Ce fichu rêve… de simple fraternité

 

« (AFP, 7 octobre 2008) – à l’issue du conseil des ministres qu’il a réuni ce matin, le président de la République française Nicolas Sarkozy a déclaré « l’état de mobilisation nationale » pour éradiquer la pauvreté dans le pays d’ici 2015. Afin de « marquer dans les actes cette volonté politique », indique le communiqué publié à l’issue de la réunion, Martin Hirsch, actuel haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, a été nommé premier ministre. Une réforme de « tout le système d’aide sociale », baptisée « Tolérance 0 pauvre », va être engagée dans l’objectif « d’assurer à tout Français la jouissance des biens fondamentaux (considération, logement, nourriture, éducation, santé), condition essentielle de sa dignité ».

Une loi sur la « reconnaissance sociale et politique » des pauvres permettra notamment d’organiser leur représentation dans les institutions et, d’abord, dans les premières d’entre elles, l’Assemblée nationale et le Sénat. Un groupe de travail se réunira dès la semaine prochaine pour étudier dans quelles instances cette représentation devra être installée. D’ores et déjà, le président de la République a indiqué qu’il souhaitait que le Conseil constitutionnel et Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) accueillent des pauvres en leur sein.

« Il faut changer l’image du pauvre dans la société : ce n’est pas un criminel ni un profiteur. Les aides publiques octroyées aux médias dépendront désormais des efforts qu’ils feront pour mieux intégrer la parole des pauvres dans l’actualité et les divertissements », a précisé le chef de l’état.

Enfin, une loi de finances rectificative sera votée avant la fin de l’année pour accompagner cette nouvelle politique, originale dans sa forme comme dans ses moyens. »

Réveillez-moi, chers lecteurs, je faisais encore ce fichu rêve… de simple fraternité.

 J.-L. M.-L

 >> Voir notre enquête participative Ouvertures/Agoravox sur la pauvreté.

Pour changer les pratiques alimentaires

Le Cempama, centre de formation et d’expérimentations pédagogiques de l’enseignement agricole, intégré à l’Agrocampus de Rennes, met en place des actions de formation et de recherche au sein des établissements agricoles, pour une meilleure prise en compte du développement durable dans les pratiques alimentaires.

L’alimentation représente environ 30 % de l’empreinte écologique (voir encadré) d’un Français. Avec plus de 3,7 milliards de repas servis chaque année en France, la restauration collective est un acteur-clé pour offrir un régime sain pour soi et pour la planète. L’équipe « Vers des systèmes alimentaires durables » a lancé le projet Repas-RC (Repères pour l’évolution des pratiques alimentaires en restauration collective).

Les acteurs de la restauration collective (cuisiniers, gestionnaires, chefs d’établissements) ont ainsi reçu un outil de suivi environnemental pour comprendre les enjeux de la durabilité alimentaire, évaluer les priorités et les alternatives, et suivre les changements mis en oeuvre.

Une phase expérimentale a démarré en 2007 au sein de l’équipe de restauration collective du Lycée agricole de Merdrignac (Côtes d’Armor) qui réunit sur un même site formation et production horticole. Elle a conduit au calcul de l’empreinte écologique brute des matières premières utilisées pour les repas, à l’évaluation de l’empreinte écologique liée au transport des aliments et à la simulation de plusieurs scénarios de repas.

Moins de protéines animales, plus de produits locaux

L’étude a permis d’évaluer la part en empreinte écologique des aliments composants un menu-type, et de quantifier notamment le poids déterminant de la viande et du poisson : ceux-ci représentent moins de 20 % des aliments consommés (en poids), mais contribuent à plus de 70 % à l’empreinte écologique du repas. Les calculs ont aussi montré l’intérêt d’un approvisionnement local et de saison pour réduire de façon drastique l’empreinte écologique due au transport. Et qu’un repas contenant moins de protéines animales et plus de produits locaux peut être, à budget égal, à la fois plus sain et plus écologique.

L’outil « Repas-RC » est progressivement testé dans d’autres restaurations collectives. A l’horizon 2009, il devrait être mis en ligne sur Internet.

Le projet a reçu l’appui de partenaires scientifiques (Agrocampus de Rennes, Angenius), financiers (conseil régional Bretagne, ministère de l’agriculture) et locaux (Maison de l’agriculture biologique du Finistère, Civam, Réseau agriculture durable)
(Source : WWF)

L’empreinte écologique

Elle permet de traduire de manière facilement compréhensible l’impact d’activités humaines sur les écosystèmes et la planète. On calcule l´empreinte d´un objet (un ordinateur, une voiture, un meuble, un produit agricole) en considérant la surface moyenne liée aux ressources nécessaires à l´extraction et au transport des matériaux, à sa fabrication, son fonctionnement et son élimination. Elle donne une mesure quantifiée des impacts des différentes activités de production.

Exemples : la moyenne mondiale de l´empreinte écologique est de 2,5 ha par personne. Un Européen a besoin de 5 ha pour maintenir son niveau de vie. Si tout le monde consommait autant qu´un Européen, il faudrait l’équivalent de deux planètes supplémentaires. Un Américain du Nord a besoin du double d´un Européen pour maintenir son niveau de vie. Si tout le monde consommait comme un Américain, il faudrait cinq planètes supplémentaires.
(Source : wikipédia)

La médecine traditionnelle s’organise

En Afrique, l’institutionnalisation de la médecine traditionnelle progresse à petits pas. Le 31 août dernier, la Journée africaine sur ce thème a réuni experts et autorités pour trouver les voies d’une meilleure intégration des leaders communautaires, guérisseurs et psychiatres traditionnels dans le système conventionnel.

 

Les ministres de la santé de 47 États africains et les experts ont réfléchi sur les façons d´intégrer des tradipraticiens dans le système sanitaire des États membres de l´Union africaine. Réunis le 31 août dernier à Yaoundé (Cameroun) dans le cadre de la 6e Journée africaine de la médecine traditionnelle, ils ont évalué le degré d´avancement de la décennie africaine de la médecine traditionnelle 2001-2011, adoptée en 2001 à Tripoli, en Libye.

L´Afrique, notamment, veut se doter d´un répertoire de la médecine traditionnelle pour sauvegarder et valoriser les connaissances dans ce domaine. Les experts de la santé ont appelé à la collecte systématique et au traitement rigoureux de ces savoirs informels du patrimoine africain.

Selon le directeur régional de l´OMS pour l´Afrique, le docteur Luis Sambo, l´Afrique ne pourra réussir à améliorer la santé de ses populations si la médecine traditionnelle n´est pas prise en compte dans les soins de santé primaires. Il a invité les pays africains à poursuivre le programme d´institutionnalisation de la médecine traditionnelle avec l´aide de l´OMS.

Si 75% des pays de la région africaine ont élaboré et mis en œuvre une politique nationale de médecine traditionnelle, beaucoup reste encore à faire pour une reconnaissance de ces pratiques.

