L´Amérique maso-schiste

REPORTAGE – L’exploitation du gaz de schiste au Texas tourne à la ruée vers l’or, particulièrement à Fort Worth, première grande ville américaine à l’autoriser. Des militants tentent d’organiser la riposte face aux graves nuisances occasionnées, dans l’indifférence générale.


Un puits en cours de forage à Fort Worth, Texas.

Au Texas, les citoyens mobilisés contre l´extraction du gaz de schiste font figure de pisse-froid aigris. Voire de gauchistes louches, vent debout contre le progrès. Pas militants pour un sou, ils ont vu débarquer chez eux, au milieu des années 2000, des commerciaux porteurs d´un deal alléchant : la location du sous-sol du jardin à l´industrie gazière contre un chèque de plusieurs milliers de dollars. À Fort Worth et ailleurs dans le pays, la plupart des particuliers sollicités ont plongé. Certains se sont méfiés, d´autres ont cédé pour vite déchanter. Don Young et Sharon Wilson ont été parmi les premiers à alerter contre les dégâts causés par le procédé de la fracturation hydraulique, seule technique d´extraction de ce gaz connue aujourd´hui.

Le principe est simple : forer à plusieurs milliers de mètres de profondeur, puis « casser » le schiste emprisonnant le gaz à l´aide d´un mélange d´eau à haute pression, de sable et de produits chimiques. Sûre et propre selon les industriels, la technique est dévastatrice pour l´environnement d´après les riverains des puits, parfois forés à quelques encablures des habitations, comme à Fort Worth. Air et eau potable viciés, émanations de produits toxiques, consommation d´eau faramineuse sont monnaie courante dans cette ville forée de toute part et quadrillée par un réseau souterrain de pipelines sauvage. Sans que les autorité locales, largement financées par l´industrie gazière et obnubilées par l´emploi, n´y trouvent à redire.

Les habitants, eux, ne sortent pas indemnes de la course au gaz « non conventionnel » et composent avec de graves problèmes de santé. En France, l´épée de Damoclès brandie par Total et les autres n´a jamais été si menaçante, tant la bonne odeur de méthane s´échappant du sous-sol hexagonal aiguise les appétits. « Vous devez continuer à vous battre », lance le réalisateur de Gasland Josh Fox, dans l´entretien qu´il nous a accordé. L´inverse tiendrait de l´irresponsabilité.

> Josh Fox : « L´exploitation du gaz de schiste est un désastre ».

> Le responsable d´un forage : « Ici, on fore comme dans du beurre ».

> La ferme du malheur.

Ce reportage a été une première fois publié intégralement sur le site Politis.fr. C´est le premier projet financé dans le cadre de la plateforme jaimelinfo, lancée par Rue89 et dont Ouvertures est membre. Objectif de cette association à but non lucratif : permettre aux internautes de financer des projets originaux soumis par plus de 120 médias indépendants. Le reportage de Politis a convaincu treize contributeurs qui ont reçu des newsletters avant, pendant et après le reportage.

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