Les miracles de Jésus au risque de la parapsychologie

51zP2wj0ESLAlors que les miracles de Jésus occupent une place importante, pour ne pas dire centrale, dans les Evangiles et que, selon toute vraisemblance, ce sont ses pouvoirs extraordinaires qui attiraient les foules, cette dimension de Jésus a peu à peu été gommée, comme si elle était un obstacle à la diffusion de son enseignement.

Et pourtant, se demande Bertrand Méheust, comment expliquer autrement « la rapidité avec laquelle s’est propagé l’incendie chrétien » ? Comme le soulignent plusieurs chercheurs, cet essor brutal est d’autant plus surprenant qu’il s’est effectué à contre croyance, aussi bien dans le monde juif que romain.

Les miracles, objet de suspicion

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Bertrand Méheust (2015)

« De nos jours, les miracles, les religieux n’en veulent plus, et la science n’en veut pas, ou pas encore », constate l’auteur. L’exégèse moderne a en effet peu à peu rejeté les miracles de Jésus, alléguant qu’ils auraient été rajoutés au tableau par les Evangélistes dans un but apologétique. Seule subsiste, centrale pour les chrétiens, la résurrection du Christ, enchâssée dans un dogme élaboré au cours des siècles. L’Eglise est assez embarrassée par les miracles : « Elle qui a dénoncé la magie comme pratique païenne et l’a combattue au sein des populations qu’elle a voulu évangéliser, elle adore un magicien ! »

Quant à la science, elle rejette les miracles car ils ne sont pas reproductibles à la demande ! Il y a pourtant de véritables scientifiques qui ne refusent pas a priori d’étudier des phénomènes qu’ils ne comprennent pas. Se sont ainsi développées depuis le XIXe siècle les sciences dites psychiques qui étudient non seulement les phénomènes paranormaux, mais aussi les hommes et les femmes qui développent des pouvoirs qui défient la raison ordinaire.

Une démarche féconde

La grande originalité de la démarche de Bertrand Méheust, c’est qu’il prend au sérieux les résultats des sciences psychiques et les utilise pour aller plus loin. Il les considère comme solides, parfois même plus solides que ceux de la science académique qui n’est pas soumise à la même pression et donc pas toujours aux mêmes exigences méthodologiques (1).

Cette démarche, il l’avait déjà appliquée dans son précédent livre, Les miracles de l’esprit. Qu’est-ce que les voyants peuvent nous apprendre ? Ne plus perdre de temps à faire la preuve de la voyance, mais étudier les processus mentaux mis en œuvre, pour essayer d’améliorer notre compréhension de l’esprit.

Présentant son nouveau livre au Forum 104 à Paris, l’auteur tient au préalable à préciser sa position, ses convictions : « Famille catholique, éducation chez les Pères à l’ancienne, puis indifférence pour les choses religieuses. Reste une empreinte, un goût pour le paranormal qui m’a poussé à étudier le mesmérisme, la parapsychologie, la voyance, etc. Enfin, avec une maîtrise de philosophie sur la question de l’exégèse, je reviens à Jésus. La boucle est bouclée. Mon approche est celle d’une laïcité ouverte et bienveillante qui me permet de dialoguer avec toutes les parties ».

Un nouvel éclairage sur Jésus

La multiplication des pains. Gravure sur bois de Hanna Dallos (1933)

La multiplication des pains. Gravure sur bois de Hanna Dallos (1933)

Dans Jésus thaumaturge, Bertrand Méheust, s’appuie sur des études très documentées de thaumaturges des XIXe ou XXe siècles pour tester la véracité des récits rapportés par les Evangiles. Non sans un luxe de précautions… Et Jésus s’en tire plus que bien ! Non seulement il apparaît comme un thaumaturge authentique, aux comportements similaires à ceux des thaumaturges modernes, religieux ou laïcs, mais il les surpasse largement par la palette de ses pouvoirs : changer l’eau en vin, marcher sur l’eau, guérir les malades, ressusciter un mort, etc.

Il ressort même grandi de l’épreuve que lui fait subir l’ancien prof de philo, qui dit ne pas croire en grand-chose. Ce dernier montre en effet comment les miracles renforcent l’enseignement spirituel. Il faut lire les trois pages dans lesquelles il associe charisme et charité, deux mots qui ont la même racine, suggérant ainsi que les charismes de Jésus participent de la charité ou générosité divine.

Thaumaturge laïc et mystique à prodiges

Il y a plusieurs différences entre le thaumaturge laïc et le religieux, explique en substance Bertrand Méheust. Les phénomènes produits par les thaumaturges laïcs (télékinésie, vision à distance, guérison, lévitation, bilocation, etc.) sont bien documentés. Beaucoup d’entre eux ont accepté de participer à des tests et des expériences.

Le mystique religieux, lui, est comme un animal sauvage qu’on ne peut observer que dans son biotope et son histoire. Contrairement au thaumaturge laïc, on ne peut le faire entrer dans une cage pour l’étudier !

L’autre différence, et c’est particulièrement net chez Jésus qui a produit des phénomènes hors normes, c’est que le mystique à prodiges est habité par Dieu et que ses actes racontent une histoire et ont un sens d’édification et d’enseignement. La spécificité de Jésus c’est son calme, son assurance. Il n’est jamais en transe et est sûr de son geste. Pour l’auteur, le mystère le plus profond, c’est de savoir comment un homme d’apparence aussi équilibrée a pu se dire le Messie, le Fils de Dieu.

Le livre est dense – 379 pages serrées – mais accessible, malgré des redites et de trop nombreuses coquilles d’édition. Outre le sujet annoncé par le titre, il dresse un riche panorama de ce que l’on sait aujourd’hui de Jésus et expose les thèses, peu connues, de quelques historiens ou théologiens dissidents.

Jésus thaumaturge – Enquête sur l’homme et ses miracles. Betrand Méheust, InterEditions (octobre 2015), 23,90 €

Jean-Luc Martin-Lagardette a participé à la rédaction de cet article et pris les photos à la conférence de Bertrand Méheust organisée le 11 décembre 2015 par l’Institut métapsychique au Forum 104 à Paris.

(1) Une collaboration internationale de 270 chercheurs a mené une expérience originale : tenter de reproduire cent expériences publiées en 2008 dans trois journaux réputés de psychologie sociale et cognitive. En pratique, le verdict est sévère : 39 % seulement des effets rapportés ont pu être reproduits. Et ceux-ci, quand ils étaient bien là, sont moitié plus faibles dans les « copies » que dans les « originaux ».
La recherche en mal de contrôle qualité, Le Monde, 2/09/2015

Le Figaro jette perfidement l’opprobre sur Mediapart

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« Ce n’est pas bien de ne pas payer ses impôts ! » Voilà ce qu’écrit en substance Le Figaro Magazine dans son édition du 13 novembre 2015.

S’il est bien exact que Mediapart vient de se voir notifier un redressement de 4,1 millions d’euros pour la période allant de sa création en 2008 à début 2014, Le Figaro omet d’exposer les raisons du différend qui l’oppose à Bercy, et omet également d’indiquer que deux autres organes de presse en ligne se voient réclamer des sommes importantes.

Si Mediapart et deux autres « pure players » (*), Arrêt sur images et le groupe Indigo Publications, sont aujourd’hui soumis à un redressement fiscal, c’est qu’ils ont toujours contesté le fait que le taux réduit de TVA de 2,1% dont bénéficie la presse imprimée ne leur soit pas appliqué, et refusé de payer la différence.
« Alors que la presse écrite, qu’elle soit imprimée ou en ligne, s’adresse aux mêmes lecteurs, le fisc crée une distorsion de concurrence en nous appliquant une TVA près de dix fois supérieure à celle de nos concurrents imprimés », constatait Mediapart.

Le gouvernement a toutefois fini par entendre leurs arguments et fait adopter en 2014 une loi affirmant solennellement l’égalité entre presse imprimée et presse numérique. Mais l’article unique de cette loi précise qu’elle « s’applique aux opérations pour lesquelles la taxe sur la valeur ajoutée est exigible à compter du 1er février 2014 », donnant ainsi à Bercy le pouvoir de réclamer les sommes non versées avant cette date. Ce que contestent les intéressés, estimant que la presse en ligne avait droit au taux réduit de TVA dès son apparition, la directive TVA de 1991 ayant été rattrapée, puis dépassée par la révolution technologique et industrielle en cours. En 1991, il n’existait en effet pas encore de journaux en ligne !

En escamotant les faits et exposant ainsi impudemment son confrère à la vindicte publique, Le Figaro utilise des méthodes qui ne font pas honneur à la profession !

>> 23/11/15 : Maurice Botbol, président du groupe Indigo Publications et membre du bureau du Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (SPIIL), nous précise que Le Figaro bénéficie aujourd’hui, grâce au combat des « pure players », de la TVA à 2,10% pour ses abonnements numériques.

(*) Les « pure players » sont des organes de presse qui ne sont présents que sur le web, contrairement à la presse classique qui a créé des sites web tout en conservant leur édition papier (comme Le Figaro).

Après l’encyclique « Laudato si », un scientifique inquiet pousse le pape à réunir un concile

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Jacques Blamont a été chercheur en aéronomie et en astrophysique avant d’entrer au CNES dont il a été le premier directeur scientifique. Il a publié en 2004 Introduction au siècle des menaces.

– Ouvertures.- Pensez-vous que le pape ait lu votre livre ?

– Jacques Blamont.- Non, je ne le pense pas.

