Menaces sur l’information

Ce n’est pas parce que nous vivons dans un régime démocratique que la vérité et la liberté sont assurées. La qualité de l’information doit être un combat de tous les instants, soit pour préserver des droits existants, soit pour en conquérir de nouveaux. Et il y a du pain sur la planche : quelques exemples actuels avec l’audiovisuel public, l’Ifen, les aides à la presse, l’expertise scientifique…

Le président de la République française, Nicolas Sarkozy,lors de l´ouverture des Etats généraux de la presse fin 2008.
Crédit : www.elysee.fr

 

 

 

Perte d’indépendance : l’audiovisuel public…

Une des conditions majeures de la qualité d’une information est son indépendance. Or la gouvernance de la télévision publique française passe sous la coupe de l’exécutif. Une fois la réforme de l’audiovisuel votée, c’est l’Élysée qui désignera le président de France Télévisions. Comme, dans le même temps, il n’est pas prévu de donner aux  journalistes et aux rédactions les moyens juridiques et structurels de leur indépendance, l’information télévisée publique sera – quoi qu´on en dise – aux ordres de celui qui la finance. C’est-à-dire de l’État, du pouvoir politique.

C’est un recul énorme en matière de liberté d’information. Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication, argue que « les rédactions des journaux télévisés sont indépendantes. C’est faire injure aux journalistes que de prétendre qu’ils sont incapables de résister aux pressions ». Cette affirmation est la preuve ou d’une bien grande naïveté, ou d’une tout aussi grande hypocrisie. Certes, le temps est – presque – révolu où le pouvoir dictait directement ses volontés aux patrons des chaînes. Certes, la censure n’ose plus s’afficher aujourd’hui aussi effrontément que dans le passé.

Mais le proverbe « qui paie commande » reste vrai. Dire qu’il n’a pas cours quand il s’agit de rédactions journalistiques, si fières de leur indépendance, c’est grandement méconnaître la réalité. En effet, le plus grand mal dont souffre notre profession aujourd’hui est bien l’autocensure, essentiellement économique. Avec la réforme, les rédactions seront d’autant plus assujetties à leur actionnaire qu’elles sont toutes déjà dans une situation statutaire de subordination à leur employeur. Les devoirs d’obéissance, de loyauté et de discrétion professionnelle seront alourdis par la crainte de déplaire à l’actionnaire. Ce qui autorisera bien des dérives.

…l’évaluation environnementale

L’environnement est devenu enfin une préoccupation du grand public. Les informations statistiques à son sujet en France (sources de pollution, industrielles et agricoles, ressources naturelles et biodiversité, attentes des Français en matière d’environnement, reporting national et régional sur l’environnement) étaient jusqu’à maintenant rassemblées par l’Institut français de l’environnement (Ifen).

Cet établissement public indépendant a été dissous par décret le 27 novembre 2007. Il est remplacé par un tout nouveau Service de l’observation et des statistiques (SOeS) au sein du ministère de l’écologie. Il perd ainsi sa capacité d’évaluer de manière impartiale les politiques environnementales du gouvernement. C’est d’autant plus ennuyeux que l’Ifen est correspondant français de l’Agence européenne pour l’environnement, en matière d’inspection. Les données statistiques sur les pollutions de l’air, de l’eau et des sols, sur la détérioration du littoral par l’industrie chimique et l’agriculture intensive seront désormais produites par le ministère de l’écologie, et non plus par une agence autonome.

C’est la victoire de la communication sur l’information.

L’info sur l’info ? Prudence !

Peu de gens savent qu’environ 1,5 milliard d’euros sont accordés chaque année à la presse d’information générale au titre de l’aide publique (directe et indirecte). Selon les autorités, ce coup de pouce à la presse vise trois objectifs majeurs : le développement de la diffusion, la défense du pluralisme, la modernisation et la diversification vers le multimédia des entreprises de presse.

Il serait logique que les chiffres et les informations concernant cette aide, qui est financée par nos impôts, soient publics. D’abord, le chiffre global de 1,5 milliards d’euros n’est jamais donné tel quel. Il résulte de nos propres calculs et estimations.

Ensuite, si vous souhaitez connaître la somme globale versée et le montant et l’affection par journaux de ces aides, voici ce que vous répond la Direction du développement des médias (DDM), direction placée sous la responsabilité du premier ministre :

« C’est délicat… Non pas que cela soit confidentiel, mais cela demande un travail de synthèse qui n’est pas fait. On travaille par familles de presse ou par fonds. Chaque fonds a ses critères propres. Ponctuellement, nous vérifions à ne pas dépasser les limites fixées par le droit européen. Concernant la publication des chiffres et les éléments nominatifs, nous avons la consigne d’être prudents : c’est un sujet politiquement sensible. Chaque information peut avoir des conséquences politiques disproportionnées… Moi, je ne peux pas vous en dire plus : voyez avec le conseiller technique en charge de la question ».

Ce dernier, plusieurs fois contacté, n’a jamais donné de réponse.

Les aides publiques à la presse

Les aides directes

Les aides à la diffusion

  • Les réductions tarifaires de la SNCF
  • L’aide à l’impression décentralisée des quotidiens
  • L’aide à la modernisation des diffuseurs
  • Le fonds d’aide à la distribution et à la promotion de la presse française à l’étranger
  • L’aide au portage de la presse quotidienne d’information politique et générale
  • Aide à la distribution de la presse quotidienne nationale d’information politique et générale

Les aides concourant au maintien du pluralisme

  • Le fonds d’aide aux quotidiens nationaux d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires
  • Le fonds d’aide aux quotidiens régionaux, départementaux et locaux d’information politique et générale à faibles ressources de petites annonces
  • L’aide aux publications hebdomadaires régionales et locales

Les aides visant à la modernisation et à la diversification vers le multimédia des entreprises de presse

  • Le fonds d’aide au développement des services en ligne des entreprises de presse
  • Le fonds d’aide à la modernisation de la presse quotidienne et assimilée d’information politique et générale

Les aides indirectes

Sur le plan fiscal

Le taux réduit de TVA

  • Le régime spécial des provisions pour investissements
  • L’exonération de la taxe professionnelle des éditeurs et agences de presse

Sur le plan social

  • Le régime dérogatoire des taux de cotisations de sécurité sociale des vendeurs- colporteurs et des porteurs de presse
  • Le calcul des cotisations sociales des journalistes
  • Le statut social des correspondants locaux de presse

Sur le plan postal

  • Les tarifs postaux préférentiels

Il faut ajouter à cela quelques autres lignes de dépense, comme les abonnements publics à l’Agence France presse dont le budget est assuré à 40 % par l’État.

Criminaliser la rétention d’information ?

Dans ce contexte, la proposition du rapport de l’ancienne ministre de l’environnement Corinne Lepage de considérer, dans le domaine de l’expertise scientifique, «l’information du public comme un devoir», et donc de créer un «devoir d’alerte» et un «délit de rétention de l’information quand le risque est avéré», n’est pas pour demain.

Avec une telle exigence, selon Mme Lepage, on aurait pu pourtant condamner les cigarettiers qui possédaient depuis longtemps des études secrètes sur la dangerosité de leurs produits.
Il sera donc toujours difficile, dans les instances officielles, et malgré l’existence d’agences spécialisées, de dénoncer les risques en matière d’environnement et de santé.

L’obstacle majeur reste donc bien celui d’alerter et de convaincre les pouvoirs publics d’agir et de réagir. Heureusement que la société civile n’hésite plus à se mobiliser et qu’Internet permet la libre parole… Mais les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des efforts fournis.
Voir également l’action de la Fondation Sciences citoyennes à propos des lanceurs d’alerte scientifique.

