Reconnues ou non, toutes les thérapies sont sujettes aux dérapages

Baudouin Labrique, psychothérapeute belge, décrit pour la première fois dans un livre les dérapages dont sont responsables des thérapeutes à la fois dans les médecines conventionnelles (psychologie, psychanalyse, psychiatrie) et non conventionnelles (biologie totale, psychogénéalogie, kinésiologie, etc.) Mais il ne dit rien sur l’éventuelle utilité de ces dernières.

Courageuse, la démarche de Baudouin Labrique. Mais incomplète et risquée.

Courageuse, car c’est la première fois qu’un psychothérapeute, ayant pratiqué des approches non reconnues officiellement et controversées, parle des manquements de certains de leurs praticiens et montre qu´elles ne peuvent pas, en tout cas pour l´heure et pour celles qu´il a analysées, revendiquer le caractère de scientificité reconnu aux approches académiques.

Mais démarche incomplète parce qu´elle passe sous silence l´éventuel intérêt de ces approches différentes pour les patients, pourtant de plus en plus nombreux à les demander.

Et démarche risquée parce qu’elle peut offrir à ceux qui les combattent dogmatiquement (en France, les pouvoirs publics, les autorités médicales et les grands médias) une caution à leur comportement répressif et à la diabolisation.

Jean-Luc Martin-Lagardette.- Votre livre insiste sur les dérapages des deux groupes de médecines, la conventionnelle et la non conventionnelle. Mais c’est au détriment de celle-ci, dont personne n’a encore fait l’étude des éventuels apports positifs.

Baudouin Labrique.- Je n’ai pas voulu faire un panorama de toutes les thérapies pour dire ce qui fonctionne ou non chez chacune d’elles. D’abord par manque de place mais aussi par choix. J’ai d’abord pensé aux patients. Je veux les aider à identifier les dérives et manquements que l’on peut constater dans les comportements des thérapeutes.

La biologie totale, par exemple, fait de la psychosomatique, bien qu’elle n’utilise pas le mot. Elle prétend avoir fait une découverte majeure. Or les psychothérapeutes font de la psychosomatique depuis très longtemps. La B.T. prétend également que son approche est prouvée scientifiquement. C’est faux. Ne respectant pas les canons et les exigences de la science conventionnelle, elle ne peut s’en prévaloir. Ou alors, il faudrait réformer entièrement celle-ci…

Quant aux apports positifs, je prépare un second livre, qui pourrait s’intituler Guérir enfin, comment faire pour trouver son chemin dans la forêt des propositions.

– Pourtant vous-même avez été formé par des thérapeutes disciples du Dr Sabbah (B.T.)

– Oui, mais il y a vingt ans, je ne savais pas. Je n’étais pas informé sur les réalités de cette pratique. Depuis, j’ai constaté des attitudes inadmissibles, notamment par la bouche de mes patients. Pour moi, aujourd’hui, si les méthodes Hamer et Sabbah disparaissaient, ce serait un bien. Leurs praticiens donnent d’autorité tel sens à telle maladie, c’est de la caricature. Cela peut tomber juste de temps à autre, mais, éthiquement, ça ne tient pas. Que l’on aide le patient à trouver lui-même un sens à son mal, oui. Mais ce n’est pas au thérapeute à le décréter. Dire à un patient par exemple que son cancer de l’estomac provient d’un conflit avec son grand-père, cela pourrait être condamné car s’apparentant à un diagnostic médical et à du charlatanisme.

– Vous évoquez également les constellations familiales, la PNL, la psychogénéalogie, la kinésiologie…

– Dans mon livre, je ne juge pas les méthodes mais la manière dont les thérapeutes se comportent. Ont-ils ou non une éthique pointue ? Ont-ils suivi une thérapie approfondie et des formations correctes avant d’exercer ?

Beaucoup de ces « médecines » sont en fait des outils, et non des méthodes de santé. Elles se basent généralement sur des principes parfois magiques, souvent dogmatiques, qui sont prononcés par des maîtres à penser. Mais on trouve cela aussi dans les approches conventionnelles. Ainsi, Freud lui-même est aujourd’hui contesté. Son complexe d’Œdipe n’est plus universellement reconnu.

– Vous n’êtes pas tendre avec la médecine conventionnelle…

– Je montre, en deux chapitres, comment les autorités médicales et gouvernementales font elles-mêmes le lit des thérapies différentes, en niant l’existence de la psychosomatique, du lien qu’il peut y avoir entre le stress, par exemple, et les maladies.

Edward Weiss et O. Spurgeon English, professeurs à l’Université de Philadelphie, ont dit : « Toute maladie relève à la fois de l´esprit et du corps et toute thérapeutique est, de ce fait, de la médecine psychosomatique. Lorsqu´on en sera dûment persuadé, le terme psychosomatique pourra disparaître, les données qu´il traduit étant désormais impliquées dans le terme médecine »*. 