– Pensez-vous avoir eu une influence sur la rédaction de l’encyclique Laudato si ?

– Je ne crois pas. Mais il y a une convergence de pensée, on retrouve dans l’encyclique les idées essentielles de notre livre. Par exemple, l’idée que moins est plus, traduite chez moi par le mot frugalité ou par sobriété chez le pape. Egalement l’idée de synergie, le fait qu’une série de facteurs peu dangereux pris individuellement se combinent pour créer des situations très dangereuses. Le pape l’exprime d’une autre façon, en disant que tout est lié, mais c’est la même chose. La pénurie d’eau par exemple, la plus importante de toutes, qui est engendrée par de multiples causes, anthropiques ou naturelles, a de nombreuses conséquences politiques, militaires, sociales, économiques. Le pape prend les choses en sens inverse. Il part du sort des pauvres et montre le lien entre pauvreté et écologie.
Autre convergence importante, nous appelons tous les deux à une révolution culturelle.

– Que pensez-vous de l’encyclique ? Quels sont ses points forts, ses points faibles ?

– L’Eglise a évolué. J’ai retrouvé un discours de Jean XXIII qui date de 50 ans dans lequel il fulminait contre les gens qui annoncent des catastrophes. Aujourd’hui, le pape François n’hésite plus à employer le mot catastrophe. Et quand il utilise ce mot, il ne pense pas à une petite explosion quelque part, il s’agit pour lui d’une vraie catastrophe mondiale. Et le pape fait la même analyse que moi sur la cause de cette singularité à venir. Le problème majeur – et inattendu –, c’est la réussite de la technologie. C’est elle qui a créé l’augmentation de la population et c’est elle qui a créé le gaspillage des ressources. Cette réussite a été élevée au niveau d’un paradigme, d’un dogme. Le pape l’expose très bien. Il faut changer ce dogme. Il faut remplacer la prédominance de la technologie par le principe du bien commun.
Le point faible, c’est que le pape ne propose pas de solutions. Nous, nous pensons que passer d’un paradigme à un autre ne peut se faire que sous l’influence d’un pouvoir spirituel. Il faut qu’on trouve une structure spirituelle capable de galvaniser les foules.

– Je ne vous comprends pas ! Le pape est à la tête d’une structure spirituelle et appelle à un changement de mode de vie. N’est-ce pas ce que vous attendiez ?

– Appeler à changer de mode de vie, ce n’est rien du tout. L’essentiel est de passer du discours à l’acte. Comment va-t-il faire ?

– Vous non plus, vous ne dites pas comment il pourrait faire bouger les gens…

– Pardon ! Nous souhaitons une mobilisation au sein du magistère et qu’il élabore un code qui soit universel. Ensuite, l’Eglise mobiliserait ses fidèles, qui entraîneraient à leur tour les non-catholiques.

Un nouveau petit livre rouge !

Un rien provocateur, Jacques Blamont parle dans son livre de « petit livre rouge », en référence à une autre révolution culturelle… Il voudrait que l’Eglise supervise l’écriture d’un texte fondateur, ayant la force de la parole évangélique. Mais une évangélisation qui concernerait les choses de la terre. Un nouveau message chrétien faisant appel à une discipline de responsabilité envers le futur et envers les autres. Et qui en évalue les conséquences, économiques, sociales et politiques.

Notre-Dame du développement durable - Jacques Blamont (2006)

Notre-Dame du développement durable.
Cette toile de Jacques Blamont (2006), a été à l’origine de son dialogue avec Jacques Arnould (théologien dominicain, chargé de mission au CNES), publié dans Lève-toi et marche. La genèse de la toile et l’analyse de Jacques Arnould

– L’Eglise s’est levée, mais pas encore mise en marche. Comment voyez-vous la suite ?

– Justement, on ne la voit pas. L’encyclique ne parle pas du futur. C’est sa faiblesse.

– Pensez-vous toujours qu’il faudrait que le pape réunisse un concile ?

– Oui, il faudrait une grande initiative claironnante réunissant beaucoup de monde. Mais dès que je prononce le mot concile, on me prend pour un cinglé. Les prélats n’ont pas encore digéré le dernier concile Vatican II et l’idée de lancer quelque chose du même genre les effraie. Donc je pense que ça n’arrivera pas.

– Voyez-vous d’autres personnes qui pourraient avoir ce rôle d’éveilleur de conscience ?

– Non, il n’y a personne dans le monde qui puisse avoir la moindre influence sur l’éthique. Ni chez les politiciens, ni chez les intellectuels. C’est pour ça qu’on retombe sur le pape, il est le seul à avoir une position qui repose sur la tradition, avec son aura, sa personnalité et sa démarche et surtout l’idée que les gens s’en font.

– Vous ne croyez pas à la possibilité d’une action politique de l’ordre de la contrainte. Pour vous, seule une révolution des esprits peut sauver le monde. Pourtant en France, la politique de sécurité routière, basée sur la contrainte et la punition, a réussi à réduire les morts de la route d’un facteur 4 !

– Je n’ai pas dit cela. Il faut une certaine contrainte. Il faut inventer. Concevoir une politique de décroissance intelligente, qui sauvegarderait l’emploi tout en réduisant le niveau de vie, c’est la chose la plus difficile.
Je suis arrivé à la conclusion qu’il faut utiliser les réseaux sociaux, ce que personne ne fait. A l’heure actuelle, ils tournent en roue libre. Les initiatives viennent de la base, comme dans le printemps arabe et plus récemment au Guatemala, et en général échouent. Ils peuvent même avoir des conséquences néfastes comme leur utilisation par le djihad.
On voit qu’il y a quelque chose qui est en train de naître, c’est encore assez confus. Une action en direction d’un milliard de personnes, c’est cela que l’Église devrait tenter. Un concile mobiliserait les réseaux pour faire surgir des idées nouvelles et inciterait tous les penseurs du monde à une immense réflexion…
Une action de l’ordre de la contrainte devrait être engendrée par un mouvement de masse. Le succès de la politique de sécurité routière tient au fait qu’au fond les Français sont d’accord. Il y a beaucoup de rebelles, mais la majorité se plie.

– Vous n’êtes pas de ceux qui pensent que la technologie peut sauver la planète. Pourquoi ?

J’ai souvent répondu à cette question. C’est très simple : la crise est créée par la technologie et donc la technologie ne peut pas arrêter la crise qu’elle a créé elle-même. La technologie permet plus d’efficacité, elle fait baisser les prix et donc augmenter la consommation. C’est cela qui conduit à la crise. Un exemple : en Inde, la révolution verte qui a permis aux Indiens de survivre est en train de dévorer les terrains agricoles par salinification.

La globalisation du paradigme technocratique

Pape François, Lettre encyclique Laudato si (Loué sois-tu) sur la sauvegarde de la maison commune. Chapitre 3 : La racine humaine de la crise écologique.

Pope_Francis-230x230« Le problème fondamental est autre, encore plus profond : la manière dont l’humanité a, de fait, assumé la technologie et son développement avec un paradigme homogène et unidimensionnel (…)

De là, on en vient facilement à l’idée d’une croissance infinie ou illimitée, qui a enthousiasmé beaucoup d’économistes, de financiers et de technologues. Cela suppose le mensonge de la disponibilité infinie des biens de la planète, qui conduit à la « presser » jusqu’aux limites et même au-delà des limites (…)

La technique a un penchant pour chercher à tout englober dans sa logique de fer (…)

On n’a pas encore fini de prendre en compte les racines les plus profondes des dérèglements actuels qui sont en rapport avec l’orientation, les fins, le sens et le contexte social de la croissance technologique et économique. »

– Que répondez-vous à des gens comme Ray Kurzweil qui voient au contraire la technologie résoudre tous les problèmes grâce à sa progression exponentielle ?

– Le progrès technologique suit effectivement la loi de Moore qui est exponentielle, mais je ne vois pas les supercalculateurs sauver la planète. Comment vont-ils pouvoir assurer l’approvisionnement en eau du Yémen quand sa population aura doublé et atteint 45 millions alors que les nappes phréatiques sont à 1000m de profondeur contre 10 m il y a 30 ans ? Cette situation de pénurie se retrouve dans beaucoup d’autres pays (Maghreb, Proche Orient, Chine).

– Que pensez-vous de la fiscalité écologique ?

– Ce n’est sans doute pas une mauvaise idée pour les gaz à effet de serre. Mais ce n’est qu’un des problèmes alors qu’il y en a mille. Comme je l’ai dit, le problème, c’est la synergie des problèmes.

– C’est pour cette raison que je vous parle de fiscalité écologique et pas de taxe carbone…

– On vient d’annoncer que la moitié de la population animale des océans a disparu en 40 ans. Alors, vous allez taxer les pécheurs ? C’est ridicule !

– Dans votre livre, vous citez Jean-Claude Juncker : « Nous savons tous très bien ce qu’il faudrait faire, mais ce que nous ne savons pas, c’est nous faire réélire après avoir agi ». Nos dirigeants savent-ils vraiment comment gérer la décroissance sans entraîner le monde dans une crise pire que celle qu’on cherche à éviter ?

– Non. Je ne les crois pas capables de diriger quoi que ce soit, ni vers la croissance, ni vers la décroissance.

>> Lire aussi la recension du livre « Lève toi et marche » L’Eglise catholique peut-elle sauver la planète de l’apocalypse ?

L’Eglise catholique peut-elle sauver la planète de l’apocalypse ?