En ce qui concerne les lanceurs d’alerte, il y a encore un long chemin à parcourir avant que la société comprenne la nécessité de les protéger. Le cas de Denis Robert (« affaire Clearstream ») le démontre. Pour avoir fait un travail sérieux d’investigation, trop rare de nos jours, le journaliste-écrivain doit faire face à 12 procès et doit prochainement passer en correctionnelle pour « recel d’abus de confiance ». En fait, et tout simplement, pour avoir fait un travail sde journaliste. Même s’il a pu se tromper, il est malsain que la société, par le biais de l’État, cherche à le faire taire plutôt qu’à le défendre.

Restons optimistes

Mais il y a aussi, çà ou là, des bonnes nouvelles. La profession médicale ne brille pas toujours par son souci de transparence. Il a fallu par exemple attendre 2002, avec la loi Kouchner, pour reconnaître tout simplement au patient le droit d’accès à son dossier médical.
On peut donc se réjouir qu´en ce mois de janvier 2009 l’Assurance maladie ait enrichi son site Internet de données sur :
– les actes techniques pratiqués par les professionnels de santé : scanners, échographies, chirurgie de la cataracte ou pose d’une prothèse de hanche, chirurgie du ménisque du genou, endoscopies digestives : au total, une centaine d’actes les plus courants sont concernés ;
– les tarifs qu’ils appliquent habituellement
– leurs adresses et s’ils acceptent la carte Vitale.
Vous accédez facilement à toutes ces informations en complétant un formulaire sur le site.

De son côté, le ministère de la santé a promis le lancement, courant 2009, d’un portail d’information publique sur les médicaments pour tout savoir sur un médicament : composition, niveau d’efficacité, effets secondaires, taux de remboursement…
Ce site sera lié aux instances responsables : ministère de la santé, Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), Haute Autorité de santé (HAS), Union nationale des caisses d’assurance maladie (Uncam) et réunira toutes les informations publiques disponibles sur les médicaments. Ce portail doit permettre aux professionnels de santé, mais aussi « au grand public d’avoir un accès simplifié à l’information publique ».

Enfin, le procès de l’explosion de l’usine AZF à Toulouse (30 morts en 2001), qui devrait durer quatre mois à partir du 23 février, sera entièrement filmé, une première en correctionnelle en France. L’Association des sinistrés du 21 septembre 2001, qui avait présenté la demande d’enregistrement filmé des audiences, s’est félicitée de la décision du premier président de la Cour d’appel de Toulouse. Jusqu’à présent, seuls ont été filmés en France des procès au caractère éminemment historique, comme ceux de Maurice Papon et de Paul Touvier, jugés pour participation à un crime contre l´humanité…
A moins que les deux seuls prévenus du procès, le directeur de l´usine au moment des faits, et la filiale de Total, la société Grande Paroisse, qui ont décidé de contester cette décision de filmer le procès, obtiennent gain de cause devant la Cour de cassation…

Confiscation du vivant : conspiration ou convergences d’intérêt?

D’un coté, les gouvernements semblent prendre conscience de la nécessité de protéger l’environnement ; de l’autre, ils cherchent à éliminer tout ce qui peut être libre et naturel. L’agriculture, la médecine naturelle, les thérapies alternatives ainsi que les produits de complément alimentaire sont particulièrement dans leur collimateur. S’agit-il d’un complot mondial, comme le prétendent certains ? Non, selon l’analyse du journaliste Jean-Yves Udar (AlTerrNatPresse). En revanche, il existe bel et bien une volonté de mettre la main sur le vivant au nom d’intérêts qui ne sont pas ceux de l’ensemble des citoyens.


Crédit : Fnab

Pour commencer notre réflexion, nous nous sommes penchés sur le fameux Codex alimentarius. Sa fiche d’identité : créé en 1963, le Codex alimentarius est un programme commun de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il consiste en un recueil de normes, codes d’usages, directives et autres recommandations relatifs à la production et à la transformation agro-alimentaires dont l’objet est soit la sécurité sanitaire des aliments, soit la protection des consommateurs et des travailleurs des filières alimentaires, et la préservation de l’environnement.

Le Codex alimentarius : de bonnes intentions

La présentation sur le site de la FAO :

« Le Codex alimentarius est devenu la référence mondiale qui fait autorité pour les consommateurs, les producteurs et les transformateurs de denrées alimentaires, les organismes nationaux de contrôle des aliments et le commerce international des produits alimentaires. Son impact sur tous ceux qui interviennent dans la production et la transformation des aliments, et sur la sensibilisation de ceux qui les utilisent est prépondérant. Son influence s’étend à tous les continents et sa contribution à la protection de la santé des consommateurs et à la garantie de pratiques commerciales loyales est incommensurable. Il constitue une occasion unique pour tous les pays de se joindre à la communauté internationale pour participer à la formulation et à l’harmonisation de normes alimentaires et en assurer l’application à l’échelle internationale. Il leur permet également de contribuer à l’élaboration de codes d’usages en matière d’hygiène et de recommandations visant le respect de ces normes.

L’importance d’un code alimentaire pour la protection de la santé des consommateurs a été soulignée en 1985 par la résolution 39/248 de l’assemblée générale des Nations Unies aux termes de laquelle des directives ont été adoptées pour l’élaboration et le renforcement des politiques concernant la protection du consommateur. Ces directives recommandent aux “gouvernements de tenir compte de la nécessité d’une sécurité alimentaire pour tous les consommateurs, et d’appuyer et, autant que possible, d’adopter les normes… du Codex alimentarius” de la FAO et de l’Organisation mondiale de la santé.

Le Codex alimentarius revêt une importance particulière pour le commerce international des denrées alimentaires. Disposer de normes alimentaires universelles pour la protection du consommateur sur un marché mondial en constant élargissement présente des avantages manifestes. Il n’est alors guère surprenant que l’Accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) et l’Accord sur les obstacles techniques au commerce (OTC) encouragent l’harmonisation internationale des normes alimentaires. »

Le Codex : une insulte à la démocratie

En quoi consiste la polémique à l’ égard de ce Codex ?

Voici une partie d’un texte très critique, non signé, sur le site lespacearcenciel.com. Ce qui est fâcheux, c’est qu’aucune source n’est communiquée. Ce qui a bien évidemment comme conséquence non seulement de tuer l’information, mais, plus grave encore, d’inspirer des interprétations extrémistes. Les arguments ne sont pourtant pas dénués d’intérêt.

« Les buts principaux de ce programme sont la protection de la santé des consommateurs, la promotion de pratiques loyales dans le commerce des aliments, et la coordination de tous les travaux de normalisation ayant trait aux aliments entrepris par des organisations aussi bien gouvernementales que non gouvernementales.

Les responsables et les experts qui ont jeté les bases et défini les orientations des activités de la Commission du Codex alimentarius étaient d’avis que si tous les pays harmonisaient leurs législations alimentaires et adoptaient des normes approuvées à l’échelle internationale, ces questions trouveraient une solution naturelle. Grâce à l’harmonisation, ils prévoyaient une réduction des obstacles au commerce et la libération des échanges entre les pays, dont tireraient profit les agriculteurs et leurs familles et qui aideraient à atténuer la faim et la pauvreté (voir le résultat 40 ans après !). Ils concluaient que le Codex Alimentarius serait la panacée pour certaines des difficultés qui entravaient la liberté d’échange.

Le volume du commerce mondial des denrées alimentaires est considérable et sa valeur est de 300 à 400 milliards de dollars. Les gouvernements nationaux se préoccupent surtout de l’innocuité des aliments importés d’autres pays, afin qu’ils ne menacent ni la santé des consommateurs, ni la santé et la sécurité de leurs populations animales et végétales. En conséquence, les gouvernements des pays importateurs ont institué des lois et des règlementations contraignantes pour éliminer ou réduire au minimum ces périls. Mais dans le domaine du contrôle des denrées alimentaires, des animaux et des végétaux, ces mesures risquent de créer des obstacles au commerce des denrées alimentaires entre les pays (business d’abord !) ».