Les tradipraticiens gabonais, par exemple, demandent la mise en place d’un conseil national de l’ordre des médecins traditionnels, l’introduction de l’enseignement de la médecine traditionnelle dans les programmes pédagogiques et l’appui logistique aux États pour l’intégration de la médecine traditionnelle. Une commission de rédaction des textes organiques pour la régularisation de l’exercice de la médecine traditionnelle en République gabonaise a d’ailleurs été mise en place en 2006 par le gouvernement.

Au Sénégal, un projet de loi portant réglementation de la médecine traditionnelle se trouve actuellement sur la table du Conseil d’État. Le ministère de la santé a annoncé la tenue d’un conseil interministériel pour l’adoption d’une véritable politique liée à cette pratique, la création d’un bureau au ministère de la santé et de la prévention.

Dans ce pays, l’ONG Enda Santé plantes médicinales compte intégrer les tradithérapeutes et les agents de santé communautaires de la zone dans les centres de soins de santé primaires « pour une meilleure efficacité dans leurs interventions ». Une expérimentation est en cours dans le cadre d´un projet (projet Fontilles) destiné aux tradithérapeutes et agents de santé communautaires de Richard-Toll et Podor.

Il faut des protocoles d’essai adaptés

Pour Manto Tshabalala-Msimang, ministre sud-africaine de la santé et présidente de la Conférence africaine des ministres de la santé, la pharmacopée traditionnelle employée par les guérisseurs africains ne doit pas être soumise aux essais cliniques à l’occidentale, qui ne feraient qu’« embourber » son développement. Elle n’est pas opposée par principe aux essais cliniques mais souhaite des « protocoles adaptés » à une pharmacopée « utilisée par les guérisseurs traditionnels parfois depuis des milliers d’années ». Elle met également en garde contre « les charlatans qui nuisent à l’image » de la médecine traditionnelle, « qui font toutes sortes de promesses irréalisables à des gens désespérés ». Le groupe de travail doit rendre ses conclusions au gouvernement en mars.

Selon la ministre, les défis actuels concernent la propriété intellectuelle des produits de la médecine traditionnelle et l´introduction de modules adaptés dans les programmes scolaires et universitaires.
L’OMS  va organiser un congrès sur la médecine traditionnelle en novembre 2008 à Pékin (Chine). Objectif : réexaminer le rôle de la médecine traditionnelle dans la prestation des soins de santé conformément à l’approche des soins de santé primaires.

>> Les savoirs conventionnels rejoignent parfois les savoirs traditionnels. Ainsi les tradipraticiens gabonais ont insisté sur le rôle de « l’alimentation saine dans les soins de santé primaire », soulignant « l’impact d’une alimentation de qualité dans le renforcement du système immunitaire et la résistance aux infections ». « Il faut consommer beaucoup de fruits, beaucoup de légumes et moins de viande », a conseillé Le Dr Pierre Allogo.

Un message que les études scientifiques occidentales confirment aujourd’hui à 100 %….

(Sources : Gabonews, panapresse.com, lequotidien.sn, sudonline.sn, Sapa, Xinhua)

>> Voir également notre dossier Médecines traditionnelles : le réveil des sorciers (Ouvertures n° 1).

L’anthroposophie défend ses pratiques devant l’Europe

Le mouvement anthroposophique publie une pétition pour recueillir un million de signatures. Objectif : peser sur l’Union européenne pour qu’elle ne lamine pas ses démarches “différentes” comme l’agriculture et les produits biodynamiques ou l’enseignement des écoles Waldorf. Cette initiative citoyenne devrait intéresser toutes les approches originales respectueuses du vivant, comme l’homéopathie ou l’agriculture biologique.


Préparation de camomille matricaire
en agriculture biodynamique.
Liée au métabolisme du calcium,
elle régularise les processus
de l´azote dans les compostages.
Source : Biodynamie Service.

L’évolution des législations européennes menace l’existence des contributions originales issues de l’anthroposophie, mais pas seulement. En effet, elle passe de plus en plus du « ce qui n’est pas interdit est permis » à « ce qui n’est pas expressément permis est interdit ».

Cela change tout ! Car, désormais, seuls les producteurs ou les acteurs (publics et privés) bien représentés auprès de la Commission ont droit de cité. Ce qui risque d’écarter nombre de groupes et d’intérêts peu ou pas reconnus par les instances nationales. Mais dont l’action peut être bénéfique à la société.

Deux exemples :

  • Les médicaments spécifiquement anthroposophiques qui ne relèvent pas des catégories reconnues par les directives sur les médicaments risquent à terme de disparaître.
  • Demeter International a perdu le droit de diffusion sous sa marque d’aliments pour nourrissons (directive UE 96/5/EG), le cahier des charges Demeter n’autorisant pas l’ajout de vitamines artificielles, alors que cette directive UE l’exige.

De même, on se souvient du tollé soulevé par la répression mise en oeuvre par les pouvoirs publics français contre le purin d´ortie….

Les organisations internationales anthroposophiques (producteurs pharmaceutiques, thérapeutes, pédagogie Waldorf, patients, consommateurs de produits biodynamiques, médecins ainsi que Demeter International) se sont regroupées en une Alliance européenne d’initiatives issues de l’anthroposophie, Eliant. Objectif : réclamer des cadres législatifs pour que « les innovations anthroposophiques dans tous les domaines puissent survivre et continuer à jouer leur rôle dans la civilisation. L’anthroposophie et les initiatives qui en sont issues sont au centre de la tradition européenne de dignité humaine, de développement individuel et de liberté de choix dans une société multiforme ».

Les initiateurs de la démarche souhaitent que soit créé un cadre juridique permettant à l´anthroposophie de se développer comme en Suisse et en Hollande. En 2004, l´Allemagne a été victime d’un recul dans le domaine de la médecine et des médicaments en raison de la législation européenne. Elle pourrait, et d’autres pays avec elle, retrouver de meilleures perspectives grâce à une réglementation européenne plus favorable.

Le soutien de Jean-Marie Pelt et Pierre Rabhi

Les initiatives issues de l’anthroposophie sont mises en œuvre dans de nombreux pays d’Europe. En France, un comité de soutien a été instauré en juillet 2007 pour soutenir Eliant, l’anthroposophie ayant eu à se défendre d’accusations calomnieuses de sectarisme.

Y figurent notamment Jean-Marie Pelt, président de l’Institut européen d’écologie et professeur  à l’université de Metz ; Pierre Rabhi, écologiste, écrivain ; Albert Jacquard, scientifique, essayiste et généticien ; Lylian Le Goff, médecin, auteur et formateur, etc.