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Dans un premier livre paru en 2004, Introduction au siècle des menaces (Odile Jacob), Jacques Blamont dressait l’inventaire des menaces que l’humanité devra affronter au XXIe siècle : prolifération des armes de destruction massive, épidémies, épuisement des ressources naturelles, réchauffement climatique, extinction massive d’espèces… Et démontrait qu’un mécanisme implacable s’était mis en marche, enclenché par le développement exponentiel des sciences et des technologies, produisant une croissance elle aussi exponentielle de la population et des besoins. Et que l’épuisement des ressources, les impacts sur l’environnement et la croissance des inégalités allaient tôt ou tard générer des conflits et réduire le monde au chaos.

Nous sommes foutus !

Tintin_Etoile_MysterieuseD’aucuns pourraient ne pas le prendre au sérieux en pensant au prophète fou de L’étoile mystérieuse. Mais contrairement au personnage imaginé par Hergé, il n’a rien d’un illuminé ! D’abord chercheur en aéronomie et en astrophysique, ce normalien a ensuite joué un rôle éminent au sein du CNES dont il a été le premier directeur scientifique.

Il estime de son devoir de battre le tocsin, même s’il pense que le monde tel que nous le connaissons n’a plus – quoi qu’on fasse – que quelques dizaines d’années à vivre. Mais il trouve sur sa route un Tintin en la personne de Jacques Arnould, théologien dominicain et chargé de mission au CNES. Ce dernier ne peut rester sans réaction face au pessimisme noir de son collègue et lui propose un dialogue qui sera publié en 2009 sous le titre « Lève-toi et marche » Propositions pour un futur de l’humanité (Odile Jacob).

Seul un sursaut spirituel…

Face au constat de danger imminent pour l’humanité, Jacques Blamont confie dans ce livre qu’il n’entrevoit de salut que dans une véritable révolution culturelle, seule à même d’inverser la croissance de la consommation : un nouvel équilibre entre l’homme et la nature ne sera possible que par l’adoption massive d’une éthique de la frugalité, de la simplicité volontaire.

Constatant l’impuissance des politiques à créer un mouvement de nature fondamentalement spirituelle, il aimerait, lui le scientifique athée, que les religions s’emparent de ce grand sujet au lieu de se cantonner à des combats qu’il juge « petits ». Et en particulier l’Eglise catholique, la seule qui soit universelle et qui possède une structure hiérarchisée et unie. A l’époque, en 2009, il ne la pense pas capable de prendre l’initiative et en appelle à des figures de la société civile comme le furent François d’Assise et Saint Dominique au XIIIe ou Ignace de Loyola au XVIe siècle. En des époques de crise, ces hommes avaient catalysé un renouveau, repris et amplifié ensuite par les autorités religieuses. Ainsi la création de l’ordre des jésuites par Ignace de Loyola et son engagement dans l’éducation a profondément transformé les esprits des élites dirigeantes.

L’Eglise catholique s’éveille !

Après la publication de son livre, Jacques Blamont rencontre plusieurs prélats exerçant des responsabilités élevées au sein de l’Eglise catholique. « Tous m’ont accueilli avec courtoisie et même bienveillance, mais aucun ne m’a laissé croire que mes préoccupations pourraient influencer leur institution qui a d’autres soucis plus urgents. », rapporte-t-il en 2009 dans une interview.

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Le pape François en mars 2013 – Crédit photo : Catholic Church (England and Wales)

Eh bien les prélats se sont trompés, Jacques Blamont avait vu juste ! Sa seule erreur est d’avoir pensé que l’homme qui se lèverait serait extérieur à l’Eglise. C’est tout le contraire qui s’est passé. C’est du pape lui-même qu’est venu un appel à « la sauvegarde de la maison commune » : un pape jésuite qui porte le nom de François (d’Assise). Et qui écrit seul Laudato Sii, une encyclique entièrement consacrée à la crise environnementale, invitant à un mode de vie simple : « La sobriété, qui est vécue avec liberté et de manière consciente, est libératrice (…)  On peut vivre intensément avec peu ».

Quel impact aura cette encyclique ? Jacques Blamont redoutait dans son livre que « la réflexion de Rome se termine au mieux par une encyclique, c’est-à-dire une fois de plus par un discours ». C’est pourquoi il souhaitait que le processus se poursuivre par un concile qui « constituerait un puissant outil pour libérer les forces nécessaires ».

>> La démarche de Jacques Blamont n’est pas isolée. Ainsi Nicolas Hulot, envoyé spécial du président François Hollande pour la protection de la planète, qui ne croit guère au succès de la COP21, table sur un sursaut de conscience et cible depuis quelque temps les autorités religieuses. Non sans succès. Pour preuve, la déclaration de la Conférence des responsables de Culte en France sur la crise climatiquele sommet des consciences du 21 juillet 2015 à Paris, les Assises chrétiennes de l’écologie du 28 au 30 août 2015 à Saint-Etienne…

Implosion, catastrophe, effondrement, suicide…

Les auteurs inquiets pour le futur de l’humanité ne manquent pas. Les titres de leurs livres sont parlants :

  • La grande implosion. Rapport sur l’effondrement de l’Occident 1999-2002, Pierre Thuillier, Fayard, 1995
  • Notre dernier siècle ? (Our final hour), Martin Rees, Jean-Claude Lattès, 2004
  • Pour un catastrophisme éclairé ? Quand l’impossible est certain, Jean-Pierre Dupuy, Seuil, 2004
  • Effondrement, Jared Diamond, 2005
  • L’humanité disparaîtra, bon débarras, Yves Paccalet, Arthaud, 2006
  • La revanche de Gaïa. Préserver la planète avant qu’elle ne nous détruise, James Lovelock, J’ai lu, 2008
  • 2030, le krach écologique. Geneviève Férone, Grasset, 2008
  • Au temps des catastrophes. Résister à la barbarie qui vient, Isabelle Stengers, La Découverte, 2009
  • Comment_tout_peut_s_effondrerRequiem pour l’espèce humaine, Clive Hamilton et Jacques Treiner, Presses de Sciences-Po, 2013
  • L’effondrement de la civilisation occidentale, Erik M. Conway, Naomi Oreskes, Les liens qui libèrent, Gallimard, 2014
  • Suicide de l’Occident, suicide de l’humanité ? Michel Rocard, Flammarion, 2015
  • Comment tout peut s’effondrer, Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes. Pablo Servigne, Raphael Stevens, Seuil, 2015

>> Lire aussi l’interview de Jacques Blamont : Après l’encyclique « Laudato si », un scientifique inquiet pousse le pape à réunir un concile

Réduisez facilement votre facture d’eau : 3. Comment utiliser moins d’eau chaude

Crédit photo : mukluk & Virginie Volken

Crédit photo : mukluk & Virginie Volken

Vous ne savez-pas combien vous consommez d’eau par an, ni le prix du m3 ? Précipitez-vous sur vos dernières factures ou sur le site internet de votre fournisseur, et remplissez le tableau suivant :

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* Un objectif de 30 m3 par an et par personne est assez facile à atteindre, sauf consommations spécifiques (piscine, arrosage potager …).
** L’eau froide coûte environ 3 €/m3, mais en incluant l’énergie pour l’eau chaude, on atteint une valeur de 5 à 7,50 €/m3 (Comment estimer le prix de l’eau ?).

Après avoir indiqué comment détecter et éliminer les fuites et vu comment utiliser moins d’eau, nous nous attaquons, dans ce troisième et dernier volet de notre dossier, aux économies d’eau chaude. C’est sans doute les plus importantes, car l’eau chaude représente environ les 2/3 des usages de l’eau et coûte beaucoup plus cher que l’eau froide !

L’eau chaude de deux à trois fois plus chère que l’eau froide !

Au coût de l’eau, il faut en effet rajouter le coût de l’énergie (gaz, électricité, fioul), sauf évidemment si vous avez un chauffe-eau solaire… Et tenir compte des déperditions de chaleur du ballon de stockage, très conséquentes, à moins de rajouter une surisolation.

Au final, l’eau chaude revient, par m3 et hors abonnements, à :

– 9,79 € TTC avec l’électricité (3 € d’eau + 6,79 € d’électricité)
– 5,59 € TTC avec le gaz (3 € d’eau + 2,59 € de gaz)

Les économies d’eau chaude sont les plus importantes, pour vous comme pour la planète

Les abonnements EDF « Heures creuses » sont-ils toujours intéressants ?
EDF propose une option Heures Pleines (HP) / Heures Creuses (HC) destinée, entre autres, aux foyers possédant un ballon d’eau chaude électrique. En contre partie d’un abonnement plus cher, la compagnie nationale offre un tarif plus avantageux en heures creuses et commande à distance la mise en route du chauffe-eau au début des plages horaires concernées (la nuit et parfois à l’heure du déjeuner). Si cette option a longtemps été intéressante, elle ne l’est plus autant aujourd’hui : EDF a en effet progressivement réduit l’écart entre le prix du kWh en HC et le prix de base, et même discrètement introduit en 2009 un surcoût pour le kWh HP.

Tarif réglementé EDF en €/kWh TCC – Sources : EDF, Agoravox

Selon nos calculs, l’option Heures creuses n’est rentable qu’au dessus d’’environ 30% de consommation en HC.

Et attention, EDF nous fait croire que nous chauffons notre eau chaude pour 11 centimes/kWh, alors qu’en réalité, nous la payons 14,4 centimes au seuil de rentabilité de 30% et 13,4 centimes avec 50% de consommation HC. A prendre en compte dans  les calculs économiques par rapport aux autres énergies !

