Du nouveau dans le Koweïtgate : une révélation de Julien Courbet

Julien Courbet chez Thierry Ardisson, le 13 juillet 2013.

Julien Courbet chez Thierry Ardisson, le 13 juillet 2013.

« Je vais vous raconter une anecdote très rapide. Un jour dans une émission comme ça d’arnaque (12 mai 2000) un petit artisan à peine, il nous dit : j’ai inventé un brevet pour éteindre les puits de pétrole et je me le suis fait piquer. On enregistre sans en parler à personne. Dans la nuit la boîte de prod est dévalisée sans que l’alarme sonne. Et le lendemain, on retrouve des dossiers partout par terre, il en manque un, celui-là, aucun autre, donc voilà ! »

Ce que Julien Courbet ne précise pas dans l’émission de Thierry Ardisson “Salut les Terriens !” sur Canal +, c’est que son émission à  lui avait été annulée par TF1, la chaîne qui l’avait financée et devait la diffuser…

Rappel des faits : à la fin de la guerre du Golfe, en 1991, les puits de pétrole du Koweït sont incendiés par l’occupant irakien en fuite. Grâce, vraisemblablement, au procédé d’un inventeur franco-libanais, ces puits sont soufflés beaucoup plus rapidement que par les procédés connus. En contrepartie du temps et du pétrole épargnés, le Koweït verse 23 milliards de dollars aux opérateurs.

Gilbert Collard : « Ce serait la plus grosse escroquerie du siècle »

L’inventeur du procédé, Joseph Ferrayé, et l’un de ses collaborateurs d’alors, le comptable Christian Basano, ne verront cependant pas une miette de ce trésor de guerre. Qui n’a pas été perdu pour tout le monde sans que l’on sache aujourd’hui qui en a bénéficié…

En 2000, Julien Courbet, alors animateur de l’émission “Sans aucun doute” sur TF1, prévoit de présenter toute l’affaire après avoir fait faire une enquête par le journaliste d’investigation Bernard Nicolas. Il annonce : « C’est une affaire qui pourrait remonter très très haut ».

L'avocat Gilbert Collard lors de l'émission déprogrammée de Julien Courbet il y a 13 ans.

L’avocat Gilbert Collard lors de l’émission déprogrammée de Julien Courbet il y a 13 ans.

Me Gilbert Collard, alors avocat de Joseph Ferrayé, présent sur le plateau de “Sans aucun doute”, s’exclame : « Ce serait la plus grosse escroquerie du siècle sur fond de politique et de guerre du Golfe ! – la plus grande escroquerie du siècle, escroquerie incroyable, enjeu colossal ; on ne joue plus avec des rigolos, on joue avec de vrais tueurs, des hommes prêts à tout sous prétexte qu’un Etat a des intérêts qui sont relayés par d’autres Etats ».

Yves Bertrand, ancien directeur des Renseignements généraux, dans son livre “Je ne sais rien mais je dirai (presque) tout”, paru en 2007 : « Nous sommes confrontés typiquement à un fond de vérité gravissime qui, faute d’avoir été examiné sérieusement en temps voulu, risque bien d’être enseveli ».

Où l’on parle encore de DSK

Mais les noms d’hommes politiques, notamment celui de Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l’industrie, ayant été évoqués, TF1 déprogramme l’émission.

Bernard Nicolas

Le journaliste Bernard Nicolas qui avait fait l’enquête pour “Sans aucun doute” : “Soit on se trompait en haut lieu [à la direction de TF1], soit on en savait plus long que moi…”

En février 2002, dans son Rapport Omerta 2, Sophie Coignard interroge Bernard Nicolas : « Vous avez déjà été victime de censure dans l’exercice de votre métier ? » Réponse de l’intéressé : « Plusieurs fois. Dès lors qu’il était question de personnages politiques de premier plan, les ennuis commençaient à TF1. Une fois, j’avais fait un reportage sur une histoire politico-financière compliquée qui devait passer dans l’émission de Julien Courbet “Sans aucun doute”. Dans la journée, une autopublicité annonce le thème de mon enquête. La direction de TF1 s’inquiète : cette affaire peut-elle être gênante pour Dominique Strauss-Khan ? J’étais interloqué : rien n’indiquait dans mon enquête que DSK fût mêlé en quoi que ce soit à cette affaire. Soit on se trompait en haut lieu, soit on en savait plus long que moi… Les téléspectateurs qui ont vu la bande-annonce n’ont jamais vu la suite ».

A l’époque, Anne Sinclair était directrice adjointe de l’information sur TF1 et l’épouse de DSK. Aujourd’hui, l’émission déprogrammée se trouve sur Internet (Youtube).

Le magazine Entrevue fait état de l'émission "censurée" par TF1.

Le magazine Entrevue est le seul à avoir fait état de l’émission “censurée” par TF1.

Quelques jours après cette “non-émission”, le mensuel Entrevue a publié un article disant que le reportage avait été « censuré ». Le magazine reproduisait des images du reportage sur le Koweït. Julien Courbet et le producteur de l’émission Gérard Louvin avaient alors porté plainte pour le vol présumé de  la cassette de montage qui a servi à l’article d’Entrevue. Plainte qui s’était conclue par un non lieu.

Christian Basano, le comptable floué, a multiplié les actions de justice pour tenter de faire valoir ses droits. En vain jusqu’à ce jour. À sa demande, son avocat Emmanuel Ludot, a assigné l’État du Koweït le 7 décembre 2011 devant le Tribunal de grande instance de Paris. Son autre avocat Dominique Kounkou, en septembre 2010, avait déjà assigné l´Etat français et son ministre de l´économie de l´époque (1991), Dominique Strauss-Kahn.

Affaires toujours en cours…

> Pour en savoir plus :

Zizanie au sein des services du premier ministre

Note CASTout commence avec la note d’octobre 2012 du Comité d’analyse stratégique (CAS), devenu depuis le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP), note intitulée « Quelle réponse des pouvoirs publics à l’engouement pour les médecines non conventionnelles ? »

« Face aux risques et aux potentiels associés à l’augmentation conjointe de l’offre et de la demande en médecines non conventionnelles, explique Mathilde Reynaudi, chargée de mission au département « questions sociales », auteure de l’analyse, une action des pouvoirs publics semble nécessaire. D’une part, il conviendrait de s’assurer de l’innocuité de ces techniques et d’encadrer la pratique et la formation des thérapeutes. D’autre part, il s’agirait d’organiser l’intégration de ces médecines au système de santé, lorsqu’elles peuvent contribuer, en complément des soins conventionnels, à une prise en charge des patients plus complète. »

Un label pour certaines pratiques non conventionnelles ?

Le CAS formule un certain nombre de propositions comme la création d’un label de thérapeute aux pratiques non conventionnelles et une labellisation des offres de formation à ces pratiques en écoles privées. La note suggère également d’envisager, à terme, le remboursement des pratiques « les plus efficientes ».

Ces propositions, inspirées de ce qui se fait à l’étranger, notamment en Allemagne, en Suisse, dans les pays du Nord et aux Etats-Unis, ont fait bondir les membres de la commission d’enquête « sur l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé ». Ceux-ci leur reprochent globalement d’envisager de « reconnaître » ces pratiques que la Miviludes assimile à du charlatanisme ou à des escroqueries.

Les représentants du CAS ont eu beau leur expliquer qu’il ne s’agissait pas d’encourager les pratiques déviantes mais de trier le bon grain de l’ivraie parmi elles et de les encadrer, les sénateurs n’ont rien voulu savoir. Manifestement, ils soupçonnaient le CAS de viser une « banalisation de pratiques non éprouvées scientifiquement », porte d’entrée des « mouvements sectaires ».

Extraits de l’audition du 4 décembre 2012

Jacques Mézard, rapporteur de la commission d'enquête sénatoriale.

Jacques Mézard, rapporteur de la commission d’enquête sénatoriale.

Jacques Mézard, rapporteur. – Je vous ai écouté, non pas avec étonnement puisque j’avais lu la note, mais avec une certaine inquiétude, pour ne pas dire davantage. Il s’agit d’une note d’un service qui relève du Premier ministre dans laquelle vous suggérez que ces pratiques non conventionnelles soient finalement développées. Il y a une phrase qui m’inquiète : « Tout en gardant à l’esprit que l’escroquerie et la mise en danger d’autrui sont marginales, il pourrait inclure une liste des pratiques inefficaces et dangereuses ». Vous considérez donc que, dans ce vaste domaine où il y a des dizaines de milliers d’opérateurs, qui pour certains mettent clairement la vie de nos concitoyens en danger, pour d’autres pèsent sur leurs finances d’une façon qui est loin d’être marginale, vous considérez donc que ces pratiques sont marginales. Si je résume votre note, vous considérez qu’il faut certes être vigilant mais ouvrir les vannes de manière large.

Delphine Chauffaut, chef du département « questions sociales » du CAS.

Delphine Chauffaut, chef du département « questions sociales » du CAS.

Delphine Chauffaut, chef du département « questions sociales » du CAS. – Ce n’était pas du tout notre propos. Je crois que nous nous sommes peut-être mal exprimées. En fait, la note ne parle pas de développement. Elle fait le constat d’un recours croissant à ces pratiques de la part des patients et dans certains établissements hospitaliers, et part de ce constat pour proposer des modalités d’encadrement et de contrôle public de pratiques qui se développent de toute façon. L’idée de la note n’est pas du tout de suggérer le développement mais de suggérer au contraire une rationalisation.

Alain Milon, président de la commission d'enquête.

Alain Milon, président de la commission d’enquête.

Alain Milon, président. – Et donc une reconnaissance ?

Delphine Chauffaut. – Ce n’est pas ce que dit la note.

(…) Jacques Mézard, rapporteur. – Si vous permettez, vous partez du principe que les médecines non conventionnelles sont déjà dans les hôpitaux et vous présupposez que, du moment que c’est dans le plan stratégique de l’AP-HP [Assistance publique – Hôpitaux de Paris], c’est acté et c’est bien.

Mathilde Reynaudi, chargée de mission au CAS.

Mathilde Reynaudi, chargée de mission au CAS.

Mathilde Reynaudi. – Je crois qu’il faut faire des distinctions car, dans les médecines non conventionnelles, il y a de tout.

Alain Milon, président. – Une précision : l’AP-HP parle de « médecines complémentaires » et pas de « médecines non conventionnelles ».

Mathilde Reynaudi. – C’est vrai qu’il existe différentes terminologies. Dans les pays anglo-saxons, on parle de médecine complémentaire et alternative, nous parlons de médecine douce, alternative, parallèle, et c’est la raison pour laquelle nous n’avons pas établi une liste limitative car il n’y en a pas. Il est vrai qu’en France, on voit ce sujet sous l’angle de la dérive sectaire. Au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suisse, on fait les choses de façon organisée. Peut-être peut-on parler de médecine complémentaire ?

Alain Milon, président. – Justement, ce terme est inadéquat : il n’y a qu’une médecine.

Mathilde Reynaudi. – Il s’agit d’encadrer ces « pratiques » ou « techniques » si vous voulez.

Jacques Mézard, rapporteur. – Cette note, qui en a pris l’initiative ?

Delphine Chauffaut. – C’est le CAS qui a pris cette initiative après des études antérieures mettant en évidence le recours croissant à ces « techniques », appelons-les ainsi. Et, justement, nous avons voulu nous emparer de ce sujet pour apporter une réflexion décentrée de la France, pour essayer de regarder aussi comment les autres pays se saisissent de problématiques similaires qu’ils rencontrent. Il s’agit d’éclairer le débat public, sachant que nos travaux sont validés par le Premier ministre.

Jacques Mézard, rapporteur. – Ça ne me rassure pas. (…) Comment expliquez-vous que nous n’en soyons pas là en France ?

Delphine Chauffaut. – On souligne justement quelques essais à l’AP-HP, qui montrent que la médecine s’intéresse à d’autres techniques pour essayer de résoudre des problèmes auxquels elle est confrontée. Je ne sais pas si nous sommes en retard ou en avance, mais en tout cas, certains pays ont décidé d’aborder le problème autrement et c’est cela que nous mettons en avant pour faire avancer le sujet en France.

Alain Milon, président. – (…) Votre note vient conforter une tendance à la banalisation de techniques à visée thérapeutique mais non validées. Il est significatif que des mouvements d’inspiration sectaire se prévalent déjà de vos travaux. Par ailleurs, dans vos auditions, vous contribuez à assurer la publicité d’une pratique, la naturopathie, qui n’est pas reconnue.

Delphine Chauffaut. – Ce n’est pas parce qu’un propos est mal utilisé qu’il est dévalorisé. Le but du Centre d’analyse stratégique est de promouvoir des politiques raisonnables. Évidemment, nous savons faire la part des propos des uns et des autres.

Alain Milon, président. – Les médecines parallèles ne sont là que pour aider, et encore, pas toujours, mais certainement pas pour soigner ou guérir.

Une fois de plus, le danger de votre note résulte du fait qu’elle peut être lue par n’importe qui et que, de surcroit, elle émane des services du Premier ministre. On y parle de labelliser les écoles privées… Les écoles de psychothérapies fleurissent un peu partout en France, et les pratiques enseignées y sont parfois plus que douteuses. Et vous voudriez que nous labellisions ce genre de choses ?

Delphine Chauffaut. – Le principe même de la labellisation c’est justement la sélection et le contrôle.

Gisèle Printz, sénatrice. – Il ne faudrait pas que vos propos facilitent des praticiens sectaires.

Delphine Chauffaut. – Dans ce cas, il ne faut plus parler de rien, puisque les sectes font feu de tout bois…

J. Mézard. – Dans vos travaux, je regrette que vous affirmiez qu’il faudrait des études scientifiques pour valider ou non certaines pratiques et que, dans le même temps, vous preniez position, puisque vous écrivez « la quantité de données fiables augmente, esquissant les potentialités des médecines non conventionnelles. Si la médecine allopathique est efficace en termes de soins aigus et d’urgence, les médecines non conventionnelles [ce ne sont pas des médecines !] se révèlent utiles en matière de prévention et de prise en charge de la douleur et des maladies chroniques, c’est-à-dire précisément les domaines dans lesquels le système de santé français manque de performance. » Que les services du Premier ministre véhiculent de telles idées m’étonne. (…) Que les services du Premier ministre écrivent des choses pareilles ne me paraît pas normal. Ce type d’affirmations, globales, est une bénédiction pour toutes les médecines non conventionnelles.

Mathilde Reynaudi. – Je voudrais juste revenir sur le fait que notre système de santé est davantage axé sur le curatif que sur le préventif. Sur ce dernier point, la France a encore beaucoup de progrès à faire. Les travaux de l’organisation mondiale de la santé (OMS) conseillent d’ailleurs de compléter, quand cela apparaît utile, le traitement des patients par des pratiques non conventionnelles. Le but, et nous le partageons tous, est que les patients, aussi bien en ambulatoire qu’en hospitalisation, disposent des traitements les plus efficaces possibles.

> Voir aussi :

Rapport du Sénat «Mouvements sectaires et santé» : morceaux choisis et commentaires

Rapport du sénateur Milon – « Dérives sectaires » et santé : ce que les journalistes vous cachent

Les médecines douces auront-elles leur conseil de l’ordre ?

« Dérives sectaires » et santé : la commission d’enquête sénatoriale craint la publicité des débats

Rapport du Sénat «Mouvements sectaires et santé»: morceaux choisis et commentaires

Rapport sénat« Les pouvoirs publics ont le devoir de protéger les citoyens contre ceux qui abusent de leur faiblesse ou compromettent leurs chances de guérison, voire de survie. (…) Dans tous les cas, il est impossible d’appréhender la situation des victimes si l’on s’en tient à la logique du « consentement éclairé » : des personnes fragiles et vulnérables comme peuvent l’être les malades peuvent effectivement se laisser persuader d’adopter des comportements irrationnels sous l’influence de promesses de guérison. »

> C’est cette argumentation que met souvent en avant également la Miviludes pour déclarer « victimes » des personnes qui font pourtant un choix conscient et volontaire pour d’autres visions du monde. En passant ainsi outre à la responsabilité de ses choix de conscience, on dénie au citoyen toute sa dignité.

« Votre commission juge très alarmant le fait que l’image de la médecine classique, dont les indéniables progrès ont permis une augmentation considérable de l’espérance de vie, soit altérée par l’inquiétude et le climat anxiogène résultant – de manière compréhensible – de scandales récents. Votre commission regrette que cette image perturbée puisse conduire des personnes atteintes de pathologies lourdes à s’interroger sur les propositions thérapeutiques de leur médecin pour s’en remettre à des pratiques de « soins » sans nécessairement disposer d’une information complète sur les conséquences de leur choix. »

> Les sénateurs s’inquiètent à juste titre de « l’image » de la médecine.

« Cette assimilation des quêtes spirituelles et des recherches thérapeutiques peut être attribuée à l’héritage des théories du New Age. (…) On observera que cette recherche spirituelle n’est aucunement tournée vers le dévouement aux autres, elle ne vise pas une cause qui dépasse l’individu, mais vers un objectif limité au bien-être de la personne. »

> Même si le Nouvel Âge avait comme seul intérêt le bien-être de la personne, on ne voit pas en quoi les sénateurs seraient habilités à un jugement moral, qui plus est d’un autre âge (le « Vieil Âge » ?). D’autant moins que les prémisses de ce jugement porté sur cette philosophie nourrie des rêves californiens sont faux. Si le Nouvel Âge met effectivement l’accent sur le développement personnel, il prône aussi les valeurs d’harmonie avec les autres et avec la nature.