Ce qu’il en découlerait : « Derrière des atours séducteurs d’apparence philanthropique, le Codex n’est que le bras séculier d’une organisation, dont la vocation secrète n’est que l’exploitation à outrance, quelles qu’en soient les conséquences et la mise en esclavage de l’humanité. D’ailleurs, il est clair que la mise en place de cet organisme mondial n’a fait que créer ou aggraver les disparités socio-économiques, contrairement à ce qui était promis au départ. Par exemple, l’Europe paie actuellement, tous les ans, une amende de 116.8 millions de dollars pour son refus d’importation de veau aux hormones.

Le Codex alimentarius entend mettre hors la loi toute information alternative de santé en rapport avec les vitamines, les thérapies naturelles, les compléments alimentaires et tout ce qui constitue de près ou de loin un concurrent potentiel. »

Selon l’auteur de cette charge, il en résulterait « une insulte à la démocratie. Le 13 mars 2002, nos euro-députés adoptèrent des lois en faveur de l’industrie pharmaceutique, fixées par des dispositions du Codex alimentarius visant à élaborer une réglementation coercitive pour toutes les thérapies naturelles et suppléments alimentaires. Une fronde citoyenne de 438 millions de pétitions inonda pourtant les messageries des euro-députés, à tel point que les communications internes en furent bloquées. Malgré près d’un demi-milliard de pétitions, les directives du Codex alimentarius furent adoptées. Ce vote fut un véritable déni de démocratie augurant de futures difficultés pour la construction de l’Europe ».

L’intérêt des multinationales

Nous sommes en droit de nous demander si le Codex alimentarius ne sert pas les intérêts des consommateurs mais plutôt ceux des multinationales de l’industrie agroalimentaire, de la pharmacie, de la chimie ou de la biotechnologie. Il semble en effet que sous des apparences généreuses et sécurisantes il s’agirait, en fait, d’un moyen détourné de tenir sous son pouvoir les gouvernements eux-mêmes avec, comme menace, des moyens de riposte commerciale. Si nous admettons l’extrapolation de ceux qui avancent cette thèse,  ce qui paraitrait problématique dans  ce code alimentaire, c’est l’orientation qu’il prendrait  comme soit disant une alternative, une sécurité à la «malbouffe».

En fait, il apparait que ce n’est pas vraiment le cas, notamment dans ces projets de régulations qui voudraient, au nom d’une normalisation, imposer l’irradiation des produits issus de l’agriculture biologique (en fait, un bombardement au cobalt des aliments pour assurer leur conservation), y ajouter plusieurs produits chimique,  faire séjourner les produits végétaux comme les bananes ou les avocats au contact d’un gaz de éthylène qui est un catalyseur essentiel de la maturation des fruits. Ces procédés de conservation sont depuis longtemps pratiqués dans l’alimentation conventionnelle non bio.

Mais, si l’on accepte l’idée d’appliquer ces moyens aux produits issus de l’agriculture biologique, à quoi servirait de cultiver bio et que deviendrait l’intégrité du produit lui-même ? Rappelons qu’un produit bio contient beaucoup plus d’éléments nutritifs, de vitamines,  qu’un produit non bio. Que l’agriculture biologique est respectueuse de la terre, ne traite pas celle-ci avec des produits chimiques, utilise des semences certifiées bio et s’impose des contrôles, une traçabilité complète du processus de production. Ce qu’il faut également savoir, c’est que pour prouver que toutes ces étapes ont été respectées, l’agriculteur ainsi que toute la filière bio prennent  entièrement à leur charge le surcoût de ces contrôles.

Il faut donc payer plus cher pour faire un produit naturel ! Ce qui est tout de même un comble ! Si effectivement l’on accrédite l’éventualité de la mise en application de l’ensemble des procédés exigés par le codex alimentaire, il est incontestable que l’on tuera à terme purement et simplement la culture biologique et par delà même les variétés qu’elle représente.

Une autre disposition de ces textes attire notre attention : c’est, entre autres, celle concernant les produits touchant aux médecines non allopathiques ainsi que les produits naturels où il pourrait y avoir à terme de grand changement. Des pratiques pourraient interdites : médecine énergétique, acuponcture… Il y a volonté de remplacer les éléments naturels par des produits de synthèse.

Purin d’ortie et homéopathie dans le collimateur

Quelque soit l’interprétation que ces textes peuvent susciter, il faut rester circonspect sur les accusations portées contre les institutions et leurs supposées mauvaises intentions.
Par contre, si l’on part de l’interprétation donnée, à savoir profiter d’une norme comme le Codex pour servir les intérêts des holdings, là, nous pouvons redoubler de vigilance, car les précédents font légions surtout dans la bio.

Rappelons l’affaire sur l’interdiction du purin d’ortie, l’essai de la législation Française d’interdire définitivement toutes les graines anciennes qui ne seraient pas référencées sur le catalogue « officiel », qui est en fait à l’origine de l’affaire de Kokopelli qui titre sur son site : « Il faut être réaliste : les semences que défend l’association Kokopelli étaient maintenues dans l’illégalité par une volonté politique. Malgré les directives européennes, les avis de l’ONU, du Sénat, de scientifiques, d’agronomes affirmant l’urgence de sauvegarder la biodiversité végétale alimentaire, l’Etat français refuse de libérer l’accès aux semences anciennes pour tout un chacun. C’est ce qui permet aujourd’hui aux magistrats d’infliger ces lourdes peines à l’association Kokopelli ».

Toujours à titre d’exemple concernant les médecines appelées différentes, il est vrai que l’homéopathie subit depuis plusieurs années de vives critiques, à tel point que plusieurs des substances d’origine animale ayant des effets thérapeutiques irremplaçables sur certaines affections (rhumatisme) ont été purement et simplement interdites. Plusieurs articles parus dans la presse anglaise ont totalement classé cette pratique comme inefficace. Les actions menées notamment au niveau européen par Eliant, concernant la nécessité au nom de la diversité pour maintenir la culture biologique pour les plantes servant à l’élaboration de produit homéopathique, sont à citer comme exemple.

Le mouvement anthroposophique publie une pétition pour recueillir un million de signatures (voir Ouvertures n° 4). Objectif : peser sur l’Union européenne pour qu’elle ne lamine pas les démarches “différentes” comme l’agriculture biodynamiq
e et les produits qui en sont issus,
’enseignement pratiqué dans les écoles  Steiner ou encore les thérapies issues de la médecine d’orientation anthroposophique. Cette initiative citoyenne devrait aussi concerner toutes les approches originales respectueuses du vivant, comme l’homéopathie ou l’agriculture biologique.

« Ce qui n’est pas expressément permis est interdit »

L’évolution des législations européennes menace l’existence des contributions originales issues de l’anthroposophie, mais pas seulement. En effet, elle passe de plus en plus du «ce qui n’est pas interdit est permis» à «ce qui n’est pas expressément permis est interdit». Cela change tout ! Car, désormais, seuls les producteurs ou les acteurs (publics et privés) bien représentés auprès de la Commission ont droit de cité. Ce qui risque d’écarter nombre de groupes et d’intérêts peu ou pas reconnus par les instances nationales. Mais dont l’action peut être bénéfique à la société.

Les médicaments spécifiquement anthroposophiques qui ne relèvent pas des catégories reconnues par les directives sur les médicaments risquent à terme de disparaître. Déméter International a perdu le droit de diffusion sous sa marque d’aliments pour nourrissons (directive UE 96/5/EG), le cahier des charges Déméter n’autorisant pas l’ajout de vitamines artificielles, alors que cette directive UE l’exige.