On en est encore loin. La Miviludes, le ministère de la santé et les associations antisectes comme l’Unadfi ignorent cette réalité. Ajoutez à cela la course au profit de nombreux médecins conventionnels, pantins du système pharmaceutique, qui n’ont que dix minutes à accorder à chaque patient, et vous comprendrez pourquoi les gens vont vers les autres médecines.
______________________________

* Edward Weiss  et O. Spurgeon English, Médecine Psychosomatique. L´Application de La Psychopathologie aux Problèmes Cliniques de Médecine Générale, Delachaux et Niestlé, 1952.

Quelle évaluation pour les médecines non conventionnelles ?

En France, le problème est mal posé. Les autorités (politiques, médicales et antisectes) partent du postulat que seules ont droit de cité les approches respectant les acquis de la science, et donc, tout particulièrement, les approches prouvées par la méthode expérimentale. C’est ce que Baudouin Labrique nomme le « préjugé organiciste » qui active « le dogmatisme matérialiste et rationaliste du “tout au physiologique” ».

En d’autres termes, seule est admise une pratique basée sur la reproductibilité de l’expérience et sur la lutte contre le symptôme. Or c’est oublier « les paramètres immatériels, notamment psychiques » qui ne sont pas pris en compte car non mesurables.

Les disciplines « différentes », qui elles font la part belle à cet aspect sensible mais invisible des processus pathologiques, font actuellement l’objet, en France, d’une étude du Groupe d’appui technique sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique (GATPNCVT). C´est une bonne chose que les pouvoirs publics aient décidé de faire un peu de ménage dans l´offre anarchique des thérapies autodéclarées.

Le problème, c´est qu´il est très difficile de vouloir réguler les interventions dans le domaine du psychisme. Et que ce GAT, composé uniquement de représentants d’organismes publics impliqués dans la sécurité sanitaire et le maintien de l´ordre, n´est pas forcément le mieux indiqué pour mener à bien cette opération délicate. Tous ses membres sont des partisans du dogme organiciste. Il y a donc fort à craindre que son travail soit au final essentiellement répressif avec, espérons-le tout de même, quelques ouvertures pour les approches les plus douces.

Et comme les médecines différentes n’ont pas su se grouper pour constituer un véritable lobby, qu’elles n’ont pratiquement pas d’avocat sur le plan politique, à l’exception notable de Jean-Marc Governatori, président de la France en action, qui finance l’Alliance pour la santé, le dogme mécaniciste de la santé risque de continuer à s´imposer comme vérité officielle avec ses nombreux effets pervers. Mais, comme ses dérives sont le fait d´une médecine “validée scientifiquement”, elles seront toujours tolérées, elles, avec une grande largesse d´esprit…

JL ML

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23 commentaires pour cet article

  1. Jean-Luc Martin-Lagardette estime que la « démarche [est] incomplète parce qu´elle passe sous silence l´éventuel intérêt de ces approches différentes pour les patients, pourtant de plus en plus nombreux à les demander. »

    Je pense qu’il ne faut faire référence qu’au strict objet du livre et qui est de s’attacher à identifier « Les dérives des thérapeutes et assimilés dans l’accompagnement humain et psychologique » en sous-titre au livre et qu’on le retrouve implicitement d’ailleurs dans le titre du livre.

    Le but du livre est d’aider les personnes notamment échaudées par des expériences traumatisantes, à mieux se prémunir par rapport aux pièges (souvent cachés) dans l’accompagnement thérapeutique.

    Par voie de conséquence, ce livre est aussi une invitation pour les thérapeutes de tous bords à se remettre en question…

    Critiquez la pertinence d’avoir réalisé un essai sur un tel thème, c’est comme si on reprochait à un romancier de ne pas avoir écrit une histoire autre que celle qu’il a écrite !

  2. Voici l’avis du Pr Nicolas Duruz, (Institut de Psychologie de l’université de Lausanne) concernant l’évaluation des psychothérapies :

    « […] depuis quelques années, on assiste à un retour quasi fondamentaliste de type scientiste, qui cherche à nettoyer le champ psychothérapeutique de toute pratique non scientifique. […]

    La preuve scientifique de l’efficacité d’un traitement est considérée comme acquise dans la mesure où cette efficacité a été mise en évidence dans le cadre de dispositifs expérimentaux […] qui exigent un groupe homogène de patients, lequel doit être comparé à un groupe contrôle sans traitement, avec placebo ou traitement alternatif, et être soumis à un processus thérapeutique standardisé et contrôlé par un manuel

    […]. L’application de la méthode expérimentale pour apporter la preuve scientifique de l’efficacité ne convient pas à certaines formes de psychothérapie où les critères de changement, comme la nature du processus thérapeutique, ne se laissent pas objectiver aussi simplement, voire naïvement. Utiliser ces seuls critères pourrait conduire à ce que ces psychothérapies, ne pouvant pas être l’objet de recherches dites scientifiques selon la méthode expérimentale, soient ipso facto exclues de la liste des traitements reconnus ».

