on mis en commun, une tondeuse, leur outillage et même une chaudière à bois qui leur permet, en plus de limiter leur impact sur l’environnement, de réduire considérablement leurs dépenses énergétiques. Le hameau est composé de 11 logements indépendants, afin que chacun préserve son intimité, mais, c’est dans la maison commune, placée au centre du hameau, que bat le cœur d’Habiterre. Les membres peuvent s’y retrouver pour cuisiner, se répartir un demi-cochon, prendre l’apéro, faire leur lessive ou profiter de la bibliothèque commune.

C’est également dans cette grande salle, qui a déjà accueilli près de 80 personnes, que sont discutées toutes les deux semaines les décisions à prendre concernant cette grande colocation. A l’occasion d’un petit déjeûner, les habitants se mettent d’accord sur la couleur du crépit, la construction d’une dalle pour le garage à vélo ou encore l’organisation d’activités ouvertes sur l’extérieur (voir encadré). « Nous fonctionnons dans une démocratie qui n’a pas besoin d’être surformalisée », note Joël, un des cofondateurs, qui a quitté le Québec pour cette aventure humaine.

Néanmoins, quand un sujet divise, notamment quand il a des conséquences financières, des assemblées plus formelles sont réunies. Dernièrement, c’est l’installation d’une antenne satellite qui a créé le débat. « Ça crée une contrainte. On n’a pas la même liberté que si on était chacun chez soi. Mais les décisions se prennent à tous », plaide cet entrepreneur social.

Difficile donc de se sentir seul tant ce hameau déborde d’activité. « En termes de vie sociale, c’est presque le trop plein. Il est difficile d’aller quelque part sans croiser 3 ou 4 personnes », s’amuse Joël. Il compare le quotidien du hameau à une « vie de village », moins contraignante que la cohabitation au sein d’une communauté: « Chacun est libre de rester chez lui et personne ne rentre chez les autres sans frapper ».

Plus que de simples voisins

Vue d’une des terrasses d’Habiterre sur le Vercors

Vue d’une des terrasses d’Habiterre sur le Vercors

Mais Habiterre n’est pas seulement une alternative au mode d’habitat dominant dépourvu d’humanité, où, comme le souligne Joël, « les voisins ne se parlent pas » et sont séparés par des murs. C’est aussi un exemple vivant de notre capacité à coopérer. Joël et Marc ont planché sur le  montage du projet. Pascale a travaillé sur l’aspect comptable et d’autres se sont occupés du jardin. Les connaissances d’Alain , le bricoleur de l’équipe, ont permis d’accélérer les travaux. Ainsi, les compétences de chacun sont mises au service du collectif. « Quand 10 cerveaux réfléchissent, ça donne beaucoup de bonnes idées », assure Joël. C’est grâce à cette addition de matière grise qu’un four à pain, des bacs à fleurs en bois ou des toilettes sèches ont émergé sur le site.

En effet, les membres d’Habiterre sont attachés au faire soi-même. Gros-œuvre mis à part, l’ensemble des habitations ont été autoconstruites par les habitants avec une volonté de minimiser leur impact sur l’environnement. Ouate de cellulose, chanvre, chaux, tuiles en terre cuite…  « 90% des constructions sont faîtes à partir de matériaux écologiques », estime Joël.

Ovni juridique

Curiosité architecturale, Habiterre est aussi un Ovni juridique. Les habitants ne sont pas propriétaires de leur logement mais détenteurs de parts. Afin d’éviter ce qu’ils considèrent être des écueils du modèle coopératif, ils ont opté pour une société civile immobilière (SCI). Car, le problème des coopératives, c’est que « le capital ne peut jamais être valorisé. C’est une bonne chose en général mais pas dans l’immobilier », argue Joël. En effet, une personne qui  voudrait déménager et donc revendre ses parts aurait dû mal à acheter un autre logement, la valeur des parts n’étant pas corrélée au prix du marché de l’immobilier. Ils ont donc créé un indice qui permet valoriser les parts. Il prend en compte le prix du marché, l’inflation et l’indice des constructions. Un moyen selon eux d’assurer aux membres la possibilité de se reloger en cas de départ sans pour autant participer à l’envol des prix du foncier.

Néanmoins, la SCI s’est dotée d’une charte coopérative afin de mettre en place une « gouvernance partagée » et qu’Habiterre ne devienne pas « une simple coproproiété ». Contrairement aux SCI classiques, le nombre de voix en assemblée générale ne dépend pas de la somme d’argent investie mais du nombre de personnes pas foyer, en vertu du principe du 1 personne=1 voix. Le caractère solidaire de cet habitat groupé à également été entériné par la charte. Ils insistent notamment sur la notion d’équité, « chacun en fonction de ce qu’il peut », indique Joël. Nous ne voulions pas que seules les personnes capables d’acheter une maison puissent nous rejoindre. Au moins deux familles ici n’auraient pas pu obtenir de prêt en banque pour acheter leur part », illustre-t-il.