« Le glissement de ce qui est présenté comme une « minorité spirituelle » vers la revendication des droits d’une « minorité thérapeutique » a pour conséquence majeure le rejet de la médecine classique, occidentale, au nom de pratiques thérapeutiques dont le choix devient, dans cette logique, signifiant sur le plan spirituel. »

> Faux : la plupart des mouvements « différents » ne rejettent pas la médecine classique. Ils en savent l’intérêt mais en connaissant aussi les limites. Cette accusation de « rejet » est constamment portée envers eux pour pouvoir les diaboliser et les présenter comme des « sectes » dangereuses.

« De ce fait, toute critique de ces pratiques thérapeutiques, quelles qu’elles soient, reviendrait dans l’esprit de leurs défenseurs à une atteinte aux libertés fondamentales. »

> Ce n’est pas la « critique » de ces pratiques qui est considérée comme « une atteinte aux libertés fondamentales » par les associations visées, mais les rapports calomniateurs sans possibilité de se défendre, les attaques en justice, les descentes de gendarmerie dans des groupes de méditation, etc.

« L’héritage du New Age, très imprégné de remise en cause de la médecine traditionnelle occidentale, explique cette remise en cause de la médecine classique qui caractérise le message thérapeutique des organisations susceptibles de dérives sectaires, au point de prendre la forme de critiques parfois violentes des vaccins et des médicaments allopathiques. »

> Ils sont aujourd’hui rejoints dans leurs critiques par une foule d’acteurs, médecins, institutions, journalistes, etc. La mort de l’Afssaps et sa renaissance en ANSM (Agence du médicament) en est une illustration frappante.

« Le même étonnement vaut pour les représentants de CAPLC et du CICNS, principales associations reflétant les opinions des mouvements très opposés à la lutte contre les dérives sectaires, qui ont martelé l’hostilité que leur inspire la médecine officielle tout en convenant que, confrontés à la grave maladie d’un de leurs proches, ils n’écarteraient pas d’emblée le recours à la médecine classique… »

> C’est bien la preuve qu’ils ne rejettent pas la médecine « officielle ». D’ailleurs, ajoute le rapport, « le recours aux thérapies non conventionnelles ne semble pas être en soi une remise en cause de la médecine classique dans l’esprit des patients ». C’est bien comme cela que la plupart l’entendent.

« Votre commission souhaite donc insister sur le fait que cette propagande n’est rien d’autre qu’une tentative de déstabilisation de notre société par la fragilisation de l’autorité que représente dans notre pays la médecine traditionnelle. »

> « Une tentative de déstabilisation de notre société » ! Diantre ! L’autorité se fragilise bien elle-même toute seule. Ce ne sont pas deux toutes petites associations (une poignée de membres chacune) qui pourraient faire vaciller l’autorité si elle était solide, transparente et éthique…

« Votre commission tient à relever d’emblée un paradoxe qu’elle a rencontré fréquemment au cours de cette enquête : celui de l’aspiration à la « liberté thérapeutique » clamée – de manière parfois violente – par les représentants des mouvements susceptibles de dérives sectaires. Ce mot d’ordre d’opposition radicale à une médecine présentée comme officielle – comme si ce seul fait la rendait suspecte – est partagé par nombre de praticiens de techniques thérapeutiques non validées qui paraissent souvent échapper à la moindre rationalité. »

> Ils clament leur désir de liberté parce qu’ils sont officiellement stigmatisés et mis au pilori sans avoir fait l’objet de procès ou de débat précis et circonstanciés.

« La propagande antivaccinale n’est qu’un aspect de ce discours aux accents souvent haineux. »

> On ne le dit jamais, mais la plupart des associations qui critiquent le recours aux vaccins ne sont pas contre toute vaccination mais contre l’obligation et pour la transparence en ce domaine. Elles sont d’ailleurs souvent créées ou composées de médecins…

« Votre commission s’étonne de cette violence et de l’omniprésence de cette revendication dans notre pays où la liberté thérapeutique est de fait respectée, qu’il s’agisse des choix vaccinaux ou du libre recours à toutes les thérapies présentes sur le marché, fussent-elles ésotériques et douteuses. »

> La liberté est limitée dans le sens où une action croissante des « antisectes » aboutit à la radiation de médecins « différents » du conseil de l’ordre alors qu’ils n’ont causé aucun dommage, seulement sur la foi de leur choix thérapeutique, et à des dénigrements systématiques dans les instances officielles, les “bons” et les “mauvais” étant confondus…

« La médecine, en droit français, n’existe pas en soi, mais, depuis la loi de 1803, uniquement au travers de la pratique des médecins. (…) La médecine est la science appliquée par les médecins. »

> La médecine certes, est basée sur des savoirs validés. Mais elle n’est pas une science exacte (comme tout ce qui touche le vivant d’ailleurs) ! Et elle est aussi un art. Et elle ne peut être appliquée uniformément à tous les patients qui, chacun, sont des cas uniques et devraient être l’objet de protocoles personnalisés.

« Incontestablement, les crises sanitaires et les différentes affaires liées aux médicaments et aux sur-irradiations ainsi, il faut le souligner, que les rumeurs propagées sur les vaccins, ont nui à la crédibilité de la médecine et de l’allopathie en particulier, dans des proportions qui demeurent toutefois à mesurer. Les querelles publiques sur l’efficacité des médicaments, le risque des pratiques et l’opportunité des dépistages et des traitements peuvent également renforcer l’attrait des médecines parallèles. »

> Certes !

« C’est donc en premier lieu le dialogue avec les professionnels de santé, et principalement les médecins, qui semble faire défaut. Ce point a été souligné à de maintes reprises par les personnes auditionnées. Plusieurs témoignages font état du manque de temps des médecins et des effets déstabilisateurs d’un conflit avec le personnel hospitalier. Le ressenti d’une standardisation des soins déshumanisante ou de l’absence de toute prise en compte des besoins spécifiques de l’individu est également une cause de recours aux thérapies non conventionnelles. Dans tous ces cas, c’est l’organisation des soins qui est remise en cause, et non pas nécessairement la médecine conventionnelle elle-même. »

> Depuis le temps, cela est parfaitement su, car exprimé dans de nombreux rapports et études !

« La commission d’enquête considère que la prise en compte du bien-être du patient doit être intégrée aux protocoles de soins et aux objectifs des personnels administratifs, ainsi qu’à l’enseignement universitaire. »

> Secret de Polichinelle ! Les sénateurs s’aperçoivent enfin qu’il faudrait peut-être songer à se préoccuper du « bien-être » du patient. Mais mieux vaut tard…

Le cas particulier du cancer

« Limiter les effets secondaires des traitements, traiter les angoisses et anxiétés liées à la maladie, être actif dans son processus thérapeutique sont des points saillants de la motivation des patients qui choisissent d’avoir recours à une thérapie non conventionnelle.

Plusieurs autres facteurs de motivation apparaissent également, tels que trouver un praticien à l’écoute et « donner un sens à sa maladie ».

Il existe également pour certains patients une dimension spirituelle de ces pratiques qui n’est pas satisfaite par la médecine traditionnelle.

En fait, c’est sans doute là un point essentiel, le recours aux thérapeutiques non conventionnelles est justifié par les défaillances de la médecine classique.

La question fondamentale est celle du type de pathologies susceptibles d’être prises en charge par les pratiques non conventionnelles : s’agissant de situations dans lesquelles le bien-être du patient est l’élément déterminant, la forme de prise en charge importe peu. Mais pour les pathologies mettant en cause le pronostic vital, seuls les traitements à l’efficacité prouvée peuvent être admis par les autorités sanitaires : le recours exclusif aux thérapies non conventionnelles s’apparente dans ce cas au moins à une perte de chance, sinon à un refus de soins. »

> Oui à tout cet extrait. Et oui le recours « exclusif » aux thérapies non conventionnelles serait une perte de chance. Non, s’il accompagne les soins classiques, ou le précède en certains cas convenus.

« En France, chacun se souvient de la triste hypothèse de la « mémoire de l’eau » qui, destinée à justifier l’efficacité des hautes dilutions homéopathiques, affecta fortement la réputation et la carrière de Jacques Benveniste, parce qu’elle était fondée sur des expériences non reproductibles à ce jour. »

> Cette « triste hypothèse » fait encore débat. On ne peut la rejeter ainsi en un tournemain.

« En réalité, les pratiques non conventionnelles sont difficiles, sinon impossibles, à évaluer car, comme l’indiquait le Pr Capron, elles relèvent du « croire » et non du « savoir » qui constitue le fondement de la médecine. »

> Le « croire » est souvent une intuition qui se révèle « savoir » plus tard. En outre, de plus en plus de résultats d’essais cliniques contrôlés et d’articles de synthèse sont publiés dans la presse spécialisée (lire à ce sujet l’excellent ouvrage de Bertrand Graz : Les Médecines complémentaires ; dépasser les clivages, Presses polytechniques et universitaires romandes). Enfin, le « croire » a aussi une part importante en médecine « scientifique ».

« Un combat à armes inégales contre la médecine : les promesses de la magie contre la rigueur de la pensée rationnelle. »

> Très manichéen et simpliste comme affirmation. Les sénateurs sont-ils à ce point naïfs pour affirmer ainsi que les applications de la médecine classique suivent toutes la « rigueur de la pensée rationnelle » ? Quand on met trois médecins autour d’un même malade, on obtient facilement trois diagnostics ou voies thérapeutiques différents voire contradictoires…

« Ces contestations sont paradoxales car la médecine, dans la mesure où elle est une science, se construit justement sur la remise en cause de ses présupposés et s’ouvre depuis toujours aux critiques qui lui sont adressées. »

> « S’ouvre depuis toujours aux critiques qui lui sont adressées » On peut parfois en douter.

« Ainsi les pratiques non conventionnelles existent désormais au milieu de la médecine traditionnelle. La question est de savoir quelle place doit leur être accordée afin que leur action soit strictement limitée à ce qui peut être bénéfique au malade. »

> Entièrement d’accord ! Mais si, à l’inverse, on limitait « strictement » l’action de la médecine classique « à ce qui peut être bénéfique au malade », on n’aurait plus de médecine du tout, au vu du nombre de morts suite à des affections nosocomiales et iatrogéniques…

« Nul n’est besoin de nouvelles disciplines et de nouvelles professions de santé. Les pratiques innovantes et efficaces, si elles existent, peuvent parfaitement être exercées par ceux qui ont été formés et exercent les professions selon les prescriptions du code de la santé publique. »

> Quelle prétention, alors que près de 150 000 personnes meurent encore chaque année du cancer ! Une dramatique épidémie dont les pouvoirs publics n’ont pas encore vraiment mesuré ni l’ampleur ni l’horreur. Le président de la commission d’enquête étant un médecin, très impliqué dans les instances médicales, on ne s’étonnera guère de ce discours… On aurait pu attendre d’une commission d’enquête parlementaire une plus grande ouverture au contradictoire dans ses conclusions.

« Votre commission estime également que, faire de l’emprise mentale un délit autonome, distinct de tout état de vulnérabilité de la victime et de tout préjudice, risquerait d’aboutir à faire entrer dans le champ de cette infraction des situations très diverses, sans lien avec les dérives sectaires, comme par exemple l’emprise mentale au sein d’un couple de l’un des partenaires sur l’autre, alors même qu’il n’y a pas de préjudice caractérisé autre que l’état d’emprise lui-même. »

> Une parole de bon sens ! « Faire de l’emprise mentale un délit autonome » est une disposition que réclament les associations antisectes.

 

 

« Dérives sectaires » et santé : ce que les journalistes vous cachent

Rapport Senat

Capture d’écran, sur le site du Sénat : présentation du rapport de la commission d’enquête sur “l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé”.

Alain Milon, qui présidait la commission d'enquête, est médecin, donc juge et partie dans ce dossier.

Alain Milon, qui présidait la commission d’enquête, est médecin, donc juge et partie dans ce dossier.

La première chose que les journalistes taisent, c’est que le président de la commission, Alain Milon, est médecin, donc en situation de conflit d’intérêt. Peut-il porter un jugement objectif sur les médecines douces ?

Sauf à considérer la médecine conventionnelle comme parfaite et seule vérité définitive car « scientifiquement établie », toute situation et toute pratique doivent être étudiées au cas par cas, avec rigueur, certes, mais avec modestie et ouverture d’esprit : on a encore tant de choses à apprendre sur l’homme et la nature…

Pour la stigmatiser, l’argument le plus fréquemment utilisé par les parlementaires face à une thérapie « concurrente » non reconnue, c’est : « Ce n’est pas une médecine basée sur des preuves scientifiques ».

Un art autant qu’une science

Or, primo, la médecine est au moins autant un art qu’une science. Et quand la science atteint ses limites, elle doit accepter de s’ouvrir à d’autres perspectives et méthodes, mêmes empiriques, et à l’intuition du praticien qui sait s’adapter à la singularité du patient, celui-ci ne pouvant être réduit à un élément de statistique ou de cohorte, ni à un numéro de sécurité sociale.

Secundo, plutôt que de crier au charlatanisme comme le font les sénateurs et toute la presse, on pourrait très bien concevoir une forme de reconnaissance de ces disciplines « différentes », grâce à un accompagnement et un encadrement spécifiques à imaginer. Comme cela se fait dans d’autres pays (Allemagne, Suisse, USA…). Comme le prône d’ailleurs le Centre d’action stratégique (CAS, service placé auprès du premier ministre) dont un récent rapport n’a pas eu l’heur de plaire aux sénateurs…

Les journalistes n’ont pas non plus fait ressortir l’originalité majeure de la démarche sénatoriale : c’est en effet la première fois, en plusieurs décennies de lutte « antisecte », que les élus ont auditionné aussi des minorités spirituelles et des représentants des médecines douces et de la liberté de conscience. C’est d’autant plus remarquable que la principale « bête noire » des militants « antisectes », la scientologie, a été auditionnée 3 fois : directement avec son représentant, indirectement avec le Collectif des médecins et des citoyens contre les traitements dégradants de la psychiatrie et la Commission des citoyens pour les droits de l’homme, qui lui sont liées d’une certaine façon…

Les témoignages du rapport occultés par la presse

Il ne faut cependant pas se réjouir trop vite de ce petit pas effectué vers le « contradictoire » et un peu plus d’équité : le contenu des auditions de ces représentants n’a pas été pris en compte dans le rapport final… Et aucune trace dans la presse.

C’est pourquoi, puisque vous ne trouverez dans aucun autre journal des informations nuancées sur cette question, Ouvertures vous offre (en exclusivité, mais c’est facile puisque nos confrères ne s’y intéressent pas) quelques extraits significatifs des auditions du rapport, puisés dans l’expression de ces approches différentes, censurées ailleurs.

Vous pourrez constater, au vu de ces témoignages formulés sous serment, que la question des « sectes » ou des « dérives sectaires » (toujours attribués à des « mouvements » bien particuliers) est autrement plus complexe et intéressante que ce que les pouvoirs publics et les « grands » médias vous disent.

Le secteur des médecines douces, à la croissance exponentielle, semble avoir de beaux jours devant lui, porté qu’il est par une demande très populaire et par une offre d’une grande diversité qu’une politique seulement répressive, comme celle, maladroite, menée actuellement par les pouvoirs publics, aura bien du mal à endiguer.

Quoiqu’il en soit, ces « morceaux choisis » vous permettront de vous faire votre propre opinion sur la question et les objectifs de ces différents mouvements. Vous trouverez :

– Des thérapies ou techniques de bien-être déjà établies en quête de reconnaissance (reiki, kinésiologie, médecine anthroposophe, naturopathie)

– Des individus qui prônent une méthode originale ou vendent un appareil à l’efficacité non (encore ?) démontrée scientifiquement (Iface, décodage biologique, Etioscan, Athias)

– Des mouvements spirituels qui ont quelque chose à dire dans le domaine de la santé (Scientologie, Témoins de Jéhovah, IVI).

– Des associations qui défendent la liberté de conscience et thérapeutique (CICNS, CAPLC, CCDH).

La liste des auditionnés ciblés par la commission d’enquête

(Cliquer dessus pour accéder directement au témoignage)

– Christian Mortier, président de l’Institut de reiki et de la Fédération française de reiki traditionnel

– Thierry Waymel, président de la Fédération française des kinésiologues spécialisés et Bernard Ophoven, président du Syndicat francophone des kinésiologues spécialisés

– Robert Kempenich, président de l’Association pour la recherche et l’enseignement en médecine anthroposophique

– Jean-Philippe Labrèze, médecin, ancien président de la Commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH, liée à la scientologie), responsable du Collectif des médecins et des citoyens contre les traitements dégradants de la psychiatrie

– Mylène Escudier, présidente de la Commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH) et Frédéric Grossmann, président d’honneur

– Jean-Marie Bataille, directeur de l’Institut français d’application pour le corps et l’esprit (Iface, ondobiologie)

– Daniel Kieffer, directeur du Collège européen de naturopathie traditionnelle holistique (Cenatho)

– Daniel Chauvin, président de l’association Invitation à la Vie (IVI), accompagné de Mmes Alberte Gentou, Lorraine Bounine Cabalé et Catherine Cordier de Bartha

– Christian Flèche, formateur en décodage biologique

– Hervé Floirac, de la société Etioscan France

– Gérard Athias, du Collège international Gérard Athias

– Hervé Ramirez, secrétaire général de l’Association des comités de liaisons hospitaliers des Témoins de Jéhovah, M. Guy Canonici, président de la Fédération chrétienne des Témoins de Jéhovah de France

– Éric Roux, porte-parole de l’Église de Scientologie

– Eric Bouzou, du Centre d’information et de conseil des nouvelles spiritualités (CICNS)

– Thierry Bécourt, de la Coordination des associations de particuliers pour la liberté de conscience (CAPLC)

> Les sénateurs et sénatrices interlocuteurs des auditionnés ne sont pas nommément désignés ici. Par commodité, nous avons pensé qu’ils représentaient tous le Sénat, puisque le rapport a été voté à l’unanimité (avec une réserve des Verts : voir sur le blog de la sénatrice Hélène Lipietz).