    (In Être psychothérapeute demain, articlle paru sur le site CAIRN)

  3. Vous écrivez : “Critiquer la pertinence d’avoir réalisé un essai sur un tel thème, c’est comme si on reprochait à un romancier de ne pas avoir écrit une histoire autre que celle qu’il a écrite !”

    Votre argument n´est pas recevable. Un auteur de roman est effectivement libre de choisir le thème qu´il désire et la façon de le traiter. Vous, vous n´avez pas écrit un roman mais un ouvrage d´éthique sur des pratiques de santé. Vous aviez donc une responsabilité différente. Vous étiez tenu à une grande rigueur, beaucoup de prudence et une totale impartialité. Or, le fait de ne pas avoir évoqué les aspects positifs de ces approches, dans le cadre même de votre livre, me paraît une grave lacune qui affaiblit la portée de votre essai. C´est pourquoi j´ai écrit que votre démarche était “incomplète et risquée”.

  4. Un croyant qui s´illusionne et illusionne les autres en pensant avoir des pouvoirs de guérison ne va pas aller au-delà de ce que l´auto-suggestion peut apporter. C´est pourquoi les thérapies alternatives qui quantitativement  et qualitativement se rapprochent des effets thérapeutiques comparables à ceux apportés par l´auto-suggestion, et plus encore à l´effet placebo, se multiplient, et peinent à démontrer de manière rationnelle leurs méthodes et à reproduire de manière consistante leurs résultats éventuels. Une thérapie qui statistiquement aurait de meilleurs résultats que ceux basés sur l´auto-suggestion ou l´effet placebo pourrait éventuellement être considérée de manière plus approfondie, mais là encore le fait que les thérapies alternatives soient plus une affaire de niche commerciale qu´autre chose, ou de simple adhésion à un certain corpus idéologique ou de croyances, indique la fragilité et l´inadéquacité de la plupart sinon de la quasi-totalité d´entre elles. Maintenant, cela ne veut pas dire qu´il n´y a pas de potentialités thérapeutiques autres que celles de la médecine conventionnelle, qui agit et conceptualise souvent de manière bien réductrice. Mais je ne pense pas, personnellement que cela soit dû à un excès de matérialisme, mais plutôt à une trop forte catégorisation de la matière, et biensûr à une trop faible remise en cause et en question des caractéristiques et conditionnements environnementaux et collectifs, auusi bien matériels, biologiques, que sociaux et psychologiques et culturels.

  5. Réponse @ JL ML qui écrit : « Vous aviez donc une responsabilité différente. Vous étiez tenu à une grande rigueur, beaucoup de prudence et une totale impartialité. Or, le fait de ne pas avoir évoqué les aspects positifs de ces approches, dans le cadre même de votre livre, me paraît une grave lacune qui affaiblit la portée de votre essai. C´est pourquoi j´ai écrit que votre démarche était “incomplète et risquée”. »

    Je me dois encore ici de rappeler que l’objet du livre n’était pas comme vous l’induisez, l’évaluation des thérapies et de me reprocher de ne pas en avoir évoqué les apsects positifs ; vous dites que ce livre est un ouvrage d´éthique sur des pratiques de santé et il s’agit donc bien dévaluer le comportement de certains PRATICIENS mais pas sur les thérapies qu’ils pratiquent. Rappel du sous-titre du livre et on ne peut plus clair : Les dérives des thérapeutes et assimilés dans l’accompagnement humain et psychologique.

    Il ne s’agissait donc pas davantage d’évaluer l’ensemble des comportements en la matière.

    Je ne suis donc pas d’accord avec votre évaluation qui qualifie ma démarche d´incomplète et risquée.

  6. Réponse @ ab

    Tout d’abord, conformément à ce que l’UE a préconisé, il vaudrait mieux parler de thérapies non conventionnelles (pour les distinguer des autres qui bénéficient de convention avec les organismes officiels).

    Effet placebo : il est aussi actif et constamment dans les thérapies conventionnelles. On a montré scientifiquement que l’efficacité d’un médicament ou d’un traitement est proportionnel à la valeur attribuée par le patient et qui dépend aussi de conviction et de la manière dont il est présenté par le thérapeute.

    C’est ainsi que dans certains cas, aucun résultat n’est alors obtenu chez une personne alors que cela semble agir chez une autre.