Favoriser l’accès à la propriété

La salle commune

La salle commune

Alors, pour favoriser l’accès à la propriété des moins aisés, un système d’entraide a été mis en place. Les échéances de remboursement sont échelonnées en fonction des moyens financiers de chacun. « Ceux qui peuvent rembourser tout de suite le font, les autres paieront plus tard », livre Joël. De plus, les habitants ont la possibilité de régler une partie de leur part en temps de travail sur la construction du hameau afin de réduire la facture.

Outre ce montage juridique et financier innovant, c’est la rapidité de la concrétisation de ce projet qui distingue Habiterre des autres habitats groupés existants en France. Moins de trois années se sont écoulées entre les premières réunions et l’installation des habitants. Pour agir vite, deux familles motivée se sont lancées sans attendre que le groupe complet soit constitué. Avant même de savoir s’ils réuniraient l’argent nécessaire, ils ont lancé les travaux, s’appuyant néanmoins sur un prêt relai de la NEF. Les autres familles, séduites par le caractère concret de l’aventure n’ont pas tardé à pointer le bout de leur nez. La stratégie du « qui m’aime me suive », prônée par Joël, a porté ses fruits.

Heureux d’avoir réussi à mettre leurs actions en cohérence avec leurs principes, les initiateurs d’Habiterre, issus du monde de l’économie solidaire, voulaient également que le projet ait « valeur d’exemple ». En construisant cet habitat groupé écologique et solidaire, ils voulaient non seulement améliorer leur cadre de vie mais aussi montrer qu’il était possible d’habiter autrement, sans pour autant disposer de millions d’euros en banque. Un pari pour l’instant réussi.

Habiterre, un lieu ouvert sur l’extérieur
Afin de faire de leur lieu de vie alternatif un hameau ouvert sur l’extérieur, les habitants d’Habiterre ont vu grand. Chaque logement comporte une chambre d’amis et, mariages et fêtes sont régulièrement organisés sur les lieux. « Il n’y a pas beaucoup d’endroit où on pourrait se permettre d’inviter toute notre famille », lance Joël, un des initiateurs du projet. Mais ils ne se contentent pas de recevoir leurs proches. La salle commune accueille aussi des conférences débat et sert d’espace de réunion aux associations locales aussi bien qu’aux conseils d’administration de banques. La participation est libre mais l’idée est que ceux qui ont les moyens paient pour permettre aux petites structures de pouvoir disposer des lieux gratuitement. En outre, pour financer la construction de la maison commune, les membres d’Habiterre ont fait appel à l’épargne solidaire et plus précisément au « capital patient », à savoir des investisseurs qui ne sont pas guidés par le profit immédiat et qui sont prêts à attendre avant de revoir la couleur de leurs euros. Des chantiers participatifs ont également contribué à la naissance de ce lieu en réduisant le prix de la construction.

> Cet article d’Emmanuel Daniel est extrait du site Tour de France des alternatives, où l’on trouvera quelques compléments en bas de page.

Surmonter la peur : entretien avec Alexandre Fischer, praticien de la science chrétienne

Ouvertures.- Dans son livre Le Monde commence aujourd’hui (Silène, 2012), le résistant Jacques Lusseyran fait le récit d’une rencontre dans le camp de Buchenwald avec un homme extraordinaire, joyeux, tranquille, malgré le quotidien horrible de la vie en camp. Cet homme, Jérémie Regard, se revendiquait de la science chrétienne. De quoi s’agit-il ?

Alex_FischerAlexandre Fischer.- La Christian Science, science chrétienne en français [1], fut fondée à la fin du 19e siècle aux Etats-Unis par Mary Baker Eddy. Celle-ci enseigne un système de guérison spirituelle. Du grand sanctuaire d’Asklepios à Epidaure (Grèce) au moderne sanctuaire de Lourdes, le phénomène de la guérison spirituelle est relaté par la plupart des grandes traditions spirituelles. Mary Baker Eddy qualifia cette science de « chrétienne » car elle y voyait la clef des guérisons relatées dans les évangiles.

Si je vais au fond des choses, le principe sur lequel s’appuie la science chrétienne est le suivant : si je parviens, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, à l’union consciente avec le divin, il en résulte une transformation de ma compréhension de la réalité et de mon expérience. Faute d’un meilleur terme, cette transformation est nommée “guérison”.