Selon Olivier Sidler, « l’usage de l’eau chaude sanitaire (ECS) s’envole, sans correspondre à de réels besoins. Aujourd’hui, la consommation d’énergie pour l’ECS dépasse celle du chauffage ! » Le constat de cet ingénieur en énergétique qui conçoit des habitations à très faible consommation d’énergie est inattendu. La maîtrise de la consommation d’eau chaude sanitaire devient un passage obligé pour atteindre les objectifs fixés par la RT 2012 qui régit toutes les constructions neuves.

Prix élevé, impact énergétique et environnemental élevé, deux bonnes raisons de se pencher sur l’eau chaude.

Le ballon au centre… de vos attentions

L’eau chaude stockée dans le ballon a une tendance naturelle à se refroidir. Comment freiner cette velléité ? Voici trois précautions indispensables :

551. Réglez la température à 55°C. Plus la température de stockage sera basse, moins importantes seront les pertes. Autres avantages, à 55°C, pas de risques de brûlures, et votre ballon s’entartrera moins. Mais il ne faut pas descendre plus bas (risque de prolifération de microbes) ! Sur les ballons électriques, réglez le thermostat situé sous le capot de l’alimentation électrique, après avoir pris soin de couper le courant. Sur les chaudières à gaz, modifiez la consigne. La règlementation en France.
2. Améliorez l’isolation du ballon. La consommation d’entretien d’un ballon électrique de 200 litres est proche de 2 kWh par jour, soit 730 kWh par an, soit 105 € par an. On peut réduire sensiblement ces pertes en renforçant son isolation (sans oublier d’isoler les pattes de fixation). On trouve dans le commerce des kits d’isolation prêts à poser – surtout en Angleterre où ils sont très populaires (« Water heater insulation blanket » ou « jacket »). Si votre ballon est situé dans un local chauffé, sur-isoler votre ballon n’est utile que 6 mois par an.
3. En cas d’absence de plus de quelques jours, coupez l’alimentation de votre ballon 1 ou 2 jours avant votre départ (selon le volume de stockage du ballon).

Si vous faites votre eau chaude avec une chaudière à gaz ou à fioul, le rendement est mauvais l’été quand le chauffage est arrêté. On peut l’améliorer fortement en mettant un programmateur sur la prise.

Pourquoi a-t-on inventé l’eau chaude ?

L’eau chaude répond à deux indications : une meilleure efficacité de lavage et un plus grand confort, en particulier pour la toilette.

Certain(e)s prennent des douches froides sans broncher, d’autres ne supportent pas de se laver les mains à l’eau froide. Le confort est une notion très personnelle… Chacun suivra son chemin !

Par contre, dans le domaine de l’entretien – lavage du linge, vaisselle, ménage – l’eau chaude est souvent utilisée par habitude, sans réel fondement. Exemples :
– Vaisselle : l’eau chaude ne se justifie que pour dissoudre les graisses (ce que font aussi très bien les détergents). Pour la vaisselle non grasse, l’eau froide convient parfaitement. Pour rincer, pas besoin non plus d’eau chaude. La vaisselle séchera certes un peu moins vite dans l’égouttoir, mais est-on pressé ?
– Lessive : la plupart des lessives permettent maintenant de laver à 30°C, certaines même à 15°C.
– Ménage : pour des sols non gras, l’eau chaude n’est pas vraiment utile non plus. Une raison souvent invoquée serait que le sol sèche plus vite avec de l’eau chaude. C’est sans doute vrai, mais marginal : un petit calcul de physique montre que la chaleur contenue dans l’eau ne peut pas fournir beaucoup plus de 5% de la chaleur nécessaire pour l’évaporer ! Pour un séchage rapide, l’essentiel est d’aérer la pièce.

Les pièges des mitigeurs
mitigeur
Les mitigeurs sont souvent présentés comme un progrès en raison des économies d’eau (froide et chaude) qu’ils permettraient grâce à un réglage plus rapide de la bonne température.

Mais c’est plutôt le contraire qui se passe dans la pratique !
– Les mitigeurs sont souvent laissés en position médiane, ce qui fait que l’utilisateur suivant a tendance à s’en servir dans la même position et à appeler de l’eau chaude même s’il n’en a pas besoin.
– Un mitigeur qu’on ouvre en position médiane mettra deux fois plus longtemps à fournir de l’eau chaude qu’un simple robinet d’eau chaude. Et d’autant plus longtemps qu’il sera plus éloigné du ballon d’eau chaude. Il est donc probable que l’eau chaude, comme la cavalerie dans les westerns, arrive trop tard. Cette eau chaude reste dans les tuyaux et finit par se refroidir en pure perte.

Recommandations :
– Remettez toujours le mitigeur en position froide après utilisation (à droite).
– N’appelez de l’eau chaude que si vous en avez vraiment besoin et que vous avez la patience d’attendre. Dans ce cas, mettez le mitigeur à fond à gauche tant que l’eau chaude n’est pas arrivée. Ensuite, réglez-le à la température désirée.
– Si vous devez changer de robinetterie d’évier ou de lavabo, choisissez un mitigeur de classe C3, dont la manette est face à vous en position froide (ou optez pour un bon vieux mélangeur !).


> A lire aussi sur Ouvertures :
– Réduisez facilement votre facture d’eau : 1. Faites la chasse aux fuites
Réduisez facilement votre facture d’eau : 2. Comment utiliser moins d’eau ?
– France : tout savoir sur l’eau potable et l’assainissement

© Copyright Ouvertures 2013 – Mise à jour avril 2015

Faut-il limiter la vitesse à 80 km/h sur route ?

Claudine Perez-Diaz, sociologue et chargée de recherche au CNRS et Claude Got, professeur de médecine spécialiste de l’accidentologie, sont tous deux très engagés dans l’amélioration de la sécurité routière, au point de parfois se faire traiter d’ayatollahs… Faisant passer le sauvetage de vies humaines avant toute autre considération, ils considèrent que seules  les annonces de mesures crédibles et contraignantes sont efficaces, ayant fait leurs preuves partout dans le monde. Ils déplorent l’effritement de la volonté politique pour réduire la mortalité routière et concentrent leurs critiques sur l’abandon de l’abaissement à 80 km/h de la vitesse sur route.

Jusqu’où aller ?

A l’instar de nombreux lecteurs, Alienor se demande jusqu’où va aller leur frénésie de limitation de vitesse ? « Une diminution par un facteur 17 en 50 ans. Peu de politiques publiques auront été aussi efficaces…vouloir courber encore plus cette asymptote vers le 0 se fera avec chaque fois plus de limitation, de contrôle, de punition et de ressentiment. »

Elle met ainsi le doigt sur le point aveugle de l’argumentation des experts : jusqu’où aller dans la réduction des vitesses, et plus généralement dans la réduction des accidents ?

  • N’est on pas arrivé au maximum de ce qu’on pouvait faire ? De plus de 16 000 morts par an en 1972, on est en effet passé à 3 268 en 2013, avec beaucoup plus de voitures sur les routes.
  • N’y a-t-il pas d’autres causes qui méritent de prendre le relais, comme le pense Parisien : « Si on agissait autant contre les risques de l’alcool, de la drogue et du tabac que contre les risques routiers je pense qu’on éviterait bien plus de morts! »

Combien de morts par an en France ?
Comparaison entre les accidents de la route et d’autres causes de mortalité

Morts par an Année
Accidents de la route 3 268 2013
Accidents de la vie courante 19 703 2008
Accidents du travail (hors trajet) 541 2013
Violences conjugales 146 2013
Suicides 10 571 2008
Alcool 45 000 1995
Tabac 73 000 2004

A ces interrogations légitimes, les experts opposent que « l’accident de la route demeurera la première cause de mort des jeunes adultes » et Cnémon fait remarquer que « le tabac ne tue heureusement presque plus que des personnes qui en ont fait le choix. Alors que le chauffard continue de tuer ou de blesser des gens qui n’ont rien demandé. »

Un peu de prospective

Une faiblesse de ce débat sur les limitations de vitesse, c’est que personne ne cherche à sortir du schéma traditionnel de mesures s’appliquant partout et tout le temps, qui sont ressenties comme inutilement contraignantes.

Comment en effet ne pas protester contre la fixation de la même limite sur une route large et rectiligne que sur une route étroite et sinueuse ?  Est-il vraiment nécessaire de limiter la vitesse à 30 devant une école en dehors des heures d’entrée et de sortie des élèves ? « Développons plutôt les limites à 80 (ou moins) sur les portions dangereuses, glissantes, en mauvais état, sans visibilité : là l’automobiliste comprend que c’est son intérêt », suggère Parisien. « Une limite n’est acceptée que si elle est perçue comme juste » rappelle Leblon.

La technologie n’est-elle pas en mesure de concilier sécurité et liberté ? N’est-elle pas en mesure de rendre les routes et les véhicules plus intelligents et de permettre une adaptation moins grossière de la vitesse à l’environnement ? Et cela sans attendre (comme Carol Langloy)  la voiture sans conducteur, qui aura forcément en mémoire la configuration et les contraintes de son environnement et saura s’y adapter.

