Notre critique

Cocktail d’enfer, carnet 103
Raymond Clounet
Mutualité française/Editions Pascal, 2008

Ce thriller dénonce « les méthodes et stratégies pernicieuses » que les groupes de cigarettiers et d´alcooliers emploient pour capter l´attention des plus jeunes. Cocktail d´enfer est le journal d´un professionnel d´influence qui ne recule devant rien pour satisfaire ses clients, jusqu´au jour où il devient sa propre victime, sa propre proie. Un énorme piège se referme alors sur lui et ses proches. C´est ainsi que ce professionnel va nous livrer, à travers son Carnet 103, ses confessions les plus sidérantes !

L’ouvrage est publié en co-édition avec la Mutualité française dans sa collection Polar santé. Bien documentés, les romans policiers de cette collection offrent un éclairage à la fois original et inédit sur des questions qui nous concernent tous. A chaque fois, le ressort même de l´intrigue est bâti à partir de dossiers réels.

Pour une renaissance de la tontine
Dominique Kounkou
L’Harmattan, 2008

La tontine est promise à un bel avenir, selon Dominique Kounkou, docteur en droit international public. Ce système permet à des groupes d´amis, voisins ou collègues de proposer des aides à chacun des membres : les cotisations et les remboursements permettent de financer les projets à tour de rôle.

Basé sur la confiance (il est généralement purement oral), l’entraide, l’obligation fraternelle, la tontine est facteur de prospérité et de sécurité : « Le pouvoir de la tontine est le pouvoir du salut personnel et collectif, temporel et atemporel, économique et politique, mis à disposition de l’homme qui s’élève ». Parfois appelée « association rotative d’épargne et de crédit », elle devient une forme politique d’organisation sociale indépendante des institutions.

En effet, note M. Kounkou, « les Etats sont des créations nécessaires à un ordre où les peuples ne sont pas en confiance pour coopérer ». Le développement de mécanismes tontiniers pourrait donner du pouvoir aux populations, voire à certains Etats pauvres, trop souvent mis à l’écart de la communauté internationale et de ses structures bureaucratiques.

Dominique Kounkou a également publié cette année Monnaie africaine ; la question de la zone France en Afrique centrale, à L’Harmattan.

Dieu et Darwin ; débat sur les origines de l’homme
Fernand Comte
JC Lattès, 2008

A l’approche du bicentenaire de la naissance de Darwin (2009) et du cent-cinquantenaire de la publication de son ouvrage L’Origine des espèces, les partisans d’une conception matérialiste de la nature (qui éradique tout anthropomorphisme et toute idée d’un Créateur à la source de l’Univers) et ceux, au contraire, d’un sens prédéterminé à l’Univers (qui pense qu’un Esprit créateur a voulu et le monde et l’homme) fourbissent leurs arguments, voire leurs armes. Des manifestations, des colloques, des livres vont se multiplier à l’approche de ces célébrations.

Voici un livre de Fernand Comte, diplômé de théologie et professeur de lettres. F. Comte est l´auteur de nombreux ouvrages sur la mythologie, la philosophie et les religions. Le titre de son livre est un peu trompeur, dans la mesure où le fameux débat n’apparaît qu’au milieu de l’ouvrage. L’auteur balaie d’abord sur 150 pages l’histoire des grands mythes créateurs avant d’exposer la querelle du darwinisme dans ses grandes lignes, sans apporter grand-chose de nouveau.

Sa position est insuffisamment approfondie : il n´explique pas comment il passe d’un soutien sans faille à la théorie darwinienne telle qu’elle est aujourd’hui généralement partagée à une plaidoirie tout aussi appuyée envers la proposition spiritualiste de Teilhard de Chardin, tout en balayant d’un revers de main les créationnistes et les tenants du Dessein intelligent.

École d’Été « Penser l’Évolution »
ULB, 25-27 août 2008

Que la révolution darwinienne interpelle encore, 150 ans après, témoigne de ce que la question est toujours ouverte, et même plus que jamais. Afin de souligner le caractère problématique du champ ouvert par cette révolution, l’Université libre de Bruxelles (ULB) cherchera à «penser l’Évolution», non pas seulement l’évolution biologique.

L’École d’Été dressera l’état des lieux de notre compréhension de l’histoire des vivants et de ses enjeux philosophiques et sociaux.

Les matinées seront consacrées à l’introduction des concepts liés à l’évolution biologique, et les après-midis aux questions, répercussions et controverses qu’a suscitées et suscite toujours la révolution darwinienne.

Pour en finir avec Dieu
Richard Dawkins
R. Laffont, 2008.

« Le Dieu des déistes est sûrement un progrès par rapport au monstre de la Bible. Malheureusement il n´y a pas beaucoup plus de chances qu´il existe, ou qu´il ait jamais existé. Dans l´une ou l´autre de ses formes, l’hypothèse de Dieu est inutile. »

Cette citation est extraite du dernier livre de Richard Dawkins, éthologiste britannique, vulgarisateur et théoricien de l´évolution. Et grand pourfendeur des religions devant l’Eternel… Ce pamphlet, car c’en est un, connaît un extraordinaire succès : plus de deux millions d’exemplaires déjà vendus dans le monde !

Pour Dawkins, auteur du concept de « gène égoïste » qui a fait fortune, Darwin et sa théorie de l’évolution suffisent très bien à expliquer le monde : « La tentation est naturelle d’attribuer l’apparence d’un dessein à un dessein réel. [Mais] c’est une fausse tentation car l’hypothèse du concepteur soulève aussitôt le problème plus grand du concepteur du concepteur. Tout notre problème de départ était celui d’expliquer l’improbabilité statistique. Il n’y a à l’évidence pas de solution pour postuler une chose encore plus improbable. Nous avons besoin d’une grue, pas d’un crochet céleste, car seule une grue peut faire ce travail qui consiste à monter graduellement et de façon plausible de la simplicité à la complexité qui sinon serait improbable ».

Un détail, mais qui a son importance : ni Darwin ni la théorie sélective ne proposent d’explication à l’émergence du monde. Et tous les écrits du naturaliste britannique, sur ce point, se réfèrent à un Créateur comme cause première. Si l’on accepte l’évolution, on n’en explique pas pour autant le fait qu’il y ait quelque chose plutôt rien…

La crise de l’eau ?
Patrick Philippon
Perrin, 2008

Un débat public émerge lentement en France : l´eau est-elle devenue rare ? Biologiste de formation, journaliste et auteur scientifique, Patrick Philipon dresse un état des lieux général, mais sans apporter de réponse précise. Un ouvrage utile à ceux qui ignorent les termes du débat, mais qui ne fait que survoler les problèmes. Et qui parfois ignore des informations pourtant utiles au débat, comme le crédit d’impôt désormais accordé en France aux particuliers qui récupèrent l’eau de pluie…

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