Jacques Lusseyran, parlant de Jérémie, évoque des hommes qui venaient le voir et repartaient “tout ferrés et tout neufs, pour ramener chez eux un peu de la vie qui leur manquait et qu’ils trouvaient surabondante, étincelante et très douce” chez Jérémie. On juge l’arbre à ses fruits !

Prisonniers de Buchenwald à la libération du camp. Crédi photo : wikimedia

Prisonniers de Buchenwald à la libération du camp. Crédit photo : wikimedia

– Comment la science chrétienne est-elle apparue dans le paysage spirituel du 19e siècle américain ?

– En 1866, Mary Baker Eddy (1821-1910), une femme qui avait expérimenté différentes alternatives à la médecine, fit une chute sur une route couverte de verglas et perdit connaissance. Le médecin diagnostiqua une commotion cérébrale et une paraplégie et la jugea perdue. Deux jours plus tard, elle demanda qu’on la laissât seule. Elle ouvrit sa Bible. Á la lecture de la guérison du paralytique (évangile de Matthieu), elle se releva guérie.

Elle consacra le reste de son existence à éclaircir ce qui s’était produit, à rechercher les lois sous-jacentes à la guérison spirituelle. Elle publia le fruit de sa recherche dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, son principal livre dont la première édition parut en 1875. L’ouvrage, aujourd’hui traduit en seize langues, a été vendu à plus de dix millions d’exemplaires. Mary Baker Eddy  qualifia sa découverte de “science” car elle pût dégager des principes qui mis en pratique peuvent être démontrés systématiquement par toute personne.

– Quels sont ces principes ?

– L’idéal serait de lire le livre. Dans une première approche, j’en distinguerai trois. Laissez-moi les illustrer de quelques phrases extraites de son livre :

1. Les causes de la maladie ont une base mentale. “C’est la crainte, l’ignorance ou le péché qui est la cause prédisposante et la base de toute maladie. La maladie est toujours provoquée par un faux sens qui est nourri mentalement, non détruit. La maladie est une image de pensée extériorisée. L’état mental est appelé un état matériel” (p. 411)

Le manuel de la science chrétienne

Le manuel de la science chrétienne

2. Les verrous qui empêchent la guérison se résument en un mot : la peur. Chasser la peur est le premier pas vers la guérison. « La pratique scientifique et chrétienne commence par la note tonique de l’harmonie que nous a donnée le Christ : “N’ayez pas peur!” Job dit: “Ce que je craignais tellement s’est réalisé”. » (p. 410)

3. Celui qui s’unit consciemment avec le divin expérimente une transformation de sa perception de la réalité et de son expérience. C’est ce qu’on appelle une guérison. “C’est notre ignorance concernant Dieu, le Principe divin, qui produit l’apparente discordance et la vrai compréhension de Dieu rétablit l’harmonie.” (p. 390)

– Pouvez-vous nous donner une application illustrant la possibilité de surmonter la peur ?

– L’année dernière, j’ai servi du cordon bleu à mes enfants pour le déjeuner. Mon fils de 5 ans a enfourné une bouchée brûlante qui s’est coincée dans sa gorge et il a commencé à suffoquer. Nous lui avons immédiatement prodigué les premiers secours (claques dans le dos et compression abdominale) mais sans résultat. Il semble que le fromage fondu entourant la pièce de dinde faisait office de colle obstruant sa trachée. Au milieu de cette scène terrifiante, je suis entré en union consciente avec le divin et je me suis senti très calme. Je restais bien conscient de la situation, mais au fond de moi je n’avais aucune peur. Finalement, après environ une minute, il a réussi à recracher le morceau sans conséquences fâcheuses.

– Vous exercez la profession de praticien de la science chrétienne. En quoi cela consiste-t-il ?

– Des personnes atteintes de divers maux, mais aussi des blessés de la vie, des étudiants stressés, etc. contactent le (ou la) praticien(ne) pour recevoir de l’aide. Cette aide est offerte au moyen des principes de la science chrétienne.

La consultation téléphonique, en personne voire par courrier électronique, se déroule en général de la façon suivante : la personne expose le problème qui la préoccupe. Le praticien échange avec elle des idées inspirantes (de in-spirer, ça souffle dedans), des idées qui l’aident à « voir au travers », à retrouver le supra-sens, une raison d’être. Des idées qui restaurent l’enthousiasme (au vrai sens du terme ; de en theos, rempli d’un dieu) ! Après son départ en général, le praticien traitera la situation au cours d’une séance silencieuse pendant laquelle il appliquera le principe évoqué plus haut : « Parvenir, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, à l’union consciente avec le divin ». Il en résultera une conséquence collatérale. Le patient est guéri.