Le GPS indique que la vitesse limite de 50 km/h est dépassée. Crédit photo Calou71

Le GPS indique que la vitesse limite de 50 km/h est dépassée. Crédit photo Calou71

La généralisation des GPS dans les véhicules d’aujourd’hui serait pourtant à même de rendre obsolètes les panneaux de limitation de vitesse qui se multiplient sur le bord des routes et de permettre une modulation plus fine de la vitesse autorisée. Les GPS affichent en effet d’ores et déjà les limites de vitesse et signalent leur dépassement. Reste à s’assurer de la mise à jour des données…(1)

Il n’y a pas que la vitesse qui tue

De nombreux intervenants jugent que la répression est trop ciblée sur la vitesse, pas assez sur  d’autres comportements accidentogènes. Et de citer, en vrac : changement de file intempestif, clignotant oublié, non respect des distances de sécurité entre véhicules, dépassement par la droite, non respect des stops ou feux rouges, refus de priorité, drogues et alcool au volant, refus de priorité aux piétons, dépassement des vélos sans respecter la distance de sécurité, stationnement en double file, usage du téléphone, conduite sans assurance ni permis…

Vrai ou faux ?

Dans le forum qui suit la tribune de Claudine Perez-Diaz et Claude Got, des lecteurs apportent des éléments présentés comme factuels. Faut-il les croire sur parole ?

« Compte tenu de la technologie des voitures, il n’y a aucun risque de rouler à 90 ; c’est moins énervant que de lambiner à 80. » Jean Paul Falcy
Faux : lors d’un choc frontal à 80 km/h, tout passager même ceinturé n’a pratiquement aucune chance de survie. Et sur la route, il y a d’autres usagers vulnérables : cyclistes, automobilistes roulant dans des voitures moins sûres…

« Deux fois plus de tués par millions d’habitants en France qu’au Pays Bas, en Norvège ou en Suisse ? » Jean-Baptiste Clamence
Faux : c’est moins de deux fois plus
France : 49 tués par million d’habitants, Pays-Bas : 39, Norvège : 29, Suisse : 34

« Angleterre et Danemark suivent le chemin inverse : route secondaire à 100 km/h ». Leblon
Faux pour le Danemark : 80 km/h
Vrai pour l’Angleterre : 96 km/h (60 mph)

« En fait, il existe des courbes de mortalité en fonction de la vitesse par type de routes. Ce sont des S avec une pente très raide. En ville c’est entre 30 et 50 km/h que la mortalité augmente très très fortement (en cas de choc, 90% de piétons survivants à 30km/h, 90% de tués à 50km/h). Sur les départementales cette inflexion de la courbe est entre 80 et 90km/h.

La courbe en S a été publiée dans un document de l'ONISR du 20/01/2014. Elle montre une forte chute du risque d'être tué dans une collision frontale lorsque la vitesse de collision tombe en dessous de 90 km/h. Mais attention, il s'agit de la vitesse de collision, pas de la vitesse de circulation.

Les courbes en S auxquelles  se réfèrent Alexis Coussement ont été publiées dans un document de l’ONISR du 20 janvier 2014. Celle de droite montre une forte réduction du risque d’être tué dans une collision frontale lorsque la vitesse de collision tombe en dessous de 90 km/h. Mais attention, rouler à 90 ne signifie pas forcément entrer en collision à la même vitesse.

Et la moitié des tués le sont sur ces routes ! » Alexis Coussement
Vrai : selon Claude Got, la moitié des accidents mortels survient sur le réseau non autoroutier.

« On peut noter que sur le périph parisien, la baisse de vitesse est accompagnée du doublement de mortalité. » Rougefluo
(presque) Vrai, mais : Le nombre de victimes n’a pas doublé mais quand même augmenté de 75%, passant de 4 à 7. Par contre, le nombre d’accidents a diminué de 15,5% (627 contre 742) et le nombre de blessés de 14,5% (776 contre 908). La différence entre 4 et 7 morts n’est pas statistiquement significative. En statistique, on ne peut pas tirer de conclusions quand l’échantillon est trop petit. Il faudra attendre plusieurs années pour accumuler suffisamment de données…

(1) La Ford S qui sera commercialisée en août 2015 sera équipée d’un limiteur de vitesse intelligent. Une caméra située en haut du pare-brise détectera les panneaux de limite de vitesse et croisera le résultat avec les données du GPS. Si le véhicule va trop vite, le limiteur coupera temporairement l’injection de carburant.

> Cet article n’est pas une critique de Claude Got dont nous soutenons le combat pour une route plus sûre et dont nous apprécions le rôle de lanceur d’alerte. Mais comme à notre habitude, nous avons souhaité ouvrir la porte à la contradiction dans un débat qui mérite d’être poursuivi.

L’objectivité de l’information est bien une exigence déontologique majeure

Sous prétexte que « l’objectivité » n’existe pas, les journalistes avaient pris l’habitude de refuser ce mot pour le remplacer par celui d’« honnêteté ». Un passage du deuxième rapport de l’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI) avait fait fait réagir Jean-Luc Martin-Lagardette dans un article publié sur son blog le 20 octobre 2014.

Pour éclairer les concepts d’objectivité et d’honnêteté de l’information, Patrick Eveno, président de l’Observatoire de la déontologie journalistique (ODI) a réuni un groupe travail.

Ce dernier a conclu à l’intérêt de remettre l’objectivité à l’honneur, au moins comme horizon à atteindre et dans l’acception commune attendue par le public.

Voici l’extrait de la note de l’ODI concernant « l’objectivité journalistique » :

Ojectivité ODI

« Le public reproche souvent aux journalistes leur manque d’objectivité. Bien des journalistes répondent que l’objectivité n’existe pas et qu’en tout état de cause, elle ne relève pas de la nature et des conditions d’exercice de leur travail. Comment y voir plus clair ?

Peut-être en écartant d’abord les définitions philosophiques ou scientifiques du mot pour s’en tenir à son acception courante : est objectif ce qui est exempt de partialité et de préjugés. Mais nous savons que l’observation d’un événement et sa relation ne peuvent être réalisées indépendamment de la personnalité, de la culture, des convictions et des préoccupations des journalistes qui en sont, individuellement ou collectivement, les auteurs.

D’une part, le travail du journaliste suppose une série de choix qui éloigne de la narration objective : en particulier, sélection des faits, choix d’un angle, choix des mots, choix des illustrations, hiérarchisation des événements entre eux. D’autre part, le journaliste n’est pas toujours conscient de tous les filtres à travers lesquels il voit la réalité. Certes, il exerce le plus souvent son métier à l’intérieur d’un média qui a, implicitement ou explicitement, une ligne éditoriale ; son regard est confronté à celui d’autres journalistes avec lesquels il travaille au sein d’une rédaction. Ces éléments peuvent limiter ou corriger sa subjectivité et favoriser une approche plus équilibrée des réalités décrites.

Il n’en demeure pas moins que l’objectivité totale paraît hors d’atteinte ; même les scientifiques l’admettent dans leur domaine. Faut-il pour autant la considérer comme une chimère et remplacer le mot par un autre : l’honnêteté ou l’impartialité par exemple. Nous plaidons plutôt pour garder le mot objectivité dans son acception courante et d’en faire un horizon à atteindre.

Comment un journaliste peut-il tendre vers l’objectivité ? La réponse ne relève pas d’un comportement moral mais de la mise en œuvre d’une méthodologie professionnelle de construction de l’information.

Pour fournir au public une information complète, précise, et la plus exacte possible, le journaliste doit se donner ou se faire donner les moyens de connaître tous les aspects d’un événement, de les situer dans leur contexte, de vérifier et de recouper les sources, de présenter de façon équilibrée et impartiale les points de vue des acteurs en présence, et savoir, quand il le faut, penser contre lui-même.

Pour mener à bien les différents aspects de sa tâche, le journaliste a besoin de temps et d’indépendance. Sans que ce constat puisse servir d’excuse ou d’alibi, il est vrai qu’aujourd’hui l’exigence d’immédiateté imposée par Internet, les contraintes économiques des médias, leur concurrence acharnée, la pression des pouvoirs et les impatiences du public rendent ces biens – le temps et l’indépendance – de plus en plus rares.

La mise en œuvre d’une méthodologie rigoureuse pour tendre vers l’objectivité s’insère dans le cadre plus large de l’exigence déontologique : le journaliste utilise la liberté d’expression pour satisfaire le droit du citoyen à l’information ; les informations qu’il publie doivent l’être dans un esprit d’équité et de responsabilité, en respectant les devoirs définis par les chartes professionnelles.

Cette exigence implique aussi que le journaliste évite de « surfer » sur les préjugés et les clichés à la mode, de préférer le brillant de la forme à la solidité de l’information, ou encore de mélanger son point de vue avec la présentation des faits, de mettre en avant sa personne plutôt que l’événement.

C’est à ce prix que la recherche de l’objectivité doit permettre de s’approcher au plus près d’une restitution fidèle de la réalité et, au-delà, d’exprimer la vérité. »

> Médaillon de Une : Patrick Eveno, président de l’ODI.

Les religions sont-elles mal traitées par les médias ?

Colloque du 7 novembre 2014 à Paris. De gauche à droite : Naser Ahmed Shahid, représentatnt de la communauté musulmane Ahmadiyya, Frédéric Grossmannn, directeur des éditions Les trois génies, François Jacquot, avocat.

Colloque “Traitement du fait religieux dans les médias et l’édition” (Paris, 7 novembre 2014).
De gauche à droite : Naser Ahmed Shahid, de la communauté musulmane Ahmadiyya, Frédéric Grossmannn, directeur des éditions “Les trois génies”, François Jacquot, avocat.