Interrogé par Christina Nidecker, responsable de l’action Eliant en France, le 15 juin 2008, J.-M. Pelt a déclaré : «L’anthroposophie s’inscrit dans ce courant de pensée remontant à Goethe et qui est un courant de pensée holistique qui envisage les choses dans leur totalité et non en les segmentant. Il n’a pas d’équivalent en France. Dans ce courant on a un rapport très fort avec la nature. L’évangile dit “on juge l’arbre à ses fruits”.  Pour moi, les fruits sont indéniables, parmi lesquels la médecine d’orientation anthroposophique (à laquelle j’ai eu  recours plusieurs fois avec des résultats positifs) et l’agriculture biodynamique, qui est en quelque sorte un échelon au-dessus de l’agriculture biologique et qui donne des produits de grande qualité.

Il est certain que la vision spirituelle arrache à un matérialisme trop étroit, étouffant, caractérisé par la recherche du superflu, par le gaspillage des ressources de la terre. Dès lors qu’un courant spirituel n’est pas sectaire – et l’anthroposophie ne l’est pas du tout car elle donne une grande place au libre arbitre, – ce courant spirituel est recevable».

Nature et Progrès et Biocontact accompagnent également le mouvement.

Cancer : une politique bien en deçà des besoins

La Cour des comptes a publié son analyse du Plan cancer français, qui a donné naissance à l’Institut national du cancer (INCa). Les moyens et les méthodes ne sont pas à la hauteur de l’adversaire qui tue toujours près de 150 000 personnes par an.

Malgré de notables progrès, notamment thérapeutiques, près de 150 000 personnes(1) sont toujours terrassées chaque année en France par cette maladie. Plus d´un Français sur deux et plus d´une Française sur trois sont ou seront atteints d´un cancer. Quelque 1,5 million de patients sont pris en charge, et l´on compte environ 320 000 nouveaux cas par an. Les hommes français ont le taux de décès par cancer le plus élevé des pays de l’Union européenne. C´est devenu la première cause de mortalité, devant les maladies cardiovasculaires. En 25 ans (1980-2005), l’incidence du cancer a quasiment doublé chez l’homme (+93%) et fortement augmenté chez la femme (+84%).

La Cour des comptes a publié en juin 2008 son rapport consacré à la mise en œuvre du Plan Cancer dans la période 2003-2007 lancé par Jacques Chirac(2).

Si la première « déclaration de guerre mondiale contre le cancer » date de 1906, à la conférence internationale de Heidelberg et Francfort, cent ans plus tard, la guerre continue et le nombre des victimes s’accumule. Ce qui n’empêcha pas l’initiateur du plan d’exprimer devant la presse, en mars 2007, sa « fierté d´avoir contribué à avoir fait avancer ce magnifique combat pour la vie »

Certes, des « progrès importants » ont été réalisés, par exemple dans les domaines de la prévention, des droits des malades et de la recherche. Plus de 200 projets ont été financés et plus de 700 équipes de chercheurs sont actuellement au travail. Un peu plus d’une personne sur deux survit après traitement après cinq ans. Mais force est de reconnaître que les « défis » qui restent à affronter sont plus « immenses » que les progrès réalisés. Ni la société ni les pouvoirs publics n’ont réellement pris la mesure de cette tragédie qui engouffre des milliards d’euros. Sur les 140 milliards d’euros de dépenses annuelles de Sécurité sociale, 14 milliards d’euros (10 %) sont consacrés au cancer en coût direct et 17 milliards d’euros en coût indirect (coût potentiel des années de vie perdues).

Vivre avec ou combattre le cancer ?

Achevé à la fin de l´année 2007, le Plan Cancer – dont un tiers des mesures seulement a été réalisé et un autre tiers en partie seulement ou inégalement –  n´a pas de successeur. Cependant, plusieurs dispositions du plan « sont appelées à être pérennisées ou à porter leurs fruits au-delà de cette date ». L´INCa, dont la mise en place (chaotique) a été présentée comme une « mesure phare » du plan, doit poursuivre un certain nombre d´actions.

Il est malheureusement à craindre, au vu des défaillances pointées par la Cour des comptes dans la politique nationale de lutte contre le cancer, que le “crabe” ait encore de beaux jours devant lui.

Parmi les reproches exprimés par les magistrats de l’institution : les dépenses réelles ne sont pas connues ; la faiblesse des indicateurs et des tableaux de bord empêche de mesurer l’apport précis du plan (« ce qui interdit de fait une connaissance véritable de la qualité des soins actuellement dispensés aux patients ») ; l’INCa [pourtant chargé de la coordination des actions dans ce domaine] n’a toujours pas de contrat avec l’État ; le peu de transparence des comptes de l’INCa envers le grand public et les professionnels ; l’absence d’un dispositif de suivi et d’évaluation du plan ; l’absence d’un système de surveillance des cancers professionnels (« L’État n’a pas tiré les leçons de l’amiante ») ; la faiblesse des registres du cancer (qui empêche une bonne connaissance de la réalité) ; l’infime part accordée à la prévention (malgré le fait que le cancer soit connu comme maladie fortement évitable, l’essentiel de l’effort est porté sur le traitement et la recherche) ; le gaspillage de la ligne téléphonique “Cancer info service” (10 M€ en trois ans) ; l’inefficacité du plan face à l’alcool ; etc.

Ne serait-il pas temps de réfléchir plus en profondeur sur les modalités et les objectifs de cette politique qui sert en fait, essentiellement, à aider à vivre mieux avec le cancer (avec des avancées réelles en terme de thérapie et d’accompagnement) qu’à le combattre ?

Un Comité éthique et cancer

Le19 septembre 2008, le comité éthique et cancer, composé de 40 permanents, personnalités reconnues dans leur discipline pouvant être saisies à tout moment, a vu le jour. Il peut être saisi par toute personne et sur toute question légitime soulevant une problématique éthique concernant le cancer. Ce comité a un rôle consultatif et se réunit chaque trimestre.

Il peut être saisi par voie postale (Ligue contre le cancer, question éthique, 14 rue Corvisart, 75013 Paris) ou par internet (ethique@ligue-cancer.net).

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(1) 146 469 décès attribués aux tumeurs malignes en France en 2005 (Inserm).

(2) Le contrôle de la Cour a porté la gestion du plan et le degré de réalisation des objectifs qui étaient fixés au plan. Il n´a pas inclus une évaluation de l´efficacité du plan en termes d´impact médical et scientifique, que la Cour n´était pas habilitée à réaliser.

 

 

Kant et la sélection naturelle

Vous pensez que faire parler Kant de sélection naturelle constitue un anachronisme ? Lisez donc ce qui suit, si vous la prose du grand philosophe ne vous effraie pas.

Emmanuel Kant (1724-1804)Kant publie sa Critique de la raison pure, en 1790, il a 63 ans. Charles Darwin naît 19 ans plus tard, en 1809, et publie son célèbre ouvrage, l’Origine des espèces, en 1859, soit 69 ans après la publication de la Critique. Beaucoup, aujourd’hui, pensent que Darwin est l’«inventeur» de la sélection naturelle, ce qui est faux. En fait, il a été le premier, avec son collègue Wallace, à rassembler en une théorie structurée et synthétique une multitude d’observations et de pensées émises depuis longtemps.