Christian Mortier, président de l’Institut de reiki et de la Fédération française de reiki traditionnel

« Il s’agit de deux entités juridiques : l’une est un organisme de formation au reiki traditionnel ; la Fédération française de reiki traditionnel fédère quant à elle des personnes qui veulent éventuellement se mettre à leur compte ou se fédérer autour du même projet.

La formation se déroule sur un à trois ans, suivant les capacités des personnes et selon le sens qu’ils souhaitent. C’est une formation dispensée pendant des cours, soit durant la semaine, soit le week-end ou bien les deux. La Fédération rassemble elle-même les personnes souhaitant se mettre à leur compte.

La Fédération est née en 2002 et l’Institut de reiki en janvier 2000.

Nous avons toujours voulu être transparents vis-à-vis des institutions, du public et de nos partenaires, de toutes les personnes qui nous font confiance ; en 2012, nous avons reçu la qualification de l’Intelligence service qualification – Office professionnel de qualification des organismes de formation (ISQ-OPQF), nous permettant ainsi de valider notre formation professionnelle.

Par ailleurs, nous avons, depuis un an, entamé une certification ISO 9001.

(…) Les personnes qui, sur Internet, prétendent pratiquer le reiki ne l’utilisent pas vraiment et donnent de cette technique une très mauvaise image de marque, voire une image déplorable au plan national. C’est pour se démarquer des autres pratiques que nous avons créé notre Fédération et notre Institut.

(…) Il s’agit de dispenser du bien-être et du confort au malade. S’il n’existe pas de pathologie, il s’agit d’une simple relaxation. Si la personne est atteinte d’une pathologie, nous demandons l’établissement d’un diagnostic précis par un praticien médical, avant de nous occuper du bien-être de la personne, qui va se relaxer dans le temps présent et jouir d’un meilleur potentiel intérieur. »

– Travaillez-vous avec des établissements hospitaliers ?

– Oui, nous travaillons depuis bientôt neuf ans en oncologie pédiatrique, dans le service du docteur Delépine, à Garches et, depuis un an environ, à Lariboisière, dans le service du Pr Baranger.

– On voit sur votre site que vos formations ont été prises en charge par des organismes comme Pôle Emploi, ou des entreprises comme Renault, Air France, Sanofi. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?

– Oui. Cela représente à peine 10 % de notre chiffre d’affaires. Nous avons un tarif « Pôle Emploi » ou « Fonds de Gestion des Congés Individuels de Formation » (Fongecif) mais consentons également 60 % de réduction aux personnes ayant peu de moyens, afin de leur permettre de pratiquer.

(…) – Vous avez évoqué vos relations avec David Servan-Schreiber. Vous nous l’avez déjà dit, mais pouvez-vous nous confirmer qu’à aucun moment ce que vous proposez ne se substitue à un traitement de médecine traditionnelle ?

– Absolument !

– Découragez-vous les consultants d’abandonner leur traitement allopathique ?

– Je les encourage au contraire à continuer ! Nous sommes sur ce point extrêmement vigilants. On sait très bien que, lorsque les personnes vont un peu mieux, elles désirent arrêter leur traitement. Cela fait partie du contrat que nous passons avec eux : si jamais ils ne prennent plus leurs médicaments, nous ne pouvons continuer à les recevoir.

– Comprenez-vous pourquoi la commission d’enquête a souhaité vous entendre ?

– C’est moi qui l’ai demandé ! Dans le marasme que connaît le reiki, nous n’existons plus alors que ce n’est pas le cas ! Je tenais donc à être auditionné par la commission d’enquête et je vous remercie de m’avoir reçu. »

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Thierry Waymel, président de la Fédération française des kinésiologues spécialisés et Bernard Ophoven, président du Syndicat francophone des kinésiologues spécialisés

Thierry Waymel.- Je représente ici la Fédération française de kinésiologie spécialisée, dont j’occupe le poste de président depuis un an et demi, après quatre années de vice-présidence. Je suis accompagné par Bernard Ophoven, kinésithérapeute, méziériste, ostéopathe et kinésiologue, également président du Syndicat francophone des kinésiologues spécialisés.

La Fédération existe depuis plus de vingt ans. Actuellement, nous comptons environ 550 licenciés et une centaine d’étudiants. Nous possédons un code de déontologie, un code éthique, un règlement intérieur, une charte et un syndicat, déjà évoqué. Ce métier est référencé sous le code Rome – K1103.

Nous estimons que, sur le territoire français, environ 5 000 personnes utilisent le test musculaire ou les méthodes tirées de la kinésiologie. Ces personnes peuvent avoir une formation complète ou incomplète dans le domaine de la kinésiologie.

J’ai personnellement, depuis quatre ans, porté le dossier de professionnalisation au sein de la Fédération, afin de restructurer notre profession et de lui trouver un cadre légal et surtout juridique. J’ai été suivi dans cette démarche par l’ensemble du conseil d’administration de la Fédération.

Depuis, nous nous sommes structurés en région, chacune s’organisant autour d’un bureau et d’un comité d’organisation, afin de créer une homogénéité sur le territoire français. Nous souhaitons que la Fédération devienne l’interlocuteur principal des instances gouvernementales et gère l’ensemble des écoles à travers la régionalisation, respectant ainsi le choix et l’orientation des élèves.

Par ailleurs, nous sommes en relation avec la Commission nationale de la certification professionnelle (CNCP), afin de déposer un dossier de certification comprenant trois niveaux.

Lors de notre prochaine assemblée générale, nous allons faire passer le nombre d’heures de formation à 800 et à 1 500 heures.

(…) Nous avons de ce fait signé un partenariat avec le Regroupement européen pour la formation et la reconnaissance des médecines non conventionnelles (Reformed), sur la base d’une reconnaissance de 600 heures, en présence de sa présidente, Mme Delaporte, afin de bénéficier d’une transversalité de nos cursus.

Nous sommes aussi en contact avec Didier Pachoud, président du Groupe d’étude des mouvements de pensée en vue de la protection de l’individu (Gempi). M. Ophoven est d’ailleurs correspondant missionné pour y étudier tous les dossiers qui seraient en relation avec la kinésiologie. Quelques kinésiologues sont en outre, à titre personnel, adhérents au Gempi. Nous échangeons d’autre part avec 105 pays étrangers et organisons à Paris, cet été, une rencontre destinée à définir une nouvelle prospective de la kinésiologie en France, en Europe et dans le monde.

Selon notre Fédération, il n’existe pas de dérives sectaires dans la kinésiologie. Cependant, nous veillons que les éventuels écarts soient sanctionnés par notre commission éthique.

Cette année, nous avons ainsi refusé l’adhésion de deux écoles et de deux personnes qui ne répondaient pas à nos codes, associant à la kinésiologie d’autres techniques ne nous convenant absolument pas sur le plan déontologique.

Les atteintes médiatiques que nous subissons, comme les allégations d’organismes chargés de veiller à la protection des individus, nous paraissent réellement injustifiées. Nous n’avons jamais eu de droit de réponse ou de débat contradictoire à ce sujet.

En tant que profession non réglementée, nous souhaiterions être labellisés pour pouvoir être en accord avec l’administration.

Bernard Ophoven. – J’ai soixante et un ans, je suis kinésithérapeute depuis 1976, j’ai découvert l’ostéopathie depuis plus de quinze ans et, sur mon chemin, j’ai découvert aussi la kinésiologie, menant de front ces deux pratiques.

(…) Je représente aujourd’hui le Syndicat de la kinésiologie francophone spécialisée. Comme l’a dit Thierry Waymel, la kinésiologie est victime d’une désinformation relayée par les médias. En l’absence de toute vérification, nous n’avons jamais pu obtenir de droit de réponse !

(…) Je n’étais pas encore dans cette Fédération, mais je voudrais revenir sur le triste fait divers qui a entraîné le décès d’un jeune enfant, suite à un traitement inapproprié, à l’issue duquel les époux Durand ont été condamnés en tant qu’« adeptes de la kinésiologie ». Faut-il condamner une profession parce que deux personnes – que je ne connais pas – n’ont pas respecté la règle, l’éthique ou la déontologie ?

(…) Notre profession cherche à faire en sorte que les gens qui ne suivent pas notre code éthique quittent nos rangs – mais ceci n’est pas simple : notre activité n’est pas réglementée. Nous avons donc besoin d’un cadre et souhaitons en quelque sorte recevoir l’aval du Gouvernement afin de cadrer les choses.

(…) Nous désirons obtenir un droit de réponse et des débats contradictoires, afin de nous faire entendre démocratiquement. Nous voudrions que les représentants des associations – Centre contre les manipulations mentales (CCMM), Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu (Unadfi) ou même Gempi – et la Miviludes, nous rencontrent dans un esprit d’ouverture, afin d’apparaître transparents dans notre pratique. A ma connaissance, il n’y a qu’en France que l’on associe la kinésiologie aux dérives sectaires.

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Robert Kempenich, président de l’Association pour la recherche et l’enseignement en médecine anthroposophique

« Je voudrais tout d’abord faire part de mon étonnement de me retrouver ici : bien que nous ayons nous-mêmes demandé cette audition, nulle part ailleurs dans le monde -et surtout pas en Europe- la médecine anthroposophique n’est considérée comme une secte ! Cela semble une situation spécifiquement française.

Je suis président de l’Association pour la recherche et l’enseignement de la médecine anthroposophique (Arema) mais aussi du Conseil national professionnel (CNP), section médecine anthroposophique, qui regroupe l’ensemble des associations de médecine anthroposophique en France, la société savante, le syndicat, les formations de base et la formation continue.

Nous avons eu la surprise de nous trouver cités parmi les pratiques à risques de dérives dangereuses dans le guide Santé et dérives sectaires de la Miviludes.

Par voie d’avocat, nous avons écrit par deux fois à la Miviludes, pour lui demander de nous transmettre le dossier sur lequel elle s’appuyait. Nous n’avons jamais eu de réponse ! Un Sénateur, Jean-Louis Lorrain, a posé une question écrite à Mme la ministre des affaires sociales et de la santé, le 27 septembre 2012, pour lui demander sur quels documents s’appuie la Miviludes pour considérer la médecine anthroposophique comme une secte. Il n’a jamais eu de réponse…

(…) La médecine anthroposophique est une médecine qui s’inscrit aujourd’hui dans ce que l’on appelle la « médecine intégrative ».

J’ai moi-même été Président, durant treize ans, de l’European council of doctors for plurality in medicine (ECPM) et ai travaillé dans le cadre de la Camdoc Alliance, qui regroupe les fédérations européennes d’homéopathie, d’acupuncture, de médecine anthroposophique et de naturopathie.

La médecine intégrative est un concept qui ne considère plus les médecines non conventionnelles en dehors du champ de la médecine. Elle s’inscrit dans le champ de la médecine, pratique le même diagnostic que la médecine conventionnelle, emploie les thérapeutiques de la médecine conventionnelle, mais complète celle-ci par un élargissement. C’est en particulier le cas de la médecine anthroposophique, qui élargit ce que propose la médecine dite universitaire en matière de biologie, de physiologie et de thérapeutique.

En matière de biologie et de physiologie, la médecine anthroposophique propose une investigation du psychisme et de l’individualité. C’est en ce sens qu’elle tient compte de ces niveaux complémentaires à ceux de la seule biologie et de la seule physiologie. Elle met donc le patient au centre de sa démarche. On ne traite plus une maladie mais un individu, avec sa biologie, sa physiologie, son psychisme, son individualité particulière, sa biographie individuelle. Cela semble fondamental…

Elle est une médecine tant préventive que curative.

(…) La médecine anthroposophique, en Europe, compte près de 5 000 médecins formés qui ont suivi les formations de médecine anthroposophique, et 30 000 médecins prescripteurs des médicaments spécifiques à la médecine anthroposophique. Il existe vingt-cinq hôpitaux de médecine anthroposophique en Europe et trois structures universitaires – Berlin, Herdecke et Berne.

En Allemagne, par exemple, la médecine anthroposophique bénéficie d’un statut particulier dans le code social. Ses médicaments sont reconnus et bénéficient d’une place particulière dans la loi sur les médicaments. La commission C de l’Agence du médicament allemande s’intéresse spécifiquement aux médicaments anthroposophiques. L’Allemagne compte 3 500 médecins, on en compte 300 en France et entre 1 500 et 2 000 prescripteurs.

En Suisse, la confédération et les cantons ont inscrit dans la Constitution la reconnaissance des médecines complémentaires en proposant un système d’évaluation. La médecine anthroposophique a fait l’objet d’une étude particulière dans le cadre du Programme suisse d’évaluation des médecines complémentaires (PEK), qui étudie son efficacité, son utilité, son innocuité et son coût. Cette étude a été demandée en 2006 et a été publiée. Elle fait état de 188 études cliniques, dont dix-sept randomisées, ce qui est le « gold standard » en médecine.

Une large majorité – 180 études sur 188 – montre des résultats positifs, tant du point de vue de l’efficacité que du coût. Le coût est en effet aujourd’hui un aspect très important à prendre en compte… Ces études soulignent aussi le très faible nombre d’effets secondaires, de l’ordre de 0,05 %. Elles respectent les règles du format « Health technology assessement » (HTA), ce qui démontre un haut niveau scientifique.

– Vous avez regretté que la France soit le seul pays à ne pas reconnaître l’anthroposophie : je suis tenté de vous répondre que la France est le pays de Descartes !

– L’Allemagne est celui de Goethe, dont l’épistémologie est le fondement de l’anthroposophie !

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Jean-Philippe Labrèze, médecin, ancien président de la Commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH, liée à la scientologie), responsable du Collectif des médecins et des citoyens contre les traitements dégradants de la psychiatrie

« Le Collectif a été créé en 2005, dans un contexte très particulier. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) venait de rendre un rapport sur les troubles de la conduite chez l’enfant et l’adolescent. Ce rapport nous a semblé extrêmement préoccupant. Les chiffres sont variables et il est difficile d’avoir des statistiques précises, mais on peut aujourd’hui considérer que 20 à 25 000 petits Français consomment de la Ritaline.

(…) Il existe selon nous un problème majeur dû au tandem entre psychiatrie biologique et industrie pharmaceutique. Ce tandem rétrécit régulièrement, systématiquement, consciencieusement le champ du normal, pour accoler l’étiquette des troubles mentaux à un nombre de plus en plus grand de nos concitoyens.

Un chiffre est à cet égard édifiant et, à mon sens, profondément inquiétant : en 1952, dans la première version du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-I), la bible de la psychiatrie, on recensait 112 troubles mentaux ; dans le DSM-IV, qui date de 1994, on en trouve 374 ! Avec la restriction consciencieuse du champ du normal, de plus en plus de nos concitoyens se trouvent qualifiés de malades mentaux, ce qui entraîne comme corollaire immédiat une prescription de psychotropes censés résoudre leurs problèmes.

C’est à notre sens l’un des dangers majeurs que courent nos concitoyens. »

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Mylène Escudier, présidente de la Commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH) et Frédéric Grossmann, président d’honneur

Mylène Escudier.- La CCDH a été créée par l’Eglise de Scientologie et le docteur Thomas Szasz, en 1969 aux Etats-Unis et en 1974 en France, dans le but de faire respecter les droits de l’homme en psychiatrie et dénoncer leurs violations. En France, la CCDH est une association relevant du statut prévu par la loi de 1901. Notre combat est la défense des droits de l’homme en psychiatrie. Nous nous appuyons pour ce faire sur la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, sur la Convention européenne des droits de l’homme, sur la Convention internationale des droits de l’enfant ou sur des rapports d’experts et d’organismes officiels pour dénoncer les abus psychiatriques. Nous travaillons avec les victimes de ces abus. Nous avons constaté que le comportement de certains psychiatres pouvait revêtir parfois un caractère sectaire. Ainsi, dans certaines affaires d’abus sexuels et de viols, le psychiatre exerçait une emprise mentale sur ses patients pour abuser d’eux : en Loire-Atlantique, par exemple, un psychiatre a été condamné à huit ans de prison.

En France, selon la Cour des comptes, les prises en charge s’élèvent à un million ; les dépenses consacrées à la psychiatrie représentent 13 milliards d’euros dans le budget de l’assurance maladie ; on compte 13 000 psychiatres en métropole ; les remboursements de la sécurité sociale liés aux psychotropes représentent en un an plus d’un milliard d’euros, plus de 72 000 internements sous contrainte ont été prononcés selon les commissions départementales des soins psychiatriques ; nous sommes très attachés au strict encadrement des soins sous contrainte. La loi du 5 juillet 2011 a modifié la loi de 1990 sur les hospitalisations sous contrainte en prévoyant désormais un contrôle judiciaire dans les quinze jours qui suivent l’internement. Nous sommes très satisfaits de la judiciarisation des internements.