Comme l’ont souligné plusieurs intervenants, le traitement des religions n’échappe pas aux travers des médias qui ont tendance à privilégier l’actualité – de préférence dramatique ou spectaculaire – plutôt que de donner à voir le monde qui se construit. Et à privilégier l’anecdotique au traitement de fond. Si les producteurs de tomates, pour reprendre un exemple cité, peuvent s’estimer tout autant exclus ou maltraités par les médias, les religions ne sont-elles pas encore plus pénalisées ?

Les questions religieuses plus mal traitées que les autres

Plusieurs exemples développés au cours du colloque montrent que c’est bien le cas pour certains groupes religieux ou apparentés. Ainsi, les francs-maçons sont-ils victimes d’une image stéréotypée qui se reproduit périodiquement dans la presse magazine, devenant un de ses marronniers préférés. Jean-Luc Maxence, « franc-maçon pratiquant » à la Grande loge de France depuis 1996, a déroulé avec beaucoup d’humour un échantillon de titres racoleurs et dénoncé la maltraitance permanente du fait maçonnique. Tout en reconnaissant que la maçonnerie aurait besoin de balayer devant sa porte, elle qui interdit de parler des minorités religieuses en son sein.

Quelques « unes » de l’Express sur les francs-maçons :

Couverture de L'Express en 2008

Couverture de L’Express en 2008

  • Les secrets de l’initiation et les confidences de Roland Dumas, Alain Bauer et Gérard Collomb
  • L’Elysée, la droite et les francs-maçons
  • Guerre ouverte chez les francs-maçons
  • La dérive d’un grand Maître
  • La face cachée d’Eric Besson
  • Les combines des francs-maçons
  • Les francs-maçons et le pouvoir
  • Francs-maçons et  nouveaux réseaux
  • Francs-maçons, la main invisible
  • Francs-maçons, le grand retour

Les minorités spirituelles ne sont le plus souvent traitées par les médias que pour démontrer leur malfaisance. Comme l’a clairement exposé François Jacquot, l’avocat du Dr Guéniot, TF1 a joué un rôle clef dans la condamnation de son client, membre du mouvement du Graal et accusé de la mort d’une de ses patientes. Il a finalement été acquitté en appel et réhabilité par des juges épris de vérité. Le magazine de TF1, Le droit de savoir, consacré à l’affaire Guéniot, très partial, a été à l’origine de l’enquête pénale et a été rediffusé quelques jours avant les procès en première instance et en appel. Par ailleurs, Antoine Guélaud, journaliste à TF1, est revenu sur l’affaire de manière trompeuse dans un livre à la mémoire d’Evelyne Marsaleix, la patiente décédée (Ils ne m´ont pas sauvé la vie).

De gauche à droite, Jean-Lux Maxence, poète, écrivain et éditeur et Jean-Luc Martin-Lagardette, ancien rédacteur en chef d'Ouvertures

De gauche à droite, Jean-Lux Maxence, poète, écrivain et éditeur et Jean-Luc Martin-Lagardette, ancien rédacteur en chef d’Ouvertures

Jean-Luc Martin-Lagardette, ancien rédacteur en chef d’Ouvertures, a de son côté donné des exemples où les médias ont péché par omission. Aucun média français n’a par exemple rapporté l’échec essuyé par la délégation française au Conseil de l’Europe à exporter son modèle antisecte, ni le refus d’EELV (Europe Écologie Les Verts) d’approuver le rapport d’une commission d’enquête parlementaire sur « l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé ».

Il a réaffirmé la nécessité d’avoir en France comme dans d’autres pays une instance chargée de veiller à la bonne application de la déontologie journalistique.

Quand la raison verse dans l’irrationnel

Pourquoi un tel rejet ? Comment des dérives sectaires isolées et en nombre limité ont-elles pu susciter l’opprobre unanime de la société sur des mouvements sortant des croyances ou des pratiques admises ? Pourquoi une telle unanimité ? Pour l’éditeur Yves Michel, il s’agit d’un phénomène de bouc émissaire, de défoulement collectif, et sans doute également d’un réflexe de défense d’une société fondée sur le consumérisme. Pour Thierry Valle de CapLC (Coordination des associations & particuliers pour la liberté de conscience), les massacres de membres de l’Ordre du temple solaire (OTS) constitueraient le péché originel des sectes, dont la plupart n’ont pourtant rien à voir avec l’OTS. Ces massacres auraient selon lui fortement marqué l’inconscient collectif et entaché l’image de tout groupe minoritaire affichant des croyances hors normes.

> On pourra juste regretter que le colloque soit resté trop fidèle à son intitulé en se limitant au « fait religieux ». Il a en effet surtout abordé la question de la marche des institutions religieuses ou des groupes constitués, au détriment du foisonnement des spiritualités – de nature essentiellement individuelle –  dont les médias ne parlent pas. Et il n’a abordé que très succinctement le traitement par les médias des croyances et des messages véhiculés par les religions.

>> Les textes de quelques interventions :

>> Cette manifestation était parrainée par Emile Poulat, absent malheureusement pour cause de maladie (il est décédé peu après), et Ouvertures.

Le Pr. Luc Montagnier a-t-il retrouvé la mémoire de l’eau ?

L'eau peut-elle enregistrer des ondes électromagnétiques et en garder la mémoire ?

L’eau peut-elle enregistrer des ondes électromagnétiques et en garder la mémoire ? Crédit photo étoiles filantes

L’expérience que Christian Manil et Laurent Lichtenstein nous font suivre pas à pas dans leur film On a retrouvé la mémoire de l’eau remet en cause, par ses résultats étonnants, plusieurs théories scientifiques. Si ceux-ci étaient confirmés, c’est à un véritable changement de paradigme que la biologie serait confrontée. Le vivant ne serait plus seulement régi par des réactions chimiques, mais aussi par des signaux électromagnétiques porteurs d’information. Est-ce pour cela qu’elle n’a pas encore été publiée dans une revue scientifique ? Ou du moins pas ses derniers développements ? Car le Pr. Montagnier a bien déjà publié trois articles relatifs à ses expériences, mais dans aucun d’eux ne figure l’aspect le plus spectaculaire de l’expérience du film : la régénération d’ADN à partir d’eau pure mystérieusement « informée » par des signaux électromagnétiques numérisés et  transmis par email à un laboratoire italien. Expérience que le professeur qualifie de « transduction ».

Les publications du Pr. Luc Montagnier
Les travaux de Luc Montagnier dans le domaine de la mémoire de l’eau ne datent pas d’hier. Il en a dévoilé les grandes lignes en 2007 lors d’une conférence à Lugano et publié les résultats en 2009 et 2010 dans trois articles :

  • (1) Electromagnetic signals are produced by aqueous nanostructures derived from bacterial DNA sequences, 2009
  • (2) Electromagnetic detection of HIV DNA in the blood of AIDS patients treated by antiretroviral therapy, 2009
  • (3) DNA waves and water, 2010

Interdisciplinary_sciencesLes deux premiers ont été publiés dans Interdisciplinary Sciences: Computational Life Sciences, une revue à comité de lecture (dont Luc Montagnier fait partie). Son rédacteur en chef est le Pr. Dongqing Wei de l’université Jiatong de Shanghai, qui a accueilli son collègue français en 2010 pour lui permettre de poursuivre ses travaux.
Le troisième a été publié dans le Journal of Physics (Conference series) après sa présentation au 5th International Workshop DICE2010.
Mais plus rien n’a été publié depuis 2010, malgré l’avancée décisive dévoilée par le film.

Les travaux du Pr Montagnier ne laissent pas indifférents. Mais qu’ils les dénigrent ou les portent au pinacle, peu nombreux sont les commentateurs qui  prennent la peine d’analyser la qualité du travail scientifique. C’est toutefois ce qu’a fait ce blogueur scientifique qui a l’habitude de manier le stylo rouge et porte un jugement extrêmement critique et argumenté sur les articles et les travaux qu’ils rapportent. Et comme d’autres, il s’étonne que le processus d’acceptation d’un article aussi lourd de conséquences théoriques ait pris aussi peu de temps. L’article (1) a en effet été reçu le 3 janvier 2009, révisé le 5 et validé le 6 !

Pour ceux qui n’ont pas vu le film, reprenons le fil de l’expérience. Elle se déroule en deux phases.

La première a lieu à Jouy-en-Josas, dans les locaux de Nanectis, la société fondée par Luc Montagnier en 2006. Elle est menée par Jamal Aïssa, cosignataire des trois articles évoqués ci-dessus et ancien collaborateur de Benveniste. Un de ceux dont la présence s’était révélée constituer un élément clé du succès des expériences réalisées alors.

Phase 1 : « enregistrement » de l’ADN

Dans cette première phase, il s’agit de préparer les échantillons, de détecter puis d’enregistrer leurs émissions électromagnétiques.

Le capteur utilisé pour enregistrer les signaux électromagnétiques des échantillons. Cliquer sur l'image pour voir un court extrait du film On a retrouvé la mémoire de l'eau.

Le capteur utilisé pour enregistrer les signaux électromagnétiques des échantillons. Cliquer sur l’image pour visionner un court extrait du film On a retrouvé la mémoire de l’eau.

Un fragment d’ADN de VIH, le virus du sida, est mis en solution dans de l’eau, à la concentration de 2 ng/ml. Cette solution mère, après avoir été filtrée [1], est l’objet de 10 dilutions successives au 1/10 dans de l’eau stérile. A chaque étape, comme dans les expériences de Benveniste, les tubes contenant les dilutions sont agités pendant 15 secondes. A ces 10 tubes sont adjoints 10 tubes témoins ne contenant que de l’eau pure stérile, et les 20 tubes sont codés par un membre de l’équipe de tournage, de manière à ce que l’opérateur ne connaisse pas le contenu des tubes pour la suite de l’expérience. Car c’est lui qui va alors placer l’un après l’autre les 20 tubes sur un capteur d’ondes électromagnétiques mis au point par Benveniste et déterminer lesquels ont émis un signal significatif.