  7. Réponse @ ab – suite

    Vous vous montrez demandeur de statistiques pour juger de l’évaluation des thérapies alternatives.

    Vous avancez qu’en ce qui concerne les thérapies non conventionnelles c’est « plus une affaire de niche commerciale qu´autre chose, ou de simple adhésion à un certain corpus idéologique ou de croyances».

    Sur quelles statistiques donc vous basez-vous pour arriver à un tel constat ?

     

    Vous dites que ces dernières « peinent à démontrer de manière rationnelle leurs méthodes et à reproduire de manière consistante leurs résultats éventuels ».

    C’est un reproche qui manque de pertinence. Pour ne citer que lui, voici l’analyse du Pr Nicolas Durutz (Université de Lausanne)

    […] depuis quelques années, on assiste à un retour quasi fondamentaliste de type scientiste, qui cherche à nettoyer le champ psychothérapeutique de toute pratique non scienti­fique. […] La preuve scientifique de l’efficacité d’un traitement est considérée comme acquise dans la mesure où cette effi­cacité a été mise en évidence dans le cadre de dispositifs ex­périmentaux […] qui exigent un groupe homogène de patients, lequel doit être comparé à un groupe contrôle sans traite­ment, avec placebo ou traitement alternatif, et être soumis à un processus thérapeutique standardisé et contrôlé par un manuel […]. L’application de la méthode expérimentale pour apporter la preuve scientifique de l’efficacité ne convient pas à certaines formes de psychothérapie où les critères de chan­gement, comme la nature du processus thérapeutique, ne se laissent pas objectiver aussi simplement, voire naïvement. Utiliser ces seuls critères pourrait conduire à ce que ces psy­chothérapies, ne pouvant pas être l’objet de recherches dites scientifiques selon la méthode expérimentale, soient ipso facto exclues de la liste des traitements reconnus (in Être psychothérapeute demain).

  8. @ B. L. : Rassurez-vous, je vous ai bien lu et j´ai parfaitement compris l´objet de votre livre. Ce que je dis, c´est que précisément le choix de cet objet, limité à la dénonciation des dérapages, est à mon sens au moins une maladresse, sinon une erreur.

    Vous dites avoir voulu vous en tenir aux comportements des praticiens. D´abord, ce n´est pas exact : vous portez de nombreuses appréciations sur les méthodes elles-mêmes tout au long de votre livre.

    Ensuite, même si vous vous étiez effectivement arrêté aux comportements, ma critique resterait valide. De mon point de vue, traitant de pratiques et de praticiens “différents”, vous ne pouviez pas vous limiter à parler des dérapages sans aussi évoquer l´intérêt de ces approches, intérêt jamais mis en avant, car vous savez très bien qu´elles sont dénigrées et combattues par les pouvoirs publics, les académies et certains lobbies. Elles sont donc désavantagées au départ par rapport à la médecine conventionnelle. Vous ne pouviez donc pas mettre sur un même plan ces deux approches et leurs praticiens.

    Comme vous parlez des deux, il était indispensable de réduire d´une façon ou d´une autre le handicap des médecines non conventionnelles, pour rétablir un minimum d´équité de traitement.

    Il aurait suffit d´ajouter un chapitre sur les avantages et l´intérêt de ces approches en rappelant le contexte de dénigrement dans lequel elles évoluent.

  9. @ JL ML qui « persiste et signe » donc ! et il me rétorque que : « c´est que précisément le choix de cet objet, limité à la dénonciation des dérapages, est à mon sens au moins une maladresse, sinon une erreur. »

     

    Mon objet n’est pas limité à cela : entre autres choses, je défends beaucoup et à plusieurs endroits les approches non conventionnelle par rapport :

    – au traitement trop souvent caricatural des (grands) médias ;

    – à l’exigence démesurée de la part de ce ceux qui les décrient et qui veulent du tout-au-scientifique », nouvelle forme de scientisme (qui pose la science comme une religion :

    Je cite notamment le Pr Feyerabend : (1924-1994) : il a qualifié cette Science (dans sa partie matérialiste et rationaliste) comme étant « la plus récente, la plus agressive et la plus dogmatique des institutions religieuses ». Les inconditionnels de la recherche scientifique conventionnelle pèchent par une attitude trop tournée vers eux-mêmes : rivés sur des principes normatifs et mathématiques contestables, tout en laissant peu de place à l’indispensable remise en question. Suit tout un développement sur le « tamis restrictif de la méthode expérimentale ».

    Je suis moi-même un praticien d’une approche non conventionnelle mais je n’ai pas voulu tomber dans une sort de corporatisme !