Les organisations internationales anthroposophiques (associations médicales, laboratoires pharmaceutiques, mouvement de culture biodynamique et association Déméter, fédération des écoles Steiner, associations de consommateurs de produits biodynamiques) se sont regroupées au sein d’une Alliance européenne d’initiatives issues de l’anthroposophie, Eliant. Elles réclament des cadres législatifs pour que « les innovations anthroposophiques dans tous les domaines puissent survivre et continuer à jouer leur rôle dans la civilisation. L’anthroposophie et les initiatives qui en sont issues sont au centre de la tradition européenne de dignité humaine, de développement individuel et de liberté de choix dans une société multiforme ».

Qu’en dit l’agriculture bio ?

Qu’en est-il des dispositions au niveau de la Communauté européenne sur l’agriculture biologique ?  La thèse de l’entente nécessaire des pays serait-elle crédible ?

Commentaires de la Fnab  (Fédération nationale de l’agriculture biologique) : «Le nouveau dispositif réglementaire bio européen qui s’appliquera à partir du 1er janvier 2009 est désormais connu dans ses grandes lignes. En effet, le principal a été adopté à Bruxelles ce 2 juillet 2008. Il définit les dispositions pratiques de production, transformation et contrôle et vient compléter les “principes” généraux et les grandes “règles” du règlement-cadre concernant les produits issus de l’agriculture biologique (834/2007) voté il y a un an.

Malgré 2 ans et demi de travail intense et de revendications portées par la Fnab, de nombreux points, plus ou moins importants sont restés insatisfaisants, inaboutis ou incomplets dans ces deux règlements. De manière générale, on constate que le texte européen, qui se voulait  “plus simple, plus clair et plus transparent” a raté son objectif puisqu’il faudra croiser systématiquement texte cadre et règlement. On est très loin d’une approche globale et pédagogique.

Le texte ne prend pas plus en comptes des attentes sociétales et écologiques : il n’aborde pas certains sujets tels que la gestion de l’eau et des déchets, les emballages, l’énergie, la proximité, etc.

Le règlement d’application ne reprend, à quelques exceptions près, que des éléments de l’actuelle réglementation bio de l’Union européenne. Des sujets couverts par le texte cadre (précautions/ OGM, procédés de transformation, analyse des risques) ne sont pas développés. Les nouveaux domaines tels que l’aquaculture, la vinification, les levures ne seront réglementés qu’en 2009 ou 2010. De nombreux points sont laissés à l’avancement de groupes de travail à venir (plan de contrôle, transformation, normes, élevage des volailles)».

Règlement européen de l’agricultre bio : les points qui fâchent

  • Contamination accidentelle OGM tolérée en bio jusqu’à 0,9%
  • Nombreux problèmes sur les règles d’élevage, inférieures à celles appliquées aujourd’hui en France
  • Elevage sans lien au sol possible. Liaison au sol alimentaire exigée uniquement pour les herbivores et sans obligation sur l’exploitation même
  • Traitements vétérinaires allopathiques moins restreints (notamment pour les antiparasitaires)
  • Autorisation sans limite de temps de la mixité bio/non bio dans les élevages
  • Age minimum d’abattage remis en cause pour les volailles, inexistant pour les porcs
  • Engraissement en bâtiment autorisé 3 mois uniquement pour les bovins, et jusqu’au 31/12/2010 pour les ovins (agneaux de bergerie)
  • Des règles concernant les bâtiments peu exigeantes
  • Collecte mixte bio/non bio autorisée de toutes les matières premières
  • Nouveau système de contrôle moins exigeant : fréquence plus faible
  • Principe de flexibilité : gestion plus souple des dérogations : chaque état membre a le choix dans un éventail de dérogations, il est libre de sélectionner une bio différente de celle des autres états, sans transparence pour les consommateurs
  • Interdiction des réglementations officielles nationales complémentaires. Les demandes faites par la France d’améliorer certaines dispositions pour qu’elles se rapprochent des actuelles règles françaises n’ont pas abouti…

Nous ne nous hasarderons pas sur la piste de la conspiration. Pourtant, il est clair qu’au comptant, comme au terme, le cahier des charges de la bio aura tendance à devenir moins contraignant, moins exigeant tant sur les semences que sur les pratiques du mode de culture. Enfin, moins intransigeant sur le mélange avec des produits non bio (c’est le moins que l’on puisse dire !). Rappelons qu’il y a environ 5 ans, un agriculteur du Tarn-et-Garonne s’était vu refuser sa production de blé parce qu’il y avait moins de 0,2% de substance OGM dans sa livraison (en fait il restait des résidus OGM dans la remorque ayant servie à une précédente livraison !)

Que dire lorsqu’en 2009 nous en sommes à  0,9% ? Principe ? Non mais cela veut dire en d’autres termes que la contamination des OGM est avérée (si ce n’était pas le cas pourquoi y aurait-il ces seuils ?). Et, concernant les contrôles effectués auprès des agriculteurs bio, puisque nous constatons une dégradation des exigences, il serait souhaitable que le coût des contrôles puisse également diminuer. Rappelons que ces coûts constituent une lourde charge pour tous les acteurs de la filière. Et pourquoi cette charge qui obère les budgets des petits producteurs ne serait-elle pas payée par les grandes exploitations qui produisent en quantité des produits de qualité bien inférieure ou si c’est produits s’avèrent être importés, les taxer dès leur arrivée !

Pas de conspiration, mais…

On ne peut nier le fait que les thérapies dites complémentaires, ou encore l’agriculture biologique, subissent depuis des années des attaques de toutes parts. Alors, que penser des extrapolations « mondialisables » proposées ? Pas grand-chose dans les termes extrémistes qui nous sont proposés.

Cependant si l’on se rappelle ce qui était proposé il y a 8 ans par le ministère de l’agriculture, à savoir : l’agriculture raisonnée (ce qui à l’époque était nommée chimie light), on peut craindre que l’évolution de la législation internationale  – parce qu’elle vise au mixage de l’agriculture biologique et l’agriculture non bio –  conduise à terme cette fameuse agriculture raisonnée. Reste la gênante agriculture biodynamique qui elle ne transige pas. Une culture de trop, donc, dans ce binaire parfait!

A l’observation de ces faits, de ces recoupements et au terme de l’enquête, il paraît évident qu’il existe bel et bien de très fortes pressions dans le domaine du « naturel » qui ne vont pas dans le sens positif. De toute évidence, il demeure dans le monde une volonté de maintenir une main mise sur le vivant au nom d’intérêts qui ne sont pas ceux de l’ensemble des citoyens.

Alors conspiration ? Non, le mot est trop fort, entêtement très certainement. Entêtement à faciliter l’homogénéisation de notre existence ainsi que celle de tous les pays. De souhaiter avoir le monopole de tout ce qui se sème, ce qui se mange, bientôt de ce qui se boit (l’or bleu). Alors, que faire ? Car nous sommes tous concernés par l’étendue et les domaines que touchent ces mesures. Insidieusement, cela concerne nos libertés dans ce qu’elle a de plus intime, la nourriture, la santé, la vie en somme.

Il serait nécessaire de se référer, par exemple, au texte d’Eliant, à d’autres mouvements, qui proposent, en toute transparence, des moyens pour une représentation citoyenne au sein même de l’Europe. Il n’appartiendrait donc qu’à nous-mêmes d’adhérer ou non à ces sortes de «domination» en refusant simplement le principe même que l’on puisse «interdire» la variété des plants, des semences, interdire le libre choix thérapeutique, de tolérer même partiellement l’emploi des semences OGM sans qu’il n’y ait vraiment eu, au préalable, d’observations à long terme quant à leurs effets sur la santé humaine.

Jean-Yves Udar

Essayez les toilettes sèches

Tant pour des raisons économiques qu’écologiques, la toilette sèche offre une solution fiable pour l’assainissement non collectif.


