Edito

Vaccination : les effets pervers du passage en force

Telle qu’elle est engagée, la mobilisation des autorités en faveur de la vaccination est quasi assurée d’échouer. Pas seulement parce que les différents scandales sanitaires, qui perdurent, ont sapé la confiance d’une partie de la population, mais surtout parce qu’il est contreproductif d’imposer une politique de santé par la force, c’est-à-dire sans savoir emporter l’adhésion.

Crédit photo : U.S. Navy photo/Mass Communications Specialist 1st Class Jennifer Hudson.

La récente décision de rendre obligatoire onze vaccins est présentée comme une décision basée sur des « preuves scientifiques ». C’est pour le bien des gens et pour le bien de la société, prétend-on. Au nom de la « science », on limite la liberté des gens, au risque de transformer l’hésitation en opposition.

La liberté est le bien le plus précieux de l’être humain. Elle est consacrée par la plupart des codes et législations des démocraties. Seul un impératif majeur avéré pourrait justifier de la réduire ou de la contraindre.

Or, jusqu’à preuve du contraire, la « science » n’a pas apporté la preuve d’une telle nécessité pour les vaccinations. Les données et les situations mises en avant par les autorités sont parcellaires. Beaucoup d’entre elles sont orientées et constituent plus des allégations, voire, dans certains cas, des affirmations mensongères, que des faits.

Or, le public, qui est sensé, veut bien accepter des obligations si on lui en démontre clairement et honnêtement le bien-fondé.

Simulacre de concertation

C’est là que le bât blesse. En France, il n’y a jamais eu de véritable débat public sur l’intérêt des vaccinations ou sur l’obligation vaccinale. Il y eut les discussions parlementaires et surtout un simulacre de concertation publique.

On a même pu entendre notre ministre de la santé affirmer : « La vaccination, ça ne se discute pas ! », traduisant ouvertement sa foi, qu’elle s’estime en droit d’imposer, en la religion de la « preuve scientifique ».

Celle-ci, n’est pas le tout de la connaissance. Même si elle est indispensable, elle doit demeurer modeste. Elle apporte un éclairage, elle ne délivre pas une vérité absolue.

Le bien commun, allégué par les autorités pour imposer la vaccination, ne peut être réduit à nos seules données scientifiques. Il doit être débattu, réajusté en permanence grâce aux vertus de la médiatisation, de la pédagogie et, surtout, du débat public. Les données scientifiques ne peuvent être qu’une base pour la discussion.

Or, en France, le débat sur ce sujet est inéquitable. Non seulement on a criminalisé par la loi les réfractaires à la vaccination, mais en outre les partisans de la vaccination ont la parole de façon hégémonique dans la presse et les « grands » médias. Chaque fois qu’une information ou un débat a lieu à la télévision, il n’y a pas de contradicteur. Pas – ou de façon exceptionnelle – d’intervenant opposé, contestataire, critique, voire seulement interrogateur. Aux yeux de tous ceux qui ont mission de nous informer, le moindre questionnement ou doute sur les bienfaits de la vaccination ne peut être que le fait d’un « antivax », d’un illuminé opposé et imperméable au raisonnement scientifique, d’un débile sectaire et dangereux qui menace la santé de toute la société.

Manque de réponses

Or, pour qui étudie d’un peu plus près la diversité des individus et associations qui propagent des doutes sur la vaccination ou la refusent, il apparaît vite que très rares sont les réfractaires absolus. La plupart des hésitants et des réticents sont des citoyens informés qui n’ont pas eu les réponses qu’ils attendaient sur :
– la réalité des « bénéfices/risques » de tel ou tel vaccin
– la vraie place des vaccins dans l’éradication des maladies
– la performance de la vaccinovigilance (sous-notifications, etc.)
– l’innocuité de tel ou tel adjuvant entrant dans la composition des vaccins
– la nature des effets indésirables provoqués par tel vaccin ou par les cocktails de vaccins
– les conflits d’intérêt qui faussent le jeu des savoirs et des pouvoirs
– la connaissance encore réduite des processus immunologiques
– le silence sur les alternatives aux vaccins (pourquoi des maladies disparaissent dans des pays où personne n’est vacciné ?)
– pourquoi l’obligation puisque les vaccinés sont « théoriquement » protégés ? Etc.

Dans une grande enquête citoyenne effectuée en 2009 par Agoravox, nous avions pu noter que la plupart des membres des associations présentées comme antivax par leurs adversaires étaient… des médecins et autres professionnels du monde médical !

