La plupart des médecines douces « condamnées » pour absence de preuves scientifiques

Couv Medecines-doucesAujourd’hui, pour savoir ce que vaut un traitement médical, on le teste. Partant de cette affirmation, les auteurs du livre expliquent ce que sont les méthodes scientifiques d’évaluation des thérapeutiques : essais cliniques avec groupes de contrôle, études de cohortes sur le long terme, choix randomisé, étude avec placebo en double aveugle, etc.

Fuyant croyances, traditions, intuitions et autres perceptions subjectives, le journaliste Simon Singh et le professeur Edzard Ernst ont voulu savoir ce que ces méthodes, qui ont permis de valider scientifiquement la médecine conventionnelle (médecine fondée sur des preuves, Evidence Based Medecine, EBM), donnent comme conclusions quand elles sont appliquées aux médecines douces.

Ils ont ainsi étudié les résultats de centaines d’évaluations, d’analyses, de méta-analyses (analyses d’analyses) et d’essais cliniques sur ces médecines (appelées non conventionnelles en France) dans le monde entier.

Leur livre, « Médecines douces : info ou intox ? » (éd. Cassini), compte 400 pages qui renvoient aux documents leur permettant de tirer ce bilan général : « Sur la base des meilleures preuves disponibles, nous pouvons dire que la plupart des formes de médecines alternatives ne procurent, pour la plupart des maladies ou affections, aucun bénéfice thérapeutique [nous soulignons, ndlr] prouvé ou bien apparaissent de façon démontrable comme inefficaces ; de plus, un certain nombre de thérapies alternatives peuvent présenter des risques pour les patients », [par exemple, en raison de leur « hostilité aux vaccinations »].

Illusions, sophismes et placebos

Les auteurs dénoncent :

Crédit photo : Pat Kight.

Crédit photo : Pat Kight.

– des principes illusoires : pour l’acupuncture, « il n’y a aucune preuve de l’existence du Qi ou des méridiens ». Les conceptions du feng shui ou celles de la médecine anthroposophique « ne sont pas plausibles sur le plan biologique ». Pour la chiropraxie (fondamentaliste), la notion d’« intelligence innée » n’est pas reconnue par la science. Dans l’univers des médecines alternatives, les « termes à la mode » d’ondes ou de résonance « sont dépourvus de sens ». « En réalité, il y a une abondance de preuves montrant que les champs d’énergie chez les êtres humains sont un mythe ». « Le toucher thérapeutique, le reiki et les autres thérapies apparentées sont des pratiques fondées sur rien de plus que le principe du “prendre ses désirs pour la réalité” » ;

– des sophismes : le naturel, le traditionnel, le holisme, la prière (« De nos jours, le poids des preuves penche manifestement contre la possibilité d’une guérison d’origine divine par le truchement de la prière ») ;

– des « placebos sophistiqués » : fleurs de Bach, thérapie par les cristaux, etc. Pour l’homéopathie : « Il n’y a pas de mécanisme connu expliquant comment des solutions ultra diluées, ne contenant aucune substance active, pourraient agir sur le corps ; et il n’y a pas la moindre preuve de l’existence d’une force vitale. (…) L’exemple le plus achevé de l’escroquerie homéopathique est peut-être celui du remède appelé Oscillococcinum. (… C’est sûrement la forme la plus achevée du charlatanisme médical ».

Une certaine efficacité contre certaines affections

Certaines approches trouvent cependant grâce à leurs yeux, mais seulement pour le traitement de certaines affections restreintes et bien précises. La chiropraxie (pressions manuelles sur les vertèbres), par exemple, peut procurer un certain « bénéfice thérapeutique », mais uniquement pour les problèmes de nuque ou de dos, et certainement pas pour soigner des maladies qui ne concernent pas le système musculo-squelettique, comme les coliques, l’asthme ou les allergies.

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Fleur de Millepertuis. Source : JLPC.

De même, la phytothérapie offre « quelques remèdes intéressants », comme le millepertuis, excellent contre les dépressions. Mais « il n’y a aucune raison de prendre un remède phytothérapeutique s’il existe un traitement conventionnel plus sûr et plus efficace » et qui a généralement été testé de façon beaucoup plus sérieuse ».

« Certaines pratiques de la médecine traditionnelle chinoise peuvent être efficaces dans le cas d’affections particulières. » L’acupuncture, par exemple, est « peut-être efficace pour soulager certaines douleurs ainsi que les nausées », mais rien d’autre.

« Une grande partie de la démarche de la naturopathie est parfaitement sensée », mais on ne peut formuler « un jugement général » sur elle « étant donné la grande diversité des traitements ».

Les auteurs s’inquiètent du « battage inouï en faveur des médecines alternatives dans les médias, des proclamations exagérées sur Internet et des annonces trompeuses dans les vitrines des magasins. Est-il juste de les laisser gaspiller leur argent et mettre en danger leur santé en recourant aux médecines alternatives ? »

Chemin de Damas

Les auteurs : Edzard Ernst et Simon Singh.

Les auteurs : Edzard Ernst et Simon Singh.

L’éditeur présente cet ouvrage comme « honnête, impartial, rigoureux, complet. Le livre de Singh et Ernst est le livre définitif sur le sujet ». S’il est aussi affirmatif, en dehors du fait de recourir à un argument commercial, l’éditeur table sur la qualité des deux auteurs.

Simon Singh, docteur en physique des particules, journaliste, a produit de nombreuses émissions scientifiques à la BBC et a écrit plusieurs ouvrages de vulgarisation qui ont connu des succès mondiaux.

Le professeur Edzard Ernst a occupé jusqu’en 2011 la première chaire au monde de médecine alternative à l’université d’Exeter (Grande-Bretagne). Son groupe de recherche a  passé quinze ans à tester l’efficacité de ces approches. Il a débuté sa carrière comme docteur en médecine conventionnelle, puis à plancher sur l’homéopathie avant d’exercer celle-ci durant des années, ainsi que d’autres traitements alternatifs, comme l’acupuncture.