En effet, de nombreux auteurs avaient déjà proposé cette idée d’une évolution des espèces dans le temps.

Dans le chapitre Méthodologie de la faculté de juger téléologique de la Critique de la raison pure, Kant développe même l’idée d’une façon étonnamment proche de celle de Darwin. Mais, à l’opposé de ce dernier, il vise à montrer que l’idée d’une descendance commune des êtres vivants n’est intelligible que dans le cadre d’un finalisme de la nature, c’est-à-dire d’une pensée qui donne un sens du début de la création à sa fin. Tout en précisant bien que ce finalisme ne peut être qu’opérationnel, méthodologique. Il est impossible, selon lui, de le déclarer ontologique, constitutif de la nature. Du moins dans le cadre de la réflexion scientifique.

Kant entame ainsi, en y apportant une solution originale et toujours valide, le débat qui perdure encore de nos jours entre les tenants d’une finalité de la nature (créationnisme, dessein intelligent) et ceux du hasard et de la nécessité (Monod, matérialisme).

Attention : comme pour beaucoup de textes de Kant (et en général, des philosophes allemands de cette époque), il faut s´accrocher pour lire jusqu´au bout. Prenez votre respiration avant de vous engager…

De la nécessaire subordination du principe du mécanisme au principe téléologique dans l´explication d´une chose comme fin naturelle

« (417) Le droit d´aller à la recherche d´un mode d´explication simplement mécanique pour tous les produits de la nature est en soi totalement illimité ; mais le pouvoir d´y arriver selon cette seule démarche est, en vertu de la constitution de notre entendement, en tant qu´il a affaire à des choses considérées comme des fins naturelles, non seulement très borné, mais aussi clairement limité : tant et si bien que, d´après un principe de la faculté de juger, on ne peut aucunement aboutir, par la seule première méthode, à l´explication de ces choses, et que par conséquent l´appréciation de tels produits doit inévitablement, toujours, être en même temps subordonnée par nous à un principe téléologique.

(418) Il est dès lors raisonnable, et même méritoire, de suivre le mécanisme naturel, pour parvenir à une explication des produits de la nature, aussi loin qu´il est possible d´aller avec vraisemblance, et même de ne pas renoncer à cette tentative parce qu´il serait en soi impossible de rencontrer sur son chemin la finalité de la nature, mais parce que c´est impossible pour nous, en tant qu´êtres humains ; il y faudrait en effet une autre intuition que l´intuition sensible et une connaissance déterminée du substrat intelligible de la nature, à partir de quoi précisément pourrait être indiqué un fondement du mécanisme des phénomènes d´après des lois particulières, ce qui, dépasse entièrement notre pouvoir.

Pour que le chercheur dans le domaine des sciences de la nature ne travaille donc pas en pure perte, il lui faut, dans l´appréciation des choses dont le concept comme fins naturelles est fondé de manière indubitable (les êtres organisés), placer toujours au fondement une organisation originaire qui se sert de ce mécanisme lui-même pour produire d´autres formes organisées ou pour développer la sienne en des formes nouvelles (qui cependant s´ensuivent toujours de cette fin, et conformément à elle).

Il est louable de parcourir, par l´intermédiaire d´une anatomie comparée, la vaste création des natures organisées, pour voir s´il ne se trouve pas là quelque chose qui ressemble à un système, et cela d´après le principe même de la génération —sans qu´il nous soit nécessaire de nous en tenir au simple principe de l´appréciation (lequel n´apporte aucun éclairage / pour la compréhension de leur production) et de renoncer en ce domaine, par découragement, à une compréhension de la nature. La manière dont de si nombreuses espèces animales s´accordent dans un certain schéma commun qui semble être, non seulement à la base de leur squelette, mais aussi de l´agencement des autres parties, où une simplicité admirable du plan a pu produire, par le raccourcissement d´une partie et l´allongement d´une autre, par l´enveloppement de celle-ci et le développement de celle-là, une si grande diversité d´espèces, fait surgir dans l´esprit un rayon d´espoir, certes faible, mais en vertu duquel on pourrait bien arriver, dans ce domaine, à quelque résultat avec le principe du mécanisme de la nature, sans quoi il ne saurait y avoir au demeurant en général aucune science de la nature.

Cette analogie des formes, dans la mesure où, malgré toute la diversité qu´elles présentent, elles semblent être produites conformément à un modèle originaire commun, fortifie la présomption d´une parenté réelle qui existerait entre elles dans la production par une mère primitive commune, cela à travers la manière dont les espèces animales se rapprochent graduellement les unes (419) des autres, depuis celle où le principe des fins semble être le mieux établi, à savoir l´homme, jusqu´au polype, et même de celui-ci jusqu´aux mousses et aux lichens, et enfin jusqu´au plus bas degré qui nous soit connu de la nature, jusqu´à la matière brute : c´est de celle-ci et de ces forces que semble provenir selon des lois mécaniques (semblables à celles d´après lesquelles elle agit dans les cristallisations) toute la technique de la nature, qui nous est, dans les êtres organisés, si incompréhensible que nous nous croyons tenus de penser pour en rendre compte un autre principe.

Il est donc loisible ici à l´archéologue de la nature de faire surgir à partir des traces subsistantes des plus anciennes révolutions de la nature, d´après tout le mécanisme qu´il en connaît ou qu´il lui prête, cette grande famille de créatures (car ainsi faudrait-il se la représenter si cette parenté globale dite universelle doit avoir quelque fondement). Il peut faire naître du sein de la terre, qui venait de sortir de son état chaotique (semblable à un grand animal), d´abord des créatures de forme faiblement finalisée, et de celles-ci à leur tour d´autres qui se seraient formées d´une façon plus appropriée à leur lieu de reproduction et à leurs relations mutuelles ; jusqu´à ce que cette matrice elle-même, comme raidie, se soit sclérosée et ait limité ses productions à des espèces déterminées, non exposées à dégénérer ultérieurement, et que la diversité reste telle qu´elle s´était mise en place à l´issue de l´opération de cette féconde force formatrice. Simplement l´archéologue de la nature doit-il à cette fin attribuer à une telle mère universelle une organisation qui, vis-à-vis de toutes ces créatures, possède une dimension de finalité, vu que, dans le- cas contraire, la forme finalisée des produits du règne animal et du règne végétal ne se pourrait aucunement penser dans sa possibilité*. Dès lors (420), il n´a toutefois fait que situer plus loin le fondement de l´explication et ne peut prétendre avoir rendu la production de ces deux règnes indépendante de la condition des causes finales.

