Un certain nombre de journalistes et de citoyens ont décidé de réagir face aux dérives constatées dans les médias. Des initiatives constructives se mettent en place, comme celles proposant une charte nationale de qualité de l’information, la reconnaissance juridique des rédactions et la création d’une instance de médiation entre le public et la presse.
Jérôme Bouvier et Yves Agnès. Photos : Charlotte B. . |
Les pistes lancées lors des Assises Internationales du Journalisme de 2007 ont donné naissance à trois projets majeurs présentés cette année 2008 en mai à Lille :
- La charte qualité de l´information : pour que journalistes et éditeurs garantissent ensemble que l´information qu´ils produisent répond aux valeurs fondamentales du métier.
- Une instance de médiation et de régulation (Conseil de presse) : pour permettre à la fois de protéger les bonnes pratiques et l´indépendance journalistiques et pointer les dérives.
- La reconnaissance juridique des rédactions : pour que le droit collectif des journalistes à préserver la qualité éditoriale de leur travail soit garanti aux côtés de celui de l´éditeur actionnaire.
Les prochaines Assises sont prévues du 1er au 3 avril 2009.
Tout citoyen comme tout journaliste ou tout éditeur est invité à s’emparer de ces propositions pour que ces trois réformes prioritaires soient adoptées par toute la profession et inscrites dans la loi.
La Fédération française des agences de presse (FFAP), qui regroupe 126 agences dont les plus grosses, a décidé de soutenir officiellement la création d´un Conseil de presse en France .
» Contacter Jérôme Bouvier, initiateur des Assises, au 01 57 19 54 53
» Signer l’Appel en faveur d’une charte et d’une instance pour l’éthique et la qualité de l’information
» Soutenir l’Association de préfiguration d’un Conseil de presse (APCP) : yves.agnes@noos.fr
(L’auteur de cet article est membre de l’APCP)
Les réflexions d’un médiateur C’est bien connu : les journalistes, qui aiment bien donner des leçons, n’aiment pas qu’on leur en donnent. C’est pourquoi ils ont souvent du mal à accepter les évolutions aujourd’hui nécessaires vers une meilleure prise en compte des avis de leur public par rapport à leur travail. Le rôle de médiateur de presse (journaliste chargé de recevoir les critiques des lecteurs) est ainsi un rôle difficile, ingrat, entre le marteau de la critique et l’enclume de la production éditoriale. Dans son dernier ouvrage, Daniel Cornu, ancien rédacteur en chef de la Tribune de Genève, ancien vice-président du Conseil suisse de la presse, aujourd’hui médiateur des publications suisses du groupe Edipresse, livre une synthèse de son “sacerdoce” : « Le risque de déplaire est inhérent à la fonction ». Fonction qui est d’abord, selon lui, d’offrir au public « une instance de recours indépendante. (…) C’est une façon de restituer la liberté d’information au public, pour laquelle elle est faite. Une façon de manifester que la liberté de la presse n’est pas un privilège des journalistes et des entreprises de presse, mais un bien collectif, qui appartient à tous. Une façon enfin de montrer que l’exercice par les médias d’une fonction critique de la société ne les met pas eux-mêmes à l’abri de tout regard critique ». Présomption d’innocence, hiérarchie de l’information, défis du scoop, etc. : Daniel Cornu présente de nombreux cas concrets qu’il analyse en détails dans cet ouvrage qui pourrait servir de guide du médiateur ou du journaliste sur les questions d’éthique. “Médias, mode d’emploi ; le journaliste face à son public”, Labor et Fides, Genève, 2008. |
Belgique : l’éducation aux médias renforcée
Un projet de décret créant un Conseil supérieur de l´éducation aux médias (Csem) a été approuvé par la commission de l´audiovisuel du Parlement de la communauté française. Le dispositif doit permettre d´apprendre aux publics jeunes et adultes à décoder une information avec un esprit critique, à décrypter un article de quotidien ou un journal télévisé. Outre à créer le Csem, le texte vise à étendre les initiatives et structures existantes actuellement dans ce secteur et qui sont limitées aux publics scolaires.
La subvention annuelle de 13 000 euros de l´actuel Conseil sera portée à 88 000 euros. Une cinquantaine de personnes fera partie du nouveau Conseil, au lieu des 20 membres de l´actuelle instance.
La ministre de l’audiovisuel a indiqué que des sujets comme la violence dans les médias ou l´impact de la publicité sont notamment pris en compte dans le décret.
(Source : 7sur7.be)
Libérez Moussa Kaka !
Moussa Kaka est en prison au Niger depuis le 20 septembre 2007 pour avoir fait simplement son métier de journaliste. Moussa est le correspondant de RFI (Radio France internationale) au Niger. Il est également le correspondant de Reporters sans frontières à Niamey. Les autorités lui reprochent d’avoir été en contact téléphonique avec la rébellion touarègue du nord du pays. Pour cela, Moussa Kaka risque la prison à vie.
>> Commentaire : C´est une des grandes difficultés du travail des journalistes. Comment parler de ce qui va mal, notamment des tensions entre le pouvoir et les opposants, sans être soupçonné de soutenir ces opposants ? Donner la parole à quelqu´un n´est pas forcément approuver ses positions…
Or, Moussa Kaka a été inquiété pour cette seule raison. C´est pourquoi nous vous proposons de le soutenir. Car c´est alors soutenir un principe vital dans toute communauté humaine, celui qui permet de rendre compte de la diversité des points de vue.