  10. @ JL ML qui : « De mon point de vue, traitant de pratiques et de praticiens “différents”, vous ne pouviez pas vous limiter à parler des dérapages sans aussi évoquer l´intérêt de ces approches, intérêt jamais mis en avant »

    C’est encire faux ! J’ai notamment défendu ces approches au travers du discours réducteur officiel qui ne veut évaluer leur efficacité qu’au travers des référentiels matérialistes et rationalistes scientifiques et ce que j’ai nommé des purs dogmes (preuves à l’appui).

    J’ai relayé notamment l’analyse du Dr Thierry Janssen devenu psychothérapeute :

     […] on ne peut qu´être interpellé par l´engouement que ces approches suscitent. Cela démontre que les patients ont vraiment besoin que toutes les dimensions de leur être soient intégrées dans la prise en charge thérapeutique.

    En effet, les approches non conventionnelles offrent souvent une prise en compte plus globale de la personne qui se sent dès lors mieux écoutée.

     J’ai aussi souligné positivement le fait que la Suisse avait récemment reconnu les médecines alternatives dans sa constitution.

    J’ai aussi repris l’avis d’un célèbre oncologue belge qui constatait que « des thérapies parallèles peuvent s’avérer utiles dans le traitement des maladies même graves ».

    Ce sont donc bien là et qui vous contredisent des preuves que je mets bien en avant « l’intérêt de ces approches » et qu’il est donc injuste que vous prétendiez que je n’ai « jamais mis en avant » l’intérêt pour elles. C’en est presque choquant !

    En revanche, je n’ai jamais mis en avant (que du contraire) l´intérêt des approches conventionnelles et cela vous ne l´avez pas relevé ! Je critique fortement pour ne pas dire d’une manière virulente le corps médical et tout leur système des soins de santé : je dénonce les intérêts pharmaco-industriels et les comportements serviles de trop de praticiens conventionnels notamment à cet égard.

  11.  

    Je ne me montre pas demandeur de statistiques, mais constate que les statistiques sont les seuls moyens de mesure utilisés pour préjuger de la portée thérapeutique d´une méthode d´ordre médical quelles qu´elles soient.

    Il est clair que des dysfonctionnements d´ordre biologique ne peuvent être approchés de manière purement psychologique, comme des dysfonctionnements psychologiques ne peuvent être approchés de manière purement biologique. Il est clair également que certains dysfonctionnements biologiques ont un ancrage psychologique, et que certains dysfonctionnements psychologiques ont également un ancrage biologique.

    Maintenant, il est assez flagrant que la portée thérapeutique de l´action médicale s´efface aux frontières de la société, en tant que la thérapeutique est globalement évacuée et effacée du domaine social, culturel, ou sociétal.

    L´on soigne physiquement, biologiquement, ou psychologiquement, mais l´on ne “soigne” pas socialement, ou politiquement ou culturellement.

    Et pourtant, il existe une souffrance d´ordre sociale peut-être aussi prégnante que les souffrances biologiques ou psychologiques. Ces maladies de la société que sont les idéologies et les divisions que l´homme a créé dans sa quête de sécurité, comme le fondamentalisme religieux ou le nationalisme, ou même la simple appartenance religieuse ou politique, sont des dysfonctionnements qui ne sont pas reconnus comme tels, car accepté dans la collectivité comme des présupposés et des donnés inquestionnables.

    Soigner, d´accord, mais pour se conformer à un cadre collectif aussi conflictuel que celui qui existe actuellement, cela me semble vraiment très limité et incomplet.

     

  12. Réponse à ab @ propos de soins qui écrit :

    « L´on soigne physiquement, biologiquement, ou psychologiquement, mais l´on ne “soigne” pas socialement, ou politiquement ou culturellement. Et pourtant, il existe une souffrance d´ordre sociale peut-être aussi prégnante que les souffrances biologiques ou psychologiques. » (…) « Soigner, d´accord, mais pour se conformer à un cadre collectif aussi conflictuel que celui qui existe actuellement, cela me semble vraiment très limité et incomplet. »

    Peu de gens savent qu’il existe un accompagnement de type psychothérapeutique qui prend en charge en globalité, ce qui des l’ordre somatique et de l’ordre psychologique, en partant des ressentis, des émotions exprimées par un patient par rapport à un mal-être et qui a pu par exemple se somatiser.

    C’est tout à fait conforme avec (notamment) cette déjà ancienne définition donnée dans un manuel de référence : “La psychothérapie est l´ensemble des moyens par lesquels nous agissons sur l´esprit malade ou le corps malade, par l´intervention de l´esprit.” (Dr Antoine Porot, co-auteur du ‘’Manuel alphabétique de psychiatrie’’ – 1952).                 

    Quant aux statistiques que vous réclamez, prendre en compte celles qui rendent compte de la satisfaction de ceux qui ont recours à la psychothérapie est évidemment plus que pertinent ; les psychothérapies ont offert depuis plusieurs siècles un espace privilégié pour analyser et permettre de traiter efficacement les mal-être, malaises et autres somatisations.