Même en ce qui concerne la transformation à laquelle certains individus des espèces organisées sont accidentellement soumis, elle ne peut être appréciée comme il convient, si l´on observe que leurs caractéristiques ainsi transformées deviennent héréditaires et se trouvent intégrées dans la force de reproduction, autrement que comme un développement occasionnel d´une disposition finale originellement inscrite dans l´espèce en vue de son autoconservation : car la production de son semblable, du fait de la finalité interne complète d´un être organise, est intimement liée à la condition de ne rien admettre dans la force de reproduction qui n´appartienne aussi, au sein d’un tel système de fins, à une des dispositions originellement non développées. Si l´on s´écarte en effet de ce principe, on ne peut savoir avec certitude si plusieurs éléments de la forme pouvant maintenant se rencontrer dans une espèce ne pourraient pas être d´une origine tout aussi contingente et dépourvue de fin ; et le principe de la téléologie – savoir : dans un être organisé, n´apprécier comme dépourvu de finalité rien de ce qui se conserve dans sa reproduction – ne pourrait que devenir par là fort peu fiable dans l´application et, inévitablement, il ne vaudrait que pour la souche primitive (que, toutefois, nous ne connaissons plus). »

* Une hypothèse de ce type se peut nommer une aventure audacieuse de la raison ; et il doit y avoir, même parmi les plus pénétrants. bien peu de chercheurs, dans le domaine des sciences de la nature, dont une telle idée n´ait pas parfois traversé l´esprit. Car la chose n´est pas aussi absurde que la generatio aequivoca, par laquelle on entend la production d´un être organisé par le mécanisme de la matière brute inorganisée. Ce serait en fait toujours une generatio univoca au sens le plus général du terme, dans la mesure où quelque chose d´organique uniquement serait produit à partir d´un autre être organique, bien qu´il s´agisse, au sein de ce genre, d´êtres spécifiquement différents – comme si, par exemple, certains animaux aquatiques se transformaient peu à peu en animaux de marécages et à. partir de là, après quelques générations, en animaux terrestres. A priori, selon le jugement de la simple raison, cela n´est pas contradictoire. Simplement, aucun exemple n´en est fourni par l´expérience, d´après laquelle bien plutôt toute production que nous connaissions est generatio homonyma, et non pas simplement univoca, par opposition à la production à partir d´une matière inorganisée, mais va jusqu´à donner naissance à un produit qui est semblable, dans son organisation même, à son producteur, tandis que la generatio heteronyma, si loin que s´étende notre connaissance empirique de la nature, ne se rencontre nulle part.

» Kant, Critique de la raison pure – Appendice – Méthodologie de la faculté de juger téléologique, § 80, Aubier, Paris, 1995.

Dieu-Darwin : un débat toujours actuel

A l’approche du bicentenaire de la naissance de Darwin (2009) et du cent-cinquantenaire de la publication de son ouvrage L’Origine des espèces, les partisans d’une conception matérialiste de la nature (qui éradique tout anthropomorphisme et toute idée d’un Créateur à la source de l’Univers) et ceux, au contraire, d’un sens prédéterminé à l’Univers (qui pense qu’un Esprit créateur a voulu et le monde et l’homme) fourbissent leurs arguments, voire leurs armes. Des manifestations, des colloques, des livres vont se multiplier à l’approche de ces célébrations.

Voici un livre de Fernand Comte, diplômé de théologie et professeur de lettres. F. Comte est l´auteur de nombreux ouvrages sur la mythologie, la philosophie et les religions. Le titre de son livre est un peu trompeur, dans la mesure où le fameux débat n’apparaît qu’au milieu de l’ouvrage. L’auteur balaie d’abord sur 150 pages l’histoire des grands mythes créateurs avant d’exposer la querelle du darwinisme dans ses grandes lignes, sans apporter grand-chose de nouveau.

Sa position est assez ambiguë, car philosophiquement difficilement tenable. En effet il n´explique pas comment il passe d’un soutien sans faille à la théorie darwinienne telle qu’elle est aujourd’hui généralement partagée à une plaidoirie tout aussi appuyée envers la proposition spiritualiste de Teilhard de Chardin, tout en balayant d’un revers de main les créationnistes et les tenants du Dessein intelligent.

» F. Comte, Dieu et Darwin ; débat sur les origines de l’homme, JC Lattès, Paris, 2008.

Dieu n´en finit pas de mourir

« Le Dieu des déistes est sûrement un progrès par rapport au monstre de la Bible. Malheureusement il n´y a pas beaucoup plus de chances qu´il existe, ou qu´il ait jamais existé. Dans l´une ou l´autre de ses formes, l’hypothèse de Dieu est inutile. »

Cette citation est extraite du dernier livre de Richard Dawkins, éthologiste britannique, vulgarisateur et théoricien de l´évolution. Et grand pourfendeur des religions devant l’Eternel… Ce pamphlet, car c’en est un, connaît un extraordinaire succès : plus de deux millions d’exemplaires déj&agrav
; vendus dans le monde !

Pour Dawkins, auteur du concept de « gène égoïste » qui a fait fortune, Darwin et sa théorie de l’évolution suffisent très bien à expliquer le monde : « La tentation est naturelle d’attribuer l’apparence d’un dessein à un dessein réel. [Mais] c’est une fausse tentation car l’hypothèse du concepteur soulève aussitôt le problème plus grand du concepteur du concepteur. Tout notre problème de départ était celui d’expliquer l’improbabilité statistique. Il n’y a à l’évidence pas de solution pour postuler une chose encore plus improbable. Nous avons besoin d’une grue, pas d’un crochet céleste, car seule une grue peut faire ce travail qui consiste à monter graduellement et de façon plausible de la simplicité à la complexité qui sinon serait improbable ».

Un détail, mais qui a son importance : Darwin ni la théorie sélective ne proposent d’explication à l’émergence du monde. Et tous les écrits du naturaliste britannique, sur ce point, se réfèrent à un Créateur comme cause première. Si l’on accepte l’évolution, on n’en explique pas pour autant le fait qu’il y ait quelque chose plutôt que rien.

Sur la question de l´origine, l´hypothèse darwinienne n´est donc pas plus plausible que celle d´un Créateur…

>> Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu, R. Laffont, Paris, 2008.

Les jeunes de plus en plus engagés

Ils ont entre 11 et 25 ans, issus de tous horizons sociaux, associatifs, géographiques (le plus souvent des quartiers dits sensibles). Ils se sont retrouvés à plus de trois cents, à la mi-mai à Marseille, lors de la 9e édition du festival Place Publique Junior, pour présenter leurs projets.