Toilette de la famille Krins

La toilette sèche se différencie de la toilette à chasse d´eau par le simple fait qu´elle n´utilise pas d´eau. A la place, on recouvre les déjections d´une litière sèche composée de matières contenant du carbone. Tout ce qui est disponible localement convient : sciure de bois, copeaux, paille ou foin séché et broyé. C’est propre et sans odeur. Versée en quantité adaptée, la litière carbonée bloque les fermentations anaérobies (sans oxygène) et permet le démarrage du compostage. La sciure de bois peut souvent être obtenue gratuitement auprès d´une scierie

Nos déjections sont surtout constituées d´azote, de phosphore et de carbone. Ces éléments ont des cycles terrestres, c’est à dire que leur recyclage doit être réalisé par compostage afin d’être rendus à la terre pour l´enrichir. Pour Empreinte, mêler les déjections (humaines ou animales) avec l’eau est « une erreur et un non-sens écologique ».

Elle rappelle que c’est de l’eau potable qui est utilisée à raison d’une moyenne de 40 litres/habitant/jour pour chasser nos déjections : « Cette mauvaise gestion de la matière organique est à la source de bien des problèmes : épuration lourde et peu efficace (60% de la charge des eaux à épurer provient des toilettes) ; dégradations des écosystèmes aquatiques et des eaux souterraines; manque à gagner en humus pour les sols ».

La toilette sèche n’utilise pas d’eau et après compostage de la litière, rend au sol la richesse qu’il nous donne.

Depuis le début de l´année 2005, l´association Empreinte réalise, en partenariat avec différentes associations, comme Eau Vivante et Heol, une enquête auprès des utilisateurs de toilettes sèches 1001 réponses).

Au mois d’avril dernier, elle a présenté les résultats de son travail :

• 41 % des foyers ayant répondu n´ont pas de toilettes à eau;
• 16 % en ont mais ne les utilisent pas;
• 35,5 % utilisent toilettes sèches et toilettes à eau;
• 7,5% n´ont pas répondu.

Au moins 1000 foyers qui n´utilisent pas de toilettes à eau, soit plus de 3000 utilisateurs quotidiens ne tirant pas la chasse (30 l/jour/personne). Cela représente près de 33 millions de litres d´eau potable économisée (33 000 m3), sans compter le gain en pollution (les 30 litres quotidiens souillent l´ensemble des eaux à assainir) ni la richesse rendue à la terre par le compostage.
A plus de 90 %, ces toilettes sont autoconstruites.

33,5 % des foyers ont un assainissement par phytoépuration (épuration par les plantes) en service ou en projet.

22 % des foyers utilisent le compost issu des toilettes sèches sur les arbres et les fleurs.
Pour 16 %, le compost va enrichir le potager. Pour 48%, il n’y a pas encore d’affection précise. Les autres (14%) n´ont pas répondu.

Selon Empreinte, le territoire français compte plus de 350 installations publiques : sites isolés ou difficilement raccordable, sites naturels et protégés, équipements communaux locaux.

>> Créée en septembre 2004, Empreinte est une association sans but lucratif qui cherche à promouvoir l´habitat sain, passif et à faible impact écologique. L’ouverture de son centre de ressources et d´informations sur l´habitat écologique aura lieu, grâce au soutien du conseil régional de Bretagne, début 2009.

Les solutions disponibles


Toilette de la famille Monier 

Extrait d’un article rédigé par Emmanuel Adler, expert judiciaire près de la cour d´appel de Lyon (cabinet Aconsult), à la suite d’un voyage d’études en Allemagne organisé au mois de mai dernier par l’association Toilettes du monde. Article paru dans Environnement & Techniques, sept. 2008:

« La palette des solutions disponibles sur le marché des toilettes sans eau est large, depuis les systèmes rustiques et mobiles du type Gandousiers, jusqu’aux dispositifs haut de gamme, avec tapis roulant (à pédale) pour l’évacuation des matières fécales, développés par le précurseur Pierre Colombot, et notamment mises à la disposition des gens du voyage et des raveurs du Tecknival à Rennes.

Mais des toilettes sèches peuvent également s’intégrer à la maison, comme en Allemagne et en Suède. A l’instar du lotissement écologique de Hambourg-Allermoehe, l’assainissement décentralisé met en œuvre des toilettes à compost de type Clivus multrum au sein même des habitations (fosse intérieure de 3,5 m3 recevant déjections et biodéchets domestiques, temps de séjour de 4 ans avec soutirage annuel de 40 l de compost), tandis que les eaux grises de cuisine et de salle de bain sont collectées par un réseau et traitées sur place par filtres plantés de roseaux avant rejet au milieu naturel. »

Pour en savoir plus :

 

Quand la science rejoint le bon sens

Le public en sait souvent plus, ou au moins autant, que le savant, seulement il ne s’en rend pas compte. D’où son admiration parfois déférente face aux têtes bien remplies qui lui expliquent en détails ce qu’il sait lui-même déjà intuitivement…

Incroyable nouvelle diffusée dans les médias à la fin de cet été : le sport permet de mieux vivre et plus longtemps ! Il a fallu une étude longue de près de 20 ans pour arriver à ce constat stupéfiant. Les médecins de la faculté de médecine de Stanford (Californie) ont commencé à suivre 538 personnes de 50 ans et plus courant plusieurs fois par semaine en 1984, et fait des comparaisons avec un groupe témoin sédentaire de la même taille. Les sujets âgés qui courent de façon régulière depuis plusieurs années souffrent moins de handicap, ont une vie active plus longue et réduisent de 50 % leur risque de mourir plus tôt que ceux qui sont inactifs.

Le bon sens populaire avait compris depuis longtemps ce que nos têtes savantes parviennent à mettre en lumière avec force mesures et calculs : la mode du jogging n’avait pas attendu ces validations savantes pour s’en convaincre…

Au-delà de cette naïve évidence, la corroboration par les chiffres de cette vérité de bon sens apporte des précisions rassurantes : le jogging ne provoque pas à long terme de problèmes particuliers d’articulation.

On respire !

En France, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a réuni un groupe pluridisciplinaire d’experts afin de réaliser, selon la procédure d’expertise collective, une analyse des facteurs pouvant favoriser l’usage du sport. Ils ont étudié près de 2 000 articles pour conclure à l’intérêt de promouvoir l’activité physique pour tous en insistant sur ses bienfaits pour la santé. Extraordinaire révélation !

Et les experts n’ont pas failli à la tradition qui veut que toute étude scientifique se conclue par un appel à la continuation des travaux : « Des recherches sont cependant encore nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes  physiologiques en jeu dans les effets de l’activité physique sur la santé et pour optimiser son action préventive. Il est important également de prévoir l’évaluation des actions de promotion entreprises à l’échelle nationale ».

Autre banalité populaire : trop de protection nuit à la protection. À trop vouloir se prémunir des microbes, on risque de fragiliser notre organisme et notre système immunitaire. Désormais, ceux qui sont persuadés de cette vérité pourront exciper du savoir scientifique pour résister tant bien que mal aux pressions culpabilisantes et aliénantes de certains discours autoritaires qui voudraient nous aseptiser, nous et notre environnement.

Le programme Diabimmune se demande en effet si l´élimination de toutes les bactéries n´aurait pas pour effet d´affaiblir le système immunitaire de nos enfants. Les chercheurs sont partis de ce constat : on conseille souvent aux nouveaux parents de maintenir leurs nouveau-nés dans des environnements sans bactéries. La stérilisation des biberons et des tétines est préconisée. Il est recommandé de se laver les mains fréquemment. De nombreux savons et lingettes antibactériens sont commercialisés pour les enfants, les parents et les nourrices. D´autre part, la majorité des enfants sont vaccinés contre plusieurs maladies graves avant leurs trois ans.

