La meilleure énergie est celle qu’on évite de produire: diminuer la facture électrique

DOSSIER

L’association négaWatt vient de présenter son scénario 2011 pour se passer à terme des énergies fossiles et du nucléaire. Il met la priorité sur les économies d’énergie (sobriété et efficacité), afin de limiter les besoins en énergies renouvelables. Après les carburants, Ouvertures poursuit son tour des principaux gisements d’économies. Aujourd’hui, l’électricité.

En France, la production d’électricité pèse relativement peu sur le bilan carbone. Revers de la médaille, la prééminence du nucléaire nous expose à des risques que les accidents de Tchernobyl et de Fukushima sont venus dramatiquement rappeler.


Si tout le monde s’y mettait, on pourrait éviter 6 réacteurs nucléaires !                     Crédit photo : klairmak

Economiser, c´est éviter des réacteurs nucléaires

Il y a en France 58 réacteurs nucléaires en activité, d’une puissance nette moyenne de 1100 MW. Un calcul élémentaire prenant en compte le taux de disponibilité moyen des réacteurs (78%), les consommations de la filière nucléaire et les pertes en ligne montre qu’un réacteur peut fournir 6,7 milliards de kWh par an, soit 260 kWh par ménage. Donc, si tous les ménages économisaient 260 kWh par an, on pourrait fermer un réacteur (ou éviter d’en construire un). 260 kWh par an, c’est peu. C’est moins de 10% de la consommation moyenne d’un foyer (qui est de l’ordre de 3000 kWh, hors chauffage électrique et eau chaude sanitaire). Selon le cabinet Enertech, le potentiel d’économie des ménages est énorme, bien supérieur à 10%. Réduire sa consommation d’électricité de 50% serait à la portée de tous. Si tout le monde s’y mettait, on pourrait donc éviter 6 réacteurs nucléaires, auxquels il faudrait ajouter les économies dans le domaine du chauffage, de la climatisation et de l’eau chaude sanitaire (que ne sont pas abordées dans cet article).

Commencer par mesurer

La première chose à faire, avant de se lancer dans la chasse au gaspi, c´est de connaître sa consommation annuelle. Pour cela, pas d’autre solution que de se plonger dans ses factures des 2 ou 3 dernières années. Ensuite, une fois la consommation initiale connue, il faut suivre son évolution. On peut le faire avec les factures, mais pour voir plus rapidement les résultats, il est conseillé de procéder à un auto-relevé mensuel. Et, pour soutenir la motivation, afficher un petit graphique montrant les progrès réalisés.

Témoignage : la motivation avant la technologie

« Chez moi, j’ai voulu baisser les émissions de C02. J’ai commencé par la technologie, lampes basses consommation, poêle à bois à haut rendement. Mais j’ai buté sur le fait que je ne suis pas seul chez moi (beaucoup d’enfants) et que si on n’éteint pas les ordinateurs, qu’on n’allume pas le poêle mais le radiateur d’appoint… on gagne peu (dans mon cas, – 25%).
Alors je leur ai dit : ce qu’on économise en électricité cette année, on le partage entre vous. Et tout le monde s’y est mis : – 60% !!!
A la famille, ça ne coûte pas plus cher, juste que l’argent reste ici au lieu d’aller chez EDF. En une année, cela aura donné des bonnes habitudes et il suffira des les entretenir.
Et si dans les entreprises, les écoles, on inventait des systèmes qui vont dans ce sens ? Pour une école, ce pourrait être, l’argent économisé est reversé à 50% au bureau des élèves pour acheter des jeux, de la musique. Ceci inciterait le dernier qui quitte une salle à fermer la fenêtre si c’est l’hiver, à éteindre la lumière.
Dans une entreprise, un autre système, machines à café moins cher, ..
Car le gaspillage vient souvent de l’irresponsabilité, le fait de sentir qu’on y peut rien, que notre action ne changera rien.
Ce n’est qu’une idée en l’air, mais peut fédérer les bonnes volontés, et entrainer les autres. Le seul fait de mesurer, de s’y intéresser améliore souvent les choses ».
franck-nat, contibution au débat ADEME, Faisons vite, ça chauffe ! (12 mars 2007)

Comment s’y prendre ?

Par où commencer ? Les plus méthodiques feront un recensement de leurs appareils électriques et s’attaqueront d’abord aux plus voraces. Les autres feront selon leur intuition. Mais le principal est d’engranger des résultats. Si on manque d’idées pour agir, on peut se référer au guide technique Enertech, très complet, plutôt qu’aux sites pas toujours pertinents qui se sont multipliés sur le web.

Selon les sources de consommation, les économies passeront par un changement de comportement, l’entretien de l’équipement ou son adaptation, et éventuellement par son renouvellement si la technologie a progressé et que le marché propose des équipements plus sobres (avant d’acheter, consulter le guide Topten).