© adrienduquesnel http://placepubliquejunior.blogspot.com

Le thème de 2008 : Passages à l’Acte, autrement dit la question de la place des jeunes dans la sphère publique, qu’elle soit éducative, professionnelle, associative ou encore militante…

« Depuis des décennies, l’image de la jeunesse dans notre pays est tout simplement incompréhensible, note le dossier de presse du festival. On l’accuse de tous les maux. Tour à tour dépolitisée, hyper individualiste, ultra consumériste, elle incarnerait à elle seule les errements de notre société en général. Mais ce chapeau est trop grand pour elle. Tous les pays n’ont pas développé une aussi forte crispation qu’en France. Alors que dans les pays nordiques, la confiance est de mise (politique d’autonomie, responsabilisation), en France, la relégation et la crainte sont plus à l’ordre du jour que l’esprit de réconciliation. »

En fait, jamais la jeunesse française n’a été aussi massivement engagée dans des actions collectives. Mais la société a évolué : chaque génération invente les outils et les moyens de son expression. La diversité de leurs formes d’intervention est grande : sociales, sanitaires, sportives, artistiques, de solidarité internationale, environnementales, humanitaires ou éducatives.

Cette année, 36 projets ont été présentés et discutés.

De nombreuses personnalités artistiques, sportives et politiques ont fait part de leurs expériences et ont apporté leur soutien : le militant Sadia Diawara, la navigatrice Cécile Poujol, Almamy Kanouté, le rappeur Oxmo Puccino, Mateo (manager de Soprano), Mohamed Mechmache (AC lefeu), Augustin Legrand (Enfants de Don Quichotte), Philip J. Breeden, consul des Etats-Unis d’Amérique de Marseille et un groupe de Détroit (Youthville Fondation).

PPJ est une manifestation coordonnée par un comité de pilotage rassemblant : L´Association française des petits débrouillards, l´Association nationale des conseils d´enfants et de jeunes, l´Oroleis de Paris, le Réseau national des Junior association, la Délégation interministérielle à la Ville et la Fédération Nationale Léo Lagrange, l´association Aide et Action et l´association des Braves Garçons d´Afrique.

Afro Tchekani récompensée


© adrienduquesnel http://placepubliquejunior.blogspot.com

Le prix 2008 de l’initiative a été remporté par Afro Tchekani, junior association de Montreuil, composé de sept jeunes femmes et dont les objectifs sont l´échange culturel, la solidarité et l´échange intergénérationnel. Leur projet « Musso Fila, les deux femmes » confronte à travers un film la vie de deux femmes maliennes : l’une vivant en France et l’autre au Mali. Afro Tchékani signifie « beauté noire » mais il faut l’entendre, selon l’équipe, comme la beauté du cœur…

Victimes du changement climatique, ils témoignent

Les changements climatiques représentent pour nous, Européens, une menace croissante. Mais pour de nombreux pays en développement ou du Sud, leurs effets destructeurs, parfois même dévastateurs, sont déjà bien réels. Ouvertures a voulu donner à entendre les victimes déjà bien concrètes de ces bouleversements dont nos modes de consommation sont à l’origine(1). Témoignages recueillis par les Amis de la Terre.

Honduras

L’ouraganMitch, le plus dévastateur des deux derniers siècles dans l’hémisphère occidental, a démontré la vulnérabilité extrême du Honduras au changement climatique. En 1998, cet ouragan s’est abattu sur l’Amérique centrale pendant trois jours, touchant directement près de la moitié des six millions d’habitants du pays et détruisant les infrastructures et l’agriculture. En plus des milliers de morts et de blessés, et de la destruction des installations d’eau, d’assainissement et d’hygiène directement causés par la tempête, la santé des Honduriens en a reçu un coup dont elle aura du mal à se remettre.

Maritza Arévalo Amador, 58 ans, mère célibataire de cinq enfants, quartier Flor no 1 de Tegucigalpa


© Candy Baiza

« Les êtres humains ont provoqué ces changements lorsqu’ils ont coupé les arbres. C’est cela qui a été le plus grave pour l’environnement, car le déboisement a provoqué la pénurie d’eau dans nos villages et dans notre pays. Les effets de ces changements sont la chaleur, de nombreuses maladies de la peau… le manque d’eau et la pollution. La destruction de notre sol, ainsi que l’exploitation minière qui contamine l’air, l’eau et les êtres humains. Les enfants et les vieillards ont des affections de la peau et des bronches. J’ai eu beaucoup d’expérience dans ma vie parce que j’ai lutté pour l’environnement. Les luttes ont été dures, surtout dans les communautés où je travaille à planter des arbres… Nous travaillons pour améliorer l’environnement en faisant des exposés sur la santé écologique… Il faut planter des arbres pour «respirer» un environnement meilleur. En outre, nous avons appris à recycler les ordures. »

Hilda Maradiaga Mejia, 55 ans, mère célibataire de six enfants, quartier de Nueva Suyapa, Tegucigalpa


© Candy Baiza
« Je travaille au développement durable avec des groupes et des organisations, pour améliorer le développement de ma communauté et du reste des gens, et le développement local et écologique du pays. Je travaille dans les domaines de l’agriculture et du développement pour mes enfants, pour veiller à l’éducation de la famille et pour améliorer son niveau de vie, et aussi pour mon groupe organisé. Ce que je fais pour réduire les effets négatifs du climat ? Des visites communautaires avec des camarades qui sont organisés. Lutter contre la pauvreté, par exemple en faisant des jardins familiaux et communautaires. Éduquer en matière de santé, de nutrition, pour améliorer l’alimentation des enfants et des familles. Comment faire des médicaments naturels avec des plantes, comment faire des sirops. Des ateliers sur le stress, la santé, les massages du dos, de la tête et des mains. Des échanges de plantes médicinales entre communautés, la médecine préventive. Mon message aux autres communautés affectées ? Organisez-vous pour avancer et pour devenir meilleurs. Améliorez votre alimentation en plantant des jardins familiaux et communautaires. Unissez vos forces avec d’autres communautés et organisez-vous. Plantez des arbres fruitiers et ornementaux. Unissez-vous et travaillez au plan national et international, parce que si nous nous unissons nous sommes plus forts et plus persévérants. Soyez courageux et essayez d’aider vos voisins. Luttez pour un monde juste et sans frontières. Faites preuve d’affection, aimez Dieu et vos voisins. »

Pérou

Eulogio Capitan Coleto, 63 ans, président du Comité de l’environnement, village de Vicos, département d’Ancash


© Asociación Civil Labor / FoE Pérou
« Les gens se rendent compte maintenant que les neiges sont en train de reculer. Ils voient aussi que le climat a changé. Par exemple, nous avons de la gelée et de la grêle à n’importe quelle époque. Avant, il gelait tous les trois ou quatre ans, en décembre ou novembre. Du temps de nos parents et grands-parents c’était comme ça ; à présent, cela arrive à n’importe quel mois. La qualité (des cultures) a changé. Avant elle était meilleure, et il y avait davantage de récoltes. Ce n’est plus comme ça, la qualité a baissé, il y a des vers ; avant, on appliquait des pesticides une seule fois, maintenant nous devons le faire deux ou trois fois. De nouvelles maladies sont apparues. La tache noire [une affection fongique] est apparue il y a 10 ans ; maintenant nous utilisons un produit pour la combattre. Cela pourrait avoir quelque chose à voir avec le changement de la température. La plupart des cultures sont arrosées avec l’eau de la fonte des neiges. Mais la gelée de février dernier a endommagé beaucoup de cultures à Quebrada Honda [une vallée profonde, à deux heures de là, sur la Cordillère Blanche].
Normalement, la gelée tombe avant le 8 janvier. C’est la première fois que cela arrive en février, personne n’y avait pensé. Ceux qui ont perdu leurs récoltes étaient si nombreux… presque toutes les familles ont été touchées. À Quebrada Honda, toutes les cultures, ou presque, ont été endommagées. »