Résultat : seuls les tubes D6 et D7 (6e et 7e étape de dilution) ont émis un signal. Les autres dilutions et les tubes témoins sont restés muets.

Phase 2 : synthèse de l’ADN à distance

Le signal numérisé d’un des tubes ayant donné un résultat positif est alors envoyé par email à l’équipe de Vittorio Colantuani, professeur de biologie moléculaire à l’université de Sannio Benevento en Italie. Avec Giuseppe Vitiello, professeur de physique à l’université de Salerne, ils vont exposer pendant une heure un tube d’eau pure à un rayonnement électromagnétique reconstitué à partir du fichier numérique reçu de la banlieue parisienne.

Le Hortus Conclusus de Benevento invite à s'engager sur le chemin de la mémoire

Le Hortus Conclusus (jardin clos) de Benevento (Italie) invite à s’engager sur le chemin de la mémoire. Crédit photo Wikipedia

Ce faisant, les chercheurs s’attendent à ce que se reconstituent dans l’eau italienne les empreintes laissées par l’ADN viral dans l’eau française. Empreintes qu’ils attribuent à des nanostructures formées de molécules d’eau, les nanéons, et émettrices de rayonnements électromagnétiques à basse fréquence.

Ils ont fait le pari fou que ces empreintes restaient porteuses du code génétique de l’ADN de départ et étaient capables de le régénérer. Pour le vérifier, ils font appel à la PCR, une méthode communément utilisée pour amplifier des traces d’ADN et particulièrement utilisée en criminologie.

Qu’est-ce que la PCR ?
La PCR, abréviation anglaise de polymerase chain reaction (réaction en chaîne par polymérase), a révolutionné la génétique. Elle permet de dupliquer en grand nombre une séquence d’ADN à partir d’une très faible quantité. Une molécule suffit. Inventée à la fin des années 80, elle permet aujourd’hui de réaliser plus d’un milliard de copies en moins d’une heure.

Comme expliqué dans cette animation, la PCR met en présence les traces d’ADN ou de fragments d’ADN avec plusieurs types d’ingrédients :

  • une polymérase, enzyme qui catalyse la réaction de synthèse de l’ADN
  • des nucléotides, briques élémentaires à partir desquelles l’ADN va être assemblé
  • deux amorces (primers), courtes séquences d’ADN qui servent d’accroche pour démarrer la synthèse de l’ADN

Résultat : non seulement la PCR produit de l’ADN, preuve qu’il y a bien dans l’eau pure quelque chose à copier, mais l’ADN produit est identique à 98% à l’ADN d’origine resté à Jouy-en-Josas. La transduction a marché !

 Que penser de cette expérience et de ses résultats ?

Comme le souligne avec humour Happyseal dans le forum de l’émission sur le site de France 5, ces résultats sont très improbables : « Pour faire cela, il faut que la cible [l’ADN à multiplier par la PCR] soit physiquement présente. Les “informations” apportées par les enregistrements ne peuvent se traduire en cible, pas plus qu’en trempant une recette imprimée dans une casserole, on va produire des spaghetti à la Bolognaise. » Y aurait-il une autre explication plus triviale ?

Dans une revue critique des premiers travaux du Pr Montagnier, le professeur Alain de Weck avait souligné les risques importants de contamination dans ce genre d’expériences, alors qu’une seule molécule suffit à fausser les résultats. En échangeant des fichiers numériques, les chercheurs se sont mis à l’abri de toute contamination chimique ou biologique. On ne peut bien sûr exclure une contamination au sein du laboratoire italien. Même si le Pr Montagnier affirme qu’il utilise de multiples témoins, et qu’ « ils sont toujours négatifs à chaque expérience », il laisse planer un doute en disant que « les tubes d’eau contrôles négatifs peuvent être influencés par des tubes positifs proches et aussi par les “antennes” humaines ». Il reconnaît ainsi que certains témoins d’eau pure ont pu être positifs. Mais en cherchant à exclure une contamination biologique et en invoquant une contamination électromagnétique qui supposerait que sa théorie soit établie, il  recourt à un raisonnement circulaire !

Les réponses du Pr. Montagnier aux questions d’Ouvertures : Le Pr. Luc Montagnier explique son expérience de reproduction de l’ADN à distance

Luc_Montagnier_2008_140x140“C’est à nos collègues physiciens et chimistes que nous demandons de trouver l’explication : il est déjà connu que l’eau liquide peut changer de conformation sous l’effet de champs magnétiques, que dans l’ADN d’autre part existent des mouvements d’électrons à grande distance, notamment après son oxydation. C’est une énigme qui va sans doute être résolue un jour, à condition bien sûr qu’on ne commence pas par nier le phénomène !”

A contrario, si l’ADN détecté provient d’une contamination, comment expliquer que ce soit le même que l’ADN recherché ?

Nous avons contacté Freddy B., un chercheur en biologie moléculaire qui a participé activement au forum de l’émission. Celui-ci nous dit que le fragment d’ADN du virus HIV utilisé par le Pr. Montagnier, un LTR [2], est « aussi présent sous forme de multiples copies chez de nombreux autres organismes. Chez l’humain les LTR sont par exemple présents dans les rétrotransposons qui représentent à peu près la moitié de notre génome. »

Sur le bureau du Pr. Montagnier à Paris, l'analyse génétique du fragment d’ADN identifié par le laboratoire italien

Sur le bureau du Pr. Montagnier à Paris, l’analyse génétique du fragment d’ADN identifié par le laboratoire italien.

Mais il a cherché à en savoir plus. A partir des résultats d’analyse du code génétique du fragment d’ADN identifié par le laboratoire italien, il affirme que la « séquence correspond très probablement à un LTR de HIV ». Il ajoute que « cependant, une contamination est toujours possible. En effet, le labo italien a sûrement déjà manipulé l’ADN HIV pour l’utiliser comme témoin positif et il est possible qu’il en reste des traces sur la paillasse, les pipettes ou encore dans l’air sous forme d’aérosol. » Pour en avoir le cœur net, il suggère de remplacer un seul nucléotide au milieu d’un ADN qui produit des signaux, puis de voir si cette mutation est détectée en Italie. Le Pr. Montagnier réplique en disant que le laboratoire italien a été choisi parce qu’il n’avait jamais manipulé de HIV.

Les observateurs attentifs auront noté l’aveu tout sourire du Pr Vitiello :  « Vous avez de la chance, car ça ne marche pas aussi bien à tous les coups ! ». Ainsi Montagnier semble être retombé dans les  mêmes problèmes inextricables que Benveniste. Tout marchait bien tant que Jamal Aïssa ou quelqu’un du laboratoire était aux commandes. Mais dès qu’un tiers intervenait, les résultats devenaient difficiles à reproduire. Dans une série d’expériences assez similaire à celle du film (relatée dans (3)), Montagnier indique qu’il a répété l’expérience 12 fois et que toutes ont réussi !

Structure 3D de la molécule d'ADN. Crédit : Wikipedia

Structure 3D de la molécule d’ADN. Crédit : Wikipedia

Bien que n’enlevant rien à la performance d’avoir fait réapparaître en Italie l’ADN de départ, des incohérences entachent la phase 1.

Le Pr Montagnier déclare en effet dans le film qu’à ces dilutions, il n’y a plus d’ADN : « On a des dilutions telles qu’il n’y a vraiment – probablement – plus de molécules d’ADN et que c’est simplement les structures de l’eau qui émettent ». Or un calcul basé sur ses propres données (et dont il nous a confirmé la justesse) indique qu’à la première dilution qui marche (10-6 – qui correspond à 3CH en homéopathie), il y aurait encore environ 17 000 molécules d’ADN en solution (voir détails en annexe).

Mais disant cela, il semble oublier que l’ADN a été enlevé par l’étape préalable de filtration de la solution mère, censée arrêter l’ADN mais laisser passer les hypothétiques nanostructures de l’eau.  Les dilutions successives n’auraient alors pas pour objet de faire disparaître l’ADN, déjà éliminé par le filtre, mais les nanostructures. On se perd alors en conjectures : si, comme une patte de loup dans la neige, chaque ADN laisse une empreinte dans l’eau, pourquoi des signaux électromagnétiques sont-ils détectés à 10-9 ou 10-12 quand il n’y a plus rien, ni ADN, ni nanostructures (voir les réponses du Pr. Montagnier à nos questions) ?

Luc Montagnier est un médecin qui cherche de nouveaux moyens de guérir. Il est persuadé que derrière le Sida et d’autres maladies non microbiennes comme l’autisme se cachent des infections difficiles à détecter. En travaillant sur une classe d’agents infectieux, les mycoplasmes, il s’est aperçu que ceux-ci semblaient réapparaître dans des cultures stérilisées par filtration ultrafine (1). Il a alors fait l’hypothèse que le filtre qui retenait les mycoplasmes laissait passer des nanostructures gardant la mémoire de l’ADN de ces mycoplasmes dans l’eau. L’expérience du film semble effectivement étayer cette hypothèse. Mais en réponse à nos questions, il est moins affirmatif : « je ne proclame pas aujourd’hui que tout l’ADN d’un mycoplasme (400.000 paires de base au minimum) puisse être transmis en petits fragments par l’eau et reconstitué ! ». Le mystère reste donc entier.