Etrange quand même qu’un scientifique ait pu passer tant d’années à étudier et pratiquer des médecines qu’aujourd’hui il traite d’escroquerie et de charlatanisme… Il raconte dans son livre son chemin de Damas et comment il s’est mis à devenir sceptique après avoir lu une étude réalisée en 1991 par un pharmacologue allemand, W. H. Hopff. Ce professeur avait entrepris de répéter l’expérience originale de Hahnemann avec le quinquina. N’ayant pas observé les effets décrits par le fondateur de l’homéopathie, il avait conclu que le résultat qui avait servi de base à l’homéopathie était erroné.

Mais alors, que faut-il penser du parcours du professeur Ernst qui a passé plusieurs années à étudier et à pratiquer – certainement à l’entière satisfaction de lui-même et de ses malades, sinon il aurait arrêté ! – un mode de traitement qu’il considère aujourd’hui comme inefficace voire dangereux ?

> Les auteurs confondent trop souvent “absence de preuve” avec “preuve de l’absence”… On sait même que les “vérités scientifiques” sont biodégradables et évolutives. Vouloir baser la validité des approches différentes ou traditionnelles sur le seul procès du double aveugle pour les exclure du champ thérapeutique est de courte vue et abusif.
Il se pourrait même que certaines de ces approches, généralement plus globales et moins intrusives, sans être aujourd’hui des “sciences” au sens occidental du terme, soient plus proches de la réalité thérapeutique que nombre de disciplines “validées par les preuves”…

JL ML

Un manuel pour la thérapie neurocognitive et comportementale

Cette nouvelle approche montre que le stress naît davantage du raisonnement incohérent et irrationnel d’un individu que de sa frustration.

S’émancipant des démarches psychanalytiques traditionnelles, fondées essentiellement sur l’exploration de l’inconscient, les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) s’intéressent à la phénoménologie des gestes et attitudes des individus comme des collectivités. Elles observent les comportements des personnes et, au moyen de concepts opérationnels et d’outils pratiques, leur permettent de gérer leurs émotions et de mieux exploiter les ressources de leur mental.

Parmi ces TCC, une nouvelle forme de thérapie s’est constituée, intégrant les apports des neurosciences : la thérapie neurocognitive et comportementale (TNC). La TNC s’appuie sur des recherches pluridisciplinaires (psychologie cognitive, neurosciences cognitives, psychologie clinique, éthologie, etc.) et sur plus de vingt-cinq ans d’expérience clinique. C’est tout ce matériel que Jacques Fradin et Camille Lefrancois présentent dans ce manuel qui apporte un nouveau regard sur la lecture et le diagnostic de divers troubles psychiatriques et qui rend compte de techniques montrant leur efficacité sur des cas parfois jugés incurables.

Contenant et contenu

Une des originalités de la démarche, outre son caractère largement interdisciplinaire, réside dans le couple de concepts « contenant » et « contenu » développé par les chercheurs. Le contenant, c’est le hard cérébral, les structures neuro-fonctionnelles de la personne, ses filtres (modes de traitement de l’information), ses façons de réagir.

Le contenu, c’est le soft, les données culturelles et sociales, l’ensemble des représentations et des schémas cognitifs propres à l’individu et résultant de ses apprentissages.

Les contenus sont modifiables tandis que les contenants sont seulement gérables. « Que d’énergie gagnée, écrivent les auteurs, quand on découvre que l’on passe parfois des années à vouloir modifier (chez soi ou chez ses patients) un contenant dont les mécanismes sont profondément ancrés dans les gènes et les structures cérébrales. Cela peut éviter, par exemple, de s’insurger contre le fait de se trouver orgueilleux lorsqu’on est en colère, et ainsi d’alimenter son stress ».

Ce livre intéressera essentiellement les psychologues cliniciens, psychothérapeutes, psychiatres, médecins, chercheurs et étudiants en psychologie. Le grand public, lui, trouvera dans L’Intelligence du stress, du même chercheur, de quoi satisfaire sa curiosité sur cette nouvelle approche.

Fradin J Jacques Fradin est docteur en médecine, comportementaliste et cognitiviste. Il a fondé et dirige l’Institut de médecine environnementale (IME, Paris), organisme de recherche, formation et conseil.

CamilleCamille Lefrançois est chercheure en psychologie cognitive et comportementale au sein du Laboratoire de psychologie et neurosciences de l’IME.

> La Thérapie neurocognitive et comportementale, J. Fradin et C. Lefrançois. De Boeck, 2014. 400 p., 30 €.

Le Conseil de l’Europe barre la volonté de la France d’exporter son modèle « antisecte »

Rapport Salles > Texte de la résolution adoptée.

> Le rapport repoussé de Rudy Salles.

L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a profondément modifié la résolution attachée au projet de rapport de Rudy Salles et a rejeté son projet de recommandation. Ainsi, le projet français de créer un “Observatoire européen sur les sectes” et de forger un «consensus européen» sur la question a échoué.

Rudy Salles intervenant à l'Assemblée nationale sur le thème de "l'attractivité française", le 18 février dernier.  Un attractivité plutôt malmenée par son rapport au Conseil de l'Europe...

Rudy Salles intervenant à l’Assemblée nationale le 18 février dernier sur un autre thème.

En effet, selon Human Rights Without Frontiers (HRWF), la recommandation n’a pas obtenu les 2/3 des voix (28 pour, 18 contre et 13 abstentions) et n’a pas été adoptée.

Ainsi, le «modèle» français de la politique contre les « sectes» n’a pas été approuvé. La résolution adoptée réaffirme l’engagement du Conseil de l’Europe à protéger les mineurs, mais recommande également de respecter le droit des enfants et des parents à la liberté de religion ou de croyance et condamne toute discrimination.

Pas de discrimination entre les religions et mouvements religieux non traditionnels

conseil UE

Les parlementaires des 47 pays européens n’ont pas suivi la France dans sa politique contre les minorités spirituelles.