Chaque praticien s’astreint à des règles éthiques strictes. Outre l’évident secret professionnel, « échanger des idées inspirantes », cela ne signifie pas « dire à cette personne comment elle doit conduire sa vie ». Si une femme hésite à avorter ou garder son bébé, le praticien n’a pas à interférer. La discussion la disposera à recevoir une réponse qui viendra de l’intérieur d’elle-même une fois le traitement spirituel effectué. Cette réponse sera la sienne.

Très prosaïquement, vous allez me demander « Combien coûte l’appel à un praticien ». Mary Baker Eddy suggérait d’appliquer un tarif analogue à celui d’un médecin de la ville où exerce le praticien de la science chrétienne. C’est grosso modo la règle habituellement suivie. Il va de soi que le praticien ne fait pas payer « une guérison », mais le temps consacré à son patient.

– Sous quel statut exercez-vous ?

– Le ou la praticien(ne) de la science chrétienne est immatriculé(e) à l’URSSAF comme profession libérale. En pratique, il ou elle paie des cotisations sociales ainsi que l’impôt sur le revenu sur les honoraires reçus.

– Les praticiens reçoivent-ils une formation et sont-ils reconnus par l’église de la science chrétienne ?

– Chaque praticien a un parcours unique. Cependant certaines étapes sont semblables. En général, l’étude en autodidacte (étude de la Bible, des écrits de Mary Baker Eddy, des revues, etc.) constitue la première étape de la pratique de la science chrétienne.

Puis, lorsqu’il existe un désir et une aptitude à aider les autres par la prière, on peut suivre un cours dispensé par un professeur de science chrétienne. Cet enseignement va poser les fondements et l’éthique de la guérison par la prière. Pour moi, ce cours revient à planter des graines dans le terreau de la pensée. Ces graines doivent pousser et être nourries par davantage d’étude et de pratique.

Enfin, lorsque le praticien se sent prêt, quand les graines ont bien poussé, il ou elle peut se porter candidat pour être inscrit sur la liste mondiale des praticiens de la science chrétienne tenue par l’Eglise Mère à Boston. Avant d’y être admis, le praticien (ou la praticienne) doit passer un entretien. La qualité de son travail de guérison est vérifié, y compris son observation des règles éthiques. Dans mon cas, en 1998 j’ai été accepté pour suivre le cours d’un professeur de science chrétienne. En 2011, j’ai été admis sur la liste des praticiens de la science chrétienne.

Un praticien de la science chrétienne n’a aucune relation avec les églises locales en sa qualité de praticien. Les églises locales sont gérées démocratiquement, sans clergé.  Le praticien participe à l’activité d’église en la même capacité que tout autre membre.

– Quel est le rôle de l’Eglise de la science chrétienne ?

– Mary Baker Eddy ne souhaitait pas fonder d’organisation. Elle en redoutait les dangers. Elle espérait que les Eglises classiques s’intéresseraient aux principes qu’elle avait découverts. Face aux refus des Eglises en place, face aux difficultés que pouvait rencontrer une femme leader d’un mouvement religieux dans l’Amérique calviniste du XIXe siècle, elle se résigna à fonder une organisation chargée d’assurer la pérennité et la diffusion de ses enseignements et de ses textes.

Je reconnais que dans un pays marqué par l’Eglise catholique, l’expression « Eglise de la Science chrétienne » est ambiguë [2]. Car l’on pense immédiatement à un corps de doctrine, à des rites, à un clergé. L’américain « church » à un sens beaucoup plus large, plus proche du grec ekklesia, qui signifie simplement « assemblée ». Les églises – les communautés, les sociétés – locales laissent place à la liberté individuelle (pas de clergé, pas d’obligation, pas de cotisation) et à un fonctionnement démocratique (les décisions sont prises au vote majoritaire). En France, ces églises se sont vues reconnaître le bénéfice de la loi de 1905 par le ministère de l’intérieur, ce qui est un gage de transparence financière et d’absence de trouble à l’ordre public.

Cette science de la guérison spirituelle, cette métaphysique appliquée, peut être pratiquée dans le cadre d’un groupe ou indépendamment de toute organisation. Il est des hommes qui préfèrent cheminer seuls, il en est d’autres qui préfèrent cheminer avec des compagnons de voyage.

– Certains critiques de la science chrétienne lui reprochent son rejet de la médecine scientifique ? Qu’en est-il ?