Mais, selon le rapport de MM. Serge Blisko et Guy Lefrand, députés, cette loi n’est pas toujours appliquée. Dans certains départements, les patients ne rencontrent jamais de juge ; nous demandons que les visites de procureurs, préfets et présidents de tribunaux de grande instance (TGI) aient effectivement lieu dans les hôpitaux conformément à la loi. De même, nous souhaitons que les soins sous contrainte en ambulatoire dans ce cadre soient placés sous le contrôle d’un juge car, selon l’avis de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, ils correspondent aussi à une privation de liberté ; les contrôles doivent être plus fréquents en psychiatrie.

(…) Notre association compte de nombreux scientologues ainsi que des adeptes d’autres religions.

(…) – Pourquoi demandez-vous aux hôpitaux psychiatriques la communication des registres d’internement ?

– Nous sommes presque les seuls à demander qu’il y ait plus de contrôle en psychiatrie. Chaque semaine, nous recevons des témoignages d’internements abusifs. Nous souhaitons que les autorités aillent dans les hôpitaux.

(…) – Avez-vous une opinion sur la liberté thérapeutique ?

Frédéric Grossmann.- Notre préoccupation est l’information dont disposent les personnes et le consentement des patients, souvent considérés comme incapables de le donner, alors que les traitements sont lourds, à base de neuroleptiques ou d’enfermement.

(…) – Comment être critiques à l’égard de certains traitements tout en refusant de se prononcer sur leur pertinence ? Les électrochocs ne constituent pas le traitement quotidien en psychiatrie ! Je comprends mal l’objet de votre association.

Mylène Escudier.- On compte plus de 70 000 séances d’électrochocs en France par an. Nous nous appuyons sur des témoignages, à l’image de cette mère de famille, qui avait besoin de connaître ses droits et d’être mise en relation avec un avocat pour éviter de se voir cataloguée comme folle, au risque de perdre définitivement tout espoir de se voir attribuer la garde de ses enfants. Certains tentent également de faire interner leurs parents pour contrôler l’héritage et obtenir une mise sous tutelle…

(…) Dans l’Yonne, le nombre d’hospitalisations à la demande d’un tiers était anormalement élevé par rapport au nombre d’habitants. Après enquête, nous avons découvert que nombre d’entre elles étaient réalisées à la demande de plusieurs maisons de retraite. Quand des personnes âgées étaient envoyées à l’hôpital, elles étaient placées en hospitalisation à la demande d’un tiers. C’était illégal.

– En effet !

– Certes, mais cette pratique n’est pas sanctionnée. Nous l’avons dénoncée. Le Conseil d’Etat a redéfini plus rigoureusement la notion de tiers et en un an, le nombre d’internements a baissé de 25 % à 30 %. Les élus locaux ont souvent du mal à trouver une solution pour des personnes au comportement dangereux, mais la psychiatrie n’est pas une solution.

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Jean-Marie Bataille, directeur de l’Institut français d’application pour le corps et l’esprit (Iface)

« Je vais vous transmettre deux dossiers, l’un sur le rapport d’activité de l’Iface et l’autre sur le syndicat des ondobiologues.

La société Iface a été créée le 24 octobre 1986. C’est une sarl. Je suis donc en activité depuis vingt-sept ans. Je vous remercie de m’avoir convoqué, chose que n’a jamais faite la Miviludes qui a pourtant décrété que nous étions peut-être bien une secte, ce qui a été gravement préjudiciable à notre activité. J’étais loin de me douter qu’il puisse y avoir dans notre République des services aussi nuisibles.

Du fait de la Miviludes, notre société s’est réduite à trois personnes et à trois praticiens installés qui se relaient pour assurer les formations, selon les besoins, en faisant profiter les stagiaires de leur expérience. Notre chiffre d’affaires est en constante régression depuis 2009 : il est passé de 1 560 000 euros à 993 000 euros l’année dernière tandis que notre marge passait de 269 000 euros à 103 000 euros, ce qui m’a conduit à ne pas percevoir mes dividendes à cause de ces problèmes de trésorerie.

(…) A l’heure actuelle, nous dispensons quatre types de formations différentes : formation de base (cinq jours), formation supérieure (sur le même principe, par exemple la semaine suivante, selon la volonté de stagiaires), formation en drainolymphologie, formation en biochirurgie immatérielle. Au total, nous avons fait 1 669 formations : 384 en formation de base, 785 en formation supérieure, 341 en drainolymphologie et 159 en biochirurgie immatérielle.

(…) – Pourquoi faudrait-il, selon vous, former 6 000 ondobiologues ?

– Oui, un pour 10 000 habitants, pour remplacer les magnétiseurs surtout.

– Vous êtes passé de l’ordre des biomagnétiseurs au syndicat des ondobiologues. Qu’est-ce que l’ondobiologie ?

– J’ai passé dix ans de ma vie professionnelle à faire des analyses biochimiques (urée, cholestérol…) dans des laboratoires médicaux et vétérinaires ; j’ai été obligé d’arrêter parce que j’ai eu les cordes vocales atteintes par les réactifs. J’ai voulu faire l’expérience du magnétisme pour comprendre ce phénomène. Je me suis rendu compte que nous fournissions nous-mêmes nos énergies électromagnétiques, mais qu’on ne pouvait les utiliser sur des gens sans les contrôler. Au cours d’une séance, j’ai donné trop d’énergies à une femme et j’ai pris en retour toutes les siennes, si bien que j’ai perdu la vue pendant une heure et que ma tension est montée en flèche. J’ai vraiment failli en mourir. Il me fallait donc être plus prudent et extraire les énergies usées de ces personnes avant d’en introduire de nouvelles.

(…) J’ai donc mené une expérience sur une femme qui avait les jambes lourdes. J’ai extrait les énergies usées d’une de ses jambes et j’ai constaté ensuite qu’elle boitait. Elle ne sentait plus sa jambe mais l’autre était lourde. C’était donc ainsi qu’il fallait procéder : extraire les énergies usées – notamment du dos, de chaque côté de la colonne vertébrale – pour que les organes puissent se régénérer. Pour parfaire cette technique, je me suis un peu inspiré de la médecine chinoise. Effectivement, chaque organe correspond à une cuvette d’évacuation.

Maintenant, je peux vous parler de la drainolymphologie.

(…)- Vous dites aussi que ces soins sont prodigués sans toucher les personnes et que « seule la méthode Bataille peut réaliser cette prouesse technique. » C’est quoi, la méthode Bataille ? Elle a un effet direct sur les ganglions ?

– Je peux le prouver tout de suite. Les drainages lymphatiques sont faits par des kinésithérapeutes qui engagent la responsabilité des médecins qui les prescrivent. Or, les kinés acquièrent leurs connaissances en dehors de la faculté puisque – ce n’est d’ailleurs pas de leur faute – seules sept heures de cours sont dispensées en trois ans sur les problèmes lymphatiques. Or, en enlevant les énergies usées qui les bloquent, les ganglions peuvent à nouveau fonctionner sans problème. Nous, nous enlevons les énergies usées et le ganglion refonctionne. Nous évitons ainsi des opérations, notamment des seins.

– Vous dites que vous pouvez éliminer les nodules.

– Absolument. Pas cancéreux, attention !

– Ne croyez-vous pas que vous utilisez un certain abus de faiblesse ?

– Absolument pas ! Vous n’avez qu’à lire tous les courriers de remerciement que je reçois. Où est l’abus de faiblesse alors que nous parvenons à désengorger des ganglions, ce qui évite à des femmes de se faire opérer de la chaîne de ganglions sous les aisselles ? Attention : les ganglions ne disparaissent pas, ils se dégorgent. Il faut le voir pour le croire.

(…) – Pensez-vous que des gens puissent enlever des kystes sur des ovaires sans connaissances spéciales ? (…) Vous croyez que c’est bien de soutenir de telles thèses ?

– Parfaitement bien. Je serais honteux de ne pas l’avoir écrit.

– Ne s’agit-il pas d’un super abus de faiblesse ?

– Mes portes sont ouvertes à tous les médecins et à tous les kinés. Lorsqu’un médecin vient se former, il n’est pas rare que dès le premier jour ou le deuxième, il se mette à pleurer et qu’il soit en colère parce qu’on lui a caché à la faculté l’existence des énergies. Les kinésithérapeutes, quant à eux, doivent oublier tout ce qu’ils ont appris afin de travailler de façon globale, avec l’« esprit intégral ».

– Qu’est-ce que c’est, l’« esprit intégral » ?

– On a le conscient et le subconscient. Le conscient veut tout mais ne peut rien tandis que le subconscient ne veut rien mais peut tout : il faut faire travailler les deux ensemble pour obtenir ce qu’on veut. On peut faire beaucoup de choses à partir des énergies.

– Est-il raisonnable de faire croire à nos concitoyens que vous pouvez changer leurs vertèbres sans les toucher ?

– Pourquoi « faire croire » ? Mes stagiaires le vivent eux-mêmes ! Je ne peux que vous inviter à venir voir ce qu’il en est. Georges Fenech n’est jamais venu. »

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Daniel Kieffer, directeur du Collège européen de naturopathie traditionnelle holistique (Cenatho)

« Je me réjouis d’avoir l’opportunité historique d’ouvrir un dialogue transparent avec les élus de la Nation, et vous en remercie chaleureusement, Mmes et MM. les sénateurs. La naturopathie est née aux États-Unis, où le mot apparaît pour la première fois en 1896. En 1902 est fondée la première école, dans l’Oregon, et, à la veille de la crise de 1929, la naturopathie compte quelque milliers de professionnels et vingt écoles.

Ce courant hygiéniste se développe en Europe dans les années 1935-1940, où sont fondées les premières écoles, de façon informelle à l’époque et empirique. Il faut attendre 1985 pour voir naître la Fédération française de naturopathie (Fenahman), qui regroupe les principaux chefs d’école. Le niveau de compétence, l’éthique et la déontologie de la profession sont établis. En 1982 était née l’Omnes (Organisation de la médecine naturelle et de l’éducation sanitaire), l’association à vocation syndicale de la profession, qui donne accès à l’assurance professionnelle et qui assure également la formation continue.

Une autre date intéressante : à la suite du rapport Collins-Lannoye, la résolution européenne du 29 mai 1997 invite les Etats membres à considérer avec bienveillance l’intégration des médecines dites non conventionnelles dans les pays membres. En 2000, la naturopathie était intégrée dans dix États membres sur quinze, notamment en Allemagne et dans les pays scandinaves, en Grande-Bretagne, etc.

Elle se définit comme la synthèse des méthodes naturelles de santé, à vocation préventive, éducative et pédagogique. Elle promet également le rétablissement de la santé dans les troubles mineurs, lorsqu’un diagnostic préalable a été posé par le médecin, en améliorant la qualité et l’hygiène de vie. Le naturopathe est un éducateur de santé. Son champ d’action, comme le recommande l’OMS (Organisation mondiale de la santé), est la prévention active primaire, passant par l’hygiène et la qualité de vie, le bien-être au sens global, tel que l’entend la définition de la santé de l’OMS.

La naturopathie se situe davantage du côté des médecines naturelles que des médecines douces (homéopathie, mésothérapie, acupuncture, phytothérapie, aromathérapie…) dont l’exercice relève de la médecine. Ces disciplines ne sont pas enseignées en naturopathie. La naturopathie ne pose pas de diagnostic et ne propose pas de traitement de maladie : elle vise la prévention, la promotion de la santé et de la qualité de vie. Lorsque nous recevons des personnes atteintes de troubles mineurs, nous ne faisons jamais ingérence dans un traitement médical en cours : nous coachons, nous délivrons des conseils portant sur l’alimentation – en insistant sur les bénéfices de l’alimentation bio -, sur l’hygiène corporelle, la gestion du stress, le contact avec les éléments naturels, la qualité du sommeil ou de la respiration – et une conscience écologique, bien évidemment.

– Quel est le sens d’un registre national des naturopathes pour une profession non-réglementée ?

– Nous déplorons justement ce vide juridique. Il s’agit d’un répertoire des professionnels ayant fréquenté les écoles affiliées à la Fenahman (Fédération française de naturopathie). Faute de cadre légal, la profession s’est auto-organisée, avec un cursus de 1 600 heures académiques et 4 400 heures de formation au total.

(…) – Quelles sont les obligations du praticien envers le Cenatho ?

– Je ne peux répondre que pour les 500 affiliés au registre des naturopathes, car il existe environ 1 000 naturopathes travaillant hors cadre : ceux-là attendent que la loi évolue et en attendant, gardent un job à mi-temps, ce qui est prudent dans le contexte de crise actuelle. Nos affiliés assurent des heures de formation, ont obtenu un diplôme de fin d’études devant un jury, suivi un cours de droit et de déontologie donné par Me Isabelle Robard. Nous avons également un examen national, fondé sur un tronc commun aux six écoles affiliées.

(…) – Vous êtes l’auteur d’un ouvrage de 302 pages intitulé « Vaincre la grippe : avec ou sans vaccin ».

– Ce livre, qui prône la prévention et le renforcement des défenses naturelles, a été un échec commercial complet. On a vendu à peine 500 livres. Nulle part vous n’y trouverez d’incitation à ne pas se faire vacciner. C’est un livre qui parle plutôt de « terrain », de prévention pour que chacun résiste mieux.

– Nous ne voulons pas de dérives dans ce domaine par rapport aux politiques de vaccination qui ont une utilité très claire pour la santé de nos concitoyens.

– Il n’y a aucun cours sur la vaccination dans aucune des écoles relevant de la Fenahman. La vaccination est laissée au libre discernement de chacun. »

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Daniel Chauvin, président de l’association Invitation à la Vie (IVI), accompagné de Mmes Alberte Gentou, Lorraine Bounine Cabalé et Catherine Cordier de Bartha

« Fondée le 20 janvier 1983, Invitation à la vie est une association loi de 1901 à but non lucratif, laïque d’inspiration chrétienne, ouverte à tous, qui rassemble et accueille des personnes de tous âges, de tous horizons social et culturel, sans distinction de race, de nationalité, de religion, croyantes ou non. Chacun de ses membres et chacune des personnes qu’elle accueille restent libre de vivre selon les convictions religieuses, politiques, idéologiques et culturelles de leur choix.

L’association compte à ce jour dix-sept centres d’accueil sur le territoire national. Notre but est l’accueil, l’écoute et la consolation, par le biais des permanences téléphoniques de SOS-écoute et dans les centres d’IVI par l’écoute et l’harmonisation.

(…) – Votre association a été fondée par Yvonne Trubert qui avait hérité d’un « don de guérison ». Ce don constituait un élément essentiel de son modèle. Dans ses écrits et selon d’autres documents, elle affirmait guérir la maladie par la prière. Vous avez mentionné un axe religieux, un axe humanitaire et social ; votre association a-t-elle également une vocation médicale ?

Daniel Chauvin.- Mme Trubert, décédée il y a trois ans et demi, était selon moi une sainte femme : elle priait beaucoup et était animée d’une grande foi. Les gens venaient à elle et elle les aidait, les réconfortait en leur donnant de l’espérance. C’est le maître mot de son héritage : avec de l’espérance, il devient plus facile de retrouver de l’énergie pour se soigner ou combattre les maladies.

(…) Catherine Cordier De Bartha.- On peut reformuler sa pensée ainsi : il n’y a que des malades qui ne guérissent pas. Le but de son enseignement n’est pas de guérir les gens mais de les aider à aller mieux, pour les encourager à se soigner par les moyens de leur choix. Comme nous l’indiquons sur de grands panneaux dans nos centres, nous ne nous substituons pas à la médecine. Je suis médecin. L’enseignement de Mme Trubert vise au bien-être des membres de l’association et de ceux qui viennent se faire harmoniser dans nos centres, dont nous ne possédons pas les locaux ; nous les louons. Ses propos sont souvent tronqués. Elle disait souvent : « Si vous aviez la foi aussi grosse qu’un grain de sénevé, vous pourriez guérir. » Mais qui a la foi ? N’oublions pas ce préambule, qu’elle répétait maintes fois. Il éclaire ses propos.

(…) – Qu’est-ce que l’« harmonisation » ?