Si l’Assemblée invite les quarante-sept parlements nationaux à « mettre en place des groupes d’étude sur la protection des mineurs, en particulier ceux appartenant à des minorités religieuses », elle précise en son dernier point (n° 9) :

« L’Assemblée invite les Etats membres à veiller à ce qu’aucune discrimination ne soit tolérée sur la base que le mouvement serait considéré comme une secte ou pas, qu’aucune distinction ne soit faite entre les religions traditionnelles et les mouvements religieux non traditionnels, les nouveaux mouvements religieux ou les « sectes », dès lors qu’il s’agit de l’application du droit civil et pénal ; à ce que toute mesure prise envers les mouvements religieux non traditionnels, les nouveaux mouvements religieux ou les « sectes » soit conforme aux principes des droits de l’homme tels que définis par la Convention européenne des droits de l’homme et d’autres instruments pertinents de protection de la dignité inhérente à tous les êtres humains et de leurs droits égaux et inaliénables ».

Promouvoir la culture du vivre ensemble

L’Assemblée précise en outre dans son point 5 que « le Conseil de l’Europe a toujours fait la promotion d’une culture du «vivre ensemble » et l’Assemblée s’est prononcée à plusieurs reprises en faveur de la liberté de pensée, de conscience et de religion , ainsi que en faveur des groupes religieux minoritaires , y compris ceux qui sont apparus récemment en Europe, en particulier dans la Recommandation 1396 (1999) sur la religion et la démocratie et la Recommandation 1804 (2007) sur l’Etat, religion, laïcité et droits de l’homme et dans la résolution 1846 (2011) et la Recommandation 1987 (2011) sur la lutte contre toutes les formes de discrimination fondée sur la religion. L’Assemblée estime que toute organisation religieuse ou quasi-religieuse doit être publiquement responsable de toute infraction à la loi pénale et se félicite que des organisations religieuses établies aient annoncé qu’elles transmettraient à la police pour enquête les signalements de maltraitance d’enfants en leur sein. L’Assemblée estime qu’il n’existe aucun motif de discrimination, dans l’application de ces principes, entre les religions établies et les autres, y compris les religions et croyances minoritaires ».

> Les internautes peuvent chercher : les médias français font l’impasse sur cette information, comme chaque fois qu’une décision est défavorable aux ennemis de la diversité spirituelle, aux « antisectes ». Mieux vaut regarder ailleurs, par exemple chez The Economist, pour avoir une information impartiale…

> Interview de Rudy Salles, qui persiste dans sa certitude que la France a tout compris et que ses partenaires européens n’ont rien compris. Et il n’hésite pas à mentir en disant que tous les partis politiques en France sont unanimes, oubliant de signaler que EELV s’est abstenu dernièrement de signer le rapport de la dernière commission parlementaire “dérives sectaires et santé”. Mais il peut mentir impunément car tous les médias, à l’exception d’Ouvertures, censurent toute info contraire à la paranoïa française.

Pour Michael Harner, le chamanisme est une «déclaration d’indépendance spirituelle»

ChamaneLivres, colloques, stages, films, expositions, célébrations : le chamanisme est aujourd’hui à la mode. « Pratique centrée sur la médiation entre les êtres humains et les esprits de la nature, âmes du gibier, morts du clan », le chamanisme a ceci de très moderne qu’il permet à chacun ce trouver sa propre voie en se faisant guider par « l’autre réalité ».

Dans son dernier ouvrage, le grand prêtre du chamanisme, l’homme qui est à l’origine du renouveau de cette pratique un peu partout dans le monde, écrit : « J’espère que ce livre aidera le lecteur à réduire sa dépendance aux dogmes cosmologiques de la religion organisée et de la science. J’espère qu’il vous encouragera à rechercher, ou à poursuivre, vos propres rencontres avec une autre réalité, car celle-ci recèle un incroyable potentiel de compassion, d’aide et de guérison dont nous avons tant besoin dans ce monde. En un sens, il s’agit là d’une déclaration d’indépendance spirituelle, données à l’appui, et d’une invitation à utiliser cette connaissance et cette liberté afin d’apporter plus de sagesse, de compassion et de joie dans votre propre vie et dans celle des autres ».

La « quête de pouvoir » chamanique

harner3Cet homme, le scientifique Michael Harner, n’a pas hésité à mouiller sa chemise, expérimentant en pionnier occidental solitaire, dans une caverne, la « quête de pouvoir » chamanique, à l’instar de nos ancêtres dans les grottes européennes il y a quelques milliers d’années. Ou découvrant la magie musicale du tambour au Pueblo Zuni (Nouveau Mexique) et les savoirs des Jivaros d’Amazonie en 1957, ou s’initiant à ceux des Conibo du Pérou au début des années soixante. Toute son existence a été consacrée à étudier, pratiquer, enseigner et préserver le chamanisme.

La Foundation for Shamanic Studies qu’il a créée recense nombre de documents sur ce thème, en particulier la transcription d’innombrables « voyages » dans l’autre réalité. Parmi ces récits, certains avaient été recueillis auprès de ses étudiants à l’époque où il enseignait l’anthropologie à la Graduate Faculty de la New School for Social Research. Il leur avait proposé un séminaire d’initiation au voyage chamanique, initiation qui était accompagnée d’un enregistrement de tambour. Car Michael Harner avait remarqué que l’accès aux « royaumes sacrés » et le « travail avec les esprits » nécessitaient des catalyseurs : soit l’ingestion de substances psychotropes comme l’ayahuasca, soit le recours aux chants accompagnés de percussions.

La réalité « ordinaire » et la réalité « non ordinaire »

Il fit sur ce sujet une conférence à Berkeley, sous les auspices de l’Université de Californie, qui contribua à l’essor des expériences psychédéliques et à l’avènement du New Age. Il se familiarisa ainsi avec le poète Allen Ginsberg et fut le conseiller de l’anthropologue Carlos Castaneda, célèbre pour son best-seller « Les Enseignements du sorcier yaqui ». Par la suite, il se limita à l’usage du tambour dont le rythme, qu’il estime à 205 à 220 frappes par minute, favorise l’état modifié de conscience qui ouvre les portes de « l’autre réalité », qu’il nomme « non ordinaire », par opposition à celle que nous connaissons tous habituellement.