– Toute personne étudiant la science chrétienne que ce soit depuis 5 minutes ou depuis 50 ans demeure libre de ses choix en matière de santé.

Pour moi, la science chrétienne et la médecine traditionnelle ne se fondent pas sur la même base. La médecine allopathique a pour but de traiter un organe malade ou une maladie fonctionnelle. Elle ne s’occupe pas de la vie spirituelle du patient. La science chrétienne cherche avant tout à éveiller chez le patient un sens plus élevé de sa spiritualité. La guérison physique est un signe de cet éveil.

Je l’étudie depuis plus de 20 ans, j’ai expérimenté plusieurs guérisons physiques significatives, et elle continue d’être pour moi une grande source d’inspiration.


[1] Ne pas confondre avec l’Eglise de Scientologie.

[2] La dénomination officielle est Eglise du Christ, scientiste (ou scientifique), traduction de la dénomination officielle anglaise Church of Christ, Scientist.

Ouvertures, suite et pas fin…

En effet, Jean-Luc Martin-Lagardette, son rédacteur en chef, est maintenant à la retraite. Et notre collaboratrice Pryska Ducoeurjoly, initialement prévue pour lui succéder dans le cadre de la nouvelle formule, a choisi pour l’instant un autre parcours.

Eric Lombard, président de l’Apic, et Jean-Luc, créateur d’Ouvertures, vont assurer la pérennité du site.

La nouvelle configuration amène au fonctionnement suivant :

– moins d’articles et mise en valeur de nos revues de presse sur Scoop-it (« Journalisme & déontologie », « Créatifs culturels » et « Le Temps du citoyen ») ;

– synergie renforcée avec le site hyperdebat.net ;

– retrait de la publicité et du partenariat payant, mais maintien de l’appel aux dons via jaimelinfo pour financer des piges pour des articles ou des reportages.

Passez de bonnes fêtes de fin d’année !

Ouvertures lance une opération de crowdfunding !

Relooké et mieux référencé, Ouvertures.net a l’ambition de devenir un média généraliste de référence pour les citoyens qui souhaitent accéder à une information « alternative » traitée avec professionnalisme. L’information responsable en est sa marque de fabrique.

A l’occasion de ce lancement, Ouvertures.net, titre fondé par le journaliste Jean-Luc Martin-Lagardette et édité par l’Association pour la promotion de l’information citoyenne, lance une opération de levée de fonds citoyenne (crowdfunding) d’octobre 2012 à mars 2013.

Concrètement, Ouvertures.net propose aux internautes sensibles à la qualité de l’information de rejoindre la communauté des lecteurs afin de soutenir le travail de journalistes exigeants, qui prennent du recul sur les événements.

En échange, le lecteur engagé profite d’un encart pendant trois ans pour relayer ses informations sur la page de la communauté des lecteurs. Le prix de lancement est de 30 € pour trois ans (soit 10 € par an), grâce auxquels Ouvertures  finance des enquêtes et le travail de journalistes vraiment indépendants.

« Ce modèle économique novateur repose sur l’échange, et non sur le don unilatéral, explique Pryska Ducoeurjoly, journaliste, qui a imaginé le modèle économique avec les créateurs du site. Le montant modeste du soutien rend accessible à tous l’engagement individuel pour l’avènement de l’information de qualité. Le lecteur n’est plus soumis aux informations qu’il reçoit, il en devient partenaire. Il peut aussi mieux les contrôler grâce au droit de réponse en ligne.

« Ouvertures sollicite également les acteurs économiques et associatifs, via le sponsoring éthique et le parrainage associatif, pour faire participer l’ensemble de la société à son modèle économique ».

La nouvelle formule en bref

=> Un nouveau site internet

  • Meilleure navigation entre les contenus
  • Dossiers et brèves pour compléter les articles
  • Nouveau rubriquage
  • Droit de réponse en ligne
  • Médias sociaux (Facebook, Twitter, Google+)
  • Nouvelles pages : lecteurs, annonceurs, partenaires
  • Passerelle vers hyperdebat.net, le débat méthodique en ligne
  • Revues de presse thématiques avec Scoop-it !

=> Un nouveau modèle économique

Ouvertures, qui fonctionne dans un cadre associatif, met en place un modèle économique original faisant appel à la société civile pour assurer l’indépendance de la rédaction :

  • Des lecteurs engagés ou de petites structures nous soutiennent et bénéficient d’un encart individuel pour leur communication (page communauté des lecteurs).
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Nous avons lu pour vous

Les revues et les livres reçus par la rédaction.