Daniel Chauvin.- Une personne ne peut être harmonisée qu’avec son consentement. Elle est allongée sur un lit, habillée, recouverte d’un drap, les yeux fermés. Nous nous agenouillons au bord du lit et procédons à une gestuelle sur le corps – pas un massage, plutôt une caresse – sans équivoque – tout en priant intérieurement, en silence, durant tout le protocole qui dure une vingtaine de minutes. Conformément à l’héritage de Mme Trubert, la prière est centrale dans cette action. Nous récitons des prières chrétiennes et faisons des rosaires. Nous prions pour l’humanité, pour la résolution des conflits, pour nos dirigeants, pour les chômeurs, pour ceux qui souffrent… Nous écoutons les gens. Ils en ont besoin. Puis nous harmonisons. Mme Trubert nous a transmis cette technique qu’elle a reçue de Dieu, mais chacun reste libre de le croire…

Nous avons rencontré des difficultés médiatiques : lorsque notre mouvement, d’inspiration chrétienne, s’est constitué, l’Église catholique nous a demandé de nous rattacher à des mouvements charismatiques. L’association a refusé car elle accueille des personnes de toutes croyances, chacun étant libre de pratiquer son culte, même si tous récitent les mêmes prières. Cela a fortement déplu à l’Église et les ennuis ont commencé. Un prêtre a répandu des rumeurs dont les médias se sont emparés, à une époque marquée par la lutte contre les sectes. Nous avons été pris dans cette tourmente. Les propos que Mme Trubert a prononcés lors d’un séminaire, où elle avait accepté la présence de caméras, ne cessent d’être répétés et tronqués. Elle ne s’adressait pas à des malades. Son seul souhait était de rendre aux personnes l’espérance, permettant de surmonter les maladies. De là, un amalgame est né qui nous empêche d’apporter aux autres du réconfort et de la consolation. Il suffit de venir dans nos centres pour vérifier nos pratiques. Rien n’est secret, ils sont ouverts au public. La commission d’enquête de l’Assemblée nationale nous a inclus dans sa liste de sectes. Celle-ci n’étant pas attaquable, nous en subissons les conséquences et de nombreuses personnes ont perdu leur emploi en raison de leur appartenance à l’association.

(…) – L’article du Monde du 18 janvier 2013 fait état de liens supposés entre votre association et le laboratoire Sevene Pharma.

Daniel Chauvin.- Je préside l’association depuis douze ans et suis président du Directoire de Sevene Pharma depuis cinq ans. Je dirige une entreprise de décoration et de peinture à Avignon ; l’association m’a demandé de me porter candidat à la présidence du conseil d’IVI en raison de mes compétences en gestion. J’ai d’abord été actionnaire de Sevene Pharma, comme d’autres membres d’IVI. On m’a demandé d’aider à la gestion. Nous faisons des cultures de plantes médicinales labellisées Ecocert dans les Cévennes. Je suis entré au Directoire à titre provisoire dans une période de difficultés. Puis le provisoire a duré. Je m’occupe de la gestion, mais le laboratoire est dirigé par un pharmacien. Les liens s’arrêtent là. La politique de Sevene Pharma n’est pas dictée par IVI. Nous possédons neuf médicaments bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché. Le laboratoire développe des traitements homéopathiques.

(…) – Dans quels pays êtes-vous présents ?

Nous sommes implantés dans une soixantaine de pays : en Amérique du Nord et du Sud, en Australie et en Nouvelle Zélande, et en Europe, notamment à l’Est. Nous sommes aussi un peu présents en Afrique – au Niger, au Cameroun, à Madagascar et en Éthiopie – mais pas en Asie, sauf aux Philippines.

– Combien d’adhérents avez-vous, pour combien de médecins ?

– Nous avons un millier d’adhérents en France pour sept ou huit médecins.

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Christian Flèche, formateur en décodage biologique

« J’ai créé l’Ecole de décodage biologique d’Aix-en-Provence – j’ai forgé ce terme en 1993. Cette école est à mon nom ; son adresse postale est à mon domicile, les séminaires se tenant dans des salles que je loue à cet effet. Les stagiaires, informés par mon site, mes conférences, mes livres ou par le bouche-à-oreille, sont uniquement des adultes ; leur âge se situe autour de quarante-cinq ans ; ils peuvent être issus du monde médical mais pas seulement. Une journée de formation coûte 100 euros, des tarifs préférentiels existant toutefois pour les personnes rencontrant certaines difficultés. Les stages démarrent en général à 9 heures et finissent à 18 heures, puis les gens retournent chez eux. La formation peut s’étaler sur quatre ans. Une quinzaine de journées, sur différents thèmes, sont proposées chaque année. Dans cette formation « à la carte », chacun peut choisir les modules qui l’intéressent ; il ne s’agit donc pas d’une véritable formation continue comme cela existe par exemple pour les ostéopathes. Je propose également des validations de compétences.

– Quelle est la relation de votre enseignement avec la santé ?

– Quand j’étais infirmier – j’effectuais des services de nuit -, je me suis rendu compte d’un manque dans la relation avec les patients et j’ai réalisé que lorsque je passais plus de temps à les écouter lors de ma visite du soir, ils dormaient mieux. Pour me consacrer davantage à ce travail d’écoute, j’ai ensuite fait partie de l’aumônerie catholique des malades d’Aix-en-Provence où j’ai appris l’écoute rogérienne et des méthodes telles que la programmation neurolinguistique (PNL) et les thérapies brèves. Ecoutant plus intimement les patients, j’ai pu les aider à accepter les expériences agressives liées à la maladie. Mon travail vient donc en complément de celui de la médecine et de la pharmacopée.

(…) – N’est-il pas excessif d’indiquer que votre système s’applique à tous les symptômes ?

– Dans la mesure où j’écoute le malade et non la maladie, il n’y a pas de limite, hormis mon incompétence pour travailler avec des personnes atteintes de maladies psychiatriques.

(…) – J’essaye de comprendre votre rôle auprès des patients. Vous contentez-vous de les écouter ?

– Oui, il s’agit d’une écoute empathique, d’une écoute profonde. Tel que je l’ai pensé, le décodage biologique est un complément à la médecine et à la pharmacie consistant à créer un espace…

– Concrètement, si je viens vous voir, allez-vous seulement m’écouter ?

– Oui, mais d’une manière émotionnelle, et pas seulement mentale ou intellectuelle. Le but est de rechercher ce qui se passe dans votre corps, quels sont vos symptômes et ce que vous vivez. Les gens commencent alors à livrer des secrets émotionnels et s’en trouvent mieux.

(…) – Lorsque vous affirmez dans vos documents que « toute maladie démarre en un instant suite à un bio-choc que l’on appelle un conflit déclenchant, réveillant une histoire conflictuelle passée ou conflit programmant », c’est bien une certitude.

– C’est présenté avec les accents d’une certitude, mais je ne l’impose pas.

– Ne tournons pas autour du pot. Vous savez bien que d’autres disent aussi que toute maladie découle de ce type de conflit – je pense à la méthode Hamer.

– Je n’impose rien à personne.

(…) – Bien sûr, vous êtes particulièrement prudent et faites bien attention d’expliquer sur votre site que le décodage biologique n’a rien à voir avec les méthodes des docteurs Hamer et Sabbagh. Vos raisonnements partent néanmoins des mêmes constatations.

– Il y a des points communs dans le contenu, mais ni sur le fond, ni sur la forme, ni dans l’esprit.

(…) – Comment pouvez-vous enseigner si vous doutez à ce point ?

– En incluant en permanence le doute, parce que là où il y a des certitudes, il n’y a pas d’écoute. C’est la raison pour laquelle je me suis désolidarisé de Hamer qui parle de « lois biologiques » et que je me distingue de Sabbagh qui n’a commencé à enseigner qu’après moi et qui évoque des certitudes. Je répète à mes élèves qu’ils n’ont pas besoin de certitudes, ils ont besoin de relation. »

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Hervé Floirac, de la société Etioscan France

« Je suis kinésithérapeute et ostéopathe depuis 1981. Depuis 1994, j’ai un cabinet à Clapiers. Il y a six ans, j’ai découvert la thérapie de biorésonance, pour laquelle je me suis formé en Russie et en Ukraine. Je continue d’exercer en tant que kinésithérapeute et ostéopathe, et dispose d’une Eurl pour l’activité de biorésonance. Mon site internet a été réalisé par des collaborateurs en Russie.

– D’après annuaire-therapeutes.com, vous êtes à la fois ostéopathe et kinésithérapeute diplômé d’Etat, conseiller en fleurs de Bach et praticien en analyse et réinformation. En quoi la biorésonance consiste-telle ?

– Les neurophysiciens russes qui ont découvert cette méthode avaient constaté que chacune de nos cellules vibrait à une fréquence spécifique et qu’un terrain en dysfonctionnement montrait un dysfonctionnement vibratoire. Avec les appareils, fabriqués en Russie, nous analysons le terrain pour comprendre comment telle ou telle pathologie s’est s’installée. Lorsqu’on trouve un dysfonctionnement, on écoute les tissus et on peut envoyer à la cellule sa fréquence physiologique qui, grâce au phénomène de biorésonance, retrouve sa fréquence physiologique.

– Vous faites cela grâce à l’étioscan ?

– En effet. Ses composants sont fabriqués en Allemagne et il est assemblé en Russie.

– C’est votre EURL qui vend l’appareil ?

– Oui.

– L’utilisez-vous lors de vos consultations d’ostéopathie ?

– Cela m’arrive, de même que pendant mes séances de kinésithérapie. Je n’ai jamais eu un appareil d’électrothérapie aussi efficace et performant. Je l’utilise au même titre que j’utilisais avant les ultrasons et la basse fréquence.

– Concrètement, comment cela se passe-t-il ?

– Nous avons un casque, un émetteur infrarouge, des manettes que l’on tient à la main et qui analysent le stress oxydatif, les réactions des tissus au passage d’un micro-courant électrique d’1,5 volt.

– A quoi les fréquences vibratoires correspondent-elles et comment déterminez-vous ce que vous devez faire avec l’appareil ?

– L’analyse du terrain produit des courbes et des logos de tel ou tel organe, qui renseignent sur l’état de cet organe. Je ne fais pas de diagnostic. Au contraire, je renseigne un logiciel sur le diagnostic posé par le médecin. J’analyse le terrain, puis je fais une réinformation du terrain pour lui redonner ses capacités d’homéostasie.

– Et ça marche ?

– Ca marche très, très bien.

(…) – En dehors de la maladie de Crohn, avez-vous d’autres cas particulier à nous signaler ?

– J’ai soigné une personne atteinte d’une bronchopneumopathie obstructive. (…)

J’obtiens également de bons résultats sur les bronchiolites. J’ai guéri en janvier un bébé de treize mois, sous kiné respiratoire depuis décembre. En ouvrant son carnet de santé, j’ai découvert que peu avant l’infection, l’enfant avait été vacciné par le prevenar ; les symptômes – notamment la fièvre – correspondaient aux effets secondaires du médicament tels qu’on les découvre sur internet. Je lui ai envoyé la fréquence inverse de ce vaccin ; en quarante-huit heures, sa fièvre est tombée, l’enfant a pu se réalimenter.

– C’est quoi la fréquence inverse d’un vaccin ?

– Tous les remèdes, même les fleurs de Bach, ont une fréquence vibratoire, que les Russes ont enregistrée dans une base de données. On peut envoyer la fréquence inverse. Dans le cas de cet enfant, j’ai mis un biberon d’eau dans la chambre de résonance et, comme en aromathérapie, j’y ai envoyé la fréquence inverse du vaccin.

(…)- Je suis perplexe… Comment déterminer la fréquence d’un vaccin et établir la fréquence inverse ?

(..)- L’étioscan est un boîtier qui transforme des informations lumineuses, électriques et auditives en données numériques. Toutes les questions que vous me posez, je les avais posées aux Russes. Ils ne veulent pas communiquer. Détenant l’exclusivité sur ces appareils, ils ne veulent pas dire comment les fréquences sont enregistrées. Nous travaillons de manière empirique, avec des résultats extraordinaires.

– Les Russes meurent quand même !

– Les Français aussi ! »

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 Gérard Athias, du Collège international Gérard Athias

« Je considère mon travail comme une psychanalyse biologique après bilan, diagnostic médical et traitements effectués, interprétés et prescrits par le ou les médecins habituels du patient. J’essaie de faire des liens entre les problématiques du consultant et les mémoires généalogiques familiales. Je cherche à mettre en lien les évènements généalogiques avec les émotions du consultant. Je pense que la combinaison entre les traitements dits conventionnels et une compréhension du sens de la maladie est favorable à chacun, que les différentes approches sont complémentaires et qu’elles répondent à des questionnements différents des patients ou de la clientèle.

Dans le cadre de mes séminaires, chaque participant reconnaît avoir lu et accepté les conditions et précisions suivantes qui figurent aussi en avertissements sur mes livres : « Monsieur Athias, dans le cadre de ses séminaires, publications et conférences diverses expose que le fruit de ses analyses est fondé sur le résultat de ses recherches personnelles qui ne peuvent en aucun cas être assimilées à une analyse, une découverte, une pratique ou une méthode médicale. Monsieur Gérard Athias, parce que docteur en médecine, rappelle expressément qu’il est profondément attaché aux diagnostics et traitements médicaux en conformité avec les données actuelles de la science ».

– Êtes-vous toujours inscrit à l’Ordre des médecins ?

– Non Monsieur, je l’ai quitté il y treize ans. Néanmoins, comme d’autres sont docteurs en droit ou en lettres, il se trouve que je suis docteur en médecine. Dois-je m’excuser d’avoir fait ce type d’études ?

– Là n’est pas la question. Vous écrivez que des raisons de santé personnelle vous ont conduit à la biologie totale des êtres vivants…

– Tout à fait !

– … et que, dès votre premier contact avec cette « découverte révolutionnaire », vous vous êtes orienté vers cette nouvelle discipline. « Nourri des enseignements de Claude Sabbagh et d’Alejandro Jodorowsky », vous dites avoir approfondi et enrichi la recherche en bio-psycho-généalogie.

– Puisque vous semblez connaître M. Sabbagh, je vous précise que M. Jodorowski est cinéaste et scénariste de bandes dessinées.

– Et M. Sabbagh ?

– Cela fait deux ans que je ne l’ai pas vu. Mais il est vrai qu’il y a treize ans, je l’avais consulté personnellement pour une pathologie.

– Pouvez-nous décrire ce qu’est la biologie totale des êtres vivants ?

– Non Monsieur, car je ne la pratique pas.

(…)- Vous indiquez avoir pour objectif une vision synthétique et la construction de ponts entre les outils aussi divers que la biologie totale, les mémoires cellulaires, la généalogie, les triades et les vingt-deux étincelles de la vie. Pouvez-vous nous expliquer cela ?

– J’essaie de travailler sur les émotions du consultant avec différents outils. J’utilise ce que j’appelle la biologie et le sens de la maladie, mais non la biologie totale, parce que certains de ses aspects fondamentalement m’agressent et que je ne les accepte pas. Je travaille avec la symbolique et la kabbale pour essayer d’accéder à l’émotionnel de l’individu.

– Dans quel but ?

– Pour qu’il se libère, pour qu’on l’écoute au plan émotionnel.

(…)- Vous parlez de consultants ; dans quel but viennent-ils vous voir ?

– Je suis très étonné d’être convoqué puisque je ne consulte plus. J’écris des livres et je fais des séminaires. Mon site n’est pas à jour mais je ne consulte plus depuis treize ans.

– Vous venez de nous parler de consultants.

– Si vous préférez, parlons de clients, des gens qui assistent à mes séminaires.

– Soit. Quel est l’objet de ces séminaires ?

– J’y explique qu’il existe, à mes yeux, un lien entre des mémoires familiales, des difficultés familiales, des « secrets familiaux » et des douleurs individuelles que l’on peut retrouver sur plusieurs générations.

(…)- Ce qui compte pour nous, c’est de connaître le fondement de votre enseignement. Nous nous inquiétons du fait que des personnes qui l’ont suivi conseillent malheureusement à des malades d’arrêter leurs traitements.

– Je ne peux pas être d’accord avec elles. Ce n’est absolument pas ce que je leur dis en cours.

– Vous avez conscience de cela ?

– En cours, j’insiste sur le fait que la première chose à faire, ce sont des diagnostics, des diagnostics et des diagnostics ! Il y a peut-être des dérives, mais je ne peux pas être derrière tout le monde.

(…)- Ce qui nous gêne le plus, c’est que des gens qui suivent votre séminaire en arrivent à conseiller à des malades d’arrêter tout traitement.

– Donnez-moi des noms !

– Vous les connaissez parfaitement !

– Non Monsieur. Il n’y a que moi qui jure ici ? Dites-moi de qui il s’agit : je n’ai rien à me reprocher ! J’ai écrit des livres et je vous raconte ce que je fais. Je vous demande de me donner des noms et vous ne voulez pas le faire. Dans ce cas, ce sont eux que vous devriez convoquer et pas moi !

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Hervé Ramirez, secrétaire général de l’Association des comités de liaisons hospitaliers des Témoins de Jéhovah, M. Guy Canonici, président de la Fédération chrétienne des Témoins de Jéhovah de France

Hervé Ramirez.- Les Témoins de Jéhovah forment une religion chrétienne présente en France depuis la fin du 19e siècle. Ils sont regroupés dans un millier d’associations locales de nature cultuelle. On compte 270 000 fidèles en France, et plus de 2 millions en Europe.

Les Témoins de Jéhovah font naturellement des demandes de soins : 97 % ont un médecin traitant et 78 % se sont déjà fait hospitaliser. Leur particularité est de refuser la transfusion sanguine, pour des motifs bibliques. Le verset 29 du chapitre XV des Actes des Apôtres précise que le sang est sacré et donc impropre à tout usage. La demande de soins nous conduit donc à privilégier des stratégies d’épargne sanguine.