Pour lui, les « esprits » et leurs « pouvoirs » cognitifs et thérapeutiques sont réels mais accessibles uniquement par l’expérience. Notamment l’expérience chamanique que l’on peut retrouver dans de nombreux pays chamans (sibériens, par exemple) et à de nombreuses époques (sous la forme de la sorcellerie au Moyen Âge).

Michael Harner est le concepteur d’une sorte de pratique de divination et de guérison universelle, qu’il nomme le core shamanism et qu’il présente comme une « méthodologie d’enseignement en vue d’intégrer le chamanisme à la vie quotidienne ».

 

L’Etat condamné pour “déni de justice” envers la scientologie

L’Etat français a été condamné, le 22 janvier 2014, par le Tribunal de grande instance de Paris, à verser un total de 35 000 euros à quatre scientologues, à l’Association spirituelle de l’église de scientologie Celebrity Centre et à la librairie SEL (qui commercialise les ouvrages de scientologie en France), pour « déni de justice ». La justice avait en effet largement dépassé les « délais raisonnables » pour traiter cette affaire : près de quinze ans (au lieu de douze).

On se rappelle que ces personnes physiques et morales avaient été condamnées le 16 octobre 2013 par la Cour de cassation qui avait rejeté le pourvoi formé par l’église contre sa condamnation en appel pour « escroquerie en bande organisée ». Ce rejet est d’ailleurs porté en appel devant la justice européenne.

Par ailleurs, à la demande des scientologues (le 10 juillet 2012), une « plainte pour vol d’éléments cruciaux » du dossier est en cours d’instruction par le Tribunal de grande instance de Paris.

Disparition de pièces

Selon Eric Roux, porte-parole de l’église de scientologie en France, la disparition de pièces « porte préjudice » à son église, puisqu’elle a notamment alimenté les « rumeurs calomnieuses » envers son église, ses adversaires ayant fait courir le bruit que les scientologues, « infiltrés dans l’appareil d’Etat », seraient à l’origine de la disparition de ces pièces. Celles-ci concernaient notamment le rôle de l’Unadfi dans ce procès et le désistement de l’une des parties civiles.

Le 17 octobre 2013, l’Etat français avait déjà été condamné pour « déni de justice » à verser à plusieurs scientologues plus de 35 000 euro dans une autre affaire qui avait duré 21 ans et qui avait fini par un non-lieu général, confirmé par la Cour de cassation en mars 2010, concernant l’ensemble des scientologues mis en cause.

Le difficile accès aux documents administratifs

En 2009, Eric Roux avait demandé à la Miviludes la communication des courriers échangés entre ministères à son propos ainsi que l’accès aux « signalements » (plaintes) que cette instance recevrait au sujet de son église et dont le nombre et la gravité justifieraient la « guerre » qui est menée par cette instance interministérielle contre son église. Devant son refus, il avait saisi la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada).

Celle-ci lui ne lui ayant donné raison que pour la communication des échanges de courrier, il va porter l’affaire devant le Conseil d’Etat.

Une autre demande de la scientologie a été également à demi couronnée de succès : elle a obtenu de l’Ecole nationale de la magistrature qu’elle communique la documentation qu’elle fournit aux magistrats judiciaires dans le cadre de leur formation sur la question des « dérives sectaires ». En revanche, on lui a refusé l’accès aux noms des intervenants et des participants à ces sessions.

Neutralité et vie privée

Pourtant, le tribunal administratif reconnaît que « la communication des noms des intervenants, des listes des participants et des bulletins d’inscription est insusceptible par elle-même de révéler des comportements dont la divulgation pourrait porter préjudice aux intervenants ou aux participants compte tenu de la nature des informations en cause ».

Mais le refus est ainsi argumenté : “En revanche, eu égard a l’argumentation de l’association requérante qui soutient que la participation des magistrats judiciaires à la formation sur les dérives sectaires est par elle-même de nature a leur ôter toute neutralité et impartialité dans Ie traitement des affaires mettant en cause l’Eglise de la Scientologie, la communication de l’identité des participants comme des intervenants a cette formation est susceptible, dans les circonstances de l’espèce, de porter atteinte au respect de leur vie privée ».

Incompréhensible pour Eric Roux : « En gros, puisque cela nous permettrait d’établir que les magistrats participants ne peuvent pas être impartiaux dans les procès contre la scientologie et pourraient alors être récusés, alors cela porte atteinte à leur vie privée ! Je cherche encore le sens de ce raisonnement ».

L’affaire sera aussi portée devant le Conseil d’Etat.

Le naturaliste Alfred R. Wallace, un héros écologiste pour le XXIe siècle

Alfred R. Wallace, un an avant sa mort.

Alfred R. Wallace, un an avant sa mort.

Écologiste avant l’heure, pourfendeur de la colonisation « barbare », socialiste (non politique), défenseur des populations indigènes et promoteur de la nationalisation des terres, l’anglais Alfred Russel Wallace (8 janvier 1823 – 7 novembre 1913) fut tour à tour biogéographe, anthropologue, économiste, sociologue (et, en permanence, activiste infatigable). Après la mort de Darwin en 1882, à l’enterrement duquel il porta le cercueil, il fut même considéré « comme le plus grand naturaliste du monde. Et comme l’un des plus grands scientifiques. Pour ne pas dire le plus grand », note Charles H. Smith dans son « Enquête sur un aventurer de l’esprit. Le véritable Alfred R. Wallace » (Éd. de l’évolution, Paris, 2013).

Cet homme audacieux aux multiples casquettes n’a pourtant pas eu les mêmes honneurs que son collègue ni bénéficié des mêmes moyens. Et aujourd’hui, bien peu de gens savent qu’on lui doit au même titre que Darwin l’énonciation du principe même de la sélection naturelle !

Un arrangement qui favorisa Darwin

Il s’en fallut de très peu, d’ailleurs, que l’histoire ne lui accordât la préséance, puisque Wallace fut le premier à écrire un texte aux fins de publication sur ce que l’on nomme la sélection naturelle : “De la tendance des variétés à s’écarter indéfiniment du type primitif”. Cet essai, rédigé en février 1858 sur l’île de Ternate, fut adressé pour avis à Darwin qui s’alarma d’y trouver parfaitement formulée sa propre théorie, alors que lui-même consignait depuis quelque temps de multiples observations en vue d’un ouvrage sur le même thème (la future “Origine des espèces”).

