Déontologie

La fameuse question de l’objectivité journalistique

L'Association de préfiguration d'un conseil de presse (APCP) publie en une de son numéro de décembre 2014 le débat lancé par votre serviteur, après la publication du rapport 2014 de l'Observatoire de la déontologie de l'information (ODI), sur la question de l'objectivité journalistique.

La fameuse question de “L’objectivité” du journaliste : Faut-il lui préférer “l’honnêteté” ?

Une phrase du 2nd rapport de l’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI) m’a fait réagir : « L’objectivité journalistique n’existe pas. La pratique du journalisme repose sur une série de choix et les mots « objectif, objectivité » doivent être bannis à son sujet et réservés aux sciences exactes, les seules à pouvoir y prétendre. Les journalistes préfèrent donc parler d’honnêteté dans leur travail ».

Ma réaction est reprise et commentée dans le dernier bulletin de l’APCP (voir ci-dessous).

Extrait du bulletin n° 42 de l'APCP.

Extrait du bulletin n° 42 de l’APCP.

J’ajoute qu’à mon sens, l’objectivité telle que je la décris “ressemble fort à ce que les journalistes ont coutume désormais d’appeler «l’honnêteté»”, note Yves Agnès. Mais, à mon sens, remplacer l’objectivité par l’honnêteté, comme le font la plupart de mes confrères (voir encore le H.S. du Monde pour 70e anniversaire actuellement en kiosque) NE PEUT SUFFIRE, puisque ce n’est pas une qualité spécifique à notre métier : c’est une qualité qu’on attend de TOUT professionnel.

Il faut non seulement reconnaître mais revendiquer et exiger pour le journaliste l’objectivité, non comme positionnement absolu (impossible), mais comme démarche concrète et horizon, les critères étant tout à fait observables et mesurables car concrets et propres à notre profession : vérification ou non sur le terrain, non parti pris dans la relation des faits (exhaustivité, différents points de vue rapportés), etc.

Dans ce sens, l’analyse déontologique de l’objectivité d’un article, d’une émission, etc, (re)devient possible.

Alors que l’honnêteté relève d’un choix moral, personnel, qui exclut pratiquement l’analyse déontologique de son champ, et donc du champ d’un conseil de presse.

Je commence à penser que les journalistes se cachent derrière l’impossibilité d’être objectifs dans l’absolu pour éviter qu’une analyse et un débat déontologiques puissent effectivement avoir lieu sur la façon dont ils construisent leur information…

Il faut voir comment ils crient à l’atteinte à leur liberté d’expression quand on s’aventure sur ce terrain…

Les autres articles du bulletin :

– Récente proposition de loi de la sénatrice centriste Nathalie Goulet en faveur de l’indépendance des rédactions.

– La difficile unité d’action des syndicats de journalistes, en évoquant l’éphémère “Union nationale”.

– Interview de la nouvelle présidente du Conseil de presse du Québec.

– Du parallèle à établir entre confiance, déontologie et performance des entreprises de médias.

– Le principal syndicat de journalistes maintient après son congrès le “cap déontologique”.

– De l’insincérité de certaines paroles ministérielles.

– Réflexions du professeur Emmanuel Derieux sur l’autorégulation de l’information.

> Lettre de l’APCP (Association de préfiguration d’un conseil de presse) n°42 : Newsletter N°42 (Dessin de Une : Xavier Gorce, le Monde)

Pour aller plus loin :

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