En tant que bénévole des comités de liaison hospitaliers depuis plus de vingt ans, j’aide les patients et contribue à fournir un appui aux médecins qui en ont besoin. J’ai donc été profondément choqué d’apprendre que, comme l’écrit la Miviludes dans son rapport « Santé et dérives sectaires », nous perturberions la relation entre le médecin et les malades, et ferions courir le risque d’un trouble à l’ordre public. Ce n’est absolument pas le cas ! Nous avons répondu à ces accusations par un courrier adressé au Premier ministre, dans lequel nous déclarons ne fournir que des informations. Nous ne nous immisçons pas dans la relation entre le patient et le médecin. Le chef du bureau central des cultes a depuis admis que le trouble à l’ordre public était en effet inexistant.

Les comités de liaison hospitaliers sont des associations à disposition des patients Témoins de Jéhovah. Ils n’interviennent qu’en cas de demande expresse du patient, dans certains cas du médecin. Ils ne s’autosaisissent jamais. Il m’arrive d’être sollicité la nuit, ou pendant mes vacances, et je crois faire preuve de suffisamment de dévouement pour que les propos de la Miviludes me choquent, très éloignés qu’ils sont de la gratitude et de la reconnaissance que nous témoignent les gens qui font appel à nous. Nous réalisons en outre une veille scientifique des avancées médicales en matière d’épargne sanguine. Nous en mettons les résultats à la disposition des patients.

Il existe des comités de liaison hospitaliers dans presque tous les pays du monde. La littérature médicale a fait de nombreux commentaires élogieux à leur égard, et nous entretenons des relations de confiance avec les autorités sanitaires de nombreux pays. La prestigieuse Association des anesthésistes de Grande-Bretagne – en quelque sorte l’équivalent de notre Société française d’anesthésie et réanimation – incite les médecins à prendre contact avec les comités de liaison hospitaliers. Si nous étions réellement tels que la Miviludes nous dépeint, je doute que ces associations professionnelles formuleraient de telles incitations.

Les stratégies d’épargne sanguine existent depuis les années 1960 et les premières opérations à coeur ouvert sans transfusion sanguine. Elles ont connu leur essor après la crise du sang contaminé dans les années 1990. Depuis, de nombreuses conférences de consensus se sont tenues dans l’objectif de limiter le nombre de transfusions.

Les stratégies d’épargne sanguine ne reposent pas sur un médicament ou produit unique de nature à remplacer le sang, car une telle substance n’existe pas encore. Elles s’appuient en revanche sur un ensemble de mesures qui, combinées, permettent de limiter le recours à la transfusion sanguine. Aucune ne suffit par elle-même. Toutes ont fait l’objet d’études et de commentaires dans la littérature médicale internationale : nous avons recensé plus de 2 500 articles publiés à leur sujet dans des revues à comité de lecture et à comité scientifique. Ces stratégies ont donc été validées, tant dans leurs protocoles que dans leurs résultats en termes de mortalité et de morbidité. Elles ne sont pas conduites au seul bénéfice des Témoins de Jéhovah, mais plus largement de l’ensemble des patients.

Le droit positif encadre ces questions au moyen de l’article L. 1111-4 du code de la santé publique, que vous connaissez bien. J’ajoute que le Conseil d’Etat a rendu le 16 août 2002 une ordonnance de référé dans laquelle il précise que le refus de traitement médical revêt, pour le patient majeur, le caractère d’une liberté fondamentale – dont souhaitent jouir les Témoins de Jéhovah.

Dans 99 % des cas, nous communiquons des informations sur les équipes capables d’apporter les soins nécessaires dans le respect des demandes du patient. Refuser ou non la transfusion sanguine n’est pas de notre ressort. Cette décision est prise par le patient avec son médecin : nous n’en sommes pas informés et ne souhaitons pas l’être.

(…) – Qu’en est-il de la vaccination et des soins palliatifs ?

Guy Canonici.- Les Témoins de Jéhovah se font bien sûr vacciner. J’ajoute que les Témoins de Jéhovah qui le souhaitent peuvent subir une transplantation. J’en connais personnellement. Ils n’ont simplement pas subi de transfusion sanguine.

– Et les prises de sang ?

– J’en fais une dans deux jours.

(…) – Je conçois que l’on ait des convictions et comprends votre approche, mais nous touchons là aux limites de votre propos. Les vaccins, par exemple, présentent un bénéfice infiniment supérieur aux risques qu’ils font encourir. Ne pas s’en servir constitue indiscutablement une perte de chance thérapeutique. Le choix du patient pose déjà problème au patient lui-même et au médecin ; si on le contraint en plus par des considérations religieuses, on met en cause tout le système de santé.

– Je serais plus nuancé sur le problème de santé publique. Les stratégies d’épargne sanguine ont été validées. Le taux de mortalité est similaire à celui observé en cas de transfusion sanguine. Au cas par cas, j’admets que la situation est plus difficile dans certains cas extrême, et que la question est alors davantage éthique.

(…) – Les Témoins de Jéhovah se réunissent beaucoup ; les enfants sont souvent associés à leurs réunions. Outre l’ennui qu’ils peuvent éprouver dans de telles réunions, cela ne risque-t-il pas de causer un trouble à leur santé, par le manque de sommeil ?

Guy Canonici.- J’ai déjà entendu ce discours chez certains de nos détracteurs. Les Témoins de Jéhovah se réunissent deux fois par semaine au maximum. Les parents amènent parfois leurs enfants avec eux. Pour ceux-ci, ces réunions ne sont pas nécessairement ennuyeuses.

– Mais elles peuvent l’être !

– Comme peut l’être la messe. Mais ces réunions, elles, sont pleines de vie et d’intérêt. Cela représente au plus trois heures, trois heures et demie par semaine : les enfants y font plus de progrès, à mon avis, que ceux qui passent ce temps devant la télévision.

– Ce n’est pas exclu.

(…) – La loi française prévoit que chaque famille est libre de donner à ses enfants l’éducation religieuse de son choix. Les Témoins de Jéhovah me semblent toutefois avoir tendance à isoler leurs enfants de ceux des autres, ce qui pourrait presque faire penser à du lavage de cerveau…

– Cette expression me rappelle les débats que j’ai pu avoir dans ma jeunesse sur ce qui se passait en Corée : pouvait-on résister à un lavage de cerveau ? Rien de tel chez nous. Nous éduquons nos enfants, afin qu’ils ne manquent pas de valeurs et de repères comme c’est souvent le cas dans notre société. Mais un enfant est un être humain libre, qui peut, à un certain moment, décider d’accepter ou de ne pas accepter de vivre comme ses parents. Les Témoins de Jéhovah, comme les Israélites, les Catholiques, les Protestants…ou les athées, ont des enfants qui, après l’adolescence, orientent leur vie différemment. C’est bien la preuve qu’il n’y a pas lavage de cerveau !

– Mais ne peut-on parler d’une emprise excessive ?

– Combien de mères castratrices dans la société française ? Combien de mères possessives qui étouffent leurs fils ? Cela n’a pourtant rien à voir avec la religion, et n’est pas traité par la justice.

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Éric Roux, porte-parole de l’Église de Scientologie

« Vous avez compris mon profond désaccord avec le fait que malgré mon insistance pour que les Français puissent partager les échanges qui s’y dérouleront dans la plus grande transparence, vous avez choisi d’imposer l’obscurité en fermant cette audition au public et à la presse.

C’est contraire à la règle depuis la loi n° 91-698 du 20 juillet 1991 et à la coutume qui s’est instaurée de donner « la publicité la plus large possible aux débats ». C’est aussi contraire aux nombreuses auditions qui se sont déjà déroulées devant votre commission auparavant.

(…) J’ai constaté par ailleurs que lorsque vous interrogez un apostat de l’Église, exclu depuis trente ans et connu pour être un détracteur obsessionnel de la Scientologie, son audition est ouverte à la presse et au public. De même, lorsque vous interrogez Serge Blisko, Georges Fenech, le CCMM, l’Unadfi, Catherine Picard, etc., les auditions sont ouvertes à la presse et au public.

Il y a donc, de facto, une différence de traitement entre l’Église de Scientologie et ses détracteurs.

(…) Votre courriel initial de convocation mentionnait la volonté que l’audition d’un « responsable de l’Église de Scientologie » par les sénateurs, porte « essentiellement sur les conceptions de la santé et de la médecine défendues par les Scientologues ». Or, l’Eglise ne défend aucune conception de la santé qui empièterait sur le domaine médical, ni ne prend aucune position concernant ce qui est médical ou de l’ordre de la médecine. L’Église dispense un enseignement et des services religieux et uniquement religieux. Elle aide les personnes qui le souhaitent en créant un espace de liberté spirituelle au sein de ses églises.

Les Scientologues sont, comme l’ensemble des citoyens, libres en ce qui concerne leurs choix thérapeutiques.

(…) Bien entendu, cela n’empêche pas les Scientologues de penser, à l’instar de nombreux autres courants religieux plus anciens, que la foi, la connaissance, la connaissance de soi et la plénitude spirituelle peuvent avoir un impact sur la santé de l’individu. Mais ici nous sommes dans le domaine des croyances, des convictions religieuses. Et si les Scientologues croient cela (j’en profite pour vous rappeler que les catholiques croient que le Christ peut guérir des aveugles par apposition des mains, faire disparaître la fièvre par la parole, voire ressusciter des morts, c’est dans les évangiles), si les Scientologues croient cela, donc, la pratique de la Scientologie a pour objectif la liberté spirituelle, la liberté de l’esprit par la connaissance et non la guérison du corps. La Scientologie est une religion nouvelle, certes, mais elle s’inscrit dans une tradition de courants philosophiques et religieux qui remonte loin dans le temps. On peut y trouver de grands points communs par exemple avec la théologie de Maitre Eckhart, l’un des plus grands mystiques chrétiens, qui considérait que l’âme avait une existence distincte du corps, et que seule la connaissance directe de sa nature spirituelle et divine pouvait apporter le salut à l’individu.

(…) La Scientologie est une religion, au même titre que les autres religions présentes dans notre pays (qu’elles soient catholique, protestante, juive, musulmane, hindouiste, bouddhiste). Elle n’a donc aucun rapport avec les prétendus « mouvements à caractère sectaires » de l’intitulé de la commission d’enquête. Qui plus est, l’Église ne prend aucune position dans le domaine médical. C’est donc à double titre que nous ne sommes pas concernés.

(…) Depuis dix ans maintenant, la France a prétendu sortir de la stigmatisation de certains mouvements particuliers pour se consacrer aux dérives. J’ai déjà évoqué le fait que « sectes » et « mouvements à caractère sectaire », n’ont aucune définition juridique, et étaient des prétextes à l’arbitraire d’une chasse aux sorcières motivée par des intérêts privés. Je dois aussi ajouter qu’il semble que n’avez pas remarqué que nous sommes passés à l’ère de la « dérive sectaire », ère dans laquelle aucun mouvement ne peut être ciblé en particulier, seuls les actes étant importants. La dérive sectaire, par définition (non juridique d’ailleurs), peut être commise par n’importe qui. Par n’importe quel parti politique, par n’importe quelle religion, n’importe quel individu, n’importe quelle institution. Ainsi, en persistant à vouloir vous en prendre aux « mouvements sectaires », vous persistez dans l’attitude qui consiste à établir des listes de ces mouvements, et à les stigmatiser comme mouvements de pensée, au lieu de vous en tenir aux dérives telles qu’elles peuvent se produire dans l’intégralité de la société, civile ou publique.

(…) Je remarque aussi qu’après avoir mené douze auditions de personnes connues pour leur acharnement à l’encontre des minorités spirituelles, vous n’avez mené que trois auditions d’acteurs associatifs susceptibles d’apporter la contradiction.

(…) – Je voudrais faire une petite mise au point. Votre présence ici aujourd’hui est un évènement sans précédent pour les commissions d’enquête qui, depuis 1995-1996, ont porté sur les mouvements et les pratiques sectaires.

Votre présence au Sénat résulte d’abord de la volonté de notre commission de respecter le principe du contradictoire. Elle résulte aussi d’un souci de transparence, puisqu’il a été décidé que toutes les auditions feraient l’objet d’un compte rendu annexé au rapport, tant dans sa version papier que dans sa version en ligne.

Notre réunion d’aujourd’hui est la première occasion donnée à votre organisation d’exposer devant des parlementaires un point de vue qui va figurer dans un rapport parlementaire public.

Je pense donc que les aspects formels de cette audition sont d’un intérêt bien inférieur à l’échange sans précédent que nous devrions avoir actuellement sur le sujet qui nous intéresse : le point de vue de l’Église de la Scientologie sur la santé.

Par ailleurs, je vous remercie d’avoir dit dans la lettre que vous m’avez adressée que vous veniez par respect pour le Sénat.

(…) Pourquoi un tel acharnement de l’Église de Scientologie à l’égard de la psychiatrie ?

– Je pense qu’il n’y a pas d’acharnement de la part de l’Église de Scientologie à l’égard de la psychiatrie. Ce qui intéresse les Scientologues dans ce domaine, ce sont les droits de l’homme. Je vous rappelle que la CCDH regroupe des personnes de toutes confessions : il n’y a pas que des Scientologues à la CCDH. En 1969, quand elle a été fondée, on pratiquait encore des lobotomies ou des électrochocs, autant de violations des droits de l’homme. La Scientologie n’est pas là sur un terrain de médecine, mais sur un terrain de droits de l’homme. Or il y eu des violations des droits de l’homme qui ont été constatés. L’Église de la Scientologie s’est toujours s’est toujours positionnée en faveur d’un combat pour les droits de l’homme. On n’aurait pas cofondé cette commission avec le psychiatre Thomas Szasz s’il y avait eu un acharnement de l’Église de Scientologie à l’égard de la psychiatrie. De plus, des psychiatres travaillent à la CCDH, preuve qu’il n’y a aucun acharnement à l’égard de leur profession.

(…) – Ron Hubbard est le fondateur de la Scientologie. Comment se référer à ses écrits pour poser des questions sur La Dianétique ?

– Ses écrits constituent l’équivalent des grands textes sacrés pour les autres religions.

– Ils ont pourtant été écrits au XXe siècle, dans un style dépourvu de symbolisme, contrairement aux textes fondateurs qui peuvent remonter à quelque 2 000 ans. Que pensez-vous des citations suivantes : « La dianétique guérit et elle guérit à chaque fois », ou encore « C’est de la barbarie pure et simple que de vouloir guérir des maladies psychosomatiques (ça, ce n’est pas un discours d’il y a vingt siècles, c’est un discours du XXe siècle), en recourant à des pratiques aussi brutales que la chirurgie dentaire ou la chirurgie tout court. Il faut absolument s’abstenir de tenter la moindre opération chirurgicale tant qu’il n’existe aucune certitude quant à la nature réelle du mal et tant qu’il n’a pas été établi que le mal se résorberait de lui-même si l’on réduisait le pouvoir du mental réactif ».

Nous sommes au cœur de la problématique de notre commission d’enquête : santé et dérives sectaires. Je me réfère aux écrits du fondateur de l’Église de Scientologie, qui utilise un langage qui fait référence au sujet de la santé et emprunte au langage médical.

(…) – Combien de membres la Scientologie compte-t-elle ?

– Entre 40 000 et 50 000 en France au sens large, 5 000 si on ne retient que les membres qui pratiquent régulièrement.

(…) – Y a-t-il, dans votre purification spirituelle, des contraintes physiques ?

(…) – Dans toutes les religions, il y a parfois des contraintes physiques. Je ne parle pas de contraintes dangereuses, je parle de choix personnels : le jeûne, le ramadan, les restrictions alimentaires de l’hindouisme, le sauna des Indiens d’Amérique… Il s’agit d’un choix religieux fait par des personnes en bonne santé.

(…) Lorsque les juifs pratiquent la circoncision, il y a une contrainte physique. Oui, les personnes peuvent prendre des vitamines ou se rendre au sauna ; elles le font en toute liberté, sans visée thérapeutique. Je puis vous assurer qu’il n’y a jamais eu de problème. Cela fait vingt ans que je suis scientologue. Je n’ai jamais vu un problème, ni une personne se sentir mal après. Au contraire, je pourrais vous présenter de milliers de Scientologues qui viendraient vous dire à quel point cela leur a fait du bien.

(…) [Concernant les « auditions »], vous dites : c’est de l’emprise mentale. Voyez-vous, je pratique la religion de Scientologie depuis vingt ans, je suis moi-même un responsable, vous l’avez dit : je suis porte parole. Je pratique l’audition depuis vingt ans – à la fois comme auditionné et comme auditeur, comme nous tous. Vous avez des milliers de Scientologues en France qui peuvent venir vous parler des bienfaits de l’audition. Vous en avez quelques uns qui se plaignent. J’entends bien : on ne peut pas, dans chaque groupe de personne, contenter tout le monde. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? C’est la pratique des Scientologues. Prenez la confession. C’est une pratique qui pourrait être proche de certaines auditions dont vous parlez. Pourrait-on dire que c’est de l’emprise mentale ?

– Oui !

(…) – Quel est le principe même de l’électromètre ?

– Il s’agit de localiser des zones de détresse spirituelle qui se sont produites dans d’autres vies, peut-être, ou dans cette vie-ci, et ensuite de travailler avec la personne qui vous aide.

(…) – Vous ne pensez pas qu’on est dans le domaine du soin psychique ?

– Une personne est malade mentale, elle a besoin de soins psychiques. Mais on ne parle pas de ça. C’est exactement comme si vous me disiez qu’un prêtre catholique qui écoute un paroissien dispense un soin psychique. C’est exactement comme si vous me disiez qu’un bouddhiste, en pratiquant la méditation, fait du soin psychique. Je ne crois pas qu’on puisse mélanger les choses. Et c’est de cet ordre là.