Plaque de la Société linnéenne de Londres en l'honneur de l’œuvre de Darwin et de Wallace.

Plaque de la Société linnéenne de Londres en l’honneur de l’œuvre de Darwin et de Wallace.
Par edwbaker.

Sur la proposition d’éminents confrères, l’essai de Wallace fut présenté à la Société linnéenne de Londres le 1er juillet 1858, en même temps que deux écrits inédits de Darwin qui mettaient en avant sa priorité sur l’idée : des extraits d’un essai qu’il avait montré en privé à l’explorateur Hooker en 1847 et une lettre qu’il avait rédigée au botaniste Asa Gray en 1857.

Darwin ne put jamais se départir d’une certaine gêne par rapport à cet arrangement que Wallace, d’aillleurs, ne contesta pas. ” Il me place plus haut que je ne suis, écrivit Darwin dans une correspondance privée, et se place plus bas qu’il n’est. Mais ce qui me frappe le plus chez lui c’est l’absence de jalousie à mon égard : il doit avoir une nature très généreuse, honnête et noble. Un mérite bien plus grand que l’intellectuel seul ».

Deux livres sur Alfred R. Wallace

Dirigée par le philosophe et historien des sciences Jean Gayon, la bibliothèque Alfred R. Wallace des Éditions de l’évolution compte deux volumes :

Enquête sur un aventurier de l’esprit. Le véritable Alfred Russel Wallace, de Charles H. Smith. Près de 300 pages à lire dans ce saisissant portrait intellectuel d’un savant hors normes, naturaliste autodidacte qui finit par être considéré comme l’un des plus grands scientifiques de son temps, malgré ses excursions dans le spiritualisme, détours toujours suspects aujourd’hui aux yeux de certains. Le contexte tant scientifique que sociologique est bien mis en perspective.

La biographie Alfred Wallace, l’explorateur de l’évolution, de Peter Raby. Dans cet ouvrage de 400 pages, le lecteur suivra les pérégrinations de l’explorateur depuis son enfance jusqu’à sa mort avec force détails sur les différentes facettes de sa vie : familiale, sociale, professionnelle, spirituelle… L’intérêt sans doute, par rapport au livre précédent plus axé sur la présentation et l’analyse de la pensée de Wallace, c’est l’articulation que l’on y découvre entre l’existence concrète du naturaliste et l’émergence de ses idées.

Mais si le destin a réuni les parcours de ces deux hommes autour de la théorie de l’évolution, pour le reste, il les a fait franchement diverger dans d’autres domaines.

Les voyages (Amazonie, Indonésie) et l’existence de Wallace ont été nettement plus rocambolesques que le périple du patriarche sur le Beagle suivi de sa retraite à Downe (Kent). Darwin, très riche, n’a jamais été contraint de gagner sa vie. Wallace, lui, ne bénéficiant ni de fortune ni de revenu fixe, vécut de la vente de collections d’animaux, d’insectes ou de plantes qu’il prélevait lors de ses expéditions, ainsi que de piges, de droits d’auteur (il publia vingt-deux livres et plus de sept cents articles) et de conférences. Sur le tard, sa renommée croissante aidant, quelques savants, sous l’impulsion de Darwin, réussirent à convaincre le gouvernement de lui verser une petite pension pour ses contributions à la science.

Mais ce qui rend le personnage particulièrement attachant, c’est qu’il a toujours suivi son étoile, avec courage et modestie, alors qu’elle l’entraînait dans des courants novateurs, controversés, le forçant parfois à braver le mépris de ses pairs. Sa soif de reconnaissance professionnelle, qui était grande, ne lui fit pourtant pas abdiquer ses convictions ni ses combats.

Une loi supérieure à l’œuvre dans l’évolution humaine

Parmi ses engagements divers, celui en faveur du spiritisme (ou spiritualisme) fut certainement celui qui nuisit le plus à sa carrière et à son image. Il faillit à ce propos se brouiller définitivement avec Darwin avant que, les années passant et devant la tranquille assurance et la droiture de Wallace, l’on finisse, médias, scientifiques (sauf quelques exceptions) et opinion publique, par adopter le personnage comme il était.

Car tous reconnaissaient son honnêteté et son exigence intellectuelles. Et si certaines de ses conceptions heurtèrent le « politiquement correct », elles étaient le fruit d’expérimentations et de raisonnements dûment argumentés.

Il en va ainsi de sa pensée concernant l’origine de l’homme, pensée qu’il qualifia avec humour de « petite hérésie » dans une lettre à Darwin. À l’inverse de celui-ci, et sans que cela ne contredise en rien les découvertes de son grand challenger, Wallace soutenait que ni la sélection naturelle ni la théorie plus générale de l’évolution ne pouvaient expliquer d’où provenaient la conscience et le sens moral de l’homme. Certes, nous avons été capables « de découvrir les lois par lesquelles le monde organique autant qu’inorganique s’est développé. Mais ne nous voilons pas la face quand il s’agit d’admettre l’évidence qu’une Intelligence supérieure, veillant à l’action de ces lois, a dirigé leurs variations et déterminé leur cumul, dans le but d’obtenir en fin de compte une organisation assez parfaite pour permettre, voire aider, les progrès illimités de notre nature mentale et morale ».

Wallace n’était nullement gêné par l’idée que l’homme descende du singe, précise Peter Raby dans « Alfred R. Wallace, l’explorateur de l’évolution » (Éd. de l’évolution, Paris, 2013), mais par le mécanisme gouvernant cette transformation. De l’homme, écrit notamment le naturaliste, « la position verticale, l’absence de poils, l’harmonieuse perfection des mains, les capacités presque infinies du cerveau, constituent une série d’avancées corrélées trop importantes pour être mises sur le compte d’une lutte pour la vie menée par un groupe isolé de singes dans une zone limitée ».

Soutenir l’existence possible du spiritualisme

Pour autant, Wallace ne s’en réfère pas au Dieu d’une quelconque religion. Pour lui, la « religion (…) telle qu’on la pratique de nos jours est avilissante et repoussante, et la seule religion qui profite réellement aux hommes est celle qui leur apprend à se mettre au service de l’humanité, et ne connaît qu’un seul dogme, celui de la fraternité entre les hommes ».