Esprits critiques diabolisés

Mais le plus triste, c’est la façon dont les autorités s’y prennent pour tenter d’accroître la confiance dans les vaccins dans un pays, la France, qui compte parmi les plus réfractaires. D’un côté, elles multiplient les campagnes de sensibilisation, facilitent au maximum la vaccination (gratuité des produits, vaccination désormais possible en pharmacie…). D’un autre, elles limitent les possibilités de discussion publique sur l’intérêt de la vaccination ou même seulement sur l’obligation vaccinale.

Pour justifier cette censure, elles peuvent compter sur une multitude d’acteurs (publics comme privés) qui diabolisent les esprits critiques. Déjà, ces derniers n’ont pas accès aux grands médias. Mais en outre, ils sont aujourd’hui pourchassés aussi sur les réseaux sociaux, où ils ont trouvé refuge. Les autorités ont réussi à convaincre certains géants du web de déréférencer des sites qui diffusent une information non officiellement validée, la qualifiant globalement de fakenews !

Mais, ce faisant, nos politiques blessent par leur mépris tous les dignes citoyens restés sans réponse à leurs justes interrogations ou à leurs légitimes suspicions. Ces personnes, publiquement stigmatisées, s’estiment trahies. Étant bannies de toute tribune publique, elles sont poussées à se raidir, se marginaliser, voire se radicaliser d’une certaine façon.

Pour beaucoup d’entre elles, le contrat citoyen est rompu.

Il y aurait pourtant un moyen simple de restaurer la confiance : organiser un véritable débat public, rigoureux, loyal, méthodique et exhaustif, avec TOUS les acteurs concernés et non pas seulement avec les « autorisés » (ceux qui sont pour), et surtout tenir compte des conclusions, même si elles vont à l’encontre de la politique suivie jusque-là.

C’est à cette seule condition que les Français pourront reprendre foi en la bonne volonté des autorités qui mènent la politique sanitaire de leur pays.

Pour aller plus loin :

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6 commentaires pour cet article

  1. Marc Girard avait commenté l’un de vos articles publié le 13/03/2012 et consacré à son livre sur les médicaments dangereux. Cf partie Narcissisme et dépolitisation de son article “Élargissement des obligations vaccinales : mystérieuse épidémie chez les lanceurs d’alerte” :

    http://www.rolandsimion.org/spip.php?article385

    Il me semble que si les citoyens étaient réellement informés sur la philosophie, les intérêts financiers, la prétendue science qui se cachent derrière la propagande vantant le mérite des obligations vaccinales, ils seraient encore davantage “méfiant”…

    L’enjeu de nos autorités en 2019 est de faire taire les oppositions et de légiférer de manière à maximiser les ventes de vaccins. L’élargissement des obligations vaccinales n’était qu’une première étape, une PROVOCATION destinée à tester la résistance des populations à un totalitarisme médical.

    • Merci pour ce commentaire de Marc Girard, que je ne connaissais pas. Je découvre qu’il a mal pris ma réflexion finale à son livre : « La grande “faute” [de l’auteur] est de ne pas proposer grand chose comme remède… » C’était juste un renvoi de balle par rapport au titre de son livre “Médicaments dangereux : à qui la faute ?” J’avais bien pris soin de mettre le terme de “faute” entre guillemets pour éviter qu’il soit pris au premier degré. Il n’a pas saisi le clin d’œil. Dommage, car le reste de mon article est pleinement positif à son égard… Lui et moi œuvrons pour la même cause.

  2. Il y a tout de même une insuffisance à votre article, que l’on retrouve chez la plupart des personnes qui se prétendent critiques à l’égard de la politique vaccinale : la non-adhésion de certaines populations à LA vaccination (considérée comme un tout merveilleux et indivisible) serait simplement due à un manque d’information. C’est ce que je comprend lorsque vous écrivez :

    [“Pour beaucoup d’entre elles, le contrat citoyen est rompu.

    Il y aurait pourtant un moyen simple de restaurer la confiance : organiser un véritable débat public, rigoureux, loyal, méthodique et exhaustif, avec TOUS les acteurs concernés et non pas seulement avec les « autorisés » (ceux qui sont pour), et surtout tenir compte des conclusions, même si elles vont à l’encontre de la politique suivie jusque-là.

    C’est à cette seule condition que les Français pourront reprendre foi en la bonne volonté des autorités qui mènent la politique sanitaire de leur pays.”]

    Marc discute cette tendance universelle à la critique pusillanime dans différents articles. A chaque fois, plutôt que de dénoncer les obligations vaccinales comme une décision politique fallacieuse et brutale, les critiques se concentrent sur la nécessité d’être plus “transparent” (a cause d’un “manque d’information” et de “concertation”). En réalité, la seule conséquence d’une plus grande “transparence” serait la mise en lumière des motivations purement lucratives et dénuées du moindre intérêt pour la santé publique de ceux qui sont à l’origine de la condamnation des 760 000 nourrissons à recevoir 10 injections de vaccins plurivalents entre 2 et 18 mois.