Or, des études récentes ont montré que les enfants finlandais ont six fois plus de risque de contracter un diabète de type 1, et que leur taux de maladie cœliaque (une maladie auto-immune de l´intestin grêle) est cinq fois plus élevé que celui des enfants russes. Malgré cette prédominance, les deux nationalités ont un taux égal de variantes génétiques de l´antigène HLA (human leukocyte antigen), qui prédisposent ces enfants aux maladies auto-immunes.

« Les différences de fréquence de ces phénomènes auto-immuns et des réactions allergiques entre la Finlande et la République de Carélie en Russie ne peuvent pas résulter de causes génétiques. Les standards élevés et le style de vie associé semblent promouvoir le développement de maladies auto-immunes et de réactions allergiques », pense le professeur Mikael Knip de l´université d´Helsinki (Finlande), coordinateur du projet.

Soutenu par l´Union européenne à hauteur de 6 millions d´euros au titre du septième programme-cadre, ce travail rassemble des partenaires d´Estonie, de Finlande, d´Allemagne, des Pays-Bas et de Russie.

Julien Massenet

Le point sur les gaz à effet de serre

Les chiffres récents de la météorologie confirment l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère et la fonte accélérée des glaciers.

 
Image satellite de l’ouragan Ike par la Noaa.

L’Organisation météorologique mondiale (OMM) pilote un Programme de veille de l’atmosphère globale (VAG). Ce programme observe avec régularité le milieu atmosphérique. Il mesure notamment le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O) et d’autres gaz présents dans l’atmosphère. Ces données sont archivées et publiées par le Centre mondial de données relatives aux gaz à effet de serre.

Les dernières données relevées par le réseau mondial de surveillance des gaz à effet de serre indiquent que, en moyenne mondiale, les rapports de mélange du CO2 et du N2O dans l’atmosphère ont atteint de nouveaux sommets en 2006, avec des valeurs de 381,2 parties par million (ppm) pour le CO2 et de 320,1 parties par milliard (ppb) pour le N2O.
Le méthane reste stable, à 1782 ppb.

Ces valeurs dépassent celles de l’époque préindustrielle de respectivement 36 %, 19 % et 155 %.
L’indice annuel d’accumulation des gaz à effet de serre établi par l’Administration océanique et atmosphérique américaine, la Noaa, montre que, de 1990 à 2006, le forçage radiatif de l’atmosphère par les gaz à effet de serre persistants à augmenté de 22,7 %.

Les chlorofluorocarbures (CFC) destructeurs d’ozone contribuent aussi au forçage radiatif de l’atmosphère de manière significative : 12 % du total.

Doublement sur 4 ans du taux de fonte des glaciers

Selon les dernières observations du Service mondial de surveillance des glaciers, les glaciers continuent à fondre partout dans le monde. Des chiffres tirés de la surveillance de près de 30 glaciers de référence situés dans 9 massifs montagneux montrent qu’entre 2004-2005 et 2005-2006, le taux moyen de fonte des glaciers a plus que doublé !

En 2006, une nouvelle perte d’épaisseur d’environ 1,4 m équivalent eau s’est produite, contre 0,5 en 2005. De 1980 à 1999, cette perte était en moyenne de 0,3 m par an. En moyenne, 1 m équivalent eau correspond à une épaisseur de glace de 1,1 m.

Certaines des pertes les plus importantes ont eu lieu en Europe : ainsi, le glacier norvégien du Breidalblikkbrea a perdu près de 3,1 m (2,9 équivalent eau). Quelques glaciers ont épaissi (au Chili par exemple). D’autres ont rétréci moins vite en 2006 qu’en 2005.

Les réserves d´eau douce du Canada pourraient s´épuiser

C’est ce qu’a conclu cet été un rapport interne d´Environnement Canada, instance du gouvernement chargée notamment de conserver et de protéger les ressources hydriques du pays. Ce texte met en garde le gouvernement contre des pénuries d´eau douce qui pourraient menacer l´économie canadienne et créer des conflits entre les provinces. Le rapport prévient que les changements climatiques et l´augmentation de la population vont mener à l´épuisement de ces ressources.
Le Canada compte 1/5e de l´approvisionnement mondial en eau douce. Seulement 7 % de cette quantité est renouvelable, tandis que le reste provient de glaciers de la période glaciaire et de sources d´eau souterraine. Les précipitations permettent quant à elles de renouveler 1 % de l´approvisionnement en eau du pays, selon le rapport.

« Un plan de prévision nationale sur la disponibilité en eau au pays n´a jamais été élaboré parce que, traditionnellement, nous considérions que notre utilisation de la ressources était illimitée », indique le rapport, intitulé Menaces pour la disponibilité de l´eau au Canada.

Quelle conscience après la mort ?

Peut-on voir son corps alors que l’on vient de mourir ?  Pour tenter de répondre à cette question et à bien d’autres sur ce thème, une nouvelle étude a été lancée début septembre au siège des Nations Unies, à l’occasion d’un symposium organisé par la section des organisations non gouvernementales (ONG) du Département de l’information (DPI).

L’étude intitulée « Au-delà du problème corps-esprit : Nouveaux paradigmes dans la science de la conscience » est lancée par la Division de neurosciences de l’Université de recherche médicale de Southampton, au Royaume-Uni, en association avec 25 centres médicaux européens et américains. Elle pose pour la première fois la question de savoir ce qu’il advient de la pensée et de la conscience quand le cœur ne bat plus, quand les poumons ne fonctionnent plus et quand le sang n’irrigue plus le cerveau.

« Ce qui se passe après la mort n’est plus une question réservée à la philosophie ou la philologie, a expliqué Sam Parnia, chargé de recherche en médecine pulmonaire et coronaire au Centre médical Weill Cornell et à la Division de neurosciences de l’Université de recherche médicale de Southampton.  Les progrès de la science nous permettent maintenant de ramener à la vie des personnes déclarées cliniquement mortes. De plus, les travaux de recherche des 10 dernières années montrent que 10% à 20% des personnes ayant été “ressuscitées“ affirment avoir été en mesure d’entendre et de voir se qui se passait autour d’elles pendant leur arrêt cardiaque. Les médecins et infirmières impliqués ont également confirmé les détails mentionnés par les patients étant revenus de l’état de mort clinique. »

L’étude doit durer trois ans. L’un des objectifs-clés est de s’assurer de la validité de ce que disent les patients ayant survécu à un arrêt cardiaque, ajoute Sam Parnia.  Ainsi, des unités de soins intensifs et des salles d’urgence ont été équipées de diverses images placées qui ne sont visibles qu’en jetant le regard du haut vers le bas. L’idée est de savoir si les personnes qui affirment voir et entendre les médecins et infirmières pendant la phase de ressuscitation verront également ces images. Si ce n’est pas le cas, cela signifiera que ce qu’ils ont vu ou entendu n’est qu’une illusion s’alimentant d’expériences précédentes et donc ne constitue qu’un “faux souvenir“.  Mais si ces individus décrivent ces images, la science, et plus particulièrement la neuroscience, connaîtra une révolution.

>> Cette recherche pourrait approter des éclairages nouveaux sur un sujet riche en controverses, celui des expériences de mort imminente. Après avoir repris conscience, certains patients font un récit qui présente de nombreuses similitudes : impression de décorporation, conviction d´être mort et cependant conscient mais dans un corps immatériel, déplacement le long d´un tunnel, vision d´une lumière intense, rencontre avec des personnes décédées ou des « êtres de lumière », remémoration en accéléré de sa propre existence, prises de conscience, etc. Dans la majorité des cas, l´expérience est jugée agréable et qualifiée de « lumineuse », voire mystique, au point que la personne éprouverait ensuite des difficultés pour revenir à la réalité matérielle du monde. (Source Wikipedia).

Pour changer les pratiques alimentaires

Le Cempama, centre de formation et d’expérimentations pédagogiques de l’enseignement agricole, intégré à l’Agrocampus de Rennes, met en place des actions de formation et de recherche au sein des établissements agricoles, pour une meilleure prise en compte du développement durable dans les pratiques alimentaires.