Swaziland

Make Nhleko, membre du conseil traditionnel, Zombodze Emuva, région de Shiselweni


© Natacha Terrot
« L’année a été très mauvaise, j’ai très peu cultivé. L’averse de grêle de décembre 2006 a aggravé encore les choses. Le toit du supermarché derrière nous s’est envolé pendant l’orage, des cultures et des maisons ont été détruites. À présent, je dois acheter du maïs et des haricots, alors qu’avant je les plantais. Mais au moins je peux me payer le maïs. Il y en a d’autres qui ne peuvent pas et pour eux c’est bien plus grave. Dans le passé, le chef appelait les gens pour qu’ils désherbent ses champs ou fassent la récolte. C’était une façon d’unifier les gens de la zone. Après le travail, ils se réunissaient dans le kraal du chef [une enceinte pour le bétail] et ils discutaient des affaires de la communauté. Le chef tuait un boeuf pour eux et une partie de la récolte servait à alimenter les membres de la communauté qui n’avaient rien et ne pouvaient pas vivre sans aide. Ainsi, tout le monde avait quelque chose à manger. Mais à présent il n’y a rien à récolter, donc même le chef ne peut pas aider ceux qui ont faim. L’eau est un gros problème. Nos fleuves et nos puits sont taris. Même quelques puits forés par le gouvernement canadien en 1997 ont tari depuis. La communauté est en train de creuser des tranchées pour des conduites qui, nous l’espérons, vont amener l’eau d’un puits ancien. En ce moment nous devons aller chercher l’eau dans les fleuves et les puits qui ne sont pas encore épuisés. Nous partageons l’eau avec le bétail. Les maladies comme le choléra et la diarrhée sont très fréquentes parce que l’eau est toujours sale. »

Royaume Uni

Le continent européen est lui aussi déjà atteint. Exemple, le village historique de Selsey, situé sur la côte sud de l’Angleterre. Aujourd’hui le changement climatique met cette communauté très unie devant de nouvelles menaces : élévation du niveau de la mer, tempêtes et inondations.

Blanche Butlin, 51 ans, propriétaire d’un champ de foire, Selsey


© Gary Butlin
« Cela fait 16 ans que je dirige avec mon mari le champ de foire côtier de Selsey,mais à présent nous allons nous déplacer un peu vers l’intérieur parce que nous sommes épuisés. Nous avons eu dix inondations et, dans le meilleur des cas, on n’a que vingt minutes pour prendre ses affaires et partir avant que l’eau n’arrive à la caravane. D’ailleurs, l’équipement de la foire est ruiné. Chaque fois qu’il y a marée haute et un coup de vent, surtout si le vent vient du sud, je pense qu’on sera encore inondés, peut-être pendant qu’on dort. L’une des propositions du gouvernement implique la disparition définitive du champ de foire et d’une bonne partie du terrain de camping, car la mer démolira nos défenses côtières déjà délabrées. Ils appellent cela une «retraite gérée», pour que ça sonne plus acceptable, mais ça ne l’est pas. Ils sont en train d’abandonner Selsey, les gens qui vivent ici et leurs moyens d’existence ne les intéressent pas. »

Source de ces témoignages: rapport « La voix des populations affectées par le changement climatique » des Amis de la Terre.

La Conférence climat des Nations Unies

La conférence des Nations unies sur le climat qui s´est tenue à Bali (Indonésie) en décembre 2007 a débouché sur l´élaboration d´une feuille de route destinée à ouvrir la voie à un accord mondial, lequel devrait être conclu en 2009 à Copenhague. La prochaine conférence se déroulera à Poznań, en Pologne, en décembre 2008.

Ces négociations sous l´égide de l´ONU ont pour objet d’obtenir un accord international pour prendre le relais du protocole sur les gaz à effet de serre de Kyoto. Cet engagement international a imposé aux pays industrialisés des réductions d´émissions entre 1990 et la période 2008-2012. Mais sa portée a été réduite par le refus des Etats-Unis de le ratifier.

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(1) L’administrateur du Programme des Nations unies pour le développement, Kemal Dervis, a rappelé que « 70% des gaz à effets de serre déjà émis sont dus à l’activité des pays riches, 28% ont été émis par les pays émergents et seulement 2% par les pays les moins développés ». Ce sont pourtant ces derniers qui en subissent le plus d’effets…

Diarrhées du nourrisson : que sait votre médecin?

Que faire en cas de diarrhée aiguë du nourrisson (moins d’un an)? Assurez-vous que votre médecin est bien informé. Curieuse réponse? Certes, mais non dépourvue de fondement. Une étude(1) de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) a en effet montré que les médecins généralistes abusaient de prescriptions pouvant constituer un risque pour les enfants.

L’étude de l’InVS du 18 mars 2008 publiée dans le BEH n° 12, révèle que beaucoup de médecins prescrivent, en contradiction avec les recommandations officielles, des médicaments pouvant constituer un risque pour les enfants.

Les recommandations pour la prise en charge de la diarrhée aiguë de l’enfant sont pourtant claires : agir conformément à « l’avis du 22 septembre 2006 du Conseil supérieur d’hygiène publique de France relatif aux vaccins contre le rotavirus ».

Ce texte donne les recommandations suivantes : « Administrer un soluté de réhydratation orale (SRO) pour corriger la déshydratation en 4 heures, reprendre l’alimentation normale dès la 4e heure avec maintien de l’apport d’un SRO et poursuivre l’allaitement maternel, éviter l’utilisation de médicaments qui ne sont pas nécessaires ».

En outre, il déconseille de vacciner tous les nourrissons de moins de 6 mois contre le virus(2). Pour deux raisons : la gastro-entérite à rotavirus n´est qu´une partie des gastro-entérites virales aigües et il existe des solutions de réhydratation orale (SRO) qui sont un moyen très efficace pour lutter contre la déshydratation des nourrissons. Car ce n´est pas le rotavirus en lui même qui est dangereux, mais la déshydratation liée à la gastro.