Rudolf Steiner, artiste et enseignant. L´art de la transmission
Céline Gaillard, Orizons, 211 p, 23 €

Au lendemain de la première guerre mondiale, en Allemagne et en Suisse, une nouvelle dynamique pédagogique artistique émerge autour de la personne de Rudolf Steiner qui s´interroge sur l´évolution de la société européenne et fonde l´anthroposophie. Elle trouve des échos auprès d´artistes tels que Kandisky, Klee et Beuys et s´exprime dans des lieux tels que le Gothéanum de Dornach et le Bauhaus de Weimar.

Dans ce livre inspiré d´une thèse de doctorat, Céline Gaillard dresse un tableau impressionniste de cette époque foisonnante, de manière érudite mais jamais pesante. Elle parle d´expérience, son expérience d´enseignante d´arts plastiques à l´école Steiner de Verrières-le-Buisson (91), une école où le contenu artistique de l´enseignement est primordial et où les professeurs sont eux-mêmes appelés à devenir des artistes en pédagogie. Elle termine son voyage par quelques dialogues sur l´art de la transmission avec des artistes contemporains : Abraham Pincas, SarkisGérard Garouste, Udo Zembok et Bang Hai Ja.

C´est plus grave que ce qu´on vous dit… Mais on peut s´en sortir !
Pierre Larrouturou, Nova éditions, 107 p, 3 €

Pierre Larrouturou est un électron libre de la politique. Son passé d´ingénieur lui fait aimer l´action concrète. Dans les années 90, il a porté, non sans un certain succès, le projet de semaine de quatre jours, mis en place dans plus de 400 entreprises avant que la loi sur les 35 heures ne vienne balayer sa belle idée. Il aborde ensuite l´économie de manière très lucide et est un des rares à prédire la crise financière de 2008. En lançant le collectif Roosevelt 2012, du nom du président américain qui sut agir avec force et détermination pour sortir son pays de la crise de 1929, il veut convaincre la gauche que la manière de Roosevelt est la seule encore efficace dans un monde en état de burn-out. « Le but de Roosevelt n´était pas de rassurer les marchés, mais de les dompter ».

Pour 3 €, le même prix qu´Indignez vous ! dont l´auteur Stéphane Hessel a rejoint Roosevelt 2012, Pierre Larrouturou présente 15 mesures d´urgence concrètes pour sortir le la crise. Pas forcément neuves prises isolément, elles balaient les champs de l´économie, de la finance, du social, de l´écologie et de la construction européenne. Ainsi l´Europe est au coeur des mesures 2 (Créer un impôt européen sur les dividendes), 14 (Construire enfin une Europe démocratique) et 15 (Négocier un vrai traité de l´Europe sociale).

Que Valérie Trierweiler, journaliste et compagne de l´actuel président de la République ait fait dans Paris-Match l´éloge d´Eleanor Roosevelt est-il de bonne augure pour le collectif qui porte le nom de son mari ? Pour l´instant le gouvernement ne semble pas vouloir créer de choc…

> Voir aussi la critique d´Alternatives économiques

L´Histoire cachée du peuple africain
Gilles Gilbert & Dominique Larrouturou
L’Harmattan

Un survol original de l’histoire des civilisations africaines en relation avec la traite des Noirs. Où l’on découvre les argumentaires controuvés élaborés par les esclavagistes pour justifier leurs méfaits et préserver leurs intérêts économiques (le fameux Code noir). On voit comment « la monarchie française fonde en droit le non droit des esclaves noirs dont l’inexistence juridique constitue la seule et unique définition légale »… On suit également avec intérêt les péripéties de l’abolitionnisme, comme avec ce vote du 4 février 1794 de la Convention nationale qui fut rapidement annulé par Napoléon Bonaparte.
On lit avec effroi ce texte paru en 1883 sous le titre « La véritable mission de l’Église en Afrique » et qui s’adresse aux missionnaires belges : « Vous y allez certes pour l’évangélisation, mais cette évangélisation doit s’inspirer avant tout des intérêts de la Belgique. Le but principal de votre mission au Congo n’est donc point d’apprendre aux nègres à connaître Dieu car ils le connaissent déjà (…) Votre rôle essentiel est de faciliter la tâche des administratifs et des industriels. C’est-à-dire que vous interprétez l’Évangile de façon à mieux protéger nos intérêts »…
 
Dans ce livre, l’accent est mis aussi sur les atouts méconnus de la négritude. On apprend, par ailleurs, l’existence, attestée dès 1222, de la Charte des chasseurs de Mandé (Mali) qui aurait parfaitement pu inspirer la Charte des droits de l’homme, 550 ans plus tard !
 