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Eric Bouzou, du Centre d’information et de conseil des nouvelles spiritualités (CICNS)

« Notre constat est que la lutte, d’abord « contre les sectes », puis prétendument « contre les dérives sectaires », a rendu ce contexte extrêmement délétère, en contradiction flagrante avec les objectifs fondateurs de la laïcité, empêchant une analyse sereine et équilibrée des situations. Selon nous, il existe une discrimination de fait à l’encontre de ces groupes et pratiques.

Concernant d’éventuels délits commis dans ces groupes, que ce soit dans le domaine thérapeutique ou dans d’autres, notre position est claire. Comme dans tout groupe humain, des personnes peuvent déraper et dériver. Le traitement de ces dérives ne peut se fonder que sur – je cite Claude Guéant, alors ministre de l’intérieur – « des éléments concrets, des faits avérés et pénalement répréhensibles ». Notre position est donc conforme à celle régulièrement énoncée par le ministère de l’intérieur.

Combien d’infractions, délits ou crimes, notamment en comparant ces chiffres aux autres secteurs de la société pour déterminer si ces groupes, ces pratiques, sont des foyers particuliers de délinquance ? Il n’y a aucune réponse à cette question, car aucune étude statistique sérieuse n’a été réalisée sur le sujet, à notre connaissance, en trente années de lutte contre les sectes et justifiant le dispositif antisectes français, qui est impressionnant et unique au monde.

(…) Aujourd’hui nous constatons que les thérapeutes des pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique (PNCVT) sont de plus en plus nombreux à être poursuivis dans le cadre de la lutte contre les dérives sectaires, très souvent pour des raisons discutables – comme par exemple la plainte d’un conjoint d’un membre du groupe en cas de divorce – et qu’ils ne comprennent pas ce qu’on peut leur reprocher ; ils sont d’une certaine manière sous le choc des accusations portées contre eux à partir de préjugés et d’amalgames et isolés dans leurs questionnements.

(…) En trente années de lutte contre les sectes, nous constatons que toutes les pratiques alternatives spirituelles, éducatives et thérapeutiques ont été entachées par amalgame, par la rumeur, d’être des sectes, par un soupçon de dangerosité, dans les différents documents officiels produits : un soupçon généré hors du cadre préconisé par le ministère de l’intérieur, que nous avons rappelé. La thèse du fléau social, non étayée, que constitueraient ces pratiques repose uniquement sur ce climat de peur.

Des chiffres anxiogènes mais sans réel fondement sont régulièrement médiatisés. L’audition devant vous de M. Fenech en donne un exemple. Depuis la commission d’enquête sur le thème « l’enfance volée », en 2006, circule de façon répétée et dans tous les médias l’information selon laquelle 60 000 enfants sont en danger dans les sectes. Or, qu’a concédé M. Fenech devant votre commission ? Je le cite : « Je suis incapable de vous dire combien précisément il y a d’enfants concernés par le phénomène. Je n’ai pas d’éléments statistiques ».

Le CICNS fait alors trois propositions : « Mettre en place un Observatoire des mouvements alternatifs à vocation spirituelle, éducative ou thérapeutique, compétent et indépendant, financé par l’État et reconnu comme organe de référence sur le sujet. Compétent signifie qu’il y aurait toutes les expertises nécessaires et avis contradictoires à la table de discussion – par exemple, s’agissant des minorités spirituelles, l’organisme Inform au Royaume-Uni. Indépendant signifie qu’il faut sortir d’une vision exclusivement négative du phénomène d’émergence de ces groupes minoritaires, en s’éloignant de la sphère du gouvernement, trop soumise aux pressions événementielles et médiatiques.

A ce titre, le Groupe d’appui technique (GAT) sur les PNCVT au ministère de la santé a-t-il l’indépendance et l’expertise pluridisciplinaire nécessaires ? Réunit-il autour de la table tous les avis contradictoires ? La question reste pour l’instant entière et sans réponse en ce qui nous concerne.

Il faut en second lieu s’écarter de la rhétorique antisectes, qui est devenue injurieuse et blessante pour des centaines de milliers de personnes respectueuses de la loi.

Enfin, il faut s’en tenir aux préconisations du ministère de l’intérieur dans le traitement des dérives – que nous ne qualifions pas de « sectaires », car pour nous, ce terme est biaisé et ne sert qu’à isoler du reste de la population une partie des citoyens – et abroger la loi About-Picard. Le délit de manipulation mentale, rebaptisée « sujétion psychologique », reste non défini. Le Conseil de l’Europe avait d’ailleurs invité la France à revoir cette loi ».

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Thierry Bécourt, de la Coordination des associations de particuliers pour la liberté de conscience (CAPLC)

« La CAPLC, de statut européen depuis plusieurs années, est essentiellement destinée à faire appliquer les articles 9 et 10 de la Charte européenne des droits de l’homme, relatifs à la liberté de conscience dans les domaines des minorités spirituelles et thérapeutiques. Elle est reconnue par le Haut-commissariat des droits de l’homme (HCDH), la Fédération européenne des droits de l’homme (FEDH), l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce) – où nous intervenons tous les ans – et le Bureau des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies (ONU), avec lequel nous sommes en relation régulière depuis plus de dix ans. Nous relevons, à ce titre, de la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités, adoptée par l’assemblée générale de l’ONU dans sa résolution 47-135 du 18 décembre 1992. Je tenais à vous le préciser, habitant près de Genève et travaillant également dans cette commission.

La CAPLC n’a pas pour vocation de défendre les minorités ou leurs idées, mais simplement leur liberté d’expression.

Nous sommes un organisme de terrain depuis la parution de la liste des sectes en 1995, et sommes confrontés depuis cette date à de multiples violations de ces articles, sources de nombreuses discriminations.

Force est de constater qu’aujourd’hui, après plus de 40 ans d’utilisation, l’absence de définition juridique [du mot “secte”] au profit d’un « sens commun de l’opinion publique » entraîne un flou artistique, source d’arbitraire, condamné à plusieurs reprises par l’Union européenne et le Bureau des droits de l’homme de l’ONU, voire par le Congrès américain.

On finance à 97 % les associations antisectes sur fonds publics -soit plus de 600 000 euros pour l’Unadfi alors que la Fondation Abbé Pierre ne perçoit que 2 % de financements publics, et Médecins du Monde 10 % ! Pourquoi financer des associations comme l’Unadfi, le Centre contre les manipulations mentales (CCMM), les groupes d’étude des mouvements de pensée en vue de la prévention de l’individu (Gemppi), alors qu’on cherche encore aujourd’hui où se situe le problème des sectes ? Dérive il y a, oui, mais partout !

Selon Georges Fenech et la commission d’enquête parlementaire sur « l’enfance volée » de 2006, entre 60 et 80 000 enfants seraient en danger dans les sectes. Certaines statistiques évoquent même des chiffres plus élevés ! Or, huit dossiers seulement au total sont en cours d’instruction ! A qui veut-on faire peur ?

(…) Le climat dans lequel j’entends placer cette intervention est celui de l’exaspération : les gens n’en peuvent plus de constater que rien ne change malgré l’accumulation des scandales comme ceux du Vioxx, du vaccin H1N1 -la « grippette »-, de l’hépatite B ou du Mediator. Pire encore : tout semble s’aggraver dans une ambiance révoltante d’impunité. Je parle là au nom des citoyens : il n’est qu’à lire la presse…

Une guerre invisible est menée dans notre pays, dans le silence et avec la complicité des « grands médias », contre les voies spirituelles et thérapeutiques « différentes », à l’encontre des besoins d’une majorité de Français aspirant à une médecine plus attentionnée et plus humaine.

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Les médecines douces auront-elles leur conseil de l’ordre ?

Meric

Pour le docteur Méric, le recours aux médecines non conventionnelles se fera naturellement pour pallier la raréfaction des médecins libéraux.

Pour le docteur Jean-Bruno Méric, médecin psychiatre à Sisteron (Alpes de Haute-Provence), membre du conseil régional de l’ordre des médecins siégeant à la chambre disciplinaire de première instance, qui intervenait au 3e congrès de l’Apsamed (Association de prévention pour la santé par les médecines douces), la reconnaissance et l’intégration des médecines non conventionnelles dans le système de santé se feront d’elles-mêmes : « Les médecines douces, explique-t-il dans une interview publiée le 6 septembre 2012, deviendront quantitativement très importantes. Elles devront donc s’organiser, sur le même mode que celui de la profession médicale aujourd’hui, notamment sur le plan ordinal, avec des tableaux départementaux, régionaux et national. Avec également une chambre disciplinaire dont la fonction première sera, quelque soit le futur code de déontologie médicale de ces médecines, de chasser les charlatans, ce qui paraît essentiel si l’on veut qu’elles soient inscrites au code de la santé publique, ce qui deviendra absolument nécessaire ».

« Une nouvelle ruée vers l’or »

Personne ne s’opposera à cette évolution car ces soins, non remboursés, ne coûteront rien à la sécurité sociale ni à l’État. De plus, « ils sont à priori sans danger. Quand on voit par exemple la consommation des antibiotiques, il sera beaucoup plus utile de soigner de nombreuses rhinopharyngites chez le naturopathe ou le phytothérapeute, ça va dans le bon sens. Seule la pathologie lourde sera réservée au médecin classique qui en conservera la responsabilité ».

Le docteur Méric, qui parle en son nom personnel et dont la fille est naturopathe, avance également une autre raison qui poussera les politiques, de quelque bord qu’ils soient, à laisser le phénomène s’accentuer dans cette direction : la pyramide des âges des médecins.

« D’ici à 2025, le nombre des médecins libéraux en exercice chutera de 126 000 à 40 000 ! Le coup de hache qui inverse la pyramide des âges, dû au numerus clausus, ne sera que légèrement desserré quelle que soit la majorité élue par les Français. La nature ayant horreur du vide, les médecines douces vont envahir naturellement le champ laissé libre par la médecine classique, pour répondre à une demande non satisfaite. Ce sera une nouvelle ruée vers l’or, correspondant à l’abandon de plus des deux tiers du marché. Un marché de 40 millions de clients va s’ouvrir aux médecines douces, non iatrogènes et non remboursées, avec la bénédiction tacite de la sécurité sociale et des pouvoirs publics. Personne ne s’y opposera, mais personne ne va non plus en parler… C’est un sujet dont personne ne parle, pour ne pas effrayer les gens. »

Une schizophrénie française

Le sujet est sensible car nombre d’instances plus ou moins officielles combattent ces médecines non conventionnelles. Leurs praticiens sont régulièrement convoqués en gendarmerie, inquiétés par la Miviludes, interpellés par la Caimades, stigmatisés par le ministère de la santé, mis au pilori par des associations comme l’Unadfi ou le CCMM  (subventionnées par l’État), ou par le Gemppi, débordant dénonciateur de “sectes” autoproclamé en région PACA. Tout cela sous prétexte d’éventuels ” risques sectaires “, pourtant rarement démontrés.

La France souffre ainsi d’une douloureuse schizophrénie avec, d’un côté, les tenants d’une tolérance zéro envers tout ce qui n’est pas « prouvé scientifiquement », confinant parfois au scientisme sectaire et, de l’autre côté, les promoteurs d’une vision plus intuitive et globale de l’homme, qu’il faudra bien, effectivement, réguler pour en bannir les excès potentiels. Ceux-ci offrant une solution économique idéale au gouffre des dépenses publiques de santé que tous les politiques conscients observent aujourd’hui avec effroi…

“A médecines multiples… devoir médical unique”

C’est sous ce titre que la commission d’éthique de l’ordre départemental des médecins de Côte d’Or avait réouvert, dans son bulletin de janvier 2007, « ce débat souvent passionnel pour mieux tracer les devoirs et les limites de chacun sous l’éclairage de la déontologie qui s’impose à tous. II est avéré que des médecines différentes reçoivent de plus en plus d’échos favorables dans l’opinion et que l’institution ordinale se trouve dans une position inconfortable, entre le respect du libre choix des patients et la mission de repérer les frontières de l’ésotérisme.

« (…) Les autres médecines manquent de ces références quasi mathématiques, mais se trouvent confortées par des références affectives ou historiques et par l’expérience humaine. Nous connaissons tous des malades nous ayant rapporté les succès de confrères pratiquant une médecine étrangère à nos pré requis.

« Rejeter a priori ce qui nous est étranger confine à la discrimination. Ce n’est pas acceptable. Une attitude éthique consiste, soit à accéder à un savoir suffisant des préceptes régissant l’autre médecine, soit à adopter une politique tolérante vis à vis des principes que nous ne connaissons pas. Dans les deux cas, il convient de ne pas déstabiliser le patient qui a ses propres repères et qui doit en tirer profit.

« Ce devoir de tolérance est valable pour tous. L’indispensable foi dans ce que l’on fait ne doit pas conduire au sectarisme. »

Les neurosciences le disent : nous ne sommes pas libres de vouloir, mais seulement d’accepter ou refuser d’agir

LibetEn 1983, le psychologue Benjamin Libet, qui fut chercheur au département de physiologie à l’université de Californie, a fait une découverte expérimentale surprenante, celle du « délai de la perception consciente » : « Le cerveau nécessite une assez longue période d’activation appropriée – allant jusqu’à environ une demi-seconde – pour parvenir à susciter la conscience d’un événement ! »

Ainsi, quand nous prenons une décision, notre cerveau génère un signal dont nous n’avons pas conscience, mais qui conduit à l’opération mentale consciente de prise de décision quelque 500 millisecondes plus tard. Au moment où nous avons conscience de prendre la décision, il y a déjà 0,5 s qu’une activité cérébrale détectable par des appareils appropriés (IRM, imagerie par résonance magnétique, par exemple) a été impulsée !

« Nos pensées conscientes émergeraient inconsciemment »

Libet Benjamin, 1916-2007.

Benjamin Libet, 1916-2007.
Crédit photo.

Libet explique comment un antidatage subjectif de la perception (« renvoi rétrograde subjectif ») permet d’avoir l’impression d’être presque immédiatement conscient du signal sensoriel. Il précise que ce délai de l’apparition réelle de la conscience vaut également pour d’autres phénomènes mentaux. Selon sa théorie, « toutes nos pensées conscientes émergeraient inconsciemment ! Ce serait vrai même des opérations créatives et complexes ».

Cette découverte bouleverse nos conceptions classiques, tant scientifiques que philosophiques, de la conscience et, par extension, de la liberté humaine. A première vue, les partisans d’une vision déterministe et réductionniste de l’homme, dans laquelle l’esprit est une simple émanation du cortex, peuvent triompher : notre moi serait simplement le jouet des lois physiques et physiologiques naturelles qui animent nos corps. Notre esprit serait une illusion résultant de multiples stimuli qui nous actionnent tels des pantins. C’est la thèse, par exemple, du célèbre chercheur français Jean-Pierre Changeux.

Les travaux de Libet confirment cette vision : ce n’est pas notre “moi” conscient qui décide ex cathedra, c’est notre cerveau qui, sans que nous le sachions, lui envoie des signaux bien avant (500 msec, en temps neurologique, c’est un laps considérable !) qu’il les reçoive en toute conscience, croyant de ce fait prendre une décision par lui-même de toute pièce. « Ce qui implique, note le scientifique, que le libre arbitre, s’il existe, n’initierait pas les actes volontaires. »

Le « véto conscient »

Le psychologue américain a par ailleurs établi que la volonté consciente d’agir, qui suit l’action cérébrale démarrée 0,5 s avant, précède elle-même l’acte moteur (le geste effectif décidé, bouger une main, etc.) d’environ 150 msec : « Cela lui permet potentiellement d’affecter ou d’enrayer le résultat final du processus volontaire ». Il peut laisser le processus suivre son cours jusqu’à l’acte effectif. Ou, au contraire, le bloquer, y opposant en quelque sorte son “véto”, afin qu’aucune action n’ait lieu.

Avec, sur le plan moral, cette conséquence : « Dans la mesure où c’est l’accomplissement d’un acte qui peut être sciemment contrôlé [et non sa seule suggestion à la conscience], il serait légitime de ne tenir les individus coupables et responsables que de leurs actes ».

Cela dit, demeure la question de savoir quelle est cette instance intime consciente qui peut opposer son véto aux pensées qui lui parviennent.

Pour l’heure, personne ne sait le dire et toute affirmation à ce sujet est aujourd’hui une « croyance spéculative », qu’elle provienne d’un déterministe ou d’un non déterministe. « Je dirais que pour moi, conclut Libet, l’existence du libre arbitre – un arbitre qui serait libre dans le sens non déterminé du terme – représente une option scientifique au moins aussi bonne, sinon meilleure, que le déni de son existence par la théorie déterministe des lois naturelles ».