    Parmi les études qui le prouvent, voici le constat de la revue Consumer Reports : « […] les psychothérapies sont efficaces. Des 15 % [nda : des patients] qui se sentaient très mal, 87 % se sentent mieux. Des 19 % qui se sentaient mal, 92 % se sentent mieux » (Consumer Reports, novembre 1994, Seligman, American Psy-chologist, 1995.)

  13.  

    Je ne réclame aucune statistique, mais ne fait que constater l´évidence même. Pour s´investir dans une thérapie quelle qu´elle soit, il faut déjà en accepter les termes, les présupposés et les hypothèses initiales, qui réclament au patient de se laisser guider, de se laisser suggérer, voire parfois de croire aveuglément tout ce qui dit le thérapeute.

    Dans le domaine biologique, c´est évidemment nécessaire, car un docteur a plus de connaissances médicales et sur le corps humain ( même si elles peuvent être orientées et biaisées et réductrices, parfois ou souvent) que le non docteur.

    Dans le domaine psychologique, ce guidage est plus pernicieux, car les connaissances d´ordre psychologique sont beaucoup plus incertaines, et ce d´autant plus lorsqu´elles reposent sur des théories ou des méthodes, toujours très subjectives et abstraites, avec leurs écoles séparees et leurs dogmes que ceux-ci soit de la psychanalyse, du cognitivisme ou du spiritualisme.

    Enfin, il me semble que rendre compte de la satisfaction d´un client n´est pas un gage de guérison (pas plus que de l´insatisfaction). En effet, la satisfaction implique, n´est-ce pas, une libération ou un ressenti de liberation momentanée, un mieux-être momentané, tandis que la guérison est une transformation plus en profondeur.

    Si l´on peut mesurer la satisfaction d´une personne en fonction de tels ou tels critères de bien-être et de conformité à l´environnement, il me semble bien plus difficile voir impossible de mesurer voire de définir ce qu´est une guérison dans le sens où nous l´entendons ici, soit une guérison qui ne soit pas simplement une cessation de symptômes particuliers, mais une transformation ou un processus de transformation plus profond et essentiel.

     

  14. Réponse à ab qui dit : « Pour s´investir dans une thérapie quelle qu´elle soit, il faut déjà en accepter les termes, les présupposés et les hypothèses initiales, qui réclament au patient de se laisser guider, de se laisser suggérer, voire parfois de croire aveuglément tout ce qui dit le thérapeute. »

    Même si elle est le lot de trop de prétendues thérapies, une telle vision ne correspond pas à ce qui peut être entrepris en psychothérapie digne de ce nom, dans ce qu’elle se fonde sur des règles d’éthique et de déontologie très élevées. Ainsi un authentique psychothérapeute ne peut faire montre d’aucune croyance, d’aucun dogme et autres théories… (suivant ce que vous dénoncez justement) ; s’il suggère quelque chose, ce ne doit être que des outils suffisamment généraux pour que le patient puisse trouver en les mettant librement en œuvre pour élaborer ses propres solutions. Il doit avoir devant lui un vrai maïeute (la maïeutique de Socrate : l’art de faire accoucher l´autre à sa propre vérité). 

    Réponse à ab qui poursuit : « Si l´on peut mesurer la satisfaction d´une personne en fonction de tels ou tels critères de bien-être et de conformité à l´environnement, il me semble bien plus difficile voir impossible de mesurer voire de définir ce qu´est une guérison dans le sens où nous l´entendons ici, soit une guérison qui ne soit pas simplement une cessation de symptômes particuliers, mais une transformation ou un processus de transformation plus profond et essentiel ».

    La sensation et la réalité de la guérison vu qu’elle dépasse de loin les critères matérialistes et rationalistes (dogmes) de la science médicale conventionnelle appartient au seul patient : seul lui est à même d’exprimer quoi que ce soit à cet égard. C’est ainsi qu’on rencontre des patients dans des phases terminales de cancer qui sont très heureux, se sentent en total accord avec eux-mêmes, n’ont pas peur de la mort et expriment souvent qu’ils sont dans un état de félicité jamais rencontré avant, alors qu’ils étaient réputés être « en bonne santé »…

  15. @JLML

    Faudrait-il qu’un livre sur la contamination par E. Coli des végétaux utilisés dans  l’alimentation humaine, que ceux-ci soient produits par l’agriculture conventionnelle ou par l’agriculture biologique, vante les mérites du bio ?

    Faudrait-il qu’un journaliste insiste sur les mérites du PS dans un article consacré aux dérives sexuelles des hommes politiques ?