Alors, réalité ou chimère ?

On ne peut, comme le souligne le principal intéressé, balayer des résultats scientifiques, même s’ils paraissent extravagants. La démarche expérimentale présente certes des faiblesses, mais il n’en demeure pas moins que de l’ADN identique à 98% à l’ADN de départ a été retrouvé par le laboratoire italien, alors qu’il n’y a pas eu d’échange d’échantillons et donc pas de contamination possible entre laboratoires.  Il faut maintenant attendre la publication scientifique promise par le Pr. Montagnier, en espérant qu’elle sera soumise à un processus de revue par les pairs digne de ce nom. Mais celui-ci trouvera-t-il dans la communauté scientifique des chercheurs qui acceptent de mêler leur nom à cette sulfureuse saga ?

[1] L’étape de filtration, bien qu’essentielle, n’est pas montrée dans le film, mais a bien eu lieu, ce que confirment séparément le Pr. Montagnier et Laurent Lichtenstein, l’un des réalisateurs du film. Le filtre, avec une porosité de 20 nm, est censé arrêter les fragments d’ADN.

[2] Un LTR (Long terminal repeat) est une séquence nucléotidique caractéristique des extrémités des rétrovirus et des rétrotransposons.

Le Pr Montagnier reste sourd aux interpellations de deux biochimistes sur ses expériences sur la mémoire de l’eau

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– Ouvertures.- Les résultats qui sont révélés dans le film ont-ils été publiés ? Si non, pourquoi ?

Le Pr. Luc Montagnier, colauréat du prix Nobel de médecine 2008 pour la découverte du virus du Sida. Source : Wikipedia

Le Pr. Luc Montagnier, colauréat du prix Nobel de médecine 2008 pour la découverte du virus du Sida. Source : Wikipedia

– Pr. Luc Montagnier.- Les résultats ont été publiés en grande partie (voir le 1er encadré de notre article Le Pr. Luc Montagnier a-t-il retrouvé la mémoire de l’eau ?) ou sont en cours de publication.

– Pourquoi l’étape de filtration a-t-elle été abandonnée alors qu’elle était jugée essentielle dans les protocoles publiés en 2009 ?

– L’étape de filtration est toujours essentielle et n’a pas été abandonnée. On ne la mentionne pas à chaque fois car elle fait partie de la routine.

– Vous déclarez dans le film qu’à ces dilutions, il n’y a plus d’ADN. Or un calcul  basé sur vos données indique qu’à la première dilution qui marche (10-6), il y aurait encore environ  17 000 molécules d’ADN en solution.

– Ce que vous dites sur la dilution 10-6 est exact, mais l’est moins quand on passe à 10-9 à 10-12, des dilutions également émettrices de signaux électromagnétiques. Mais certains travaux suggèrent que des entités moléculaires ou submoléculaires associées à des nanobulles ne suivent pas forcement les dilutions décimales.
Donc je n’insiste pas sur cet aspect de l’expérience, mais sur le fait qu’un tube d’eau “naïve” ayant reçu une information qui peut venir d’une dilution d’ADN où il y a encore de l’ADN ou bien où il n’y a plus d’ADN, a acquis l’information de l’ADN.

– Dans la phase 2 (en Italie), avez-vous réalisé une PCR (abréviation anglaise de polymerase chain reaction, réaction en chaîne par polymérase ; voir le 2e encadré de notre article Le Pr. Luc Montagnier a-t-il retrouvé la mémoire de l’eau ?) sur un témoin d’eau pure non informée ?

Dans notre laboratoire, après une longue mise au point de tous les détails, les expériences de transduction de l’ADN vers des tubes d’eau marchent toujours, avec des contrôles (eau “naïve” non exposée aux signaux) tous négatifs.

– Le Pr Vitiello déclare dans le film : « Vous avez de la chance, car ça ne marche pas aussi bien à tous les coups ! ». Quel est le taux de réussite ? N’êtes vous pas retombé dans les problèmes de reproductibilité qui ont empoisonné la vie de Jacques Benveniste ?

– Nos collègues italiens ont eu le courage d’accepter de répéter ces expériences dans les conditions de leur laboratoire qui étaient, surtout au début, légèrement différentes des nôtres et pas optimales : importance plus grande du bruit électromagnétique, nombre de personnes autour du manipulateur (tout le personnel du labo était curieux d’assister à ces expériences considérées comme extraordinaires), chaque personne étant une antenne pouvant interférer avec la transmission de signaux. Enfin, risque de contamination plus élevé dans les PCR.
Il faut aussi mentionner que les tubes d’eau contrôles négatifs peuvent être influencés par des tubes positifs proches et aussi par les “antennes” humaines. Nous savons aujourd’hui qu’il est impératif que le labo ne soit pas suroccupé par un grand nombre de personnes, afin qu’un ou deux manipulateurs puissent travailler dans le calme, que les dilutions soient faites en atmosphère stérile (hotte à flux laminaire de classe 100). Les fumeurs, même s’ils s’arrêtent de fumer dans le labo, ne sont pas non plus conseillés.

C’est probablement l’ambiance de “foire” qui existait dans le laboratoire de Jacques Benveniste quand on lui a imposé la présence d’un illusionniste et d’un groupe d’observateurs, qui a contribué à créer la confusion et l’échec de la répétition de ses expériences, sans oublier le mélange sans précaution de tubes positifs avec des tubes-témoin.

– Avez-vous une idée du mécanisme qui permettrait à la PCR de fonctionner sans ADN ?

Tout d’abord, nous devons nous incliner devant les faits, ces faits étant non reconnus par les négativistes qui parlent de simples contaminations de nos PCR. Nous avons pris d’extraordinaires précautions pour éviter ce risque qui est permanent et nos multiples témoins (eau non exposée, autres amorces, etc.) sont toujours négatifs à chaque expérience.
Devants ces faits, nous devons supposer que la polymérase de la bactérie thermophile utilisée dans la PCR, a la capacité de “lire” des structures de l’eau qui elles-mêmes ont gardé l’information de la séquence de l’ADN de départ.
Cette polymérase semble ne pas être la seule qui ait cette propriété, puisque nous la retrouvons dans des cellules humaines qui ont des polymérases bien différentes.
C’est à nos collègues physiciens et chimistes que nous demandons de trouver l’explication : il est déjà connu que l’eau liquide peut changer de conformation sous l’effet de champs magnétiques, que dans l’ADN d’autre part existent des mouvements d’électrons à grande distance, notamment après son oxydation. C’est une énigme qui va sans doute être résolue un jour, à condition bien sûr qu’on  ne commence pas par nier le phénomène !

Le génome de Mycoplasma genitalium serait l'un des plus petits au monde (hors-virus)

Le génome de Mycoplasma genitalium, l’un des plus petits au monde (hors-virus). Source Wikipedia

– Vous indiquez dans votre premier article qu’un filtrat stérile de mycoplasmes régénère ceux-ci au bout de 2 à 3 semaines. A supposer que l’information génétique soit effectivement présente dans les nanostructures de l’eau, les matériaux de construction des mycoplasmes sont-ils présents dans le milieu de culture ?
Dans la PCR réalisée en Italie, il y a des nucléotides, briques élémentaires de l’ADN. Pour refaire des mycoplasmes, c’est-à-dire la cellule complète, ne faut-il pas plus de composants qu’il n’y en a dans un milieu de culture ordinaire ?

– J’ai mentionné cette expérience dans nos premiers articles pour expliquer la démarche de chercheur qui m’a amené aux théories de J. Benveniste et à ses expériences de dilution. Mais je ne proclame pas aujourd’hui que tout l’ADN d’un mycoplasme (400 000 paires de base au minimum) puisse être transmis en petits fragments par l’eau et reconstitué ! Je rappelle cependant qu’il fallait des lymphocytes humains pour reconstituer le mycoplasme, l’eau n’était pas seule !

– Vous avez déclaré dans une conférence à Lugano en 2007 qu’il pourrait y avoir une mémoire de l’eau antérieure à la mémoire génétique. Comment est-ce compatible avec le fait que les nanostructures de l’eau ne sont pas stables au delà de quelques jours et sont sensibles à la chaleur et à la congélation ?

– L’eau dans certaines conditions peut former des structures hélicales. Si ces structures étaient relativement stables, elles pouvaient avoir un avantage sélectif considérable sur les constructions chimiques éphémères d’acides aminés ou des nucléotides. Elles ont pu donc être la première matrice à l’origine de structures hélicales stables d’acides aminés (protéine) ou de nucléotides (ARNs, puis ADNs).

– Qui est Jean-Luc Montagnier, rattaché à Nanectis, coauteur de votre première publication de 2009 ?

– C’est mon fils, ingénieur informaticien de haut niveau, qui a largement contribué à la publication de 2009, notamment pour l’amélioration des techniques de mesure des signaux électromagnétiques et le traitement du signal.

Lire aussi Le Pr. Luc Montagnier a-t-il retrouvé la mémoire de l’eau ?

Onde_150x150On ne peut balayer des résultats scientifiques, même s’ils paraissent extravagants. La démarche expérimentale présente certes des faiblesses, mais il n’en demeure pas moins que de l’ADN identique à 98% à l’ADN de départ a été retrouvé par le laboratoire italien, alors qu’il n’y a pas eu d’échange d’échantillons et donc pas de contamination possible entre laboratoires.