De la vie (belle) à la mort, en passant par la méditation

Serenite_mentaleSérénité mentale – Décider en toute lucidité

Subirana Miriam
Dangles

Miriam Subirana Vilanova, docteur en beaux-arts, diplômée de l’université de Barcelone, est écrivain et peintre, mais aussi directrice de YesOuiSi, Espace international de créativité, spiritualité et coaching, où elle coordonne de nombreux projets visant à « créer une société digne et libre fondée sur une culture des valeurs humaines, éthiques et spirituelles, afin que chacun réalise tout son potentiel ».
L’intérêt de son livre ne réside pas dans l’originalité de ses propositions, tournant autour du contrôle de la qualité mentale par la concentration, mais dans leur pertinence et la clarté de leur formulation. L’auteure transmet dans ce livre agréable à lire son expérience d’une longue pérégrination au sein de multiples écoles de méditation : Self-Realization Fellowship (Yogananda), Sivananda, Maharashi (ne pas confondre avec Maharishi), Osho (ex-Rajneeesh) et Raja Yoga (Brama Kumaris).
Elle évite la plupart du temps le pénible jargon indianisant propre à ces voies méditatives. Ses idées, exprimées dans un langage simple et direct, sont propres à aider toute personne stressée dans sa vie professionnelle ou familiale. Comprendre que nous sommes responsables, par nos pensées, de la réalité que nous vivons, peut redonner la maîtrise de son destin et faciliter la paix de l’âme.
À mettre entre toutes les mains.

 

SimonOrdre et désordres – Quand la médecine de bon sens se heurte au harcèlement administratif

Sylvie Simon
Mosaïque-santé

Martine Gardénal, Louis Ruhlman, Didier Moulinier, Bernard Christophe, etc. Le nom de ces médecins est familier aux lecteurs qui nous suivent depuis longtemps. Ils ont tous en commun d’avoir été largement plébiscités par leurs patients et pourtant poursuivis par « l’Ordre médical » représenté par la sécurité sociale, le conseil de l’Ordre des médecins et la Miviludes. Motifs : ils n’ont pas respecté à la lettre les consignes et protocoles édictés de façon impersonnelle par les autorités sanitaires. Ils ont voulu adapter leur art et leur science à chaque patient, étant plus soucieux du bien-être de chacun que des objectifs administratifs ou de la rentabilité des laboratoires pharmaceutiques. Ça ne pardonne pas !
Sylvie Simon, journaliste et écrivain, milite depuis de nombreuses années par ses écrits pour que chacun connaisse « les vrais enjeux de notre système de santé ». Elle décrit dans ce livre, avec sa verve habituelle, le système hypocrite mis en place pour réprimer ces praticiens humanistes. Hypocrite car brandissant la fameuse accusation de « dérives sectaires », imparable puisqu’arbitraire, pour neutraliser ces gens qui, décidément, font trop de bien. Que deviendrait la médecine conventionnelle si les gens étaient finalement trop bien soignés !

 

bienvivresamortBien vivre sa mort
Manuel pratique pour réussir le Passage

Daniel Briez
Dangles

Daniel Briez dit avoir vécu quatre expériences de mort imminente (EMI) à trente ans d’intervalle. Même si ces événements ne sont pas à l’origine du livre, ils ont participé à l’élaboration de sa propre conception de la mort… et de la vie. Il en a tiré « une grande sérénité face à ce passage, chaque heure vécue depuis étant pour [lui] un véritable cadeau ».
L’intérêt de l’ouvrage réside dans le fait même d’inviter à « penser sa mort » et à s’y préparer lucidement : faire le bilan de sa vie, de ses attentes, de ses regrets, être conscient de ses colères et des peurs plus ou moins rentrées, travailler sur soi, préparer son « départ », tout cela ne peut qu’être bénéfique.
L’ennui est que l’auteur base toute sa démarche sur une conception particulière de l’être humain, dans lequel l’âme est censée être éternelle, avoir « choisi son incarnation », etc. Il donne différentes définitions très personnelles de la conscience, de l’égo, du corps « vibratoire » et « de conscience », qui affaiblissent son propos.
On peut également regretter le trop court chapitre accordé à la mort des autres.

 

BellelavieElle est belle la vie
Dialogues avec Virgil, un homme simple et remarquable

Jean Bouchart d’Orval
Louise Courteau

Virgil est un homme ordinaire à qui est arrivée en 1991 une expérience extraordinaire. Lui qui, originaire de la Yougoslavie communiste, ne connaissait rien en matière de spiritualité, a vécu une « ouverture », comme il la qualifie. « C’est arrivé spontanément, le matin. Je ne savais pas ce que c’était, mais c’était quelque chose de très grand, d’immense. Je n’avais jamais entendu parler d’une telle chose. C’était beau, très beau. C’était une joie (…) Je me sentais partout à travers l’espace (…) Je me sentais comme soulevé, léger, avec une vibration très forte. Et une joie ! Une joie ! Je pleurais de joie. » Sa vie et son regard sur le monde en sont profondément transformés. « Je voyais toute cette souffrance dans les gens, je voyais en eux. Je les voyais pleurer en dedans, mais ils prétendaient que non ».

Jean Bouchart d’Orval a transcrit dans ce livre les entretiens qu’il a eus avec Virgil à Montréal en 2001 en compagnie de quelques amis. Ces conversations à bâtons rompus permettent d’entrevoir la réalité qui s’est imposée à Virgil « dans une explosion » et de comprendre que cette réalité nous est également accessible. Il suffit d’ « avoir confiance en ce que nous vivons », sans nous laisser influencer par les autres. « L’homme doit être totalement libre par lui-même. Nous sommes tous cette source. C’est ici ! ».

Le premier chapitre du livre est en libre accès sur le site de l’auteur.

> A lire en complément, également en libre accès sur le web, ce petit livre d’un « maître de joie », Georges Saint-Bonnet (1899-1963) : Dépassement et réalisation.

(JL ML avec Eric Lombard)

Google dit appliquer la « tolérance zéro » envers les textes illicites et les annonces frauduleuses

Benoît Tabaka, directeur des politiques publiques et sécurité de Google France,lors de son audition par les sénateurs.

Benoît Tabaka, directeur des politiques publiques et sécurité de Google France,
lors de son audition par les sénateurs.

Le 29 janvier 2013, Benoît Tabaka, directeur des politiques publiques et sécurité de Google France, et Maria Gomeri, directrice juridique, ont présenté aux sénateurs les moyens développés par la célèbre firme californienne pour surveiller et écarter les résultats de recherche et les publicités à caractère illicite ou frauduleux.

Mme Gomi montre que la recherche est essentiellement effectuée de façon automatique grâce à des algorithmes très puissants : « Deux cents critères permettent de comprendre, calculer et faire ressortir les résultats d’un milliard de requêtes par jour. La correction [par l’homme] n’est effectuée qu’à la marge ».

Les déréférencements de contenus n’interviennent qu’à la marge, « lorsqu’on nous signale un contenu jugé illicite », par exemple, un médecin condamné par une décision du conseil de l’ordre ou de la justice peut être banni du système.

“Les internautes peuvent nous signaler les annonces suspectes”

En matière de publicité (les fameux « adwords »), Google a développé des outils pour détecter les publicités qui ne respectent pas les règles du droit et, au delà, celles qui pourraient nuire aux internautes, ou nuire à Google lui-même, qui ne veut, par exemple, se trouver associé à des contenus illicites. « Nos règles s’appliquent à tous les pays avec des spécificités nationales, explique M. Tabaka. Les contenus sont détectés techniquement selon des mots-clés et grâce à nos analyses des pages visitées (contre les virus). »

Les utilisateurs comme les annonceurs peuvent signaler à Google les annonces suspectes. « Nous appliquons la tolérance zéro : si une annonce ne respecte pas les règles, nous la supprimons et nous sanctionnons l’annonceur en le bannissant du système. Les signalements sont pris en charge par nos équipes en 24 h. En 2012, dans le monde, 224 millions d’annonces ont été supprimées (130 millions en 2010) et 889 000 annonceurs ont été bannis, dont 82 000 pour contrefaçon. 95 % des annonces détectées l’ont été par nos soins, et non par signalement. »

“Seul un juge peut décider si un contenu est illicite”

Après avoir écouté différents intervenants sur le Net, Jacques Mézard, le sénateur rapporteur de cette commission d’enquête, interpelle Google : « A vous écouter, tout va bien, mais je ne suis pas sûr que cela corresponde à la réalité. Vous intervenez, mais vue la quantité d’informations qui circulent, on se doute que ne pouvez avoir un contrôle total ! Même si vous en faites la chasse, on rencontre encore beaucoup d’annonces pour des solutions miracles dans le domaine de la santé ! J’ai le sentiment que vous pourriez intervenir davantage. En matière de dérives sectaires, avez-vous une approche spécifique ? »

Maria Gomeri : « Il existe beaucoup de sites très polémiques, voire illicites, sur le Net mais Google n’est pas Internet ! Nous sommes une plateforme d’hébergement : nous ne pouvons pas avoir un rôle actif sur les contenus sous peine d’être considéré comme éditeur. En dehors de quelques exceptions très limitées (pédopornographie, incitation à la haine, apologie du nazisme…), nous ne pouvons pas déréférencer un site sans une décision de justice. Seul un juge peut décider si un contenu est illicite. Nous avons un service spécifique pour traiter ces décisions et nous prenons des sanctions quand nous sommes notifiés ».

> Google n’a pas de politique spécifique contre les “dérives sectaires”. Le moteur de recherche connaît seulement les décisions de justice et les dérives reconnues internationalement comme la pédopornographie ou l’incitation à la haine. La notion très française de “dérive sectaire”, qui n’a pas de définition juridique, n’a pas franchi l’Atlantique…

– Visionner l’audition de Mme Gomi et de M. Tabaka, Google France.

– Questions des sénateurs aux différents acteurs du Net auditionnés et les réponses de ces derniers. A noter les réponses fermes et courageuses d’Arnaud de Saint-Simon, président du groupe Psychologies.com (1ère vidéo, intitulée “Les questions”, de 30’40” à 40’45”).

Pour le psychiatre Frankl, un “Dieu inconscient” habite chacun de nous

Le Dieu inconscient.  Psychothérapie et religionViktor Frankl, InterEditions.

Le Dieu inconscient. Psychothérapie et religion
Viktor Frankl, InterEditions.

Pour Viktor Emil Frankl, professeur autrichien de neurologie et de psychiatrie, créateur d’une nouvelle thérapie qu’il a baptisée logothérapie et rescapé des camps de concentration, être « humain », c’est avant tout « être responsable ». Cette responsabilité renvoie au besoin de « sens » et à l’autonomie de l’existence spirituelle de la personne.

Sa vision d’une démarche thérapeutique centrée sur le sens nous permet d’échapper au « matérialisme » et au « réductionnisme » de la conception freudienne de l’homme. Et de mieux comprendre l’origine probable de nombre de dépressions, des différentes formes de violence et de la plupart des conduites addictives. Même « le suicidaire croit à un sens », en creux par rapport au non-sens de sa vie, en plein par son geste dernier qui est d’une certaine façon une affirmation de soi.

Un « inconscient spirituel »

À la conception mécaniste et technicienne de la psychanalyse freudienne (les pulsions, le ça, etc.), Frankl oppose une vision « existentielle », éthique, centrée sur l’existence d’un « inconscient spirituel », dimension également cachée à la conscience. C’est ce qu’il appelle le « Dieu inconscient », dont les signes cliniques, en quelque sorte, sont le « dilemme moral » et le sentiment de « transcendance ».

La conscience morale n’est pas réduite, comme chez Freud, à l’expression d’une instance répressive du moi, une sorte de gendarme limitant nos désirs. Elle est bien plutôt « porte-parole de quelque chose d’autre, voix de la transcendance ». Cette « religiosité » n’est pas le modèle même de l’illusion, comme l’affirmait Freud. Elle structure la psyché de tout être humain et son refoulement « est un facteur majeur de souffrance psychique ».

La liberté : écouter sa conscience ou l’ignorer

Mais la religiosité dont parle Frankl n’est pas l’adhésion à telle ou telle religion, à tel ou tel corpus de foi. Il s’agit d’un sens interne strictement personnel, une indication de la conscience toujours en rapport avec une situation concrète. Pour lui, l’homme irréligieux n’est pas l’athée mais « tout simplement celui qui méconnaît [la] transcendance de la conscience ». Et, « ce que vous dit la conscience [étant] clair et sans ambigüité », la liberté de l’homme consiste simplement, uniquement à choisir entre deux possibilités : écouter sa conscience ou faire fi de ses avertissements ».

La logothérapie

C’est dans l’horreur d’Auschwitz que Viktor Emil Frankl, ce psychiatre viennois formé par Freud, se confronta à ce qui devait devenir sa pensée propre, qu’il formula sous le nom de logothérapie, de ‘logos’ : sens, signification. Là où Freud parle de désir et Adler de pouvoir, Frankl parle de sens.

En logothérapie, la recherche de sens à donner à sa vie l’emporte sur nos pulsions, fondamentales dans la psychanalyse traditionnelle. Chaque sujet doit trouver et se donner une raison d’exister, une raison unique et singulière.

Après la guerre, la logothérapie, à la fois symbole de vitalité et moyen thérapeutique, va prendre une ampleur considérable. Le premier institut de logothérapie a vu le jour à San Diego en Californie en 1970. On trouve aujourd’hui des centres et des associations dans trente pays.

En France, Georges Sarfati, auteur de la postface du livre, donne des cours de logothérapie à la faculté de médecine Paris V. Il préside l’association française d’analyse existentielle et de logothérapie Viktor Frankl.

À un reporter de Time Magazine qui lui demandait si l’on en viendrait tôt ou tard à une religion universelle, Viktor Frankl répondit : « Au contraire, nous allons bien plutôt vers une religion personnelle, vers une religiosité plus profondément personnalisée, une religion à partir de laquelle chacun trouvera son propre langage, sa langue la plus intime quand il s’adresse à Dieu ».

Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de rites et de symboles communs. Mais, de même qu’à travers différentes langues, c’est un alphabet commun qui opère, de même par toute religion, chacun « peut trouver Dieu, le Dieu unique ».

> Viktor Frankl Institut (Vienne, Autriche).

> Film sur V. E. Frankl.

Grève de la faim tournante et illimitée contre l’aluminium dans les vaccins

Quatre grévistes de la faim dans la yourte installée dans la cour de la mairie du 2e arrondissement de Paris.
Photo : Jean-Luc Martin-Lagardette.

Mardi 11 décembre 2012, Domitille Benoît et Gwenola Le Dref entamaient leur 16ème jour de grève de la faim. Une yourte accueille les protestataires dans la cour de l’hôtel de ville du 2ème arrondissement de Paris. La grève est « illimitée sur le plan collectif, disent ces derniers. C’est-à-dire qu’elle ne cessera qu’à la satisfaction pleine et entière de nos demandes, qui ont toujours été qualifiées par tous nos interlocuteurs de “raisonnables”. Mais nous la voulons limitée sur le plan individuel (de 1 jour à 15 jours par personne, avec roulement entre les grévistes) ».

Les grévistes de la faim sont tous membres de l’association E3M (Entraide aux Malades de Myofasciite à Macrophages). La myofasciite à macrophages est une maladie très invalidante, caractérisée par un épuisement chronique ; des myalgies souvent aggravées par l’effort ; des douleurs articulaires mais aussi des difficultés neurocognitives (atteinte de la mémoire visuelle et de la mémoire de travail).

Cette maladie complexe est imputée à l’hydroxyde d’aluminium, adjuvant de nombreux vaccins injectables par voie intramusculaire. Mais pourquoi ces personnes en sont-elles arrivées à entreprendre une action si spectaculaire ?

Le gouvernement reste sourd

« C’est vrai, il est anormal d’en arriver à de telles extrémités, explique Didier Lambert, le président de l’association. Mais les autorités sont dans le déni : pour elles, la maladie n’existe carrément pas ! Cela fait dix ans que nous luttons pour sa reconnaissance. Nous avons rencontré et persuadé de nombreux représentants politiques. Tous les partis reconnaissent le bien-fondé de nos demandes. Les parlementaires du groupe d’étude sur la vaccination ont recommandé un moratoire sur l’utilisation des sels d’aluminium. Plus de 100 parlementaires sont intervenus d’une manière ou d’une autre. Le Conseil d’État, par une décision du 21 novembre 2012, vient de reconnaitre le lien entre la myofasciite à macrophages et la vaccination. En vain. »

Le gouvernement reste sourd. Malgré la promesse électorale du président de la République sur cette question, l’administration a décidé de ne pas s’intéresser à cette maladie.

Les militants se disent victimes des effets secondaires des vaccins mais pas opposés à la vaccination (voir par exemple les slogans sur leurs affiches).

Le Réseau Environnement Santé tient une conférence de presse ce jeudi 13 décembre à 14h dans la marie du 2e arrondissement sur le thème : “Des métaux lourds toxiques dans les vaccins, un dangereux mélange des genres”.

L’association E3M demande :

– que « la recherche menée par l’Unité Inserm U 955 (hôpital Henri Mondor à Créteil) sur les sels d’aluminium utilisés comme adjuvants vaccinaux ne soit pas stoppée mais au contraire renforcée ;

– que soit appliqué le principe de précaution en remettant immédiatement à disposition un vaccin DTPolio sans aluminium. Il en va de la santé de tous les enfants, le DTPolio étant obligatoire pour qu’ils entrent à l’école ou à la crèche ».

> Pourquoi les vaccins n’ont pas fini de faire parler d’eux (francetvinfo).

> La grève de la faim entamée depuis le 26 novembre a cessé mercredi 19 décembre 2012 à la suite de l’entrevue entre l’association E3M et le directeur de cabinet de la Ministre de la Santé. Le rétablissement des crédits de recherche à l’équipe du CHU de Créteil a été acté. (Source RES)