    La mise en avant d’une “meilleure information” comme une solution à la tension qui anime les opposants à LA vaccination est une grave erreur …

    Celle-ci se manifeste chez Michel de Lorgeril (aimsib) qui demande que “des experts vraiment experts et vraiment indépendants” rediscutent la politique vaccinale :

    http://www.rolandsimion.org/spip.php?article443 (voir seconde partie du texte “usurpation”)

    Elle se manifeste chez Jadot et Rivasi qui s’approprient les sornettes du système pour simplement dénoncer les “lobbies” :

    http://www.rolandsimion.org/spip.php?article442

    Elle se manifeste lors d’un échange sur le blog de docteurdu16, qui a donné lieu à la rédaction de cet article MAJEUR sur “l’hypocrisie des médecins confrontés aux obligations vaccinales” :

    http://www.rolandsimion.org/spip.php?article431

    Le questionnement autour DES vaccins n’est pas lié à un problème d’information manquante ou biaisée.

    En réalité, l’énorme problème posé par les obligations vaccinales est la volonté de prise de contrôle du pouvoir politique sur ce qui est la prérogative des parents (la santé des enfants), c’est la suppression du droit fondamental de NE PAS croire les bobards de Big Pharma et des autorités sanitaires, c’est la mise sous tutelle de l’intime… C’est en réalité la légitimation de la brutalité médicale grâce à l’appui de la force et de la loi. Le problème posé par l’obligation vaccinale n’est absolument pas un simple problème d’information.

    Les obligations vaccinales offrent un blanc-seing aux autorités pour se passer du consentement des populations lorsqu’il s’agit d’écouler les stocks de vaccins. C’est l’ouverture de la boîte de Pandore, qui va permettre d’élargir les obligations médicales (qui n’ont aucune raison de se limiter aux vaccins) et de maximiser les profits. C’est un scandale terrifiant… qui menace gravement la population française et pas seulement ses nourrissons.

    Les gens n’ont pas besoin de “reprendre confiance dans LA vaccination”, ils ont juste besoin que la propagande les laisse tranquille.

    • Je pense que vous vous méprenez sur mon compte. Je ne demande pas une “meilleure information” ni d’aider à “reprendre confiance en la vaccination” ! Je demande un vrai débat honnête et contradictoire. Vous dites vous-même : “En réalité, la seule conséquence d’une plus grande “transparence” serait la mise en lumière des motivations purement lucratives et dénuées du moindre intérêt pour la santé publique”. C’est bien pour cela qu’ils fuient ce débat loyal qu’il faut cependant exiger. En effet, un débat sérieux, contradictoire et méthodique démasquerait les mensonges officiels et les insuffisances criantes de la foi en le tout vaccinal !
      Et cela suffirait à dynamiter la propagande qui est faite aujourd’hui à ce sujet.

  3. Sauf qu’en exigeant un quelconque débat, on s’en remet à leur bon vouloir, on se soumet à leur jugement, on leur accorde ainsi de la légitimité, on leur donne acte du fait que des “arguments” pourraient parvenir à les convaincre … alors que l’obligation vaccinale n’est qu’une simagrée visant à écouler les stocks en se passant du consentement des gens.

    Vous sous-estimez la puissance du néolibéralisme à manipuler les empêcheurs de tourner en rond, de manière à les décrédibiliser, à faire en sorte que chacune de leurs actions aident le système à se perpétuer.

    Les propagandistes brandissent une carotte derrière laquelle devrait courir les pseudo-contestataires. Je n’ai pas envie de courir derrière la carotte, l’enjeu est trop important… seule la pression sur le système peut l’amener à réviser son zèle à humilier la population.

    Il suffirait que 10% de la population devienne franchement hargneuses face aux obligations vaccinales pour que celles-ci posent un problème aux autorités.

    • Svp, lisez-moi plus attentivement ! Je n’exige pas un “quelconque” débat. Il y a déjà eu des débats mais ils étaient joués d’avance (comme je le dis dans mon article) et n’avaient comme but que faire comprendre “la nécessité de la vaccination”. J’ai écrit : “Je demande un vrai débat honnête et contradictoire”. Un tel débat ne pourrait être organisé que par une structure indépendante du pouvoir. Et ses conclusions, comme je l’ai écrit dans mon article, devraient s’imposer aux autorités, que ces conclusions aillent dans leur sens ou non.
      Je suis d’accord avec vous qu’il manque aussi un soutien populaire. Sans ce soutien, un tel débat ne pourra pas avoir lieu…
      Et je ne sous-estime nullement “la puissance du néolibéralisme”. Je rappelle simplement ce qui est juste.