    Une dérive est une dérive. Elle n’est pas d’autant moins grave que le domaine affecté serait  plus vertueux. D’autant qu’il est difficile de juger de la vertu …

  16. Commentaire suite au message de Antimatière @JLML

    Je vous remercie pour ces remarques de parfait bon sens : effectivement, peu importe le domaine concerné et fût-il réputé vertueux ? Ainsi, par exemple, les comportements pédophiliques surnuméraires du clergé…

    Analogiquement au reproche de JLML, attendons-nous vraiment à ce qu’un livre qui dénoncerait de telles pratiques, de discourir sur les mérites de la religion catholique ?

    Une telle démarche ne serait-elle pas alors taxable d’hypocrite ?

    Car « L´hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu. » (François de La Rochefoucauld)

    « Une dérive est une dérive. Elle n’est pas d’autant moins grave que le domaine affecté serait  plus vertueux. D’autant qu’il est difficile de juger de la vertu … » poursuit Antimatière.

    En plus, en ce qui concerne les thérapies (conventionnelles et autres), on est loin de comportements réputés vertueux, vu la montagne de dérives 

  17. Ce que j´entends par processus de guérison plus profond ou essentiel, est quelque chose qui, de mon point de vue, ne peut en aucun cas être apporté ou donné par un autre, aussi psychothérapeute qu´il ou qu´elle soit dans le sens dont M.Labrique fait référence: aucun dogme, aucune théorie, aucune croyance. Lorsqu´une personne souffre, elle peut nécessiter l´aide momentanée d´un psychothérapeute, mais en aucun cas le psychothérapeute ne peut guérir cette personne. Parce qu´elle a besoin d´aide, et qu´elle a été pressurisée tant par l´environnement que par son éducation et l´ensemble de la société qui est confusion, elle est dirigée ou se dirige vers une aide extérieure. Mais psychologiquement, il est impossible de guérir dans le cadre de la société, ni, je dirais, dans aucun cadre. Car conformité n´est pas guérison, ce que n´est pas non plus son opposé. Le psychothérapeute est le produit d´une société réellement déséquilibrée. Une société saine serait la fin du besoin en psychothérapeutes et réduirait d´autant plus, dans une mesure importante, les problèmes de santé biologique conséquents à de nombreux facteurs d´ordre psycho-socio-culturels.

  18. & ab

    A vous lire j’ai l’impression que vous ne connaissez qu’un facette et bien étroite de ce que l’accouplement psychothérapeutique peut apporter.

    Tout d’abord, aucun psychothérapeute ne peut guérir qui que ce soit ; en revanche, il est là pour aider le patient à SE guérir (tout le processus vers la guérison appartient au patient).

    Comment pouvez-vous être aussi sûr quand vous affirmez : « Lorsqu´une personne souffre, elle peut nécessiter l´aide momentanée d´un psychothérapeute, mais en aucun cas le psychothérapeute ne peut guérir cette personne. Etc., »

  19. A un moment donné, toute personne intéressée par ces questions se doit de poser, ou pose, logiquement, les questions suivantes: “qui est-ce qui soigne?”, et “qui est-ce qui guérit?”, dans le sens de: y a-t-il réellement une entité, qui soigne, ou bien qui guérit? Dès lors, si cette entité qui soigne ou cette entité qui guérit n´a aucun fondement, s´il n´y a pas, psychologiquement, une telle entité, une entite permanente, etc, si cette entité est une illusion, psychologiquement, alors, voir l´illusion, n´est-ce pas y mettre fin, psychologiquement, et dès lors n´est-ce pas cela la vraie guérison? Je pose la question, mais pour la personne qui voit cela, il n´y a plus ou pas de question, comme on l´entend, et la personne “untel”, la persona avec tous ses aspects d´ordre social, a également disparu psychologiquement, c´est une autre manière d´être au monde, pour la conscience. Mais comme cette conscience est en-dehors de la société, qui est pour ainsi dire la conscience maladive, collectivement, il n´y a plus personne pour guérir ou avoir guéri, comme il n´y a plus personne pour soigner, dans cette autre dimension de conscience. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre.

  20. @ ab

    La psychothérapie dans son sens le plus étendu et le plus noble (celle que je connais et pratique) est plus proche de la philosophie que de la psychologie (à laquelle vous la ramenez d’une manière réductrice et non-conforme avec l’accompagnement sur le terrain tel qu’il devrait être pratiqué. D’ailleurs, Socrate avec sa maïeutique est considéré comme le premier psychothérapeute. UN rapport de la fondation Julie Ranson avait montré que c’est d’abord dans les milieux de la philosophie que se recrutent les psychothérapeutes. L’image que vous en avez d’eux, je le répète, apparaît fort déformée.