Les chemins de la guérison

La foi aide-t-elle à guérir ?
 
Ignorée, voire combattue par l’Ordre médical et les autorités sanitaires de notre pays, la relation corps/esprit et son rôle dans les maladies est pourtant attestée depuis des lustres et partout ailleurs dans le monde. Le mérite de ce dossier spécial de 40 pages, dans le dernier Monde des religions (juillet-août 2012), est d’illustrer ce lien étroit entre la pensée, la chair et ses dysfonctionnements par de nombreux exemples.
 
Certaines études scientifiques montrent comment la prière participe à la rémission de nombre de malades. Du côté des religions, la recherche de la guérison « est devenue, depuis plusieurs années, une thématique majeure dans les Églises chrétiennes ». Le Talmud, lui, invite le souffrant à « examiner ses actes ».  Non pour se culpabiliser, mais pour qu’il s’interroge sur sa part de responsabilité dans ce qui lui arrive.
 
Les traditions africaines connaissent depuis longtemps les guérisseurs et autres féticheurs : « Les malades s’adressent à des thérapeutes liés à des traditions – ce qu’en Occident, on appelle avec une pointe de mépris des “croyances”. Eux “croient”, alors que nos médecins et nos psychologues “savent”. Je refuse cette dichotomie insultante », s’emporte Tobie Nathan, professeur émérite de psychologie clinique et pathologique à l’université Paris-VIII.

Dans le même ordre d´idées, lire Santé et spiritualité : un pont thérapeutique, de Claude Berghmans et Jean-Louis Torres, InterEditions, Paris, 2012. Préfacé par Jean-Marie Pelt, cet ouvrage, basé sur des données scientifiques et des références philosophiques remontant jusqu´aux Grecs, met en lumière les “bienfaits sur notre santé de l´engagement dans une vie spirituelle et l´influence des pratiques comme la prière ou la méditation sur le bien-être”.

 

India One, la première centrale solaire bâtie par une organisation spirituelle

Depuis 1992, le World Renewal Spiritual Trust (WRST), association fille de l´organisation spirituelle indienne Brahma Kumaris, s’est lancé dans l’aventure des énergies renouvelables. Dans le Rajasthan, on lui doit la plus grande cuisine solaire d´Asie, avec 40 000 repas jour. Son autre projet, India One, sort actuellement de terre.



 Le projet India One sort de terre dans le Radjasthan. Photo WRST.

En Inde, société traditionnelle par excellence, l’action sociale passe volontiers par des ONG environnementales et humanitaires, qualifiées à l’Ouest de religieuses ou spirituelles. Leur efficacité n’en est pas moins bonne.

1992, Sommet de Rio. C´est aussi une date marquante pour le World Renewal Spiritual Trust (WRST), un groupement impliqué dans l´humanitaire et la recherche sur les énergies solaires, qui dépend de l´organisation Brahma Kumaris (voir notre encadré). Ce groupement est alors en train de tester une éolienne et de bâtir une maison solaire expérimentale à Mount Abu, un village du Rajasthan. Vingt ans plus tard, le siège de l’institution s’est équipé de paraboles et de panneaux photovoltaïques.


Paraboles alimentant la plus grande cuisine solaire d´Asie.
Photo WRST.

Les paraboles permettent de cuire jusqu’à 40 000 repas par jour grâce aux plus grandes cuisines solaires d’Asie, tandis que les cellules photovoltaïques accumulent l´énergie de la lumière solaire dans des batteries pour alimenter les équipements de faible consommation (ordinateurs, éclairages de secours, etc.).

India one, une centrale solaire de 1 MW (mégawatt), sort de terre

Depuis 2010, le WRST s´est lancé dans la construction d’une véritable centrale solaire thermique : « India One ». Il s’agit de fabriquer et d´installer 770 paraboles de 60 m2 chacune, sur une surface très reserrée d’une dizaine d’hectares (la superficie d´un carré de 316 m de côté). La technologie retenue, mise au point par Wolfgang Scheffler et des techniciens allemands et indiens, est éprouvée. Elle consiste à chauffer de l´eau pour produire de la vapeur à moyenne pression (45 bars à 250°C). Celle-ci, une fois le chantier terminé, activera une turbine pouvant fournir 1 MW d´électricité jour et nuit sans interruption. Pour valoriser le terrain, le WRST a fait planter 1 500 arbres. Une étude est en cours visant à utiliser les allées séparant les lignes de paraboles pour de l´agriculture biologique.