Après s’être libéré des « préjugés religieux » et avant de se familiariser avec le spiritualisme, Wallace se disait « parfait sceptique » et « matérialiste invétéré ». Et ce sont différents faits et expériences qui l’obligèrent, « dans une démarche rigoureusement inductive », à concevoir l’existence d’une « loi supérieure », d’une ou de plusieurs « intelligences extrahumaines », pouvant agir sur la matière et influencer notre esprit. « Le raisonnement qui me porte à croire que cette doctrine permettra un jour de rendre compte de certains phénomènes qui résistent encore à la sélection naturelle, suit une démarche parfaitement logique et scientifique ».

Et, même partisan d’une force spirituelle spécifique agissant pour l’évolution de l’homme, Wallace, qui ne se départit rarement d’une attitude d’objectivité, n’a pas milité pour la reconnaissance de cette force : « Mon seul objet est de soutenir son existence possible ». Et qu’elle puisse donc elle aussi être étudiée scientifiquement.

Irréductible militant

Mais ce qui rend Alfred R. Wallace particulièrement sympathique à nos sensibilités modernes, c’est son irréductible militantisme pour différentes causes. Il œuvra notamment contre les injustices engendrées par les abus de la propriété foncière ou pour la liberté vaccinale (en se basant sur des résultats peu convaincants d’études statistiques et épidémiologiques). Il était partisan de l’homéopathie : « Nos médecins traditionnels sont profondément ignorants des subtiles influences du corps humain en matière de santé et de maladie, et restent impuissants devant les cas forts nombreux que la Nature soignerait si on l’assistait comme il se doit ».

Dans les années 1860, il condamne le traitement indigne réservé aux populations autochtones. Ainsi, dans une de ses dernières contributions sur le sujet, il soumet un plan devant permettre aux Sud-Africains de contrôler leur propre destin : « Notre objectif est tout d’abord d’atténuer le sentiment d’injustice désormais éprouvé par les indigènes éduqués et convertis au christianisme, qui sont traités comme une race abjecte et inférieure, régie par des despotes étrangers dont la plupart se moquent éperdument de leur sensibilité et du droit qu’ils revendiquent d’être considérés comme des sujets britanniques et des chrétiens à part entière ».

Wallace n’est pas tendre avec la civilisation européenne, parlant carrément à son sujet de “barbarie”, à cause de “notre négligence à exercer et développer plus pleinement les sentiments de compassion et les facultés morales propres à notre nature”. Ce jugement, concluait Wallace dans un de ses livres (“L’Archipel malais”), “est la leçon que j’ai apprise de mes observations de l’homme non civilisé”…

Des avertissements dramatiquement visionnaires

Mais c’est certainement en matière d’environnement que le lecteur éprouvera la plus grande familiarité avec les positions du naturaliste mal connu. Critiquant l’indolence criminelle des pays riches qui surexploitent les sols et polluent l’air et l’eau de leurs villes, il évoque aussi les déforestations si « dévastatrices qu’elles nuisent à la fertilité des terres que plusieurs générations ne suffiront pas à remplacer. Et cela aboutira immanquablement, si l’on ne réagit pas à temps, à la détérioration du climat et à l’appauvrissement permanent des terres ».

Et, pour conclure, ses avertissements dramatiquement visionnaires que l’on croirait sortis d’un programme écologiste du XXIe siècle : « Si le dernier siècle a connu des avancées dans la connaissance de la nature dont nous pouvons être fiers, cela ne s’est nullement accompagné d’un quelconque développement de l’amour ou du respect de ses œuvres. Si bien que jamais auparavant la surface de la terre n’avait connu ravages aussi étendus, causées par la destruction de la végétation d’origine et d’une grande partie de la faune, ni connu de défiguration aussi massive par les travaux miniers et les déchets industriels et urbains que nous déversons dans nos cours d’eau. (…) Pire encore, l’essentiel de ce gâchis et de cette dévastation a été conduit, et continue de l’être, non pas à des fins nobles et louables, mais pour alimenter la cupidité et l’avarice de quelques uns, de sorte que, partout où une minorité s’est enrichie, des millions d’individus sont privés du strict minimum et ne peuvent vivre décemment ni en bonne santé ».

Et cela fait un siècle et demi que cela dure !

 

La journaliste Sylvie Simon est décédée

Sylvie Simon

Sylvie Simon

La journaliste, auteure de nombreux ouvrages sur la question, s’était spécialisée dans la contestation des politiques sanitaires. Une fonction de poil à gratter utile et bien rare dans ce domaine où règnent, infiltrés partout, y compris dans l’administration et les enceintes parlementaires, de nombreux lobbies pharmaceutiques et médicaux.

La cérémonie religieuse aura lieu mercredi 13 novembre à 10 h 30 en la basilique Ste-Clotilde, 12 rue de Martignac, 75007 Paris. La famille invite ses amis à y participer en grand nombre. Le corps de Sylvie sera inhumé en Normandie.

La rédaction lui adresse, à elle, à sa famille et à tous ceux qui ont apprécié sa forte implication dans les causes qu’elle défendait, sa grande connaissance des dossiers, sa verve et son courage, ses pensées émues et fraternelles.

> Présentation dans Ouvertures : Sylvie Simon, une plume acérée contre l’anesthésie générale (mars 2012).

 

 

 

Qui veut la peau de Christophe Delaval, agriculteur diabolisé par l’administration et la presse ?

> L’étrange procès fait à Christophe Delaval, agriculteur de la Marne, condamné médiatiquement avant son jugement (article plus récent du 13/04/17).

Ses propres filles, effrayées par l’ampleur de la charge, en arrivent à se détourner de lui. Mais ce dossier pourrait cacher une volonté institutionnelle de neutraliser un ex-militant de la Confédération de défense des commerçants et artisans (CDCA), syndicat qui contestait le monopole de la sécurité sociale. A la suite de récentes directives européennes, et selon certaines interprétations qui font toujours polémique, ce monopole n’aurait en effet plus lieu d’être aujourd’hui.

