L’anthroposophie défend ses pratiques devant l’Europe

Le mouvement anthroposophique publie une pétition pour recueillir un million de signatures. Objectif : peser sur l’Union européenne pour qu’elle ne lamine pas ses démarches “différentes” comme l’agriculture et les produits biodynamiques ou l’enseignement des écoles Waldorf. Cette initiative citoyenne devrait intéresser toutes les approches originales respectueuses du vivant, comme l’homéopathie ou l’agriculture biologique.


Préparation de camomille matricaire
en agriculture biodynamique.
Liée au métabolisme du calcium,
elle régularise les processus
de l´azote dans les compostages.
Source : Biodynamie Service.

L’évolution des législations européennes menace l’existence des contributions originales issues de l’anthroposophie, mais pas seulement. En effet, elle passe de plus en plus du « ce qui n’est pas interdit est permis » à « ce qui n’est pas expressément permis est interdit ».

Cela change tout ! Car, désormais, seuls les producteurs ou les acteurs (publics et privés) bien représentés auprès de la Commission ont droit de cité. Ce qui risque d’écarter nombre de groupes et d’intérêts peu ou pas reconnus par les instances nationales. Mais dont l’action peut être bénéfique à la société.

Deux exemples :

  • Les médicaments spécifiquement anthroposophiques qui ne relèvent pas des catégories reconnues par les directives sur les médicaments risquent à terme de disparaître.
  • Demeter International a perdu le droit de diffusion sous sa marque d’aliments pour nourrissons (directive UE 96/5/EG), le cahier des charges Demeter n’autorisant pas l’ajout de vitamines artificielles, alors que cette directive UE l’exige.

De même, on se souvient du tollé soulevé par la répression mise en oeuvre par les pouvoirs publics français contre le purin d´ortie….

Les organisations internationales anthroposophiques (producteurs pharmaceutiques, thérapeutes, pédagogie Waldorf, patients, consommateurs de produits biodynamiques, médecins ainsi que Demeter International) se sont regroupées en une Alliance européenne d’initiatives issues de l’anthroposophie, Eliant. Objectif : réclamer des cadres législatifs pour que « les innovations anthroposophiques dans tous les domaines puissent survivre et continuer à jouer leur rôle dans la civilisation. L’anthroposophie et les initiatives qui en sont issues sont au centre de la tradition européenne de dignité humaine, de développement individuel et de liberté de choix dans une société multiforme ».

Les initiateurs de la démarche souhaitent que soit créé un cadre juridique permettant à l´anthroposophie de se développer comme en Suisse et en Hollande. En 2004, l´Allemagne a été victime d’un recul dans le domaine de la médecine et des médicaments en raison de la législation européenne. Elle pourrait, et d’autres pays avec elle, retrouver de meilleures perspectives grâce à une réglementation européenne plus favorable.

Le soutien de Jean-Marie Pelt et Pierre Rabhi

Les initiatives issues de l’anthroposophie sont mises en œuvre dans de nombreux pays d’Europe. En France, un comité de soutien a été instauré en juillet 2007 pour soutenir Eliant, l’anthroposophie ayant eu à se défendre d’accusations calomnieuses de sectarisme.

Y figurent notamment Jean-Marie Pelt, président de l’Institut européen d’écologie et professeur  à l’université de Metz ; Pierre Rabhi, écologiste, écrivain ; Albert Jacquard, scientifique, essayiste et généticien ; Lylian Le Goff, médecin, auteur et formateur, etc.

Interrogé par Christina Nidecker, responsable de l’action Eliant en France, le 15 juin 2008, J.-M. Pelt a déclaré : «L’anthroposophie s’inscrit dans ce courant de pensée remontant à Goethe et qui est un courant de pensée holistique qui envisage les choses dans leur totalité et non en les segmentant. Il n’a pas d’équivalent en France. Dans ce courant on a un rapport très fort avec la nature. L’évangile dit “on juge l’arbre à ses fruits”.  Pour moi, les fruits sont indéniables, parmi lesquels la médecine d’orientation anthroposophique (à laquelle j’ai eu  recours plusieurs fois avec des résultats positifs) et l’agriculture biodynamique, qui est en quelque sorte un échelon au-dessus de l’agriculture biologique et qui donne des produits de grande qualité.

Il est certain que la vision spirituelle arrache à un matérialisme trop étroit, étouffant, caractérisé par la recherche du superflu, par le gaspillage des ressources de la terre. Dès lors qu’un courant spirituel n’est pas sectaire – et l’anthroposophie ne l’est pas du tout car elle donne une grande place au libre arbitre, – ce courant spirituel est recevable».

Nature et Progrès et Biocontact accompagnent également le mouvement.

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