Les kWh au jour le jour

La consommation se mesure en  kWh (kilowatt heure) : 1 kWh = 1000 Wh.
Pour évaluer celle d´un appareil, il suffit de connaître sa puissance (en Watts) et la durée d’utilisation (en heures), et de les multiplier.
Exemple : une box internet de 20 W (boîtier ADSL seul), restant allumée toute l’année consomme : 20 (W) x 24 (heures) x 365 (jours) = 175 200 Wh = 175 kWh.Si on ne connait pas la puissance, ou si l’appareil ne fonctionne pas en continu (frigo), il faut procéder à une mesure. Deux solutions :wattmètre
1. Acheter un wattmètre. Installé sur la prise de l’appareil, il indiquera la puissance en Watts ou la consommation en kWh pendant une durée donnée. On en trouve pour 10 à 20 €. Mais attention, leur indication peut être sensiblement différente de celle du compteur de l’habitation, qui seul fait foi.
2. Utiliser le compteur, en débranchant tous les autres appareils. Si le compteur est électronique, il peut afficher la consommation pendant un temps donné en Wh. S’il est mécanique, il faut compter les tours de roue (un tour de roue = 2,5 ou 4 Wh selon les modèles) ou attendre suffisamment longtemps pour que les chiffres défilent.
A noter que si le compteur continue à tourner alors que tous les appareils ont été débranchés, il y a quelque part un appareil oublié…

Les appareils qui pèsent le plus sur la consommation sont ceux de faible puissance qui fonctionnent 24h sur 24 et ceux de forte puissance.

Un exemple : le frigo

Le frigo est un des plus gros postes de consommation de la maison, surtout s’il est ancien. Dans ce cas, on a tout intérêt à le changer, comme le montrent des études rapportées par énergie-environnement (Suisse). L’auteur de ces lignes a économisé 500 kWh par an en remplaçant son frigo de 1991 par un modèle de classe A+, avec à la clef une économie de 55 € par an (à 0.11 € le kWh). Mais on peut aussi vivre sans frigo

>> Plusieurs pays ont mis en place une prime à la casse pour les vieux frigos : Québec, Etats-Unis… Pourquoi pas la France ?

givre
Un dégivrage régulier améliore la
performance des frigos
Crédit photo : Etolane

Mais que le frigo soit récent ou ancien, il y a quelques règles à connaître pour limiter sa consommation :

– Ne pas l’installer à côté d’une source de chaleur et ne pas trop chauffer la pièce (conso + 38 % dans une pièce à 23°C par rapport à une pièce à 18°C).
– Laisser de la place tout autour pour une bonne circulation de l’air.
– Régler le thermostat pour obtenir une température de 5°C (plus chaud, les aliments sont mal conservés, plus froid, il consomme 7 % de plus par degré).
– Arrêter le ventilateur (pour les frigos ventilés). Le ventilateur n’est vraiment utile que lorsque le frigo est plein ou qu’il fait chaud (> 25°C). Gain : 50 kWh/an.
– Dépoussiérer l’évaporateur (sur la face arrière) et surtout dégivrer régulièrement.
– Ne pas mettre de plats encore chauds.
– Ne pas mettre d’aliments qui n’ont pas besoin d’être conservés au froid (oeufs, boîtes de conserve, briques de lait non ouvertes…)
– Ne pas laisser la porte ouverte longtemps, regrouper les entrées-sorties.
– Vérifier le bon état du joint de porte et que la porte ferme bien.

Bon à savoir

Avant de refermer ce dossier, voici quelques points peu connus extraits du guide Enertech. Ils sont tous importants, car les appareils concernés figurent au top des consommations domestiques :

  • TV : le progrès technique s’est accompagné d’une dégradation de la performance énergétique. En moyenne, un écran cathodique consomme 71 kWh/an, un écran plat à cristaux liquides 183 kWh/an et un écran plasma 492 kWh/an. Les projecteurs vidéo consomment à peu près autant que la technologie plasma.
  • TV, ordinateurs : la consommation d’un écran plat est proportionnelle au carré de sa diagonale (un écran de 42´ (107 cm), consomme en théorie 2,6 fois plus qu´un écran 26´ (66 cm). En pratique, pour les téléviseurs testés par Que Choisir, le rapport n´est que de 2).
  • Sèche-linge : il faut essayer de s’en passer. Mais faire sécher le linge à l’intérieur n’a pas de sens (pendant la saison de chauffage), car le séchage du linge augmente la facture de chauffage. Une bonne solution est d’avoir un essorage performant.
  • Les circulateurs de chauffage central ont une puissance de l’ordre de 80 W. On peut en général les asservir au brûleur pour qu´ils ne tournent pas en permanence et économiser jusqu’à 300 kWh/an.

Et pour clore, ne pas oublier l’eau chaude sanitaire (ECS) dont l’usage s’envole, sans correspondre à de réels besoins. Elle est souvent produite à l’électricité. Voir notre article Réduisez facilement votre facture d’eau : 3. Comment utiliser moins d’eau chaude

> Lire notre dossier Faire des économies
> Consulter le guide pratique de l’Ademe Réduire sa facture d’électricité

Pour aller plus loin :

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