Delaval

Christophe Delaval.

Qui ? Christophe Delaval, 52 ans, agriculteur et gérant de sociétés.

Où ? Saint-Germain-la-Ville, près de Châlons-en-Champagne.

Quoi ? Accusé d’abus de biens sociaux, de fraude fiscale, de blanchiment d’argent, M. Delaval est aujourd’hui sous contrôle judiciaire et frappé d’une interdiction de gérer à la suite d’une faillite. Toutes les sociétés de la famille (une vingtaine de sociétés : agricoles, immobilières, production d’énergie renouvelable) ont été mises en liquidation judiciaire.

Présenté par la presse locale comme un escroc, alors que l’affaire est toujours en cours sur le plan judiciaire. En fait M. Delaval conteste les accusations portées contre lui, accusations qui ont détérioré ses relations avec sa femme et ses deux filles. Il a fait une grève de la faim au cours de son incarcération de 8 mois. Toutes les opérations qu’on lui reproche ayant été enregistrées dans sa comptabilité, il ne comprend pas ce qui lui a valu d’avoir été mis sur écoute et interpellé par pas moins de 50 gendarmes ! M. Delaval a fait appel de ses condamnations.

Questions :

– La jalousie ? « Je n’étais pas dans le moule. On m’a fait comprendre qu’un agriculteur entreprenant, créateur et gérant de plusieurs sociétés, ce n’est pas habituel dans le milieu agricole local. On m’avait conseillé plusieurs fois de quitter la région. »

– La contestation : ses ennuis ont commencé avec une poursuite lancée par la Mutualité sociale agricole (MSA). M. Delaval était membre de la Confédération de défense des commerçants et artisans (CDCA). Ce syndicat aujourd’hui disparu contestait le monopole de la sécurité sociale (et de la MSA) qui, selon lui, a été aboli par de nouvelles directives européennes.

 > Tous les articles de la rubrique Les Inécoutés.

Monopole de la sécurité sociale : pour aller plus loin

> Sécurité sociale : l’effondrement incognito du régime collectiviste français, un article du site Contrepoints.

> L’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne du 3 octobre 2013.

> La position de la Sécurité sociale.

Lutte contre les « dérives sectaires » : Les écologistes rompent pour la première fois l’unanimité politique

Hélène Lipietz, groupe écologiste du Sénat, explique pourquoi son groupe est "insatisfait" du travail mené par la commission d'enquête.

Hélène Lipietz, groupe écologiste du Sénat, explique pourquoi son groupe est “insatisfait” du travail mené par la commission d’enquête.

Pour la première fois, une parlementaire, Hélène Lipietz, ne s’est pas contentée des lieux communs et des clichés sur les « sectes ». En présentant la position de son groupe parlementaire au moment des conclusions de la commission d’enquête menée par le Sénat sur “l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé”, la sénatrice a voulu aborder le dossier en profondeur, en faisant appel plus à la raison qu’à la peur, habituel levier des politiques dans ce domaine : « Après six mois de commissions, soixante-douze auditions, un voyage, une visite au salon du Bien-Etre un petit peu épuisante, je suis désolée de constater que je reste sur ma faim. Je ne sais toujours pas ce qu’est une secte, ce qu’est une dérive et ce qui relève de l’escroquerie ou de l’abus de faiblesse classique ».

Elle s’est déclarée insatisfaite de « l’orientation » de la mission confiée aux parlementaires : « Le problème n’est pas de savoir si certaines sectes utilisent le biais de la santé pour couper leurs patients du reste de la société ou de leurs familles, tout en leur soutirant de l’argent, mais bien de savoir comment faire pour que l’emprise, qu’exerce nécessairement celui qui sait sur celui qui ne sait pas, ne dérive pas vers des pratiques contraires à la liberté et à la dignité de l’humain ».

Elargissant le débat, Mme Lipietz a demandé : « Un médecin allopathe ne dérive-t-il pas lorsqu’il n’explique pas le pourquoi des examens prescrits ou des traitements ? Lorsqu’il impose son savoir à celui qui lui fait confiance ? Ne dérive-t-il pas quand il ne prend pas le temps d’écouter parce qu’il n’a pas été formé à cela ou parce qu’il n’a plus le temps matériel de le faire tant notre système de santé est en crise. Et cette réflexion est pour l’ensemble des personnels médicaux bien sûr”.

“Ces mainmises existent dans tous les domaines sociaux : notaires, avocats ou entraîneurs sportifs peuvent aussi dériver”

« 60% des malades d’un cancer consulteraient un praticien de soins parallèles. Sont-ils tous embrigadés dans une secte ? Ou sont-ils tous victimes d’escroquerie ? Compromettent-ils réellement ainsi leurs maigres chances de guérison pour certains cancers ? Il faudrait faire enfin une comparaison sur les derniers moments de vie, en qualité, en conscience, en absence de douleur, entre les patients allopathes et les patients alter-médicaux. (…) La question n’est donc pas le choix des méthodes de soin, mais bien l’emprise que peuvent avoir certains sur des personnes, notamment en période de fragilité liée à la maladie ou au mal-être. D’autant que ces mainmises existent dans tous les domaines sociaux : notaires, avocats ou entraîneurs sportifs peuvent eux aussi dériver ».

S’agissant plus spécialement des dérives en matière de santé, Hélène Lipietz a posé la question de fond : « Tout autant que de savoir si des charlatans abusent de la détresse des gens, il faudrait mieux aussi se demander pourquoi les malades ou leur famille se laissent ainsi abuser. Qu’est-ce qui, dans notre société, comme d’ailleurs dans celle d’hier, fait que certains n’ont pas, à un moment de leur vie, assez d’esprit critique et se laissent abuser ».

“Y a-t-il des thérapies non officielles qui pourtant font du bien ?”