L’étude de l’InVS constate « qu’en dépit de ces recommandations, des médicaments symptomatiques sont aussi prescrits : ralentisseurs du transit et anti-sécrétoires (RT), microorganismes antidiarrhéiques (PM), antiseptiques intestinaux (ATSI), anti-émétiques (AE), adsorbants (AD) et spasmolytiques (S). »

Les chercheurs ont enregistré, entre 2004 et 2006, « 373 cas de diarrhée traités avec du lopéramide. Ce médicament, analogue structurel des opiacés, est contre-indiqué avant l’âge de 2 ans en raison du risque d’effets indésirables de type iléus paralytique, voire de perforation digestive, et d’effets sur le système nerveux central pouvant aller jusqu’à la dépression respiratoire ou au coma. (…) Du nifuroxazide, contre-indiqué avant 2 ans en raison d’effets indésirables de type allergique, a été prescrit dans 1 351 cas ».

Le traitement recommandé par le SRO n’a été retrouvé que dans 50% des cas. «L’absence de prescription de SRO est significativement plus élevée si la prescription émane d’un médecin de ville plutôt que d’un médecin hospitalier et d’un généraliste plutôt que d’un pédiatre. »

Selon l’étude de l’InVS, la diarrhée aiguë représente un enjeu important de santé publique dans le monde. En France, le taux d’incidence annuel des gastro-entérites est estimé à 17 pour 100 nourrissons âgés de 1 à 5 mois et de 35 pour 100 nourrissons âgés de 6 à 11 mois. Le nombre annuel de décès liés au rotavirus chez les nourrissons de moins de 5 ans est estimé à 14.

Bien que les vaccins (le Rotarix et le Rotateq) ne soient pas recommandés par les autorités de santé, beaucoup de familles ont été informées dès l’obtention d’AMM (autorisation de mise sur le marché) et ont souhaité faire vacciner leur enfant. D’importants blogs très lus par les mamans ont relayé l’information en incitant à cette vaccination.

Le site Doctissimo, quant à lui, affirme que, « aux yeux des experts, la vaccination représente aujourd’hui le seul moyen (nous soulignons, ndlr) de réduire le nombre de morts et les hospitalisations. Deux vaccins existent aujourd’hui contre la gastro-entérite à rotavirus. Un vaccin de plus pour nos bambins, s’inquiéteront les parents depuis longtemps perdus dans les affres du calendrier vaccinal… Ces deux vaccins, administrables dès l’âge de 6 semaines, ont toutefois l’avantage de se présenter sous forme buvable, avec des administrations calquées sur le calendrier vaccinal existant en France ».

Or, la vaccination n’est pas « le seul moyen » de réduire le nombre de malades et de morts. Ce n´est qu´un moyen de prévention parmi d´autres. Et les vaccins en question ne sont pas dans le calendrier vaccinal…

Informations complémentaires: blog de Bernard Guennebaud.

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(1) Cette étude a porté sur 63 591 cas enregistrés chez des nourrissons de moins d’un an, entre 2004 et 2006 en région Rhône-Alpes et identifiés à partir de la base des remboursements de l’Assurance maladie.

(2) Comme ces vaccins ne peuvent être utilisés au delà de 6 mois cela revient à dire « pour tous ».

Où voir des dinosaures?

Mettez un peu de culture dans vos loisirs en allant voir, avec vos enfants ou vos amis, les restes de ces géants qui nous ont précédés sur Terre.

De nombreux musées d’histoire naturelle conservent des restes de dinosaures. La liste donnée ici mentionne avant tout les musées français exposant des fossiles de dinosaures de façon plus ou moins permanente.

Parallèlement, nombre d’autres musées montrent des restes de reptiles mésozoïques autres que des dinosaures. Appelé anciennement « ère secondaire », le mésozoïque est une ère géologique qui s´étend de – 251 à – 65,5 millions d´années, et au cours de laquelle apparaissent des espèces de mammifères et de dinosaures.

Il existe aussi quelques sites de plein air où l’on peut voir des pistes de dinosaures ou des chantiers de fouilles.

Reconstitution du grand théropode jurassique de Plaimbois-du-Miroir au Muséum Cuvier de Montbéliard (Doubs).
Reconstitution du grand théropode jurassique de Plaimbois-du-Miroir au Muséum Cuvier de Montbéliard (Doubs).

Musées

Musée des Dinosaures, Espéraza (Aude). Le musée, entièrement consacré aux dinosaures, met l’accent sur ceux du Crétacé supérieur du Sud de la France. Il propose aussi une importante collection de moulages de squelettes venant du monde entier.

Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris. La galerie de paléontologie présente divers dinosaures français, dont le Compsognathus de Canjuers, le sauropode de Damparis et des spécimens du Crétacé supérieur de Provence, en plus de nombreux fossiles et moulages de toutes les régions du monde.

Muséum d’Histoire Naturelle du Havre (Seine-Maritime). Présente notamment le stégosaure Lexovisaurus, du Jurassique du Calvados.

Muséum d’Histoire Naturelle de Lille (Nord). Dinosaures jurassiques du Boulonnais.

Muséum Cuvier, Montbéliard (Doubs). Pour le grand théropode jurassique de Plaimbois-du-Miroir.

Muséum d’Histoire Naturelle, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Importantes collections d’ossements et œufs de dinosaures provenant de Provence.

Muséum d’Histoire Naturelle, Marseille (Bouches-du-Rhône). Possède 81 000 échantillons de paléontologie, entre autres des spécimens historiques décrits par Matheron.

Musée de Cruzy (Hérault) : présente les abondants restes de vertébrès du Crétacé supérieur, dont de nombreux dinosaures, trouvés dans les riches gisements aux environs du village.

Musée de Millau (Aveyron) : importante collection d’empreintes de pas de la région des Causses.

Sites de plein air

Coisia (Jura) : le long d’une route à la sortie du village on peut voir une dalle rocheuse couverte d’empreintes de pas de sauropodes du Jurassique terminal.

Saint-Laurent-de-Trèves (Lozère) : à l’intérieur du Parc National des Cévennes, un site à pistes de théropodes du début du Jurassique.

Campagne-sur-Aude (Aude) : en été, les fouilles effectuées par le Musée des Dinosaures d’Espéraza dans un gisement de dinosaures du Crétacé supérieur au-dessus de ce village sont ouvertes au public. Source : geowiki)

Bruxelles

La nouvelle Galerie des Dinosaures

Inaugurée en octobre dernier, elle occupe l´aile Janlet entièrement rénovée du muséum des Sciences naturelles. Cet espace rénové de 3 000 m2 met en lumière 35 squelettes complet, originaux et moulages confondus: Iguanodon, Diplodocus, Ultrasaurus, Olorotitan, T. rex, Parasaurolophus, Pachycephalosaurus…

Bien d´autres fossiles de dinosaures sont également exposés, parmi lesquels des crânes, des œufs, des fragments de squelette et des empreintes de pas, mais aussi des fossiles d´animaux contemporains des dinosaures comme les tortues, ammonites et autres mammifères primitifs. L´exposition ambitionne de devenir une référence dans le domaine de la vulgarisation biologique et éthologique des dinosaures.

La nouvelle Galerie des Dinosaures offre une vision modernisée de fossiles de dinosaures mais aussi de leur mode de vie et de leur évolution.

 

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