    En conséquence, toutes les questions existentielles sont alors accueillies et la guérison d’un cancer par exemple, va beaucoup plus loin que le plan physiologique, selon ce qu’en montrent les patients : ceux que j’ai accompagnées et qui s’en sont guéries, en viennent la plupart du temps me dire en fin de processus, « merci mon cancer !». Le but au départ étant purement la guérison du soma, c’est aussi la « persona » qui guérit de ses souffrances » sociales » (« part de la personnalité qui organise le rapport de l´individu à la société » nous dit Wikipédia)

    Dans un tel accompagnement le maïeute que doit rester le psychothérapeute s’arrimera exclusivement au sens que donnera le patient à ses maux et lui offrira un accompagnement valorisant certes mais non directif dans le chemin que le patient aura librement décidé de parcourir et qui donc, permettra à ce dernier de se guérir en premier lieu de la partie de lui qu’il trouve prioritaire et qui n’est pas nécessairement le cancer dont il souffre. I lui apparaît en effet quelquefois que guérir par exemple de ses souffrances familiales est l’étape première avant d’aborder quoi que ce soit d’autre.

  21.  

    Il est intéressant que vous parliez d´ “image”, car toute image, au niveau psychologique, mental, est nécessairement réductrice. Il est futile d´avoir une image des psychothérapeutes lorsque l´on questionne ou critique la psychothérapie, ou la notion même de psychothérapie. Le psychothérapeute étant identifié à son image de psychothérapeute ne peut ainsi qu´être sur la défensive, mais cela ne tient pas à ce que la personne qui questionne ou remet en cause, a une image, quelle qu´elle soit, du psychothérapeute, mais bien que le psychothérapeute étant identifié à son image, se trouve perturbé par la critique. 

    C´est de l´ordre de la conscience de groupe: critiquez un corps de métier et observez les réactions de défense que cela occasionne. Les politiciens sont parmi les plus grands utilisateurs de ce genre de manipulation collective, un coup on focalise sur les fonctionnaires, une autre fois, on focalise sur les chômeurs, une autre fois sur les agriculteurs, etc et toute cette fragmentation génère toujours plus de fragmentation. Une pensée, au niveau relationnel, basée sur des images, est une pensée qui divise, et la pensée telle qu´elle existe actuellement, ne sait que créer des images, relationnellement.

    Aussi, personnellement, je ne remet pas en cause l´existence de tel ou tel dérapage de telle ou telle psychothérapie, mais je remets en cause l´existence même de la psychothérapie. Je pense que la psychothérapie est inutile, car elle renforce le centre psychologique qu´est l´individualité, alors que justement, l´individualité est fondamentalement au coeur du problème humain d´un point de vue psychologique.

    Ainsi, je suis d´accord que l´esprit tel qu´il existe actuellement est désordre, et que se soigner n´est pas simplement d´ordre biologique. Seulement, je ne crois pas que la psychothérapie puisse aider en quelque manière que ce soit à remettre de l´ordre au niveau psychologique, l´ordre ne pouvant uniquement venir que d´une perception intime et sans intermédiaire du désordre par la personne concernée. Le psychothérapeute est plutôt un obstacle à toute perception individuelle, comme le fait de penser par les idées de Socrate, comme a pu le faire un Platon, et bon nombre de philosophes meilleurs en citations et en écriture romanesque qu´en véritable philosophie,  est très différent de penser par soi-même.

     

  22. @ ab qui « pense que la psychothérapie est inutile, car elle renforce le centre psychologique qu´est l´individualité, alors que justement, l´individualité est fondamentalement au coeur du problème humain d´un point de vue psychologique. »

    Une telle assertion montre que vous ne connaissez pas réellement ce qu’est la psychothérapie parce que précisément ceux qui en bénéficient et qui sont entre les mains d’authentiques « accoucheur à soi-même » (celui du patiente bien sûr) arrivent ainsi à harmoniser leur propres vie et donc leur individualité avec leurs environnements, mais pas l’individualité au détriment ou en conflit avec tout ce qui l’entoure.

    Pour juger de l’efficacité des psychothérapies, rien ne vaut la satisfaction déclarée de leurs bénéficiaires (voire les statistiques déjà données à ce sujet et qui montre sans conteste une efficacité que la médecine conventionnelle est très loin d’obtenir).

    Vu vos lourds et caricaturaux préjugés sur la psychothérapie et votre méconnaissance de ce qu’elle représente réellement, je pense qu’il vaut mieux en rester là dans cet échange qui ressemble plus à un dialogue de sourds.

  23. M´étant déjà exprimé plus bas au sujet des statistiques et de la notion de satisfaction en psychothérapie, et voyant que vous maintenez fermement vos opinions à ce sujet, il semble clair que la discussion ne peut aller plus (très) loin.