Enfonçant le clou, elle a mis le doigt sur un thème de l’enquête parlementaire qui avait provoqué des échanges assez vifs : celui de la reconnaissance ou de la labellisation de certaines pratiques non conventionnelles : « Autre interrogation sans réponse : y a-t-il des thérapies non officielles qui pourtant font du bien ? Et si oui, comment les détecter et surtout comment les labelliser permettant ainsi aux citoyens, citoyennes de les utiliser tout en connaissant leurs limites comme on connaît les limites de certains médicaments allopathiques ?

« Or les rares tentatives d’évaluer les pratiques non conventionnelles sont immédiatement considérées comme visant à faire entrer le loup dans la bergerie. Alors même que certaines de ces pratiques sont regardées moins défavorablement dans d’autres pays ».

« Bref, plus qu’une chasse aux sorcières, le groupe écologiste plaide pour une démarche pragmatique ».

> Qu’une élue de la République plaide pour une politique qui soit autre chose qu’une « chasse aux sorcières » constitue une première : c’est la reconnaissance que, jusqu’ici, les pouvoirs publics s’étaient contentés de poncifs calomnieux au service d’une politique discriminatoire. C’est aussi – et surtout – une avancée considérable pour une compréhension plus réaliste et, partant, une possible meilleure gestion du délicat dossier des « alternatives » thérapeutiques ou autres.

Voir aussi :

> Dossier Commission d’enquête du Sénat « dérives sectaires » & santé : tous les articles parus dans Ouvertures sur ce thème.

> Rapport Milon : Pourquoi le groupe écologiste du Sénat s’est abstenu.

 

Dieu existe, je l’ai rencontré… avec ma raison

Dieu existeCe livre parle de Dieu, mais pas de religion : « Son but, explique l’éditeur, n’est pas de plaider la cause d’une quelconque confession, avec ses dogmes et ses préceptes, mais d’examiner la question de savoir s’il existe un être suprême, suffisamment distinct du monde pour qu’on puisse l’appeler « Dieu ».

GuillaudL’auteur, Frédéric Guillaud, ancien élève de l’École normale supérieure, est agrégé de philosophie. Sa démarche est ambitieuse : tenter de montrer que l’on peut développer des arguments purement philosophiques tendant à prouver qu’il existe un Dieu. Sa recherche, qui s’appuie sur les seules ressources de l’expérience et de la logique, peut donc tout à fait entrer dans un dialogue entre croyants, athées et agnostiques.

Les arguments convoqués sont de deux ordres. Les premiers partent du constat que l’univers physique ne se suffit pas à lui-même, qu’il ne saurait donc exister sans avoir une cause transcendante.

Les seconds, qui se fondent sur l’analyse des idées et des aspirations humaines, arrivent à la conclusion anti-voltairienne que « si Dieu n’existait pas, nous ne pourrions pas l’inventer ».

Ces deux types d’arguments, qui furent d’abord élaborés par les philosophes de l’Antiquité et les théologiens du Moyen Age, sont mobilisés à nouveaux frais, nourris par les travaux des philosophes anglo-saxons contemporains.

Démarche audacieuse

Mais la démarche est aussi audacieuse. En effet, l’auteur s’attaque aux objections les plus couramment opposées à une telle entreprise : le freudisme réductionniste, le matérialisme « scientiste » et le fidéisme kantien.

C’est à propos de Kant, d’ailleurs, que la charge de l’auteur est la plus vigoureuse. Selon lui, le kantisme a produit l’effet pervers d’évacuer à priori de l’agora la question de l’existence d’une cause première toute-puissante et transcendante. Et cela, en raison de deux faiblesses de raisonnement.

La première est d’affirmer, « comme le scientisme, qu’il n’existe de connaissance que scientifique ». La seconde est de « prétendre qu’il est impossible de sortir de la sphère des phénomènes sensibles pour poser l’existence d’êtres non sensibles. (…) Si l’on refuse à priori que l’existence de Dieu soit l’objet d’une argumentation démonstrative susceptible d’une discussion publique (…), on ruine les conditions du débat intellectuel ».

“Ainsi la philosophie est-elle finalement chassée de la cité”

Or, le kantisme « constitue la superstructure idéologique de la démocratie procédurale européenne. En affirmant que les convictions métaphysiques n’ont de valeur autre que subjective et privée, le kantisme justifie l’exclusion de ces dernières hors de l’espace public. [Le régime démocratique européen] se caractérise par la mise à l’écart de la sphère publique non seulement de la religion, mais de tout engagement métaphysique sur le sens de l’existence, le fondement de la morale, la nature de l’homme, le but de la vie humaine, la définition du bien et du mal, du bon et du mauvais, perçus depuis les Guerres de religion comme sources de querelles et ferments de guerre civile ».

Et il conclut : « Ainsi la philosophie est-elle finalement chassée de la cité, pour être remplacée par une discussion purement technique sur les moyens de régler la machine sociale, loin de toute interrogation sur le sens de la vie collective ».

Evoquant la « théologie naturelle », une approche qui intègre la transcendance sans la réduire à une religion ou une époque particulière, Frédéric Guillaud s’attaque également, en douceur, à la théorie darwinienne en s’efforçant de montrer que « si l’on ne peut démontrer l’existence de Dieu de manière certaine, [celle-ci] est tout de même l’explication la plus probable ».

Nécessité d’une cause « incausée »

Mais, à notre sens, l’argumentation la plus originale et la plus forte de l’ouvrage concerne l’absolue nécessité d’une cause « incausée » à l’univers, une cause distincte de lui. Nous invitons le lecteur intéressé par la démonstration à entrer dans le livre. Mais attention, si vous n’avez pas pu achever votre lecture de la « Critique de la raison pure » de Kant, vous aurez du mal à suivre…

Un regret : que l’auteur, qui enseigne au séminaire de Versailles, n’ait pas dit quelques mots sur sa foi catholique, ni indiqué de quelle façon il a pu la mettre de côté ou, au contraire, de quelle façon il a été influencé par elle pour conduire sa démonstration. Certes, celle-ci, comme nous l’avons dit, reste sur le strict chemin de l’argumentation spéculative et ne s’appuie sur aucune religion particulière. La discussion reste donc possible avec tout esprit ouvert.

Reste qu’un léger parfum d’émotions personnelles affleure parfois qui aurait été moins gênant si l’auteur avait été plus explicite sur sa foi…