En 2011, le WRST a été officiellement reconnu par le ministère indien de la science et de la technologie comme une organisation de recherche scientifique et industrielle (Siro : Scientific and Industrial Research Organisation). En conséquence, ce projet expérimental en énergies renouvelables favorable à l´indépendance énergétique du pays, est financé en partenariat par WRST, le ministère et des industriels indiens.

L’inauguration de l’usine est prévue dans le courant de l’année 2013.  


India One : principales caractéristiques techniques

 Surface du terrain

 10 ha

 Nombre de paraboles

 770

 Surface d’une parabole

 60 m2

 Surface des miroirs

 46 000 m2

 Budget 

 Environ 11 millions d´euros

Une production 24 heures sur 24

Ce projet de centrale électrique solaire est le premier de ce type en Inde qui utilise la chaleur au lieu de la lumière solaire (il ne s´agit pas de panneaux photovoltaïques). La difficulté consistait à trouver un moyen de stocker cette chaleur pour que la production soit possible 24 heures sur 24.

Le principe retenu est le suivant : les rayons solaires reçus par chaque parabole sont focalisés sur un cylindre d´acier de 3 tonnes, qui accumule la chaleur à plusieurs centaines de degrés. La masse des cylindres accumule suffisamment de chaleur pour chauffer l’eau et la transformer en vapeur et ainsi alimenter la turbine pendant 16 heures.

Bien entendu, cette technologie est particulièrement appropriée dans des régions où l’ensoleillement est d’une dizaine de mois par an, parfois plus (voir cet article plus détaillé sur les énergies solaires thermiques).


La parabole concentre les rayons solaires sur un cylindre de 3 tonnes d’acier qui accumule
la chaleur à plusieurs centaines de degré.
Photo WRST.

Le projet de centrale solaire emploie 250 personnes

Soucieux de son rôle en matière de développement humain, le WRST, actif dans les énergies renouvelables, est aussi un acteur social. Aujourd’hui, dans la phase la plus intense des travaux, il emploie environ 250 personnes à la construction de l’usine solaire qui durera encore un an. Les matériaux sont achetés en gros, acier et verre principalement, et montés par des techniciens très spécialisés venus de toute l’Inde.

Chaque pied supportant une parabole représente environ 3 tonnes d’acier. On imagine que la construction de ces supports nécessite un personnel hautement qualifié, notamment pour la coupe et la pose des centaines de pièces de verre qui constituent une parabole. L’inauguration de l’usine est prévue dans le courant de l’année 2013.

L´inde vise 20 000 MW en 2022

L´énergie solaire est actuellement en plein développement en Inde. Dernièrement, une filiale d´Areva a signé avec Reliance power pour la construction au Radjasthan de deux centrales d´une puissance bien supérieure à celle d´India One : 250 MW… L´inde a prévu d´accroître de 20 000 MW sa capacité de production d´énergie solaire d´ici à 2022 ! Par comparaison (même si les climats et les superficies des deux pays sont différents) le Grenelle de l’environnement a fixé pour la France un objectif de 5 400 MW en 2020.

Le projet porté par Brahma Kumaris, quoique modeste comparé aux besoins énergétiques de l´Inde, n´en reste pas moins impressionnant, car difficile à imaginer en France émanant d´une organisation associative.

Brahma Kumaris, un rassemblement à Paris fin mai 2012

A l’occasion de la visite de la doyenne de l’organisation, Brahma Kumaris France organise une conférence intitulée « Autour de Dadi Janki », mercredi 30 mai 2012 à 19 heures, au cinéma Publicis des Champs-Elysées. Les intervenants partageront leur perception du rôle de la spiritualité, des femmes, de l’environnement, nos droits et responsabilités.

Jeudi 31 mai à 19 heures, Joaquim Pilz, chef de projet de India One, présentera les travaux en énergie solaire réalisés par le WRST en Inde et l’état d’esprit qui les anime, la relation esprit et matière. La conférence se déroulera au siège de Brahma Kumaris France, 74 rue Orfila, Paris 20e.

L’organisation est née en Inde en 1936, dans une région située aujourd’hui au Pakistan (Karachi, province du Sindh). Elle s’est développée à l’extérieur de l’Inde à partir des années 70. Une première antenne s’est ouverte à Paris en 1980.

Pour Brahma Kumaris, l’évolution de la société dépend essentiellement de l’évolution de notre état d’esprit. Elle enseigne l’ancien Raja Yoga de l’Inde, différent des enseignements classiques de Patanjali et différent de la religion hindoue. L´ancien Raja Yoga s´apparente à une spiritualité vivante plutôt qu´à une religion.

> En savoir plus :  www.autourde-dadijanki.fr