L’alimentation représente environ 30 % de l’empreinte écologique (voir encadré) d’un Français. Avec plus de 3,7 milliards de repas servis chaque année en France, la restauration collective est un acteur-clé pour offrir un régime sain pour soi et pour la planète. L’équipe « Vers des systèmes alimentaires durables » a lancé le projet Repas-RC (Repères pour l’évolution des pratiques alimentaires en restauration collective).

Les acteurs de la restauration collective (cuisiniers, gestionnaires, chefs d’établissements) ont ainsi reçu un outil de suivi environnemental pour comprendre les enjeux de la durabilité alimentaire, évaluer les priorités et les alternatives, et suivre les changements mis en oeuvre.

Une phase expérimentale a démarré en 2007 au sein de l’équipe de restauration collective du Lycée agricole de Merdrignac (Côtes d’Armor) qui réunit sur un même site formation et production horticole. Elle a conduit au calcul de l’empreinte écologique brute des matières premières utilisées pour les repas, à l’évaluation de l’empreinte écologique liée au transport des aliments et à la simulation de plusieurs scénarios de repas.

Moins de protéines animales, plus de produits locaux

L’étude a permis d’évaluer la part en empreinte écologique des aliments composants un menu-type, et de quantifier notamment le poids déterminant de la viande et du poisson : ceux-ci représentent moins de 20 % des aliments consommés (en poids), mais contribuent à plus de 70 % à l’empreinte écologique du repas. Les calculs ont aussi montré l’intérêt d’un approvisionnement local et de saison pour réduire de façon drastique l’empreinte écologique due au transport. Et qu’un repas contenant moins de protéines animales et plus de produits locaux peut être, à budget égal, à la fois plus sain et plus écologique.

L’outil « Repas-RC » est progressivement testé dans d’autres restaurations collectives. A l’horizon 2009, il devrait être mis en ligne sur Internet.

Le projet a reçu l’appui de partenaires scientifiques (Agrocampus de Rennes, Angenius), financiers (conseil régional Bretagne, ministère de l’agriculture) et locaux (Maison de l’agriculture biologique du Finistère, Civam, Réseau agriculture durable)
(Source : WWF)

L’empreinte écologique

Elle permet de traduire de manière facilement compréhensible l’impact d’activités humaines sur les écosystèmes et la planète. On calcule l´empreinte d´un objet (un ordinateur, une voiture, un meuble, un produit agricole) en considérant la surface moyenne liée aux ressources nécessaires à l´extraction et au transport des matériaux, à sa fabrication, son fonctionnement et son élimination. Elle donne une mesure quantifiée des impacts des différentes activités de production.

Exemples : la moyenne mondiale de l´empreinte écologique est de 2,5 ha par personne. Un Européen a besoin de 5 ha pour maintenir son niveau de vie. Si tout le monde consommait autant qu´un Européen, il faudrait l’équivalent de deux planètes supplémentaires. Un Américain du Nord a besoin du double d´un Européen pour maintenir son niveau de vie. Si tout le monde consommait comme un Américain, il faudrait cinq planètes supplémentaires.
(Source : wikipédia)

Hang Truong, moine cosmocentré

Il s’appelle Hang Truong, a 48 ans, est vietnamien d’origine, américain de nationalité et terrien de pensée. Bonze depuis l´âge de 20 ans, il enseigne de par le monde le « taï chi intégral », une nouvelle forme de bouddhisme appliqué. Il était au printemps à Moissy Cramayel (Seine-et-Marne), pour une session d’une semaine avec ses élèves français.


Photo: Jean-Luc Martin-Lagardette

On me l’a présenté comme un « maître », mot que je n’aime pas attribué à un être humain. Mais, dès le début de l’interview, Hang Truong m’a rassuré : « Je cherche, je veux apprendre. Si je suis un maître pour quelques uns, je suis alors un maître apprenant, sans fin. Je ne dis rien de nouveau. Les gens savent déjà tout. Mais ils oublient, ou ne font plus attention. Ils oublient le pardon, l’amour, le “human touch” ».

Quand il est allé au Sri Lanka rencontrer les victimes du tsunami, il a été bouleversé en prenant une malheureuse dans ses bras, bien plus qu’en lui donnant un peu de nourriture. Les larmes de la femme meurtrie n’ont pas séché dans son cœur…

« Notre groupe est pauvre. L’amour ne coûte rien. Tout le monde en possède. Mais qui en donne ? Même le plus pauvre peut donner. C’est ce que nous avons expérimenté dans nos activités sociales. »

Son credo est que la guérison doit toujours s’appuyer sur le triptyque « corps, esprit, environnement social »

La démarche de Hang se veut détachée du côté religieux : « L’important est d’évoluer continuellement, de s’ouvrir, de s’élever. De voir plus loin, plus haut que son ghetto : égo, tribu, ethnie, pays, etc. Si l’on m’interroge sur mes valeurs, je dirai que je suis cosmocentré… ».

A 15 ans, Hang Truong, terrassé par une hépatite A, est proche de la mort. C’est l’occasion d’une soif effrénée de connaître. Il dévore les livres de Sartre, Gide, Heiddeger, Camus, Wells, etc. C’est une révélation : il lit les textes dans leur langue d’origine sans les avoir apprises. Son esprit s’ouvre et s’expanse. Il trouve en lui une énergie qui depuis ne le quitte plus et qu’il cherche à faire découvrir chez les autres.

« L’intelligence, le savoir, c’est bien, mais on a besoin aujourd’hui de quelque chose de plus. » C’est ce « plus » que Hang Truong et ses 150 instructeurs tentent de partager au cours de leurs rencontres.

 En 2002, Hang Truong a créé le Compasionate Service Society, organisation non lucrative au service de l’homme, « pour favoriser la guérison du corps, du mental et de l’esprit ». En 2003, il a co-fondé Hana Spiritual Retreat à Maui, Hawaii, dont la vocation est d’être un centre spirituel réunissant des principaux représentants des religions mondiales en vue de dialogue et d’échange culturel. En 2005, il a lancé une action communautaire à grande échelle pour aider les victimes et les survivants du tsunami en Asie, au Sri Lanka.

>> hnpv.org

 

La médecine traditionnelle s’organise

En Afrique, l’institutionnalisation de la médecine traditionnelle progresse à petits pas. Le 31 août dernier, la Journée africaine sur ce thème a réuni experts et autorités pour trouver les voies d’une meilleure intégration des leaders communautaires, guérisseurs et psychiatres traditionnels dans le système conventionnel.

 

Les ministres de la santé de 47 États africains et les experts ont réfléchi sur les façons d´intégrer des tradipraticiens dans le système sanitaire des États membres de l´Union africaine. Réunis le 31 août dernier à Yaoundé (Cameroun) dans le cadre de la 6e Journée africaine de la médecine traditionnelle, ils ont évalué le degré d´avancement de la décennie africaine de la médecine traditionnelle 2001-2011, adoptée en 2001 à Tripoli, en Libye.

L´Afrique, notamment, veut se doter d´un répertoire de la médecine traditionnelle pour sauvegarder et valoriser les connaissances dans ce domaine. Les experts de la santé ont appelé à la collecte systématique et au traitement rigoureux de ces savoirs informels du patrimoine africain.

Selon le directeur régional de l´OMS pour l´Afrique, le docteur Luis Sambo, l´Afrique ne pourra réussir à améliorer la santé de ses populations si la médecine traditionnelle n´est pas prise en compte dans les soins de santé primaires. Il a invité les pays africains à poursuivre le programme d´institutionnalisation de la médecine traditionnelle avec l´aide de l´OMS.

Si 75% des pays de la région africaine ont élaboré et mis en œuvre une politique nationale de médecine traditionnelle, beaucoup reste encore à faire pour une reconnaissance de ces pratiques.

Les tradipraticiens gabonais, par exemple, demandent la mise en place d’un conseil national de l’ordre des médecins traditionnels, l’introduction de l’enseignement de la médecine traditionnelle dans les programmes pédagogiques et l’appui logistique aux États pour l’intégration de la médecine traditionnelle. Une commission de rédaction des textes organiques pour la régularisation de l’exercice de la médecine traditionnelle en République gabonaise a d’ailleurs été mise en place en 2006 par le gouvernement.

Au Sénégal, un projet de loi portant réglementation de la médecine traditionnelle se trouve actuellement sur la table du Conseil d’État. Le ministère de la santé a annoncé la tenue d’un conseil interministériel pour l’adoption d’une véritable politique liée à cette pratique, la création d’un bureau au ministère de la santé et de la prévention.

Dans ce pays, l’ONG Enda Santé plantes médicinales compte intégrer les tradithérapeutes et les agents de santé communautaires de la zone dans les centres de soins de santé primaires « pour une meilleure efficacité dans leurs interventions ». Une expérimentation est en cours dans le cadre d´un projet (projet Fontilles) destiné aux tradithérapeutes et agents de santé communautaires de Richard-Toll et Podor.

Il faut des protocoles d’essai adaptés

Pour Manto Tshabalala-Msimang, ministre sud-africaine de la santé et présidente de la Conférence africaine des ministres de la santé, la pharmacopée traditionnelle employée par les guérisseurs africains ne doit pas être soumise aux essais cliniques à l’occidentale, qui ne feraient qu’« embourber » son développement. Elle n’est pas opposée par principe aux essais cliniques mais souhaite des « protocoles adaptés » à une pharmacopée « utilisée par les guérisseurs traditionnels parfois depuis des milliers d’années ». Elle met également en garde contre « les charlatans qui nuisent à l’image » de la médecine traditionnelle, « qui font toutes sortes de promesses irréalisables à des gens désespérés ». Le groupe de travail doit rendre ses conclusions au gouvernement en mars.

Selon la ministre, les défis actuels concernent la propriété intellectuelle des produits de la médecine traditionnelle et l´introduction de modules adaptés dans les programmes scolaires et universitaires.
L’OMS  va organiser un congrès sur la médecine traditionnelle en novembre 2008 à Pékin (Chine). Objectif : réexaminer le rôle de la médecine traditionnelle dans la prestation des soins de santé conformément à l’approche des soins de santé primaires.

>> Les savoirs conventionnels rejoignent parfois les savoirs traditionnels. Ainsi les tradipraticiens gabonais ont insisté sur le rôle de « l’alimentation saine dans les soins de santé primaire », soulignant « l’impact d’une alimentation de qualité dans le renforcement du système immunitaire et la résistance aux infections ». « Il faut consommer beaucoup de fruits, beaucoup de légumes et moins de viande », a conseillé Le Dr Pierre Allogo.

Un message que les études scientifiques occidentales confirment aujourd’hui à 100 %….

(Sources : Gabonews, panapresse.com, lequotidien.sn, sudonline.sn, Sapa, Xinhua)

>> Voir également notre dossier Médecines traditionnelles : le réveil des sorciers (Ouvertures n° 1).

L’anthroposophie défend ses pratiques devant l’Europe

Le mouvement anthroposophique publie une pétition pour recueillir un million de signatures. Objectif : peser sur l’Union européenne pour qu’elle ne lamine pas ses démarches “différentes” comme l’agriculture et les produits biodynamiques ou l’enseignement des écoles Waldorf. Cette initiative citoyenne devrait intéresser toutes les approches originales respectueuses du vivant, comme l’homéopathie ou l’agriculture biologique.


Préparation de camomille matricaire
en agriculture biodynamique.
Liée au métabolisme du calcium,
elle régularise les processus
de l´azote dans les compostages.
Source : Biodynamie Service.

L’évolution des législations européennes menace l’existence des contributions originales issues de l’anthroposophie, mais pas seulement. En effet, elle passe de plus en plus du « ce qui n’est pas interdit est permis » à « ce qui n’est pas expressément permis est interdit ».

Cela change tout ! Car, désormais, seuls les producteurs ou les acteurs (publics et privés) bien représentés auprès de la Commission ont droit de cité. Ce qui risque d’écarter nombre de groupes et d’intérêts peu ou pas reconnus par les instances nationales. Mais dont l’action peut être bénéfique à la société.

Deux exemples :

  • Les médicaments spécifiquement anthroposophiques qui ne relèvent pas des catégories reconnues par les directives sur les médicaments risquent à terme de disparaître.
  • Demeter International a perdu le droit de diffusion sous sa marque d’aliments pour nourrissons (directive UE 96/5/EG), le cahier des charges Demeter n’autorisant pas l’ajout de vitamines artificielles, alors que cette directive UE l’exige.

De même, on se souvient du tollé soulevé par la répression mise en oeuvre par les pouvoirs publics français contre le purin d´ortie….

Les organisations internationales anthroposophiques (producteurs pharmaceutiques, thérapeutes, pédagogie Waldorf, patients, consommateurs de produits biodynamiques, médecins ainsi que Demeter International) se sont regroupées en une Alliance européenne d’initiatives issues de l’anthroposophie, Eliant. Objectif : réclamer des cadres législatifs pour que « les innovations anthroposophiques dans tous les domaines puissent survivre et continuer à jouer leur rôle dans la civilisation. L’anthroposophie et les initiatives qui en sont issues sont au centre de la tradition européenne de dignité humaine, de développement individuel et de liberté de choix dans une société multiforme ».

Les initiateurs de la démarche souhaitent que soit créé un cadre juridique permettant à l´anthroposophie de se développer comme en Suisse et en Hollande. En 2004, l´Allemagne a été victime d’un recul dans le domaine de la médecine et des médicaments en raison de la législation européenne. Elle pourrait, et d’autres pays avec elle, retrouver de meilleures perspectives grâce à une réglementation européenne plus favorable.

Le soutien de Jean-Marie Pelt et Pierre Rabhi

Les initiatives issues de l’anthroposophie sont mises en œuvre dans de nombreux pays d’Europe. En France, un comité de soutien a été instauré en juillet 2007 pour soutenir Eliant, l’anthroposophie ayant eu à se défendre d’accusations calomnieuses de sectarisme.

Y figurent notamment Jean-Marie Pelt, président de l’Institut européen d’écologie et professeur  à l’université de Metz ; Pierre Rabhi, écologiste, écrivain ; Albert Jacquard, scientifique, essayiste et généticien ; Lylian Le Goff, médecin, auteur et formateur, etc.

Interrogé par Christina Nidecker, responsable de l’action Eliant en France, le 15 juin 2008, J.-M. Pelt a déclaré : «L’anthroposophie s’inscrit dans ce courant de pensée remontant à Goethe et qui est un courant de pensée holistique qui envisage les choses dans leur totalité et non en les segmentant. Il n’a pas d’équivalent en France. Dans ce courant on a un rapport très fort avec la nature. L’évangile dit “on juge l’arbre à ses fruits”.  Pour moi, les fruits sont indéniables, parmi lesquels la médecine d’orientation anthroposophique (à laquelle j’ai eu  recours plusieurs fois avec des résultats positifs) et l’agriculture biodynamique, qui est en quelque sorte un échelon au-dessus de l’agriculture biologique et qui donne des produits de grande qualité.

Il est certain que la vision spirituelle arrache à un matérialisme trop étroit, étouffant, caractérisé par la recherche du superflu, par le gaspillage des ressources de la terre. Dès lors qu’un courant spirituel n’est pas sectaire – et l’anthroposophie ne l’est pas du tout car elle donne une grande place au libre arbitre, – ce courant spirituel est recevable».

Nature et Progrès et Biocontact accompagnent également le mouvement.